Communiqué du MTLD paru dans Alger Républicain, 13 février 1954
Le M.T.L.D. communique :
Les régions de Nedroma et Nemours sont depuis plusieurs mois le théâtre d’une répression grave. On se souvient que le 15 octobre 1953, lors de la « Quinzaine de lutte contre la répression » un Algérien avait été abattu par la police. Ce fut le point de départ d’une action répressive qui n’a cessé de se manifester dans ces centres et leurs environs avec une particulière violence.
Article paru en deux parties dans Informations ouvrières, n° 251, 26 juin 1965, p. 1-4 et n° 252, 3 juillet 1965, p. 1-4
Notre époque est impitoyable. Les événements balaient les savants édifices bâtis pour la consolation d’intellectuels petits-bourgeois, à la recherche d’un confort rassurant. Ainsi en est-il de la marche concrète de la révolution algérienne qui ne laisse pas pierre sur pierre des illusions intéressées. Tout ce qui, dans le domaine de la théorie et de la pratique est inachevé, ou erroné, toutes les positions qui ne trouvent pas leurs justifications dans la lutte de classes, sont vouées à s’effondrer.
Article de Jean Rous paru dans La Commune, n° 6, février 1958, p. 3
La conférence anti-impérialiste qui s’est tenue au Caire fin décembre 1957 et qui se présente comme la suite de la grande conférence de mai 1955, n’est que l’exploitation de l’esprit de Bandoeng aux fins d’un bloc contre l’autre.
LE 18 juin, Ben Bella démentait un prétendu « conflit qui existerait au sein de la direction révolutionnaire en Algérie » et affirmait que, sous sa direction socialiste, son pays était « plus uni que jamais ». Fort de cette affirmation gratuite, il annonçait des mesures de clémence en faveur des « égarés », pour employer son expression, à la tête desquels se trouvait Aït Ahmed.
Article paru dans Al Kadihoun, n° 2, février-mars 1973, p. 25-27
Pour une partie de l’opinion arabe et mondiale, l’Algérie est le modèle que devraient suivre tous les pays néo-colonisés pour échapper au sous-développement, à l’assujettissement et à la misère. La direction actuelle de l’Algérie fait beaucoup de publicité sur l’industrialisation « intensive » du pays qui devrait lui permettre de « décoller » économiquement et ce, à coups de plans quadriennaux. Nous y reviendrons.
Editorial de Claude Bourdet paru dans Nouvelle Gauche, organe du mouvement uni de la nouvelle gauche, 1ère année, n° 1, 15 avril 1956, p. 1
AU cœur même de la situation politique française se trouve la guerre d’Algérie. Elle n’est pas le seul objet d’intérêt, elle n’est même pas, pour beaucoup de salariés vivant difficilement et préoccupés de leur salaire insuffisant, de leur logement médiocre, elle n’est même pas le problème principal. Mais, tout compte fait, c’est d’elle que tout dépend. Le climat international est à la détente. Le Parti communiste soutient le gouvernement. Malgré l’absence du Front Populaire aux élections, la droite n’est pas ressortie de celles-ci assez puissante pour inquiéter sérieusement Guy Mollet, tant au moins que la situation algérienne n’est pas très aggravée. Dans de telles circonstances, il apparaît clairement que, sans la guerre d’Algérie, nous serions partis pour une longue période de stabilité, et peut-être de progrès. Mais il apparaît aussi qu’à cause de la guerre d’Algérie, tout peut changer : la logique de la guerre alimente le chantage de la droite et des militaires exigeant de Mollet des mesures toujours plus brutales, lesquelles doivent normalement provoquer la chute du gouvernement de Front Républicain et son remplacement par un gouvernement de guerre totale animé par Bourgès-Maunoury, Soustelle, ou tous les deux.
Tribune de Lucien Weitz parue dans Nouvelle Gauche, 2e année, n° 33, du 28 septembre au 11 octobre 1957, p. 6
IL y a des formes d’auto-critique qui se révèlent n’être qu’un réquisitoire contre les autres. Le titre de l’article (1) de Léo Hamon : « La gauche souffre-t-elle d’algéromanie ? » n’était que formellement dubitatif. Le contenu, lui, ne laissait aucun doute.
Article de Claude Devence paru dans Nouvelle Gauche, n° 8, 22 juillet 1956, p. 2
ALORS que la guerre d’Algérie trouble la conscience de nombreux Français, l’opinion d’un homme comme le Professeur Rivet ne peut manquer d’avoir une grande portée.
