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Algérie : impressions de voyage

Article paru dans Informations ouvrières, n° 1103, semaine du 22 au 29 avril 1983


ARRIVÉE à Alger. Ce qui frappe d’abord, c’est la foule dense qui se presse dans les rues et les grandes artères de la capitale algérienne. La démographie devient un problème essentiel : la population a doublé depuis 1962, date de la proclamation de l’indépendance du pays ; 60 % de la population a moins de 20 ans. Ce sont donc les jeunes, et principalement des hommes, que l’on voit dans les rues, « attendant », désœuvrés, debout contre les murs, discutant à haute voix entre eux. Sont-ils au chômage ? D’autres, plus âgés, sont là aussi, déambulant sur les trottoirs. Font-ils partie, comme nous l’affirme le chauffeur de taxi, de ceux qui, ayant « pointé » à leur travail, s’en retournent à l’extérieur pour faire leurs courses (on dit « faire la chaîne » dans le langage d’ici) ? Les courses, les achats divers, constituent le principal sujet de préoccupation de la masse des Algériens : attentes interminables, rareté de certains produits de base (œufs, ampoules, bananes…) qui, « miraculeusement », réapparaissent brusquement sur le marché. C’est alors la ruée vers tel ou tel point de la ville où la rumeur indique « que c’est là que vient d’arriver » l’objet tant désiré.

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Montserrat : Retour d’Algérie

Article de Montserrat paru dans Le Monde libertaire, n° 132, mai 1967, p. 8-9


En tant que libertaires, nous ne pouvons pas rester indifférents à la révolution algérienne. C’est pourquoi profitant de mes vacances, je me suis rendue en Algérie pour voir de près quelles en étaient les réalisations quatre ans après l’indépendance. Je ne prétends pas vous donner des connaissances économiques, sociologiques précises. Mais simplement un aperçu de ce que j’ai observé, vu, et entendu, au cours de cinq semaines de vacances. L’article est donc une simple énumération de ce que tout touriste peut apprendre au cours d’une promenade dans une casbah, au cours d’une conversation avec le chauffeur d’un car, ou avec un garçon de café, ou lors d’un séjour dans une auberge de jeunesse. J’ai seulement tenté de porter un jugement libertaire sur ces divers clichés. D’ailleurs ils traduisent mieux que toute étude, ce qu’est véritablement l’Algérie actuelle, quelles sont ses aspirations futures. Ces clichés nous amèneront à parler entre autres, du rôle considérable de la religion, qui détermine la condition des femmes algériennes, des efforts faits sur le plan de la scolarité, du malaise social et du chômage, enfin de la « fameuse autogestion algérienne ».

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Jacques Gallienne : Impressions d’Algérie

Article de Jacques Gallienne paru dans La Révolution prolétarienne, n° 607, octobre 1974, p. 11-12

Défilé du 1er novembre 1974, qui marque les 20 ans du début de la révolution algérienne [source]

J’avais fait deux voyages en Algérie « française », en 1936 et 1947. J’avais, de plus, fait une courte escale à Alger, en pleine période de combats, revenant d’Egypte en 1956. J’ai vu cette fois-ci la République algérienne, démocratique et populaire. Elle se veut socialiste. J’avoue qu’en la parcourant en dehors de tout circuit guidé, je n’ai pas très bien vu en quoi elle était socialiste. Peu de ressemblance même avec le régime des pays de l’Est. La densité des autos, par exemple, est aussi forte que dans les pays capitalistes. Le petit commerce est aussi important qu’autrefois : la différence est que les boutiques manquent de bien des produits d’usage courant. On voit les mêmes foules misérables qu’auparavant, les mêmes grappes humaines se bousculant dans les bureaux des autocars pour obtenir une place. La pénurie d’eau est grande, et partout, il y a des coupures, de jour ou de nuit.