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Claude Berger : Autopsie de la « Nouvelle philosophie »

Article de Claude Berger paru dans Spartacus, n° 10, juillet-août 1978, p. 12-15

I LA NOUVELLE PHILOSOPHIE EST MORTE !

« Les nouveaux philosophes, ça n’existe pas ». C’est une exclamation d’André Glucksmann qui ne supporte plus que Krivine lui accole l’étiquette (1). « La nouvelle philosophie, c’est fini » proclame de son côté le maître d’œuvre Bernard-Henri Lévy.

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Cercle Abdelatif Zeroual : des maoïstes, oui – des communistes révolutionnaires, non !

Article paru dans Travailleurs immigrés en lutte, n° 26, décembre 1978, p. 15-18.

 

 

Le cercle Abdallatif Zeroual est un groupe de « marxistes-léninistes » algériens. Nous lui consacrons cet article, et sans doute nous lui en consacrerons d’autres dans l’avenir, parce que nous pensons qu’il est du devoir des communistes révolutionnaires internationalistes de démasquer ceux qui se parent du drapeau du prolétariat afin de mieux le dévoyer.

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Entretien avec un libertaire iranien

Entretien paru dans Front libertaire des luttes de classe, n° 105, 26 février 1979, p. 2-5


FL – Tu te revendiques comme anarchiste. Tu es Iranien et tu penses qu’actuellement, de par le fait que tu es anarchiste, cela ne sert à rien de retourner, pour toi, en Iran ?
R – Non, je ne dis pas que cela ne sert à rien, c’est-à-dire que pour retourner en Iran, il faut être au moins un groupe ; individuellement, mon action n’aurait pas une grande portée en Iran parce que je me retrouverais seul. La situation n’est pas claire, on ne sait rien, on ne sait pas si le régime va tenir ses promesses et s’il y aura un climat de liberté en Iran pour qu’on puisse mener une action, pour qu’on puisse faire une propagande réelle, introduire des idées anarchistes au sein des Iraniens
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André Mistral : Sur le petit commerce marxo-universitaire comme brève réflexion non théorique sur la production marxiste contemporaine

Article d’André Mistral paru dans Spartacus, n° 89, février-mars 1978, p. 18-19


 
Les lignes qui suivent se présentent comme une autocritique dans la mesure où, d’une certaine façon, nous sommes ou avons été impliqué dans ce que nous critiquons. Autocritique et avertissement plutôt que mise en jugement, car notre propos n’est pas de préserver la pureté théorique du marxisme.

 

 

Aujourd’hui, pour un intellectuel qui veut être reconnu comme se situant du « bon côté » de la lutte des classes, il semble qu’il suffise de citer Marx et le Capital. Or, cela est quelquefois insuffisant, d’autant plus que certaines fractions de la bourgeoisie n’hésitent plus à récupérer certaines terminologies marxistes, voire même maoïstes – et il convient aussi d’affirmer la primauté de la pratique, la volonté d’échapper à l’économisme, etc. Enfin, il faut (comme s’il existait chez certains éditeurs un centre politico-théorique qui vérifie le caractère des manuscrits et leur donne « l’imprimatur marxiste ») publier, par exemple, chez Maspéro. Encore qu’avec l’élargissement  du marché marxiste, il soit souhaitable aujourd’hui, pour bien gérer ses intérêts et sous le prétexte politique d’élargir et de mieux faire connaître ses écrits, de se faire éditer par une maison mieux établie (d’autant plus que l’éditeur nommé connaît quelques difficultés).

 

Lorsqu’ils font de la théorie, « nos » théoriciens s’imaginent, comme le note F. Georges (1), qu’il n’y a pas d’autre effort à faire que de commenter le Capital au lieu de Bergson pour s’identifier au destin du monde et même pour exercer sur lui, surtout si l’on a une carte en poche, un pouvoir de direction digne de ses capacités. Comme le note Georges, en fait, ce qui de Marx agit dans l’histoire, ce n’est pas tant son œuvre que son nom, précisément. D’une certaine façon, le Marx réel est un Marx imaginaire. Quand ils ne commentent pas ou ne paraphrasent pas Marx, ce qui est d’essentiel de leur « pratique théorique », les théoriciens réfutent les nouvelles formes des vieux discours de l’économie politique bourgeoise. Il convient ici de constater que ces discours n’intéressent que les seuls universitaires, qu’en outre la critique est toujours externe, enfin qu’elle permet d’éviter de faire une analyse concrète (2).

 

L’analyse concrète est toujours absente lorsqu’ils font de la théorie, celle-ci étant toujours grande… Car pour s’identifier au destin du monde, il faut le surplomber. C’est pourquoi l’objet de la recherche est, soit le capitalisme mondial, le capital financier, etc., soit des objets apparemment plus réduits tels qu’une formation sociale (Etats-Unis, France, URSS, Japon… ) analysée à travers toutes ses dimensions. On le voit, nos théoriciens sont, d’une certaine façon des mégalomanes. A un tel niveau, la production théorique ne repose à aucun moment sur ce que l’on nomme « analyse concrète de la situation concrète » et n’est faite que de compilations difficilement vérifiables. L’on se trouve donc en face d »un modèle que l’on acceptera ou non en fonction de ses seuls fantasmes idéologico-politico-théoriques.

