Toute la presse – de la gauche à la droite – tire la sonnette d’alarme à longueur de colonnes devant la dégradation catastrophique de la situation de l’impérialisme en Afrique du Nord et les débuts de la transformation inexorable en guerre civile qui s’y manifeste. Chacun y va de sa recette miraculeuse et attend le gouvernement Mendès-France à des actes.
Le procès contre Slansky et ses amis en Tchécoslovaquie a été le signal d’une campagne antisémite à peine camouflée dans les autres « démocraties populaires » et en U.R.S.S. même. Evidemment, les Juifs ne sont pas attaqués en tant que race, peuple ou groupe collectif comme le faisaient les nazis. On s’en prend seulement aux sionistes, aux « éléments cosmopolites ». Mais personne ne pourra nier qu’en organisant des procès publics ou des campagnes de dénonciation dans lesquels toutes les personnes touchées sont juives ; qu’en s’acharnant à mentionner chaque fois l’origine juive des accusés ; qu’en prenant encore la précaution de mentionner les noms d’origine et les noms de parents à résonnance juive des personnes visées, on renforce ainsi systématiquement et on utilise à dessein les sentiments antisémites existant encore dans de larges couches paysannes et petites-bourgeoises de ces pays.
Des bourgeois viennent de lancer un cri d’alarme au sujet de l’Afrique du Nord ; il s’y prépare, disent-ils, un nouveau Vietnam ; ils demandent aux autorités françaises une nouvelle politique plus conciliante envers les couches bourgeoises dirigeantes au Maroc et en Tunisie. Nous avons déjà exposé les raisons qui empêchent la bourgeoisie française de s’opposer à la politique des grands colons.
Appel du Secrétariat international de la IVe Internationale paru dans La Vérité des travailleurs,n° 53, 15 décembre 1956, p. 10
A toutes les organisations ouvrières, à tous les travailleurs
Camarades,
Depuis plusieurs semaines déjà, les travailleurs hongrois luttent héroïquement pour la défense de leur pouvoir démocratique, des Conseils. Cette lutte est arrivée maintenant à un nouveau point crucial.
Déclaration du Secrétariat international de la IVe Internationale parue dans La Vérité des travailleurs,n° 50, 1er novembre 1956, p. 12
En Hongrie, la faillite économique et politique des dirigeants staliniens hongrois inféodes au Kremlin et leur refus bureaucratique jusqu’à la dernière minute d’accéder aux demandes et aux aspirations profondes des masses, ont provoqué un soulèvement populaire.
Depuis 1944 jusqu’au XIIe Congrès, la vie intérieure du P.C.F. fut plutôt sans histoire. Mais, à partir de 1952, elle devint mouvementée : exclusion d’André Marty puis d’A. Lecoeur qui publient leur défense, rétrogradation de Tillon, critiques publiques d’une violence inhabituelle d’Aimé Césaire à l’égard d’Aragon, polémique Lefèvre-Garaudy, et voici que paraît un livre de 200 pages de Pierre Hervé : « La Révolution et les Fétiches ».
Ce livre, publié sous les auspices du Comité Maurice Audin, contient avec une présentation de Pierre Vidal-Naquet une série de documents officiels relatifs aux méthodes de torture qui furent employés de façon systématique dans la guerre menée contre le peuple algérien.
A Paris après la manifestation organisée le 1er mai devant la prison de la Roquette, et qui rassembla 500 personnes, un meeting central est en préparation en collaboration avec le F.A.C.U.I.R.A., le F.U.A., le Comité Audin, Vérité-Liberté, Témoignages et Documents, le Comité de Solidarité aux victimes de la Répression. A Puteaux-Suresnes nouvelle réunion locale le 6 mai avec projection de films sur la révolution algérienne. Le 7 mai le comité local des 19e et 20e se réunit pour la première fois, par ailleurs le comité étudiant tient également sa première réunion.