Or « Combat » vient de publier une interview du Directeur honoraire da Musée de l’Homme, intitulée : « Au nom de l’idéal de la Gauche, le professeur Paul Rivet condamne la rébellion algérienne » (1).
Article de Claude Devence paru dans Nouvelle Gauche-Tribune étudiante, 2e année, n° 22, 25 février au 10 mars 1957, p. 1 et 7
LE 2 FEVRIER, entre 15 h. et 17 h., les ouvriers français, italiens, portugais et espagnols du chantier Perignan, à Vitry-sur-Seine, sous l’impulsion d’une militant Nouvelle Gauche, débrayaient unanimement. De quoi s’agissait-il ? D’une revendication de salaires ? D’une protestation contre les conditions de travail ? Non pas, c’était un acte remarquable de solidarité envers les camarades algériens en grève. En délégation, les ouvriers se rendirent à la Mairie de Vitry pout y déposer une motion réclamant la paix en Algérie et approuvant la grève de 8 jours faite à l’unanimité par leurs camarades algériens. Une collecte fut effectuée sur le chantier pour leur venir en aide.
Article de Claude Devence paru dans Nouvelle Gauche, organe du mouvement uni de la nouvelle gauche, n° 5, 10 juin 1956
LE film de Resnais nous expose la réalité brute de l’horreur concentrationnaire. Ce n’est pas un cauchemar, c’est vrai.
Cela n’a pas seulement été vrai à un moment de l’histoire. Ce peut être encore vrai à tout moment, de la part de n’importe quel peuple, de n’importe quel groupe, parce que c’est le fait de l’homme. Il ne s’agit pas ici de l’Allemand ou même du nazi seulement. Resnais nous le montre clairement (1).
Article paru dans Perspectives ouvrières, Bulletin du Comité national du Mouvement de Libération du Peuple, n° 27-28, juillet-août 1953, p. 19-22
La fusillade qui ensanglanta la pacifique manifestation populaire du 14 Juillet a consterné tous les républicains. On se trouve devant une provocation policière délibérée et devant un manque de sang-froid de la part d’une police dont le racisme violent n’est plus à démontrer.
Article de Blanquet paru dans Le Combat syndicaliste,33e année, nouvelle série, n° 172, décembre 1961, p. 1et 4
Pour essayer de pénétrer la cause de ces manifestations de masse, qui ont désagréablement surpris le peuple de Paris, et qui ont mobilisé la presque totalité des Algériens de la région parisienne, il faut revenir très en arrière.
Non pas, certes, remonter jusqu’à la conquête de l’Algérie (ce qui serait nécessaire pour une étude plus ample, sans doute), mais jusqu’à ces années 48-50, peu après la Libération
Communiqué du MTLD paru dans Alger Républicain, 26 janvier 1954
Le M.T.L.D. communique :
« Une fois de plus, le problème marocain revient au premier plan de l’actualité. Seul, en fait, le gouvernement français pouvait penser, ou feindre de croire, que le complot du 20 août 1953 contre la souveraineté chérifienne était un fait accompli sur lequel personne n’allait plus revenir.
JAMAIS je n’ai senti avec autant d’accablement l’incapacité de parler dignement d’un homme dont l’amitié m’était une raison de vivre et dont la perte me laisse désemparé.
Article de Robert Vaez-Olivera paru dans Correspondance Socialiste Internationale, 11e année, n° 105, mars 1960, p.5
La recrudescence de l’antisémitisme et du racisme justifie la publication de l’article ci-dessous que nous avons demandé à notre ami Vaez Olivera. Dans cette analyse claire et concise, notre ami exprime un point de vue qui peut ne pas être celui de nombre de nos lecteurs. Nos colonnes sont largement ouvertes aux observations ou réflexions dont vous voudrez bien nous faire part.
Article de Marceau Pivert paru dans Correspondance Socialiste Internationale, n° 20, mai 1952, p. 12
LECTURES RECOMMANDEES
Albert CAMUS : « L’Homme révolté » (Gallimard).
