Nous avons interviewé un camarade palestinien en vivant et militant en Israël. Etudiant, il vient d’un village en plein centre d’Israël dont au moins la moitié des terres ont été réquisitionnées par Israël en 48.
Etant venu 15 jours en Europe au moment de la guerre, il a pu nous livrer ses premières réflexions.
One of the eight Black September members, who wanted 232 Palestinian prisoners released by Israel (Source)
Quelques semaines après l’attentat de Munich, et les réactions passionnées qu’il a provoquées, il nous paraît important de dépasser la simple polémique autour du fait en lui-même pour mener une analyse politique profonde des problèmes soulevés au Moyen-Orient. Analyse, qu’il faut bien le dire, a souvent été délaissée (et ceci même dans la presse révolutionnaire) au profit de phrases-slogans assez vides de sens politique dans l’urgence où nous nous trouvions de répondre à l’hystérie hypocrite et démagogique de la presse dans son ensemble.
En août 1971, pour la première fois en Israël depuis la création de l’Etat, quatre jeunes Israéliens déclarent publiquement leur refus de s’engager dans l’armée. C’est ainsi qu’ils envoient une lettre au ministre de la défense, M. Dayan, dans laquelle ils déclarent notamment :
In the Dawson’s Field hijackings (September 6, 1970) four jet aircraft bound for New York City were hijacked by members of the Popular Front for the Liberation of Palestine (Source)
Depuis plusieurs semaines le conflit israélo-arabe retient l’attention du monde entier. Ce fut d’abord les actions spectaculaires des commandos du F.P.L.P. qui grâce aux détournements d’avions, réussirent à mobiliser l’intérêt de la presse mondiale. Mais ces actions qui avaient pour but de sensibiliser l’opinion publique au problème palestinien, et en même temps de permettre l’échange de prisonniers palestiniens contre les passagers des avions détournés retenus par les palestiniens comme otages, eurent en fin de compte un effet inverse de celui qu’attendait le F.P.L.P.
Texte de la Commission Proche-Orient de l’Organisation Révolutionnaire Anarchiste paru dans Front libertaire des luttes de classes, n° 37, 26 décembre 1974, p. 6-7
President Richard Nixon with Egyptian President Anwar Sadat, Waving from a Motorcade Driving through Alexandria, Egypt, 6/12/1974 (Source)
Il y a à peine un peu plus d’un an qu’éclatait la quatrième guerre israélo-arabe, que circulent déjà des rumeurs d’une éventuelle reprise des hostilités.
Ces rumeurs, fondées ou non, nous poussent à analyser la situation qui semble s’aggraver depuis un certain temps.
Une nouvelle fois l’apparence vient d’être renversée : le dernier bastion de la « stabilité » policière dite socialiste s’est écroulé, sous les coups de boutoir du prolétariat polonais.
Gomulka est allé rejoindre Khrouchtchev, Dubcek, Rakosi, Gero et consorts dans les geôles « socialistes » déguisées en maisons de repos.
Quand l’ordre bourgeois justifie les crimes racistes.
Les attentats de l’O.A.S. se multiplient en France contre les antifascistes et la communauté algérienne. Avec la complicité de policiers français – qui leur laissent le champ libre – les tueurs de l’OAS font sauter les cafés musulmans en France, la fermeture obligatoire à 19 h de tous les cafés fréquentés par des arabes, et l’interdiction de se déplacer par groupes de plus de deux personnes.
La motivation première de ce présent texte est la parution, il y a trois mois, d’une luxueuse (et chère) brochure, intitulée «Manifeste Breton», qui a été déposée un peu partout en Bretagne, en tant que supplément à «Combat Breton» qui lui-même est réapparu à la faveur du créneau économique offert par l’arrestation et la détention des supposés membres du FLB. Cette brochure présente une nouvelle fois (après l’UDB, le PCB, le FASSAB*) une idéologie nationaliste bretonne qui se voudrait «de gauche», voire «révolutionnaire ». Elle est l’occasion de réaffirmer nos positions vis-à-vis de tout nationalisme quel qu’il soit, y compris celui des différents Fronts de libération nationaux du Tiers-Monde.
Voici le texte de notre camarade Daniel Guérin qui figure en tête d’un recueil qui vient de paraître aux Editions Martinsart (72, bd. de Sébastopol – Paris II). Ce recueil fait partie d’une série de huit volumes reliés, intitulés « Les Grands Révolutionnaires », Ils ne sont pas en vente en librairie et ne peuvent être acquis que par souscription. C’est pourquoi nous avons jugé utile en détacher des extraits de la préface qui suit.
Jeudi 22 mars. La Mutualité. Kate Millett à son retour d’Iran. Elle parle du mouvement des femmes là-bas, manifestations autonomes des femmes… autonomes par rapport aux partis et groupes politiques… pour leurs droits… pour leurs droits seuls… pour que « l’autre » moitié du monde ait le droit d’exister, elle aussi… des milliers de femmes dans les rues… manifestations entièrement spontanées (Kate Millett a tant insisté là-dessus !), manifestations tellement attaquées, donc tellement dangereuses pour le pouvoir ! (pour le pouvoir en place et pour celui des « révolutionnaires » mâles !).
Attaquées au couteau par des individus pour la plupart du lumpenprolétariat, des fanatiques du Coran, manipulés par la bourgeoisie… attaquées verbalement par les « gens de gauche » qui leur reprochent de « diviser » le mouvement (vous n’avez pas l’étrange impression d’avoir déjà entendu ce genre de reproche quelque part ?). Les « camarades révolutionnaires » iraniens demandent – on pouvait s’y attendre – une fois de plus aux femmes de se calmer, de patienter, de faire d’abord la révolution…, ensuite on s’occupera d’elles. C’est banal, c’est triste, c’est du déjà vu. Mais ça n’arrête pas les féministes iraniennes.
