Texte d’Anton Ciliga paru dans Inprecor, n° 430-431, décembre 1998, p. 11-12
Témoignage de Anton Ciliga*
L’immense majorité des détenus communistes étaient trotskistes : cent vingt sur un total de cent quarante. Il y avait aussi un zinovieviste qui n’avait pas capitulé, seize ou dix-sept membres du groupe du « centralisme démocratique » (extrême gauche) et deux ou trois partisans du « groupe ouvrier » de Miasnikov. Chez les non-communistes il y avait trois groupes essentiels, forts d’une douzaine de membres chacun : les social-démocrates menchéviks russes, les social-démocrates géorgiens et les anarchistes. Il y avait, en outre, cinq socialistes-révolutionnaires de gauche, quelques socialistes-révolutionnaires de droite, quelques socialistes arméniens du groupe « dachnaktsoutioun » et un maximaliste. Il y avait enfin quelques sionistes.
Article de Gérard Lamari paru dans Courant alternatif, n° 81, été 1998, p. 31-32
Matoub Lounès, chanteur berbère très populaire, né en 1956 en Kabylie, militant de la cause berbère, a participé au mouvement du printemps berbère de 1980, aux événements d’octobre 1988 durant lesquels il a été blessé par les forces de l’ordre. Il est enlevé par le GIA en 1994 et séquestré pendant 15 jours.
Il a toujours lutté pour la laïcité et la reconnaissance de la langue et de la culture berbère.
Interview de Hakim Addad paru dans Courant alternatif, n° 77, mars 1998, p. 31-35
En Algérie, 75 % de la population a moins de 35 ans. Parmi la jeunesse le taux de chômage est supérieur à 50 %. L’école exclut chaque année 500 000 jeunes du système éducatif. Nous avons réalisé un interview d’Hakim Addad, secrétaire général du R.A.J. (Rassemblement – Actions – Jeunesse), association de jeunes (1) qui lutte sur le terrain pour la paix, contre toutes les formes d’exclusion dans une Algérie en pleine guerre civile.
Article paru dans Le Bolchévik, n° 145, printemps 1998, p. 20 et 16-19
Depuis que les massacres macabres se suivent en Algérie, la région au sud d’Alger, la capitale, est maintenant surnommée le « triangle de la mort ». Des centaines de villageois sans défense ont été tués et mutilés et un grand nombre de femmes ont été kidnappées dans les dernières semaines, portant le nombre de victimes à plus de 100 000 morts dans la guerre civile qui oppose depuis cinq ans le régime nationaliste appuyé sur l’armée aux intégristes musulmans.
Article de Luiza Toscane et Nadia Tlili paru dans Inprecor,n° 422, mars 1998,p. 29-31
La question des femmes et de l’islamisme est emblématique à plusieurs titres. D’abord parce que c’est bien autour du rôle social de la femme, de sa sexualité et de son corps que s’articule une grande partie du discours islamiste. Ensuite parce que c’està travers les femmes que ce courant a acquis une visibilité politique. Enfin parce que la question des « droits des femmes » a été instrumentalisée par des régimes autoritaires pour légitimer leur guerre ouverte contre l’islamisme, régimes dont l’engagement féministe est plus que douteux. Dans ce contexte propice à toutes les ambiguïtés et toutes les récupérations, formuler un positionnement féministe et révolutionnaire n’a rien d’évident. Cet article ne vise évidemment pas à proposer des réponses élaborées et cohérentes, mais à montrer qu’on sous-estime souvent la complexité des problèmes et des solutions.
Article paru dans Le Prolétaire,n° 446, septembre-octobre-novembre 1998, p. 1-2
Les affrontements entre clans bourgeois ont atteint une acuité sans précédent au cours des dernières semaines, au point de s’étaler pour la première fois sur les colonnes de la presse algérienne.