En 1955-56, après dix ans de guerre coloniale, la jeunesse française a été appelée à participer directement à la répression contre le peuple algérien. Elle s’y opposa d’emblée par des comités contre l’envoi du contingent et des manifestations de rappelés, soutenues par une partie de la population. Après l’insuccès de ces mouvements collectifs, les jeunes militants ne purent choisir qu’entre plusieurs solutions individuelles :
Un attentat tous les quarts d’heure à Alger, la Casbah bombardée au mortier, cela représente des dizaines de morts, mais aussi des centaines de blessés.
EN France, après une période d’accalmie, les attentats au plastic reprennent. Ce sont maintenant les installations ferroviaires, les bâtiments, même les locaux de la police qui sont attaqués.
Le Parti communiste internationaliste et le Parti socialiste unifié ont appelé à voter oui à l’indépendance algérienne, oui à la Paix, non à de Gaulle. Le Parti communiste Internationaliste dans une lettre envoyée aux grandes organisations ouvrières avait proposé le Front unique sur cette position qui avait l’avantage de ne pas mêler les bulletins à ceux des partisans de l’Algérie française et de refuser clairement le soutien à la politique gaulliste.
Dés le premier jour du soulèvement du peuple algérien, nous avons dit que la lutte pour l’indépendance nationale c’était en même temps une révolution sociale, que cette révolution, logiquement, aurait pour objectif le socialisme. La libération nationale donnerait une forme, un contenant nouveau, indispensable pour le développement d’une substance, d’un contenu nouveau. Au cours des années de guerre, les combattants eux-mêmes ont qualifié leur combat de Révolution algérienne, et les déclarations n’ont pas manqué — sous des formes variables, tantôt plus précises, tantôt plus vagues — que l’Algérie nouvelle ne serait pas une Algérie capitaliste.
L’auteur de ce petit volume publié dans la collection des Editions de Minuit, Bonnaud est à présent enfermé à la prison des Baumettes, à Marseille, en raison de la lutte qu’il a menée dès le début contre la guerre d’Algérie. Ajoutons qu’il y est aussi victime d’une provocation policière montée pour mieux corser le dossier établi contre lui.
Ce vendredi soir Salle des Horticulteurs, c’était la première réunion officielle du Front de Solidarité à la Révolution algérienne.
Nous n’étions pas très nombreux, l’intention n’ayant d’ailleurs pas été de faire un grand meeting. Parmi ces 350 à 400 camarades, étudiants pour un assez grand nombre, il y en avait du P.S.U., des U.E.C., de la « Voie Communiste », de notre Parti, et il y avait aussi des gars et filles de J.R., des réseaux, des camarades algériens libérés il y a peu.
QUE le cessez-le-feu marque le point de départ d’une nouvelle étape en Algérie comme en France, nul n’en doute. Mais quels seront ses caractères ? Ni la fin de la révolution algérienne escomptée en même temps par le pouvoir et par la gauche respectueuse ; ni le recul du gaullisme et un retour aux libertés fondamentales et à la paix sociale espéré par les braves gens.
Le cessez-le-feu est maintenant proche. Une première phase de la lutte armée s’achève par la conquête de l’indépendance de l’Algérie.
Quelle que soit la procédure suivie et la durée de la phase transitoire, c’est maintenant un fait acquis. C’EST UNE GRANDE VICTOIRE DE LA REVOLUTION ALGERIENNE.
Déclaration du Parti communiste internationaliste parue dans La Vérité des travailleurs, n° 124, mars 1962, p. 15-16
L’indépendance de l’Algérie est une victoire du prolétariat mondial
Les accords entre le gouvernement français et le gouvernement provisoire de la République Algérienne ont été signés. Ils impliquent, à échéance relativement proche, l’établissement de l’Algérie en République indépendante.
Avec l’indépendance conquise sur l’impérialisme français après sept années de guerre terribles une victoire des plus rudes vient d’être obtenue par le peuple algérien.
