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Paul Vigné d’Octon : Sur le génie littéraire d’une race vaincue

Etude de Paul Vigné d’Octon parue en quatre parties dans La Revue anarchiste, n° 10, octobre 1922 ; n° 11, novembre 1922 ; n° 12, décembre 1922 ; n° 13, du 20 janvier au 20 février 1923

LA LITTERATURE ARABE

I

A l’heure où plus que jamais sévit, non seulement au Maroc, mais dans toute notre Afrique du Nord, le régime du vol, du massacre et de la spoliation, à l’heure où se multiplient les bombardements des villages marocains par avions, et les hécatombes de ceux qui persistent à défendre leur pays contre l’envahisseur cupide et cruel, à l’heure enfin, où les Arabes d’Algérie et de Tunisie, bien qu’ayant laissé 80.000 des leurs dans les tranchées subissent, plus brutal que jamais le Code féroce et honteux de l’Indigénat, il me plaît de montrer ici que ces victimes de la Force ne sont pas les brutes et les sauvages, la race inférieure que le vainqueur ne cesse de nous présenter, sans doute pour atténuer son crime. Et pour cela, il me suffira de dire, ici, ce que furent à travers les siècles l’âme poétique et le génie littéraire des vaincus.

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Michel Seurat : À propos du livre d’Edward Said

Article de Michel Seurat paru dans la Revue d’études palestiniennes, n° 1, automne 1981

Edward Said. L’orientalisme. L’Orient créé par l’Occident ; préface de Tzvetan Todorov, traduit de l’américain par Catherine Malamoud, Paris, Seuil, 1980, 393 p.

Revu par Michel Seurat*

On l’aura deviné avant même d’avoir lu son ouvrage : dans L’orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, Edward Said règle des comptes. Et sa colère est juste … sinon toujours justifiée.

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Robert Bonnaud : « L’Orientalisme » jugé par un Oriental

Article de Robert Bonnaud paru dans La Quinzaine littéraire, n° 337, 1er-15 décembre 1980

Edward Said, L’Orientalisme. L’Orient crée par l’Occident. Trad. de l’anglais par Catherine Malamud, Le Seuil éd.


par Robert Bonnaud


Le livre d’Edward W. Said, chercheur palestinien, professeur de littérature anglaise et comparée à l’université Columbia de New York, n’ambitionne pas de rivaliser avec les ouvrages classiques de Raymond Schwab sur la Renaissance orientale (Payot, 1950) et de Vassili Barthold sur la Découverte de l’Asie (traduit du russe, Payot, 1947). Il se refuse à être une « chronique des études orientales dans l’Occident moderne », une histoire « encyclopédique » de l’orientalisme érudit. C’est un survol sélectif et subjectif, une revue critique des idées sur l’Orient entretenues par l’Occident. C’est, pour paraphraser le subtil François Hartog (le Miroir d’Hérodote. Essai sur la représentation de l’autre, Gallimard, 1980), le Miroir du Miroir, la représentation des représentations, un tableau sans indulgence des structures caractéristiques de l’orientalisme (au sens très large, qui n’est pas le sens français courant), de son idéologie implicite et explicite. Le livre paraît en traduction française au moment même où la Petite Collection Maspero publie, de Maxime Rodinson, un panorama du développement des études arabes et islamiques en Occident (la Fascination de l’Islam), – panorama où Said lui-même figure, où est signalé l’« effet de choc » produit par son livre, ainsi que l’« over-sensitiveness » de l’auteur et le danger de certaines de ses analyses ou formulations.

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Mohammed Dib : La civilisation arabe et les orientalistes

Article de Mohammed Dib paru dans Egalité, organe du Manifeste du peuple algérien, IVe année, n° 75, 1er mai 1947

HORMIS certaines exceptions illustres, quand par goût ou par curiosité, nous consultons les travaux des arabisants, c’est de prime abord le ton de diffamation qui nous frappe le plus. Entreprendre l’investigation du domaine islamique dans un esprit de destruction à peine déguisé semble être de règle parmi les orientalistes – en particulier de l’école française ; le mot d’ordre passé : le silence ou le dénigrement systématique. Adoptant cette dernière attitude, les arabisants résolvent l’affaire par une simple négation : à les en croire, jamais une civilisation arabe proprement dite n’a existé, il ne peut être question que d’un assemblage de connaissances hétérogènes ; si culture il y a, une telle culture n’a jamais su se dégager des influences extérieures, franchir le stade des origines, élaborer les éléments d’une civilisation originale. D’aucuns prétendent que le ridicule tue en France. Point, si l’on songe à ces archontes. Laissons le grand orientaliste Philip K. HITTI leur répondre :