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Daniel Guérin : L’Algérie n’a jamais été la France

Discours de Daniel Guérin prononcé le 27 janvier 1956 à Paris, lors du meeting du Comité d’action des intellectuels contre la poursuite de la guerre en Afrique du Nord, reproduit dans Guerre d’Algérie & colonialisme, Paris, 1956, p. 18-21, Correspondance Socialiste Internationale, n° 60, février 1956, p. 10-12 et partiellement dans Le Libertaire, n° 466, 16 février 1956, p. 1 et 2

Mes chers amis,

Mes chers camarades,

Et, si vous le permettez, mes Frères,

Nos gouvernants s’obstinent à prétendre que l’Algérie c’est la France. Robert Barrat, en se plaçant du point de vue du présent, vient de vous démontrer que ce mythe est un mensonge, un mensonge qui fait aujourd’hui couler le sang. Je voudrais, moi, au risque de paraître « académique », remonter avec vous dans le passé et vous convaincre que l’Algérie n’a jamais été la France, que la nation algérienne est un fait historique caché ou défiguré par les historiens à gages. Je voudrais aussi réfuter ceux qui soutiennent que la prise de conscience nationale du peuple algérien est de fraîche date.

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David Rousset : La révolution doit se réaliser dans la pratique démocratique des travailleurs manuels et intellectuels

Discours de David Rousset à la Rencontre internationale de la salle Pleyel, paru dans La Gauche, n° 10, 20 décembre 1948, p. 1-2

Conférence de presse de David Rousset et Rémy Roure au siège de la ‘Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes’, le 16 novembre 1949, à Paris. (Photo by Keystone-France/Gamma-Rapho via Getty Images)

TOUT récemment, l’opinion publique a été singulièrement impressionnée par l’affaire Lyssenko. Voilà un symptôme curieux de notre situation. Qu’il ait fallu cette affaire pour qu’une large zone de l’opinion s’émeuve, voilà qui montre combien la politique est dévalorisée, combien le sens de nos responsabilités s’est perdu, comment le sens de notre action s’est obscurci. Car, enfin, la politique telle que nous l’entendions dans le passé et telle que nous l’entendons quant à nous aujourd’hui encore est l’expression la plus achevée dans le domaine de la pensée et de l’action de tout ce pour quoi nous voulons, vivre, de tout ce qui fait la justification véritable de notre existence.

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André Breton : Ce grain de merveilleux dans l’aventure…

Discours d’André Breton à la Rencontre internationale de la salle Pleyel et paru dans La Gauche, n° 10, 20 décembre 1948, p. 3

Conférence de André Breton et Garry Davis à Paris, circa 1950. (Photo by Keystone-France/Gamma-Rapho via Getty Images)

EN invitant à s’exprimer ici tel d’entre nous dont je suis, nos amis du R.D.R. montrent assez que la conception démocratique dont ils se réclament n’est pas un vain mot de leur part. Ils jugent tolérable, voire souhaitable, que la présente réunion manifeste entre ceux qui y participent d’appréciables divergences de points de vue. Ils font voir par-delà ces divergences à la sincérité et à la solidité de nos objectifs communs, éprouvés dans la personne de chacun d’entre nous. Ils font passer cet accord essentiel par-dessus tout ce qui pourrait tendre à nous séparer sur le plan de la méthode, cette méthode elle-même fonction de nos formations d’esprit et de nos déterminations individuelles très dissemblables.

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Albert Camus : L’artiste est le témoin de la liberté

Discours d’Albert Camus à la Rencontre internationale de la salle Pleyel et paru dans La Gauche, n° 10, 20 décembre 1948, p. 3

FRANCE – DECEMBER 01: Paris. Salle Pleyel. Albert Camus Speaking. December 1948. (Photo by Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty Images)

NOUS sommes dans un temps où les hommes, poussés par de médiocres et féroces idéologies, s’habituent à avoir honte de tout. Honte d’eux-mêmes, honte d’être heureux, d’aimer ou de créer. Un temps où Racine rougirait de Bérénice et où Rembrandt, pour se faire pardonner d’avoir peint « La Ronde de nuit », courrait s’inscrire à la permanence du coin. Les écrivains et les artistes d’aujourd’hui ont ainsi la conscience souffreteuse et il est de mode parmi nous de faire excuser notre métier. A la vérité, on met quelque zèle à nous y aider. De tous les coins de notre société politique un grand cri s’élève à notre adresse et qui nous enjoint de nous justifier. Il faut nous justifier d’être inutiles en même temps que de servir, par notre inutilité même, de vilaines causes. Et quand nous répondons qu’il est bien difficile de se laver d’accusations aussi contradictoires, on nous dit qu’il n’est pas possible de se justifier aux yeux de tous, mais que nous pouvons obtenir le généreux pardon de quelques-uns, en prenant leur parti, qui est le seul vrai d’ailleurs si on les en croit. Si ce genre d’argument fait long feu, on dit encore à l’artiste : « Voyez la misère du monde. Que faites-vous pour elle ? » A ce chantage cynique, l’artiste pourrait répondre : « La misère du monde ? Je n’y ajoute pas. Qui parmi vous peut en dire autant ? » Mais il n’en reste pas moins vrai qu’aucun d’entre nous, s’il a de l’exigence, ne peut rester indifférent à l’appel qui monte d’une humanité désespérée. Il faut donc se sentir aimable, à toute force. Nous voilà traînés au confessionnal laïque, le pire de tous.