Discours de Maxime Rodinson prononcé lors de l’attribution du prix de l’Union rationaliste 1997 à Mohammed Harbi et paru dans Les Cahiers Rationalistes, n° 523, mars 1998, p. 7-13
Je dois dire que j’ai été enthousiasmé, qu’une bouffée d’ardeur juvénile m’a pénétré quand une lettre de l’Union rationaliste m’a appris qu’elle décernait, cette année, son prix à Mohammed Harbi. Je fus d’autant plus enthousiaste, je l’avoue, que j’étais assez mécontent de diverses attitudes qui s’exprimaient depuis quelque temps dans les publications de l’Union. J’en étais même irrité et, à certains moments, prêt à envoyer ma démission. Je ne l’ai pas fait parce que je suis un peu rationnel et que je sais que toute association manifeste sur certains points des erreurs d’appréciation qui ne portent pas atteinte à sa ligne directrice, à l’utilité de son combat. Tout en souffrant de voir que, selon ma perception, le critère de rationalité auquel, par son titre même, l’Union s’engageait à être fidèle, me paraissait parfois dominé, dans ces occasions, par une soumission à la doxa, à la vulgate répandue dans le grand public (et très souvent chez les intellectuels), largement adoptée, en partie sous l’influence de réactions des plus légitimes. Mais il ne m’en paraissait pas moins que l’on violait gravement ce critère de rationalité notamment de lorsqu’on aboutissait à sacraliser tout un peuple, à l’affranchir des obligations morales exigées de tout autre peuple au point de rendre tabou toute critique à des membres (individuels ou collectifs) de celui-ci, en assimilant cette critique à une complicité envers ses ennemis, voire ses bourreaux. L’argument invoqué pour ce traitement spécial, les souffrances immenses, indéniablement subies par un peuple, ne sauraient rationnellement parlant, exempter toujours et partout tous ses membres et toutes ses institutions de répondre de torts qu’ils infligent aux autres.
Déclaration du PST parue dans Inprecor, n° 423, avril 1998, p. 14-15
Le Parti socialiste des travailleurs (PST) a réuni plus de 600 délégués provenant de 35 willayas (départements) lors de son congrès extraordinaire le 5 mars 1998 à Alger. Parmi les invités présents qui ont salué le congrès on remarquait une délégation du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), celle de l’Association pour l’émancipation des femmes (AEF) et celle de la Fédération nationale des travailleurs retraités de l’UGTA. Outre la présence d’un représentant de la LCR de France, le congrès a reçu des messages de solidarité d’organisations européennes et américaines.
La tenue de ce congrès a été imposée au PST par une nouvelle loi sur les partis politiques, qui exige qu’ils fassent preuve d’au moins 100 adhérents dans au moins 25 willayas sur les 48 que compte l’Algérie, pour prétendre à une existence légale. Le PST a dû présenter à cette occasion au contrôle administratif la preuve de plus de 4000 adhésions de soutien qu’il a recueillies dans 44 willayas. Pour une organisation petite dont le fiancement dépend entièrement de ses militants et sympathisants, alors que la situation dans le pays est marquée par une paupérisation croissante, répondre à ces exigences administratives représentait un véritable défi. Nous publions ci-dessous la déclaration politique adoptée par ce congrès.
Article de Chafia paru dans Oiseau-tempête, n° 4, hiver 1998, p. 34
ON NE MESURE PAS ENCORE, aujourd’hui, les traumatismes qu’a subis la société algérienne durant les années de spoliation coloniale et les sept années de guerre contre la puissance française. Et lorsque les médias français réduisent, depuis des années, l’Algérie à cette autre guerre plus récente, ignorant délibérément le refus d’un peuple de soutenir l’un ou l’autre camp, niant les résistances sociales contre les plans d’une bourgeoisie insolente aujourd’hui et plus pressée aussi d’en découdre avec les « gueux », on peut se demander s’il ne s’agit pas d’une épuration d’une mémoire coupable. Comme si les atrocités d’aujourd’hui effaçaient celles d’hier, inscrivant la violence dans les gènes d’un peuple… On construit les murs que l’on peut contre l’histoire quand elle accuse.
Article de J. C. publié dans Echanges, n° 86, janvier-mars 1998, p. 46-50.
L’horreurdes massacres en Algérie amène à en chercher la raison. Deux thèses principales s’affrontent : première thèse, l’horreur aurait comme cause le fanatisme religieux ; deuxième thèse, l’horreur aurait comme cause un complot, les massacres étant commis de cette façon·là par des membres de la police ou de l’armée algérienne pour faire apparaître l’ignominie du camp islamiste, et pour empêcher ainsi toute solution négociée avec les islamistes.