Article de Kurt Landau paru dans Masses, n° 9, 15 septembre 1933, p. 4-8
DANS son dernier numéro Masses annonçait l’ouverture d’une enquête sur le fascisme allemand. Le questionnaire ci-dessous est adressé aux militants des divers groupements politiques et syndicaux qui ont participé à l’expérience allemande. Ceux-ci s’expriment en toute liberté et prennent l’entière responsabilité de leurs appréciations sur les événements et les hommes.
Nous avons reçu d’un camarade qui signe Wolf Bertram et qui appartient au groupe des trotskystes hétérodoxes la lettre que voici :
Dans le numéro du 10 août de la R. P. j’ai lu l’article d’ « un allemand » sur l’hitlérisme. Quelques allégations de cet article sont en contradiction complète avec les faits. Je crois utile dans l’intérêt d’une information sérieuse et objective du prolétariat français d’indiquer ces contradictions.
Article de Kurt Landau alias Wolf Bertram paru dans Le Communiste, Nouvelle Série, n° 2, 1er septembre 1933, p. 4-6
Cet article est personnel à son auteur et doit servir à la discussion sur l’Allemagne.
Le processus de décomposition s’est déclenché plus tard dans dans la social-démocratie que dans le P.C.A. Mais le résultat final est fondamentalement différent dans l’un et dans l’autre.
Article de Kurt Landau alias Wolf Bertram paru dans Le Communiste, troisième année, n° 12, 1er août 1933, p. 9-10
La dictature fasciste en Allemagne est encore en plein développement. La première étape qui commence avec l’incendie du Reichstag, le 28 février, se termina le 2 mai avec la mainmise sur les syndicats. Ce qui caractérise ces premiers mois, c’est la tentative tumultueuse des adhérents prolétariens et semi-prolétariens du fascisme pour s’introduire dans les rouages de l’économie capitaliste : dans les usines avec le but du capitalisme d’Etat national, mais dans le commerce et le négoce au contraire, pour briser la domination du capital financier et défendre l’économie petite-bourgeoise.
Article de Kurt Landau paru dans Le Communiste, troisième année, n° 12, 1er février 1933, p. 3-4
Le gouvernement Hitler-Hugenberg et le prolétariat allemand
I. – Le fascisme a-t-il déjà triomphé ?
LE 30 janvier le régime de « l’unité de front contre-révolutionnaire » Hitler-Papen-Hugenberg a été constitué. Par-là la domination contre-révolutionnaire est arrivée à une nouvelle étape. Avec le passage à la dictature parlementaire le 18 juillet 1930, sous Brüning, le régime démocratique-républicain a reçu son premier coup mortel. Deux années de réaction politique et sociale sous le régime Brüning ont fortifié à ce point les forces contre-révolutionnaires que, le 29 mai 1932, la dictature parlementaire de Brüning pouvait être relevée par la dictature militaire Papen-Schleicher qui, le 20 juillet 1932, s’est emparée par la force du pouvoir d’Etat prussien.
L’Etat moderne, l’Etat centralisé, militaire, bureaucratique de la bourgeoisie, tire sa force de ses recettes, de l’argent qui entre dans ses caisses. Comme tout le régime, basé sur le mode de production capitaliste, l’Etat, qui en est le produit, se débat dans des contradictions mortelles, dont l’origine est toujours la même : la baisse du profit, la nécessité pour les capitalistes de défendre la plus haute portion de la plus-value qu’ils prélèvent sur les masses exploitées de la nation. C’est là le sens de classe de la crise budgétaire à laquelle correspond d’autre part un excès des charges fiscales. Tandis que les dépenses pour l’entretien de la machine militaire bureaucratique nécessaire à la défense du profit capitaliste augmentent de plus en plus, tandis que l’Etat coûte de plus en plus d’argent, les recettes de l’Etat baissent et exigent des impôts de plus en plus lourds pour les salariés et les « petites gens », les capitalistes s’opposant à laisser rogner leurs profits. Des lors, le dilemme : « Qui doit payer ? » se pose sans cesse.
Article de Maurice Catalogne dit Lashortes, suivi de « Comment réaliser le Front Unique ? » par René Frémont, textes parus dans Le Libertaire, trente-huitième année, n° 401, 30 juin 1933, p. 1
Toute lutte contre le fascisme doit en premier lieu s’inspirer d’une connaissance approfondie de la nature de ce mouvement. Le fascisme, nous l’avons dit, ne saurait être confondu avec un vague courant d’opinion tendant à la restauration de certaines valeurs politiques ou philosophiques : l’Etat, la Patrie, l’Autorité, la Famille, etc. Ses forces ne sauraient pas davantage être confondues avec certaines troupes de recrutement spécial et étroit telles que camelots du roi, jeunesses patriotes, croix de feu, etc.