 

Quand les théoriciens vont chercher la réalité sociale (et ils le font d’autant plus que le théoricisme commence à être dévoilé), c’est pour y trouver quelques données propres à s’intégrer au modèle qu’ils ont en tête. L’un des plus théoricistes s’est mis depuis peu à intégrer dans sa production des données statistiques – ce qui peut laisser supposer une rupture dans sa « pratique théorique » – sans pour autant changer celle-ci. La réalité sociale reste très secondaire et ne sert éventuellement qu’à justifier et à rendre crédible le modèle. D’une certaine façon, la réalité sociale n’intéresse pas nos théoriciens et au fond elle peut être dangereuse dans la mesure où, si elle était confrontée aux productions théoriques, celles-ci seraient complètement remises en cause. L’analyse étant faite à l’avance. on colle sur chaque nouvelle réalité à examiner un schéma pré-établi : certains, après avoir établi un premier schéma qui les fit connaître et reconnaître. le plaquent à un nouvel objet que. de fait, ils n’étudient pas. L’important est d’aboutir à un discours théorique séduisant, ayant l’air « beau ». La théorie devient exercice d’esthétique.

 

Comme le travail d’analyse concrète est très long, si on le supprime, on a du temps pour rédiger et, dès lors, on peut avoir une production abondante… A moins, bien entendu, que le problème essentiel soit de publier sans cesse (pour son image de marque, pour faire de l’argent), ce qui impliquerait d’écrire vite, quitte à délaisser l’analyse. Il convient aussi de noter qu’avoir une production abondante et régulière est difficilement compatible (du point de vue du temps) avec une pratique politique réelle. Qu’enfin, et toujours du point de vue du temps, il y a une incompatibilité entre, d’une part un travail scientifique sérieux et lié à un travail militant et, d’autre part, la fréquentation de tous les « cercles » (3) qui réunissent certains théoriciens parisiens je dis bien tous les cercles, car il semble que certains « convives » soient présents partout : cette ubiquité leur est sans doute profitable…). 

 

Pour le petit nombre qui se livre à quelques analyses concrètes, la lutte des classes est généralement absente. Comment alors échapper à l’économisme que, précaution de style, ils dénoncent par ailleurs ? Même si l’on parle de luttes de classes, le plus souvent au niveau d’un titre ou d’une introduction, nulle trace ailleurs, si ce n’est parfois – et ce n’est pas négligeable – de lutte de classes de la bourgeoisie. Mais se voulant du côté du prolétariat, nos théoriciens rechignent à étudier la bourgeoisie.

 

Face à des problèmes économico-politiques qui peuvent se poser, nos théoriciens sont incapables d’avancer une seule analyse probante (4). Ce qui ne veut pas dire qu’ils vont se priver de nous livrer leur pensée, comme nous le montre par exemple l’imposante production sur la « crise », qui n’a pas pour autant permis d’avancer une seule analyse un tant soit peu correcte  : une des explications à cet état de choses réside simplement dans le fait que personne ne s’est donné les moyens et le temps nécessaires à une véritable analyse.
 
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« El Oumami » : Du léninisme au nationalisme ouvert

Article paru dans Le Communiste, n° 15, novembre 1982, p. 35-37.

Le groupe « El Oumami » (« L’Internationaliste ») section du « P .C. I. » (« Le Prolétaire » ‑ « Programme Communiste ») pour l’Algérie vient de quitter avec « armes et bagages » cette organisation. Conséquence d’une « crise larvée (qui) ronge le parti communiste international depuis au moins un an », c’est sur l’appréciation des événements du Liban (1) et plus particulièrement sur la « légitimité du sentiment national arabe », sur le soutien plus ou moins ouvert au nationalisme palestinien impliquant de facto la participation à la boucherie capitaliste, que s’est effectuée cette scission organisationnelle.

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Abderrahim Lamchichi : Islam, islamisme et modernité

Extraits d’Abderrahim Lamchichi, Islam, islamisme et modernité, Paris, L’Harmattan, 1994, p. 40-41.

 

2738430708r[1]

 

Dans ce débat, la responsabilité des intellectuels issus des sociétés arabo-musulmanes est immense pour contribuer à la critique radicale, sans mépris mais sans complaisance, des présupposés de l’idéologie religieuse dominante, véhiculée par les représentants de l’islam officiel, et surtout des dérives de l’islamisme radical. Cette critique est absolument indispensable pour permettre de desserrer l’étau de la double dépendance dans laquelle toute référence idéologique à l’identité culturelle ou religieuse – qui n’est pas librement consentie et assumée – inscrit l’individu : celle du groupe et celle d’un système clos de représentations qui lui interdisent d’entrevoir d’autres valeurs et empêchent toute percée de l’imagination.