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Jean-Jacques Soudeille : Psychologie du néo-bolchévisme

Article de Jean-Jacques Soudeille alias Jacques Perdu paru dans Masses, n° 2, février 1939, p. 66-73

Joseph stalin, around 1939, in his office in the kremlin, moscow, ussr. (Photo by: Sovfoto/Universal Images Group via Getty Images)

Ce n’est pas un mince sujet d’étonnement pour l’observateur que de constater la singulière vitalité dont fait preuve dans les pays les plus divers le bolchevisme dégénéré, sous ses aspects sans cesse mouvants, et les succès indéniables qu’il a remportés ici et là, en dépit et peut-être à cause de son caractère essentiellement fugace, changeant, de son habileté à varier, de son opportunisme et de son adaptivité. Ces succès ne s’expliquent évidemment pas par une adhésion consciente de masses sans cesse accrues, à un principe révolutionnaire. En premier lieu, le communisme officiel de notre époque ne cèle même plus qu’il ne se donne pas pour but la révolution ; en second lieu, c’est précisément cet abandon de ses buts initiaux qui lui permet de séduire des couches beaucoup plus larges qu’a l’époque où il faisait profession d’intransigeance.

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Georges Altman : Un livre de Victor Serge. Mémoires d’un révolutionnaire

Article de Georges Altman paru dans Franc-tireur, 12 avril 1951, p. 4

CE sont des mémoires venues d’outre-tombe, Victor Serge est mort subitement quelques années après la Libération d’une crise au cœur, en pleine rue de Mexico, son dernier refuge.

Ce sont nos « Mémoires d’outre-tombe », celles d’une génération, avec ses rêves, ses luttes, ses sacrifices, son sang, ses hautes flambées pures, ses cendres lourdes. Et l’inflexible fidélité d’un homme envers lui-même.

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Daniel Guérin : Deux réquisitoires contre le « communisme »

Article de Daniel Guérin paru dans Arguments, n° 6, février 1958, p. 10-13


Deux livres viennent de paraître simultanément, qui nous incitent à repenser les fondements idéologiques du bolchevisme celui de Milovan Djilas – le prisonnier de Tito – et celui de Michel Collinet. Bien que conçus par deux hommes de tempérament et d’origine différents à partir de méthodes assez divergentes, ils aboutissent à peu près aux mêmes conclusions et présentent à peu près les mêmes qualités aussi bien que les mêmes défauts.

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René Michel : Le dernier roman de Victor Serge « L’affaire Toualév »

Article de René Michel paru dans Le Libertaire, n° 187, 24 juin 1949, p. 3

« Nous mourrons tous sans savoir pourquoi nous avons tué tant d’hommes en qui résidait notre force la plus haute. »

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Fritz Brupbacher : L’opinion de Freud sur Marx, le Marxisme et le Bolchevisme

Article de Fritz Brupbacher paru dans Masses, n° 7, 20 juin 1933, p. 15-16

Dans les milieux intellectuels, on entend souvent prononcer en même temps les noms de Marx et de Freud. C’est tantôt le fait de disciples de Freud, qui ont d’autre part des convictions révolutionnaires en politique, tantôt, également, et avec une insistance particulière, ces deux noms se trouvent rapprochés par certains marxistes orthodoxes, aux yeux de qui personne ne saurait, sans commettre un sacrilège, soulever la moindre critique contre le système du maître. Pour la science, ces derniers esprits, trop pleins de piété, ne comptent naturellement pas.

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Kostas Papaïoannou : L’idéologie froide. Essai sur le dépérissement du marxisme

Kostas Papaïoannou, L’idéologie froide. Essai sur le dépérissement du marxisme, Paris, Editions de l’Encyclopédie des Nuisances, 2009 [1967], p. 17-34


I
MARXISME ET ORTHODOXIE

« Tout ce que je sais c’est que moi, je ne suis pas marxiste. »

Marx

«… Ils ont fait de notre théorie un dogme unique de salut. »

Engels

Ce qui nous paraît nouveau dans les régimes qui se réclament du marxisme, ce n’est pas l’étatisation de l’économie (caractéristique des régimes archaïques qu’à la suite des classiques Marx désignait par le vocable « despotisme oriental ») ; ni l’écrasement de la libre pensée (trait permanent de tous les régimes théocratiques) ; ni l’allure fulgurante de l’industrialisation (la Russie tsariste, les États-Unis, le Japon ou l’Union sud-africaine ont connu des taux aussi élevés avec moins de frais, sinon avec plus d’efficacité) ; ni l’expropriation massive des paysans (c’est bien cela qu’annonçait le de te fabula narratur du Capital, mais Marx ne soupçonnait pas que, par-dessus les « philistins allemands », il s’adressait en réalité aux plus « orthodoxes » de ses disciples) ; ni l’écrasement des organisations ouvrières (le fascisme italien avait le premier tracé le chemin que le stalinisme et le nazisme ont suivi avec la même déconcertante facilité) ; ni l’instauration d’une discipline draconienne dans les usines (qu’on relise La Situation des classes laborieuses en Angleterre d’Engels) ; ni la rigueur impériale (ce n’est pas pour la première fois qu’on a déporté des peuples allogènes ou écrasé des révolutions irrédentistes), ni la terreur (… nulla sine poena cessavit dies…) ; ni même la troublante situation d’une classe dominante matériellement privilégiée mais spirituellement et politiquement aliénée : la classe des « hommes de service », créée, elle aussi de toutes pièces, par l’autocratie des tsars, n’était pas plus libre que l’« intelligentsia » soviétique sous le règne du Vojd.

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Errico Malatesta : Dictature et révolution

Texte d’Errico Malatesta paru dans Le Réveil communiste-anarchiste, n° 635, 1er mars 1924.

Portrait of Errico Malatesta (Santa Maria Capua Vetere, 1853-Rome, 1932), Italian anarchist.

Sous ce titre notre ami Louis Fabbri a publié en italien un volume, dont le Libertaire avait annoncé il y a quelque temps la traduction française. Nous ne savons ce qui est advenu de ce projet, mais nous croyons qu’une lutte tenace s’impose à nous contre le bolchevisme soi disant communiste et sa prétention de vouloir monopoliser la révolution. Malgré ses persécutions criminelles et le plus éclatant démenti que les faits viennent donner chaque jour à son faux révolutionnarisme, il profite encore de l’une de ces légendes dont la vie est singulièrement dure. A nous de montrer sans relâche la douloureuse réalité.