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Georges Altman : Chronique sur le tourment d’esprit. Sartre et Camus aux prises

Article de Georges Altman paru dans Franc-Tireur, 19 septembre 1952, p. 1 et 3

NOUS n’en aurions rien dit, s’il s’agissait seulement d’être étonné qu’un homme comme Sartre, dont nous n’oublions pas l’amical sourire, offre à présent le visage crispé du « sectarisme de l’incertitude ».

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Aimé Blanc-Dufour : Où va le peuple américain (II), par Daniel Guérin (Julliard)

Article d’Aimé Blanc-Dufour paru dans Les Cahiers du Sud, n° 308, 1er juillet 1951, p. 171-172

Le premier tome de cet ouvrage exhaustif et étonnamment documenté était consacré au Syndicalisme ouvrier. Le tome II porte comme sous-titre « La révolte agraire », « Le problème nègre ».

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Auguste Gallois : Où va le peuple américain ? de Daniel Guérin

Article d’Auguste Gallois paru dans Force ouvrière, n°238, 20 juillet 1950, p. 11

BEAUCOUP de nos camarades reviennent actuellement d’Amérique. Tout ce qu’ils peuvent nous dire nous intéresse toujours passionnément. Toutefois, si vigilant à observer, si lucide soit-on, il n’est pas bien certain qu’en six semaines ou deux mois il soit possible de dégager des appréciations absolument pertinentes sur un pays.

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Jean-Daniel Martinet : Les intellectuels et le goût du pouvoir

Article de Jean-Daniel Martinet paru dans La Révolution prolétarienne, n° 303, mai 1947, p. 11-13


De multiples articles de revues permettent d’apprécier l’influence exercée par les succès de l’U. R. S. S. sur ces jeunes intellectuels qui n’ont pas connu la période héroïque de la Révolution russe (où celle-ci s’identifiait, au moins partiellement, avec la cause des opprimés et des humiliés) et qui n’ont pas pu traverser le marécage de la résistance sans y laisser leurs dernières illusions généreuses.

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Aimé Patri : Philosophie de la police politique. A propos d’A. Koestler et de M. Merleau-Ponty

Article d’Aimé Patri paru dans Masses, n° 7-8, février-mars 1947, p. 28-30

Monsieur Maurice Merleau-Ponty publie actuellement dans les « Temps Modernes » (Nos 13 et 14, le reste est à suivre), une bien étrange réponse au recueil d’essais de Koestler : « Le Yogi et le Commissaire » (1). Cette réponse est intitulée : « Le Yogi et le Prolétaire », Il s’agit en réalité, bien plus que de répondre au « Yogi et le Commissaire », de reprendre la question posée dans « Zéro et Infini » (2), à propos des procès de Moscou. M. Merleau-Ponty a soigneusement compulsé les dossiers des procès, notamment celui de Boukharine et il a entrepris de prononcer un plaidoyer rétrospectif… en faveur des juges. On ne s’attendait guère à voir Kierkegaard et Heidegger appelés à témoigner dans cette affaire, en se disant au surplus « marxistes », mais.c ‘est pourtant un fait. M. Merleau-Ponty, philosophe, « existentialiste » de son état, est aujourd’hui « marxiste » aussi bien que M. E. Mounier, théoricien du « personnalisme » spiritualiste. Lorsqu’on dit « marxiste » il faut naturellement entendre « stalinien » ou mieux « stalinophile », puisqu’il ne s’agit que de velléités néophytes accueillies avec la réserve qui convient, par les services inquisiteurs.

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André Mistral : Sur le petit commerce marxo-universitaire comme brève réflexion non théorique sur la production marxiste contemporaine

Article d’André Mistral paru dans Spartacus, n° 89, février-mars 1978, p. 18-19


 
Les lignes qui suivent se présentent comme une autocritique dans la mesure où, d’une certaine façon, nous sommes ou avons été impliqué dans ce que nous critiquons. Autocritique et avertissement plutôt que mise en jugement, car notre propos n’est pas de préserver la pureté théorique du marxisme.

 

 

Aujourd’hui, pour un intellectuel qui veut être reconnu comme se situant du « bon côté » de la lutte des classes, il semble qu’il suffise de citer Marx et le Capital. Or, cela est quelquefois insuffisant, d’autant plus que certaines fractions de la bourgeoisie n’hésitent plus à récupérer certaines terminologies marxistes, voire même maoïstes – et il convient aussi d’affirmer la primauté de la pratique, la volonté d’échapper à l’économisme, etc. Enfin, il faut (comme s’il existait chez certains éditeurs un centre politico-théorique qui vérifie le caractère des manuscrits et leur donne « l’imprimatur marxiste ») publier, par exemple, chez Maspéro. Encore qu’avec l’élargissement  du marché marxiste, il soit souhaitable aujourd’hui, pour bien gérer ses intérêts et sous le prétexte politique d’élargir et de mieux faire connaître ses écrits, de se faire éditer par une maison mieux établie (d’autant plus que l’éditeur nommé connaît quelques difficultés).

 

Lorsqu’ils font de la théorie, « nos » théoriciens s’imaginent, comme le note F. Georges (1), qu’il n’y a pas d’autre effort à faire que de commenter le Capital au lieu de Bergson pour s’identifier au destin du monde et même pour exercer sur lui, surtout si l’on a une carte en poche, un pouvoir de direction digne de ses capacités. Comme le note Georges, en fait, ce qui de Marx agit dans l’histoire, ce n’est pas tant son œuvre que son nom, précisément. D’une certaine façon, le Marx réel est un Marx imaginaire. Quand ils ne commentent pas ou ne paraphrasent pas Marx, ce qui est d’essentiel de leur « pratique théorique », les théoriciens réfutent les nouvelles formes des vieux discours de l’économie politique bourgeoise. Il convient ici de constater que ces discours n’intéressent que les seuls universitaires, qu’en outre la critique est toujours externe, enfin qu’elle permet d’éviter de faire une analyse concrète (2).