Réponse de René Frémont à l’article du groupe Los Sin Pan, parus dans Le Libertaire, trente-huitième année, n° 400, 16 juin 1933, p. 1 et 2
L’article de nos camarades espagnols que nous publions en 2e page critique l’idée du front unique, qui fut posé dans le « Libertaire » à différentes reprises par notre camarade Lashortes. Nous aurions voulu trouver dans cet article des arguments démontrant l’inutilité d’un front unique du prolétariat.
LE congrès antifasciste qui vient de se terminer n’a pas provoqué, dans la classe ouvrière, de véritable attention. On sait pourquoi. Sous le couvert d’un comité d’organisation étendu à des personnalités diverses, comprenant des représentants de tous les partis – y compris des anarchistes ! – le Parti Communiste en avait pris la direction effective. Il en devait contrôler tous les débats et empêcher, à tout prix, que ceux-ci ne tournent à sa confusion. En fait, le congrès de Paris ne fut qu’une suite monotone de discours, une présentation de thèses bolchéviques, un appel a la réalisation d’un front antifasciste propre à plumer l’inoubliable volaille. Toute tentative de discussion fut sévèrement réprimée : les trotzkistes furent expulsés, le délégué Aulas, ayant critique la position du parti communiste allemand, ne dut son salut qu’à l’intervention du bureau qui se contenta de lui retirer la parole. Seul le député Bergery, bénéficiant, comme le dit à peu près l’ineffable Doriot, de la cote d’amour, réussit à préconiser un « front commun » antifasciste plus étendu. Mais on lui montra péremptoirement qu’il n’était pas à la page, qu’il ne devait pas abuser de l’indulgence et de la sympathie de ses bons amis bolchéviques. Et ce fut tout.
Article signé Henry-Leconte paru dans Masses, n° 7, 20 juin 1933, p. 6-7
Les orgues des cathédrales font plus que de chanter la gloire de Dieu ; elles exhalent aussi l’inquiétude de voir les masses échapper à l’envoûtement de leurs symphonies surnaturelles.
Sous le titre « Où va la Révolution Russe » Marcel Martinet a publie une brochure à la Librairie du Travail. Avec modération, mais sans faiblesse il expose l’Affaire Victor Serge et réduit à néant les « accusations » plus ou moins formulées contre Serge.
Dans le trop court extrait que nous publions les intellectuels « révolutionnaires » sont, sans échappatoires possibles, placés devant leurs responsabilités. A « Masses » nous ne pouvons que nous solidariser avec les idées défendues par Marcel Martinet et le remercier les avoir si clairement et si courageusement exprimées en ce temps ou le vrai courage est si rare chez les intellectuels.
Dans les milieux intellectuels, on entend souvent prononcer en même temps les noms de Marx et de Freud. C’est tantôt le fait de disciples de Freud, qui ont d’autre part des convictions révolutionnaires en politique, tantôt, également, et avec une insistance particulière, ces deux noms se trouvent rapprochés par certains marxistes orthodoxes, aux yeux de qui personne ne saurait, sans commettre un sacrilège, soulever la moindre critique contre le système du maître. Pour la science, ces derniers esprits, trop pleins de piété, ne comptent naturellement pas.
Article d’Aimé Patri signé André Ariat paru dans Masses, n° 12, 25 décembre 1933, p. 3-4
La dialectique est-elle une sorte de logique, supérieure qui dispense d’appliquer les règles de la logique ordinaire, et en particulier le célèbre principe de non-contradiction ? Ou bien doit-on concevoir les rapports de la dialectique et de la logique ordinaire de telle manière que la dialectique dépasse la logique ordinaire, tout en la conservant, et sans dispenser le moins du monde d’appliquer ses règles dans le domaine où elles conservent leur valeur ?
Article de Mohamed Saïl paru dans L’Eveil social, n° 20, août 1933
Par lâcheté, l’être humain prend souvent son mal en patience. Opprimé, il se résigne et, par « instinct de conservation », se retient pour ne pas cracher son dégoût à la face de ses dirigeants. Mais, lorsqu’il se découvre victime d’une criante injustice, lorsqu’il voit ses droits systématiquement abolis les uns après les autres, il commence à envisager la révolte salvatrice qui pourrait rétablir l’intégralité de son droit.
Article d’Errico Malatesta paru dans Le Réveil anarchiste, n° 885, 4 novembre 1933.
Dernièrement des camarades nous ont proposé de discuter cette question : S’abstenir ou voter ? A vrai dire elle nous paraissait définitivement tranchée pour tout anarchiste, mais il y avait sans doute intérêt à reprendre la question pour les jeunes camarades.
Maintenant, nous croyons bon de réimprimer ici ce que notre camarade Malatesta avait eu l’occasion de déclarer sur le même sujet.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.