Après une semaine de manifestations, leur mouvement entre dans une deuxième phase : celle de l’organisation. Elles forment alors, selon Kate Millett, des « comités tournants » (?) « sans bureaucratie, sans hiérarchie, sans personnalité publique », de type « anarchiste ». La répression est extrêmement dure : non seulement elles doivent faire face aux agressions pendant les manifestations, mais les « milices » (citoyens armés par les comités de leurs quartiers et chargés de faire régner l’ordre) quittent les manifestations – qu’ils doivent normalement protéger, encadrer – dès que les femmes sont attaquées. Par ailleurs, ces milices quadrillent toutes les rues de Téhéran et à toute heure du jour et de la nuit, arrêtent tous les individus et véhicules de leur choix, les font mettre contre le premier mur venu, et peuvent aussi bien les relâcher un peu plus tard que les abattre à la mitraillette s’ils leur semblent suspects (en plus, ils possèdent des mitraillettes depuis fort peu de temps et ne savent pas tous très bien s’en servir). Bref, c’est la démocratie, c’est la révolution, c’est la joie, Le tyran est abattu, hourrah !
Pour ceux qui sont portés à minimiser tout ce qui vient des femmes, il est bien évident que ces femmes ne luttent pas seulement pour avoir le droit de sortir dans la rue sans « chador » mais qu’elles réclament tout bonnement l’égalité avec les hommes et la liberté. (Même si le port du chador est très significatif, très symbolique de l’oppression des femmes : comme le disait Kate Millet, la femme étant la propriété de son mari ou de son père, elle ne doit pas montrer son visage ou son corps qui ne doivent être vus que de leur propriétaire ! On en revient toujours aux mêmes conclusions : la pudeur féminine inventée pour perpétuer la propriété des hommes sur les femmes, la répression du viol, par l’État, instituée pour punir un vol !).
Revenons aux manifestations des femmes. Elles n’ont pas droit à une grande publicité, en Iran, Pas une seule photographie n’a été prise par la presse iranienne! Silence total pendant longtemps à la télévision, puis un beau jour, débat sur la question. Évidemment, les invités étaient tous des détracteurs des féministes, Kate Millet a d’ailleurs dit que la grande manifestation de femmes réclamant soit-disant de porter le chador n’était pas une manifestation appelée sur des mots d’ordre anti-féministes. Elle était bien sûr complètement manipulée par les chefs religieux et était destinée à soutenir le grand responsable de la télévision, à soutenir la censure à la télévision. Cela dit, il n’est pas étonnant que ces femmes – comme par hasard – aient porté le chador ! On est réactionnaire ou on ne l’est pas ! Il est intéressant de se demander pourquoi la presse occidentale a fait passer cela pour une manifestation anti-féministe. Pour finir sur une note d’espoir, il faut dire qu’il y avait des hommes aux manifestations féministes, des hommes de toutes classes d’ailleurs. Kate Millet a dit qu’ils se donnaient la main, formaient des chaînes qui entouraient la manifestation. Ce geste ne devant pas être interprété comme du paternalisme, de la protection bienveillante (le dernier stade de la phallocratie), mais plutôt comme une preuve de réelle solidarité. C’est-à-dire que pour ces hommes, la liberté des femmes vaut bien le risque de prendre des coups de couteau. Ils ont voulu partager ce risque, Kate Millet était toute émue en en parlant et elle a dit : « Ces hommes n’étaient pas des sympathisants tièdes. C’étaient de vrais camarades ! ».
Il est nécessaire de dire que cette révolution qui a remplacé un tyran politique par un tyran religieux – cette révolution basée sur le Coran -, cette révolution qui exalte la différence de culture, la différence… ou la supériorité ? de l’Islam, la fierté patriotique du peuple, cette révolution qui soumet les prolétaires à des nouveaux chefs, à une nouvelle armée, a des milices de type fasciste (tout le monde peut en faire partie, mais tout le monde peut en être victime !) a un nouveau gouvernement; cette révolution qui fusille ou lapide les homosexuels, assimilés à des violeurs (les « victimes » sont flagellées), cette révolution qui refuse aux femmes le droit de se libérer de la tyrannie des hommes… cette révolution n’est une révolution qu’au sens le plus mathématique du terme : un tour sur soi-même et on revient au même point, Il ne faut pas mythifier le prolétariat iranien, complètement soumis dans sa majorité à l’idéologie dominante, à cette idéologie d’esclaves. La révolution, la vraie, la révolution libertaire, reste entièrement à faire !
FL – Tu te revendiques comme anarchiste. Tu es Iranien et tu penses qu’actuellement, de par le fait que tu es anarchiste, cela ne sert à rien de retourner, pour toi, en Iran ?
R – Non, je ne dis pas que cela ne sert à rien, c’est-à-dire que pour retourner en Iran, il faut être au moins un groupe ; individuellement, mon action n’aurait pas une grande portée en Iran parce que je me retrouverais seul. La situation n’est pas claire, on ne sait rien, on ne sait pas si le régime va tenir ses promesses et s’il y aura un climat de liberté en Iran pour qu’on puisse mener une action, pour qu’on puisse faire une propagande réelle, introduire des idées anarchistes au sein des Iraniens
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.