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Maurice Faure : Villages de l’Union française

Article de Maurice Faure paru dans L’Observateur, n° 171, 20 août 1953, p. 19-20

L’ANNEE écoulée a vu fleurir toute une littérature indigène d’Afrique du Nord. Une pléiade de jeunes auteurs, en des livres de qualité inégale, mais tous attachants à quelque égard, ont fait la peinture d’une société, mœurs et caractères, ont posé les problèmes qui les préoccupent, eux et leurs frères de race, dans l’ordre intellectuel, moral, social, politique. Mouloud Feraoun, auteur déjà d’un roman, Le fils du pauvre, s’ajoute à eux. Il est né et il a vécu en Kabylie ; fils de fellah, il est actuellement directeur d’école. La terre et le sang (1) est un témoignage : simple, juste d’accent. La vie d’un village kabyle, le destin de ses habitants s’y reflètent.

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Emmanuel Roblès : L’Afrique du Nord a la parole

Article d’Emmanuel Roblès paru dans 27, rue Jacob, n° 5, printemps 1953, p. 1

CE que l’on appelle en France « le public moyen » a encore une fâcheuse tendance à n’apprécier les livres écrits par les auteurs d’outre-mer que dans la mesure où ils flattent son goût du pittoresque, son besoin d’évasion. Un roman écrit par un noir, ou par un nord-africain, a soulevé jusqu’ici plus d’étonnement que d’intérêt véritable.

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Maurice Joyeux : Acte de naissance de la littérature nord-africaine. Le journal (1955-1962) de Mouloud Feraoun est surtout le cri d’un juste

Article de Maurice Joyeux paru dans Le Monde libertaire, n° 86, janvier 1963

Une littérature d’Afrique du Nord est née. Depuis la conquête on avait beaucoup écrit sur l’Afrique du Nord, sans avoir vraiment pénétré au fond de l’âme d’un peuple d’ailleurs le plus souvent insaisissable. Le mystère, le pittoresque, l’héroïsme formèrent la toile de fond d’ouvrages qui depuis « L’Atlantide » de Pierre Benoît firent défiler devant nos yeux le gentil petit bédouin, la belle garce, le marchand juif, l’officier au grand cœur, sans oublier le « bourricot » aux longues oreilles, personnage le plus réel d’une humanité destinée à nous présenter la vie coloniale en tranches suivant les meilleures recettes d’une littérature moralisante à l’usage des petites bourgeoises grandes consommatrices d’exotisme de pacotille.

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Un commando OAS assassine à El Biar trois Européens et trois musulmans fonctionnaires d’un centre social

Article paru dans Combat, 16 mars 1962, p. 2

POUR de nombreux Algérois, l’O.A.S. s’est montrée hier, après le massacre d’El Biar, sous un visage révoltant.

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Paul Thibaud : La période des drapeaux est terminée

Extraits d’un article de Paul Thibaud paru dans Esprit, n° 145, décembre 1988, p. 19-21


La révolte des jeunes Algériens, la répression brutale qui leur a d’abord répondu, puis les réformes ébauchées ont trouvé les intellectuels français singulièrement impréparés. Parmi d’autres réactions désolantes, la plus cocasse restera celle de Gisèle Halimi dans Libération (13 octobre) : elle ne savait pas que l’Algérie était une dictature ! elle n’en a été avertie que « très tard et très mal » par ses « amis algériens », « qui étaient au pouvoir ». Doit-on comprendre que la gauche mondaine ne s’informe que dans les cocktails ? Soyons plutôt honnêtes: tout le monde savait et tout le monde s’en fichait! La cause dont l’intelligentsia française s’était fait jadis un emblème, elle lui était devenue quasi indifférente. Ce que la déclaration laborieuse de quelques ex-121 ne saurait dissimuler. Ces héros se sont relus ; aujourd’hui comme hier, profèrent-ils, « la cause du peuple algérien est celle de tous les hommes libres ». Cette superposition du présent et du passé suggère que le combat des jeunes Algériens est le même que celui de leurs pères, il y a trente ans, et qu’à une génération d’intervalle ils trouvent à l’extérieur les mêmes valeureux alliés, toujours aussi fermes sur les principes. (…)