Textes parus dans I.R.L.Informations et réflexions libertaires., n° 86, automne 1990, p. 3
Maux en venin !
Vous avez voulu que vos marchandises soient désirables. Elles l’ont été au-delà de toutes vos espérances. Vous avez (nous avons) élaboré (ou laissé s’élaborer) une société dont le moteur serait l’envie, l’envie de posséder.
Article signé Dji. M paru dans Courant alternatif,n° 3,novembre 1990, p. 6-7
Samedi 6 octobre, Vaulx-en-Velin, cité du Mas-du-Taureau ; Thomas Claudio, 21 ans, circulant sans casque à l’arrière d’une moto, est mort, vraisemblablement par la faute d’un fourgon de poli-ce tentant de coincer le deux roues. Dans cette cité, Thomas n’est pas la première victime du dé-lire sécuritaire ; en 1982, Wahid Hachichi est abattu par un automobiliste qui n’appréciait pas qu’il s’approche de sa BMW ; en 1983 un policier « énervé » tire en direction de jeunes ; en 1985, Barded Barka, qui circule en vélomoteur, est renversé par des Potiers et meurt. L’annonce de la mort de Thomas Claudio allait embraser la cité.
Textes parus dans Mordicus, n° 1, décembre 1990, p. 18-19
Samedi 29 septembre : réception monstre à la cité du Mas du Taureau à Vaulx-en-Velin, champagne et petits fours en présence de tous les notables locaux. But de la manœuvre : promouvoir l’image de Vaulx, zone pilote et rénovée, c’est-à-dire une vieille ZUP repeinte et replâtrée. Inauguration d’un mur d’escalade, symbole de l’intégration réussie. Les petits jeunes pourront faire du sport au lieu de cramer les bagnoles, pense-t-on en haut lieu. Un détail : cette inauguration, où les gens du quartier ont vu tout un aréopage bâfrer sous leur nez, a coûté la bagatelle de 100 bâtons.
Article paru dans Le Prolétaire,n° 408, octobre-novembre 1990, p. 3
La ville de Vaulx-en-Velin dans la banlieue de Lyon était un modèle de réhabilitation urbaine, d’aménagements urbains, d’intégration sociale ; faisant partie de ces opérations lancées dans toute la France après les affrontements des Minguettes, autre banlieue lyonnaise, au début des années 80, elle pouvait à bon droit être considérée comme une vitrine de la gestion social-démocrate des tensions sociales dans les quartiers populaires. La mairie, PCF, faisait plus dans le social que ce qu’aurait fait une mairie PS, forcément orientée vers les couches moyennes. La dernière réalisation, spectaculaire, était précisément destinée aux jeunes de la ville : un magnifique mur d’escalade, financé par la municipalité, la Région et l’État, qui avait été inauguré en grande pompe le 29 septembre. Le maire de Lyon était venu lui-même pour l’inauguration et il avait prononcé un discours où il vantait la « recette exemplaire » de Vaulx-en-Velin.
Texte paru dans I.R.L., journal d’expressions libertaires, n° 30, novembre 1979, p. 8
PRISE DE POSITION DES ÉQUIPES DE PRÉVENTION DE LA SLEA (Société Lyonnaise pour l’Enfance et l’Adolescence).
PRÉALABLE
Face à une sollicitation réitérée des organismes de presse, des corps constitués, comme des personnes ordinaires, nous, équipes de prévention de la S.L.E.A, présentes sur les quartiers de la Grappinière, Vaulx-en-Velin, Saint-Jean Villeurbanne, les Buers, Part-Dieu-Guillottière, acceptons d’évoquer collectivement notre position par rapport à la violence.
Les Minguettes ce n’est pas Manchester mais c’en est peut-être la banlieue…
C’était un étrange début d’été ; les soirées lourdes et orageuses alternaient avec de sombres journées de déluge. Bref, les vacances n’arrivaient pas vite.
» Un jour, un jeune immigré discutait avec le BON DIEU. – Pourquoi tu m’as fait les cheveux noirs et frisés ? – Pour te protéger des rayons brillants du soleil… – Pourquoi tu m’as fait la peau bronzée ? – C’est pour te protéger des rayons du soleil… – Pourquoi tu m’as fait de grandes jambes ? – C’est pour que tu puisses courir dans la savane quand un lion veut t’attaquer… – Mais alors, pourquoi tu m’as fait naître à Villeurbanne ? »