NOTREami Daniel Guerin nous a fait parvenir une « lettre ouverte aux membres du Comité d’Action contre la poursuite de la guerre en Afrique du Nord ». La nécessité affirmée par D. Guérin de servir avant tout la cause du peuple algérien, en lutte pour son indépendance, en dehors de toutes autres considérations ne peut que rencontrer l’adhésion de tous les anticolonialistes.
NOUS n’en aurions rien dit, s’il s’agissait seulement d’être étonné qu’un homme comme Sartre, dont nous n’oublions pas l’amical sourire, offre à présent le visage crispé du « sectarisme de l’incertitude ».
CANADA – JANUARY 21: Daniel Cohn-Bendit (Photo by Don Dutton/Toronto Star via Getty Images)
Depuis plusieurs mois, la conscience de l’isolement et le désir de le rompre sont des constations de base. Il y a différentes manifestations : aller voir les gens chez eux, dans certains cafés, dans les lieux de passage. Mais se laisser aller aux aléas de la vie quotidienne se révèle vite insatisfaisant, dès qu’on a conscience à quel point le pouvoir manipule les réactions affinitaires, les désirs, etc… ; de plus les rencontres fortuites sont de plus en plus rares à cause du morcellement, du cloisonnement, de l’atomisation forcenée des réseaux sociaux et des individus imbriqués là-dedans. Il s’agit :
L’attitude des Jeunesses socialistes révolutionnaires détermine des réactions fort diverses. Mais il en est une qui nous impose une mise au point. Il existe en effet des jeunes, et la présente page est émaillée d’exemples de ce genre, qui du plus haut sommet de l’intellectualisme, sceptique et, dilettante nous reprochent je ne sais trop quel sectarisme terre a terre. Pour nous l’action révolutionnaire est une action ingrate, tissée de menus faits dont tous sont animés par une idée semblable ; c’est une longue patience vers l’acquisition d’arrache-pied du but immense de l’émancipation des hommes, et non pas une simple dissertation dans le vide destinée à n’être jamais suivie d’effets concrets. Pour nos amis, au contraire, l’action consiste en fait à contempler la lutte du sommet de l’arène, en menant grand tapage, en jetant des fleurs et en s’écriant de temps en temps : « Bravo toro ! » Ceux qui se croient les plus sportifs sont souvent ceux qui, spectateurs habituels des compétitions n’ont en fait jamais pratiqué le sport.
Article paru dans L’Insurgé, n° 1, 15 avril 1969, p. 4
Les ‘forts des Halles’ manifestant contre leur ‘reconversion’ après le transfert des Halles à Rungis, le 12 février 1969 à Paris, France. (Photo by Keystone-France/Gamma-Rapho via Getty Images)
C’est un Marocain aux cheveux crépus. 25 ans environ. Assis à la terrasse d’un bistrot de la rue du Louvre. Passent deux forts des Halles qui le bousculent. Il proteste. Les débardeurs sont furieux : « Quoi ! Monsieur n’est pas content ? Retourne dans ton pays, sale étranger ! » Il est empoigné et jeté dehors. Le patron rigole, les clients approuvent : « C’est quand même quelque chose ! Venir nous faire chier chez nous ! Et on paye des impôts pour eux. Qu’on les renvoie dans leur pays, bon Dieu ! On est en France, non ? »
J’aiaccordé un entretien à Emmanuel Lemieux pour Les Influences autour de mon premier livre La Fabrique du Musulman (Libertalia, 2017). Le texte a été publié hier sous le titre : « Nedjib Sidi Moussa : l’islamo-gauchisme ou le retour au “sectarisme de la Guerre froide” ».
Extrait de Maxime Rodinson, Peuple juif ou problème juif ?, Paris, La Découverte, 1997 [1ère édition : Paris, François Maspero, 1981], p. 5-18
INTRODUCTION
Ce recueil de textes — nouveaux et anciens — étalés sur une quinzaine d’années espère provoquer quelque intérêt en vertu d’un seul facteur, une même ligne de pensée qui en est le fil conducteur. Il s’agit en effet d’un phénomène très rare : une réflexion sur les problèmes juifs qui n’est pas judéocentrique, qui se veut même critique de l’optique judéocentrique.
Cette interview de notre camarade Nedjib Sidi Moussa, réalisée au cours de l’été 2017, n’a jamais été publiée. Elle faisait suite à la sortie de son livre La Fabrique du Musulman, dont nous avions publié les bonnes feuilles dans le n° 797 de La RP, et complète l’entretien que nous avions nous-mêmes publiés dans le n° 799. [NDLR]
Article paru dans Courant alternatif, mensuel édité par l’Organisation communiste libertaire, n° 37, juin 1984, p. 12-13.
A l’heure où il devient de bon ton de parler de la « montée de l’intégrisme musulman » – même C.A. s’y met – il convient d’être prudent dans l’analyse d’un phénomène qui nous est très étranger. Deux dangers : le premier, la généralisation : puisqu’il y a montée de l’intégrisme musulman, la montée serait le fait de tous les pays islamisants ; le second, le manque de rigueur dans la définition du mot « intégrisme ». L’intégrisme n’est pas la pratique ou la présence d’une religion ; il s’agit bien de fanatisme et de sectarisme. En ce sens, l’Algérie me parait une situation particulière dans le monde musulman ; situation intéressante à étudier, tout en restant prudent quant à l’analyse très fragile puisque sujette à remise en question permanente (l’Algérie n’est pas à l’abri d’une flambée d’intégrisme).