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Le M.N.A. doit participer aux négociations

Article paru dans La Voix du Peuple, février 1962, p. 1 et 4

Charles de Gaulle : discours du 5 février 1962

Au moment où nous écrivons ces lignes, la guerre civile avec ses horreurs s’installe tous les jours davantage en Algérie. Les lynchages, les ratonnades, les incendies sont déjà dépassés. On tue, on détruit tandis qu’une crise économique paralyse les grandes villes du pays.

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Maxime Rodinson : Mohammed Harbi, prix de l’Union rationaliste 1997

Discours de Maxime Rodinson prononcé lors de l’attribution du prix de l’Union rationaliste 1997 à Mohammed Harbi et paru dans Les Cahiers Rationalistes, n° 523, mars 1998, p. 7-13


Je dois dire que j’ai été enthousiasmé, qu’une bouffée d’ardeur juvénile m’a pénétré quand une lettre de l’Union rationaliste m’a appris qu’elle décernait, cette année, son prix à Mohammed Harbi. Je fus d’autant plus enthousiaste, je l’avoue, que j’étais assez mécontent de diverses attitudes qui s’exprimaient depuis quelque temps dans les publications de l’Union. J’en étais même irrité et, à certains moments, prêt à envoyer ma démission. Je ne l’ai pas fait parce que je suis un peu rationnel et que je sais que toute association manifeste sur certains points des erreurs d’appréciation qui ne portent pas atteinte à sa ligne directrice, à l’utilité de son combat. Tout en souffrant de voir que, selon ma perception, le critère de rationalité auquel, par son titre même, l’Union s’engageait à être fidèle, me paraissait parfois dominé, dans ces occasions, par une soumission à la doxa, à la vulgate répandue dans le grand public (et très souvent chez les intellectuels), largement adoptée, en partie sous l’influence de réactions des plus légitimes. Mais il ne m’en paraissait pas moins que l’on violait gravement ce critère de rationalité notamment de lorsqu’on aboutissait à sacraliser tout un peuple, à l’affranchir des obligations morales exigées de tout autre peuple au point de rendre tabou toute critique à des membres (individuels ou collectifs) de celui-ci, en assimilant cette critique à une complicité envers ses ennemis, voire ses bourreaux. L’argument invoqué pour ce traitement spécial, les souffrances immenses, indéniablement subies par un peuple, ne sauraient rationnellement parlant, exempter toujours et partout tous ses membres et toutes ses institutions de répondre de torts qu’ils infligent aux autres.

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Séparatismes : pourquoi Emmanuel Macron et ses opposants font fausse route

Mon dernier texte intitulé “Séparatismes : pourquoi Emmanuel Macron et ses opposants font fausse route” a été mis en ligne ce matin sur le site de Middle East Eye.

Le développement concomitant de la nébuleuse islamiste et de gangs de narcotrafiquants dans la France périphérique doit surtout interpeller en raison des conséquences en matière de dépolitisation des populations vivant dans ces quartiers fragilisés (AFP)
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livres

William Shakespeare : Jules César

Extrait de la tragédie de William Shakespeare, Jules César, Paris, Librairie Poussielgue frères, 1884, p. 73-83.

LES CITOYENS.

Vive Brutus, vive Brutus !

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livres

Yadh Ben Achour : Politique, religion et droit dans le monde arabe

Extraits de Yadh Ben Achour, Politique, religion et droit dans le monde arabe, Tunis, Cérès Productions, 1992, p. 26-30.

 

 

Le présupposé du chercheur est que tout est explicable et qu’il n’y a nul mystère dans le monde.  (…) L’étude de la religion constitue donc pour lui, une phénoménologie ordinaire et uniquement cela, dans la mesure où la religion est elle-même un phénomène, humainement et socialement explicable, quand bien même on admettrait qu’elle n’est pas un phénomène purement humain.