 

L’analyse concrète est toujours absente lorsqu’ils font de la théorie, celle-ci étant toujours grande… Car pour s’identifier au destin du monde, il faut le surplomber. C’est pourquoi l’objet de la recherche est, soit le capitalisme mondial, le capital financier, etc., soit des objets apparemment plus réduits tels qu’une formation sociale (Etats-Unis, France, URSS, Japon… ) analysée à travers toutes ses dimensions. On le voit, nos théoriciens sont, d’une certaine façon des mégalomanes. A un tel niveau, la production théorique ne repose à aucun moment sur ce que l’on nomme « analyse concrète de la situation concrète » et n’est faite que de compilations difficilement vérifiables. L’on se trouve donc en face d »un modèle que l’on acceptera ou non en fonction de ses seuls fantasmes idéologico-politico-théoriques.

 

Quand les théoriciens vont chercher la réalité sociale (et ils le font d’autant plus que le théoricisme commence à être dévoilé), c’est pour y trouver quelques données propres à s’intégrer au modèle qu’ils ont en tête. L’un des plus théoricistes s’est mis depuis peu à intégrer dans sa production des données statistiques – ce qui peut laisser supposer une rupture dans sa « pratique théorique » – sans pour autant changer celle-ci. La réalité sociale reste très secondaire et ne sert éventuellement qu’à justifier et à rendre crédible le modèle. D’une certaine façon, la réalité sociale n’intéresse pas nos théoriciens et au fond elle peut être dangereuse dans la mesure où, si elle était confrontée aux productions théoriques, celles-ci seraient complètement remises en cause. L’analyse étant faite à l’avance. on colle sur chaque nouvelle réalité à examiner un schéma pré-établi : certains, après avoir établi un premier schéma qui les fit connaître et reconnaître. le plaquent à un nouvel objet que. de fait, ils n’étudient pas. L’important est d’aboutir à un discours théorique séduisant, ayant l’air « beau ». La théorie devient exercice d’esthétique.

 

Comme le travail d’analyse concrète est très long, si on le supprime, on a du temps pour rédiger et, dès lors, on peut avoir une production abondante… A moins, bien entendu, que le problème essentiel soit de publier sans cesse (pour son image de marque, pour faire de l’argent), ce qui impliquerait d’écrire vite, quitte à délaisser l’analyse. Il convient aussi de noter qu’avoir une production abondante et régulière est difficilement compatible (du point de vue du temps) avec une pratique politique réelle. Qu’enfin, et toujours du point de vue du temps, il y a une incompatibilité entre, d’une part un travail scientifique sérieux et lié à un travail militant et, d’autre part, la fréquentation de tous les « cercles » (3) qui réunissent certains théoriciens parisiens je dis bien tous les cercles, car il semble que certains « convives » soient présents partout : cette ubiquité leur est sans doute profitable…). 

 

Pour le petit nombre qui se livre à quelques analyses concrètes, la lutte des classes est généralement absente. Comment alors échapper à l’économisme que, précaution de style, ils dénoncent par ailleurs ? Même si l’on parle de luttes de classes, le plus souvent au niveau d’un titre ou d’une introduction, nulle trace ailleurs, si ce n’est parfois – et ce n’est pas négligeable – de lutte de classes de la bourgeoisie. Mais se voulant du côté du prolétariat, nos théoriciens rechignent à étudier la bourgeoisie.

 

Face à des problèmes économico-politiques qui peuvent se poser, nos théoriciens sont incapables d’avancer une seule analyse probante (4). Ce qui ne veut pas dire qu’ils vont se priver de nous livrer leur pensée, comme nous le montre par exemple l’imposante production sur la « crise », qui n’a pas pour autant permis d’avancer une seule analyse un tant soit peu correcte  : une des explications à cet état de choses réside simplement dans le fait que personne ne s’est donné les moyens et le temps nécessaires à une véritable analyse.
 
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Un livre sur la guerre d’Algérie

Article paru dans Informations & Liaisons Ouvrières, Bulletin d’information, n° 19, mars 1960, p. 10-12

LA GUERRE d’ALGERIE : critique de livre
« L’AN V de la REVOLUTION ALGERIENNE » de Frantz Fanon
(Cahier libre N°3 – François Maspero- 181 pages – 6,90 N.F.)

C’est une description des conduites nouvelles nées de la Révolution en ce qui concerne les femmes et la famille algérienne, l’attitude des Algériens en face de la T.S.F. et de la médecine moderne. Enfin, le dernier chapitre, « La Minorité Européenne d’Algérie », est la réimpression d’un article paru dans Les Temps Modernes en Juin 1959.

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Edgar Morin : Itinérance

Extraits du livre : Edgar Morin, Itinérance, Entretien avec Marie-Christine Navarro, Paris, Arléa, 2000, pp. 45-50.

 

 

M.-C. N. : Est-ce pour cette raison que, dans les débuts de la guerre d’Algérie, en 1955, vous créez avec Antelme le comité contre la guerre d’Algérie ? Comité créé, cette fois, dans un esprit critique. J’aimerais qu’on parle de l’Algérie parce que, là encore, à cette époque, vous avez une position très originale – originale par rapport au manifeste des 121, et surtout par rapport au courant messaliste

E.M. : Il y avait dans ce comité René-Louis Desforêts, Robert Antelme, Dyonis Mascolo, moi-même, Marguerite Duras et ma femme Violette. On prend la décision de former un comité d’intellectuels contre la guerre en Afrique du Nord – parce qu’il faut préciser que tout n’était pas terminé non plus en Tunisie.