Jusqu’alors, je n’avais jamais assisté à un meeting étudiant, les horaires de l’usine ne m’en laissant pas la possibilité. Mais je n’ignorais pas pour autant la part importante prise par le Quartier Latin dans la lutte contre la guerre d’Algérie et le fascisme, l’organisation de la riposte de l’université aux attentats et provocations, pour ne pas remonter à ce mémorable 27 octobre 1960, qui avait incontestablement contribué au « dégel » de l’opinion, et ouvert l’ère des manifestations de rues.
Si les fascistes français font surtout parler d’eux, car ils ont trouvé dans la guerre d’Algérie un élément politique et des troupes, le caractère international du mouvement fasciste n’en persiste pas moins.
Le 17 octobre 1961 — il y a à peine quatre mois — des milliers et des milliers d’Algériens, las d’être humiliés, ont manifesté sur les boulevards, en plein centre de Paris. contre le couvre-feu à 20 heures et pour leur dignité. Dès le soir même la Seine a charrié des cadavres d’Algériens. L’opinion avait été choquée de cette « intrusion » mais avait été impressionnée par le courage de ces hommes et de ces femmes. L’ampleur et la sauvagerie d’une répression pratiquée « à froid » ne manqua pas de soulever ce que les journalistes appellent une vive indignation. Le pouvoir dut faire ouvrir une instruction sur les décès suspects de dizaines d’Algériens au cours de cette nuit sanglante. Cela dura quelques jours. On y pensa encore pendant quelques semaines. Et puis… Et puis la vie reprit son cours. L’instruction doit se poursuivre au même rythme que celle ouverte sur la mort de Maurice Audin (assassiné depuis plusieurs années). Monsieur Papon est toujours préfet de police et le bon peuple s’est intéressé à autre chose. C’est en toute quiétude que le Pouvoir a pu renvoyer des milliers d’Algériens « dans leurs douars d’origine ». Les fameux « douars d’origine » c’était Paul-Cazelles, Beni-Messoud, Sidi-Chami… ; c’était des camps. Oh pas des camps de concentration, bien sûr ! Non, des centres d’hébergement ! des centres d’hébergement où, comme à Paul-Cazelles, pour 1.600 internés répartis en trois blocs, il n’y a ni infirmerie ni douches, ni consultation pour les maladies des yeux et des dents ; où les tuberculeux et les malades mentaux ne sont pas isolés. La télévision et les actualités nous ont montré ces départs vers les « douars d’origine ». Combien se sont indignés, parmi nos compatriotes, de voir ces hommes partir, en veston, sans bagage ? Combien se sont demandés s’ils laissaient ici une femme, des gosses et ce qu’ils deviendraient privés de leur soutien ? Assurément beaucoup moins que ceux qui, sottement, ont soupiré d’aise en pensant que « l’on allait enfin être un peu en sécurité ». Il faut dire qu’en fait de sécurité on a été gâté. Tandis que les plastiqueurs poursuivent le cours de leurs exploits, les brigades spéciales de monsieur le préfet Papon, qui s’étaient fait la main le 19 décembre, viennent, le 8 février, de causer la mort de huit personnes : quatre hommes, trois femmes, un enfant, huit « bougnoules » bien de chez nous, « Français de souche » comme dirait le journal de l’O.A.S. : le Parisien Libéré.
Je viens de terminer un voyage de plusieurs jours dans la région frontalière du Maroc oriental et de l’Algérie, en compagnie du député travailliste John Baird et de plusieurs dirigeants algériens civils et militaires.
Sommes-nous à la veille d’un nouveau putsch ? Telle est la question que se pose actuellement le mouvement ouvrier.
LE plastic contre des permanences et des militants ouvriers, le mitraillage du siège central du P.C.F., l’assassinat de Locussol, autant de faits qui obligent chaque militant à s’interroger sur la menace fasciste que fait peser l’O.A.S.
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