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Communiqué du Mouvement libertaire nord-africain (section algérienne)

Communiqué du Mouvement libertaire nord-africain paru dans Le Libertaire, n° 424, 31 mars 1955


Le gouvernement impérialiste, après avoir rejeté la responsabilité de la situation en Algérie sur ce qu’il nomme « quelques bandes organisées de hors-la-loi », dont le but est d’après lui de provoquer un sentiment d’insécurité et de peur dans l’ensemble de la population algérienne, en arrive à craindre « que les troubles sporadiques se transforment en insurrection générale »… Ainsi les Algériens se soulèveraient par « crainte » de ces « quelques bandes organisées de hors-la-loi ».

L’insurrection menaçant (alors que le tract diffusé dans l’Aurès par l’Armée de Libération Nationale, aussitôt après les événements, recommandait à la population « de ne pas répondre aux provocations »), il devient évident pour le gouvernement « que la prolongation de l’insécurité trouve son origine essentielle dans l’insuffisance des moyens de droit qui n’ont pas été conçus pour des périodes insurrectionnelles ».

Et Faure-Bourgès-Maunoury proposent « l’état d’urgence »…

Ce projet marque une étape importante dans la voie de la répression collective.

« Le Libertaire » publie d’autre part en quoi consiste l’état d’urgence.

Avec une chambre « introuvable », comme celle qui existe, on imagine que le péril peut facilement devenir imminent, et, au besoin, favoriser un coup d’Etat, puisque le Gouvernement « pourrait décréter l’état de siège », durant les intersessions parlementaires, et arrêter les opposants.

Ainsi, les impérialistes, devant le développement de la lutte anticolonialiste en France et en Algérie, sont amenés à associer dans la répression les travailleurs français au peuple algérien, et à leur faire prendre conscience de la solidarité nécessaire dans la lutte contre leur ennemi commun.

Exécutions sommaires, déplacements de populations entières, destruction des réserves pour l’hiver, emprisonnements arbitraires de « suspects », de militants n’ayant aucune responsabilité dans les événements, tortures, dissolution légale du M.T.L.D. et suppression de « l’Algérie libre », saisie des journaux anticolonialistes, condamnation de leurs rédacteurs en application du fameux article 80, et emploi massif des troupes se sont montrés impuissants à réduire les « quelques bandes organisées de hors-la-loi » !

Le projet « d’état d’urgence », dirigé contre tout le peuple algérien, lui forgera une volonté de libération égale à celle que les impérialistes apportent à le réprimer et à le surexploiter, à moins que, en étroite
union avec les travailleurs de France, dans ses comités de lutte contre la répression, ses syndicats, ses partis, il ne réussisse à faire abandonner le projet par les apprentis fascistes.

Le Comité National du M.L.N.A.

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