Entretien avec André Breton réalisé par Francis Dumont paru dans Combat, le 16 mai 1950, p. 1 et 4
Cette enquête tend à définir la position des intellectuels français devant le communisme : mais, pour reprendre une expression de Richard Crossman, « il ne s’agit pas de grossir le flot de la propagande anticommuniste, ni de frayer la voie à des plaidoyers pro domo« .
NOUS : Qu’attendiez-vous exactement du communisme vers 1925, époque à laquelle vous vous en êtes rapproché — à l’occasion de la guerre du Maroc ?
Discours d’André Bretonà la Rencontre internationale de la salle Pleyel et paru dans La Gauche, n° 10, 20 décembre 1948, p.3
EN invitant à s’exprimer ici tel d’entre nous dont je suis, nos amis du R.D.R. montrent assez que la conception démocratique dont ils se réclament n’est pas un vain mot de leur part. Ils jugent tolérable, voire souhaitable, que la présente réunion manifeste entre ceux qui y participent d’appréciables divergences de points de vue. Ils font voir par-delà ces divergences à la sincérité et à la solidité de nos objectifs communs, éprouvés dans la personne de chacun d’entre nous. Ils font passer cet accord essentiel par-dessus tout ce qui pourrait tendre à nous séparer sur le plan de la méthode, cette méthode elle-même fonction de nos formations d’esprit et de nos déterminations individuelles très dissemblables.
Article paru dans Le Libertaire, n° 141, 6 août 1948, p. 3
C’est avec plaisir que nous accusons réception (et les surréalistes voudront bien nous excuser du retard) d’un tract intitulé « A la niche, les glapisseurs de Dieu », signé par Breton, Maurice Henry, Pierre Mabille, Benjamin Péret et bien d’autres encore.
Texte d’André Breton paru dans Le Libertaire, n° 225, 21 avril 1950, p. 3
C’est jusqu’au 29 avril 1950 qu’aura lieu à la Galerie Mirador : « Visions de France », peintures de G. Vivancos. Dans le dépliant édité à cette occasion par la Galerie Mirador, André Breton nous présente l’artiste en ces termes :
OU le surréalisme s’est pour la première fois reconnu, bien avant de se définir à lui-même et quand il n’était encore qu’association libre entre individus rejetant spontanément et en bloc les contraintes sociales et morales de leur temps, c’est dans le miroir noir de l’anarchisme. Au nombre des hauts lieux où nous nous retrouvions, en ce lendemain de la guerre de 1914, et dont la puissance de ralliement était à toute épreuve, comptait cette fin de la « Ballade Solness », de Laurent Tailhade :
Il est assez notoire que les surréalistes, les révolutionnaires, n’ont pratiquement pas parlé de leurs aventures érotiques, de manière assez suggestive, malgré leur admiration pour D.A.F de Sade. Il y a là pourtant d’immenses possibilités de jeu, certainement les plus centrales pour la subversion du quotidien. Les jeux érotiques sont cantonnés à des livres érotiques (ou se voulant tels, car dans cette expression actuelle je ne vois guère que René Charvin qui dont le style et la précision me fassent bander : c’est un critère).
Article de Jean Léger paru dans Socialisme ou Barbarie,n° 7, août-septembre 1950, p. 110-111
Dans les premiers jours de juin s’est déroulé à Prague le procès des Treize, premier grand procès politique que connaisse la Tchécoslovaquie.
Les condamnations prononcées le 8 juin ont révolté de nombreux intellectuels en France, en Autriche, en Norvège. Des télégrammes ont été adressés au Président de la République tchécoslovaque pour qu’il renonce à exécuter la sentence frappant le principal accusé : Kalandra.
L’exécution de Zavis Kalandra et de ses trois coaccusés est passée inaperçue au milieu des événements de Corée qui angoissent l’opinion mondiale : le tribunal suprême de Prague ayant rejeté l’appel, la pendaison des quatre condamnés à mort du « procès des Treize » (dont une femme) a eu lieu le mardi 27 juin 1950. Encore une date de deuil à retenir pour les socialistes libres.
C’est sans doute au sujet du travail que se manifestent les plus sots préjugés dont soit imbue la conscience moderne, au sens collectif du mot. Ainsi les ouvriers, excédés à bon droit du sort inférieur qui leur est fait, se fondent généralement pour affirmer leur droit de vivre sur le principe même de leur esclavage. Au nom du sacrifice individuel qu ils consentent, qu’ils luttent de ci de là pour obtenir une légère atténuation de leur peine, selon moi c’est trop peu, en vérité. A leurs grands maux, bien sûr ils n appliquent pas assez les grands remèdes des révolutions. Mais la convention sociale dont ils sont de naissance les prisonniers les plus surveillés leur a fait une âme de misère. Ils se recommandent trop volontiers de leur capacité de travail, par un de ces détours élémentaires qui, dans sa réflexion sur lui-même, conduit l’homme à s’exagérer la valeur de ce qu’on méconnaît en lui. Si paradoxal que cela puisse paraître, ils cultivent de façon quasi-religieuse l’idée du travail. C’est à croire que par là, comme tous les autres, ils éprouvent le besoin de donner la mesure de leur désintéressement. Il n’est pas jusqu’à la dureté du travail qui ne confère à ceux qu’il courbe le plus le maximum d’autorité. Dans les confédérations les voix qui l’emportent ne sont-elles pas aujourd’hui celles du Bâtiment, de la Terrasse, des Métaux ? Toutes proclament le caractère sacré du travail et tendent à l’exalter d’autant plus que ce travail est plus matériel.
Aujourd’hui, je n’appellerai pas Camus. Je ne lui raconterai pas cette aventure unique : la justice militaire contrainte à la justice par l’effondrement d’un complot policier.
Je me revois, quelques mois avant ce procès, accrochée à un téléphone que je voulais charger de toutes mes forces de conviction. Je désirais, cette fois encore, que Camus intervînt auprès de Coty, de l’Élysée ou de je ne sais quel responsable gouvernemental.
Source: André Breton ,Écrits sur l’art et autres textes, Œuvres complètes, IV, éditions de Marguerite Bonnet publiée, pour ce volume, sous la direction d’Etienne-Alain Hubert avec la collaboration de Philippe Bernier et Marie-Claire Dumas, Paris, Gallimard, 2008.
Questions
I° Mohamed Maroc, dont vous avez sans doute entendu parler, est un intellectuel algérien qui s’est formé lui-même.L’une des raisons essentielles de sa révolte est que, selon lui, le colonialisme est source d’ignorance et d’inculture.Qu’en pensez-vous ?
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.