Article de Maxime Rodinson paru dans Vérité-Liberté. Cahiers d’information sur la guerre d’Algérie, n° 16-17, février-mars 1962
VERITE-LIBERTE a déjà publié dans son numéro 6-7 une longue étude de Maxime Rodinson, « Maghreb et nationalisme arabe ». Nous publions maintenant un commentaire critique du même auteur sur le livre récent de A.R. Abdel Kader, « Le conflit judéo-arabe ».
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 85, juillet-août 1967, p.7-13
La crise du Proche-Orient, dont on pouvait redouter les prolongements les plus graves sur le plan international, a provoqué dans la population française une extraordinaire poussée passionnelle. Deux guerres mondiales n’ont, à coup sûr, rien appris aux habitants de ce pays : le bourrage de crâne, à peine moins sot qu’en 1914, conserve la plus large efficacité ; les informations truquées et tronquées sont avalées sans discussion par un bon peuple qui se pique pourtant d’être le moins conformiste de la terre, et il n’a même pas manqué un petit contingent de « révolutionnaires » prêts à découvrir les meilleures raisons de faire l’union sacrée avant même que le premier coup de feu ne soit parti. Mais il est vrai, que face aux bénisseurs des armées de l’Etat sioniste et de ses alliés anglo-américains, les défenseurs du « socialisme arabe » et de ses fournisseurs russes, se portaient au secours de régimes qui n’ont certainement rien à voir avec la libération des travailleurs ou même le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Nasser n’est pas Hitler et Israël n’est pas une tendre colombe entourée de vautours. Mais Nasser et ses alliés arabes, y compris ceux d’Alger, quel que soit le rôle positif qu’ils ont joué naguère dans la lutte contre les impérialismes, ne sont plus maintenant que des exploiteurs aussi féroces qu’incompétents des travailleurs arabes – que les Russes ou demain les Chinois leur accordent leur soutien, ne change rien à l’affaire.
Extrait de Maxime Rodinson, Israël et le refus arabe. 75 ans d’histoire, Paris, Le Seuil, 1968, p. 203-229
CONCLUSION
Les pages qui précèdent ont voulu exposer au lecteur les grandes lignes du conflit israélo-arabe. Mon exposé a été essentiellement historique avec, çà et là, quelques données sociologiques fondamentales. Certaines affirmations ont pu étonner, étant contraires à des idées largement répandues. Elles sont pourtant solidement documentées. J’ai pu fournir arguments et références dans des travaux impliquant, à la différence de celui-ci, un appareil d’érudition.
Le 9 août 1903, le comte Serge de Witte, ministre des finances du tsar Nicolas II, expliquait benoîtement au journaliste viennois Theodor Herzl, qui venait lui démontrer comment l’application de la doctrine du sionisme politique (qu’il venait de fonder) devrait être soutenue par l’empereur orthodoxe :
« J’avais l’habitude de dire au pauvre empereur Alexandre III : ‘S’il était possible, Majesté, de noyer dans la mer Noire six ou sept millions de juifs, j’en serais parfaitement satisfait. Mais ce n’est pas possible. Alors nous devons les laisser vivre !' »
Lors du conflit Talbot-Poissy a resurgi une idée déjà développée sous l’ancien gouvernement de droite par L. Stoléru, en 1977 : celle du retour au pays pour les travailleurs immigrés. Il est d’ailleurs à noter que ce principe de retour au pays avait, à l’époque, provoqué l’indignation des partis de gauche et des organisations syndicales (« lois Stoléru = lois scélérates ») alors qu’il recueille aujourd’hui l’adhésion de ces mêmes partis et organisations.
Mon dernier article intitulé « Une société sous tension. L’illusion de la stabilité algérienne dans une région troublée », a été publié dans la revue Questions internationales, n°81, septembre-octobre 2016, dans un dossier consacré à l’Algérie.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.