Il serait souhaitable que chaque militant socialiste soit en mesure de lire, de méditer, de discuter et de mettre à profit le livre de Camus et plus particulièrement le chapitre « Révolte et Révolution » (pp. 302 à 309). Certains camarades m’ont dit avoir éprouvé une sorte de déception à cette lecture. C’est qu’ils y recherchaient peut-être un système doctrinal reposant, une sociologie politique toute faite, alors que Camus présente tout le contraire : une mise en état de défense individualiste, une autoprotection libertaire en face du « délire historique » dont le stalinisme illustre, hélas ! les terribles errements. Il propose donc plutôt une règle de conduite individuelle (mais qui devrait précisément valoir aussi pour la classe opprimée) infiniment plus dangereuse pour les dogmes et les systèmes que les armées et les échafauds : « vivre et faire vivre pour créer ce que nous sommes » au lieu de « tuer et de mourir pour produire l’être que nous ne sommes pas ».
Article de Jean Rous paru dans Correspondance Socialiste Internationale, 9e année, n° 86-87, juillet-août 1958, p. 6
C’est en tant que secrétaire général du « Congrès des Peuples contre l’Impérialisme » (1948-1955) que je viens rendre hommage au noble exemple de militant socialiste anticolonialiste que Marceau Pivert a su incarner, et dont il laisse le souvenir à la future génération socialiste et aux peuples d’Afrique et d’Asie.
Article de Daniel Guérin paru dans Correspondance Socialiste Internationale, 10e année, n° 93, mars 1959, p. 2
Vers 1930, à l’époque, hélas déjà lointaine où certains d’entre nous faisaient leurs premiers pas dans l’action militante, la tâche essentielle était de faire connaître ce qu’est la colonisation, car bien peu de gens dans notre pays s’y intéressaient, et plus rares encore étaient ceux qui l’avaient sérieusement étudiée.
1953 aura vu le colonialisme français s’acharner avec plus de vigueur sur les peuples qu’il exploite.
Nous avons déjà, dans ce journal, dénoncé la répression sévissant en Afrique du Nord. Ce n’est pas dans le peu de place qu’offre un journal que nous pouvons relater un bilan de toute la répression qui sévit sous forme d’arrestations, de ratissages, d’assassinats, de tortures policières, d’emprisonnements, de traitrises de fantoches. Il faudrait un volume entier.
Je relate simplement ici un témoignage paru dans l’« Algérie Libre » du 14 novembre 1953. Mais je le relate avec une mauvaise conscience, car, jusqu’ici, nous n’avons rien fait contre cette répression.
LE modernisme semble, si nous en croyons certains, avoir bousculé de nombreux préjugés, de nombreuses croyances qui ont marqué si profondément le passé. Et, de fait, la croyance en Dieu, par exemple, est moins vive, moins tenace, de même que les nationalismes et les revanchismes déclinent depuis que les gens ont appris à se connaitre par-delà les frontières.
Article de Michel Lesure paru dans Le Monde libertaire, n° 13, décembre 1955, p. 3
La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’une époque sans esprit, c’est l’opium du peuple.
(K. MARX.)
FAISANT sienne la conception de Feuerbach sur l’esprit déiste, Marx la complétait en assignant à d’autres abstractions le soin de régler le sens des évolutions. C’est du commentaire des sophismes marxistes qu’est née la caste des clercs et des mandarins : les intellectuels dits de gauche, l’Intelligentsia, qu’il appartient à Raymond Aron de radiographier.
Article de Louis Chavance paru dans Le Monde libertaire,n° 23, décembre 1956, p. 4
SI la colère et le chagrin ne l’avaient emporté sur la curiosité, ce n’est pas sans amusement qu’on aurait pu assister aux contorsions des littérateurs distingués pour apaiser leur conscience, troublée par une atmosphère d’orage, après le coup de tonnerre de l’insurrection Hongroise. La tristesse serait d’ailleurs aussitôt revenue, devant les réactions de quelques honnêtes gens, asphyxiés par les nuages de confusion qu’ont répandus les faux penseurs.
Ecrit au lendemain de la guerre d’Espagne, cet ouvrage vient seulement d’être traduit. Sa qualité, la précision de l’information qu’il nous apporte sur les événements encore mal connus de 1937, nous fait regretter de ne pas l’avoir eu plus tôt entre les mains.
Article d’Yves Rochefort paru dans Le Monde libertaire, n° 296, 11 janvier 1979, p. 5 et 8
ECRIRE un article sur Israël est un exercice périlleux, surtout si l’on veut évoquer l’avenir du Moyen-Orient. Du coup d’éclat de Anouar el Sadate à la Knesset aux espoirs déçus de Camp David, les rebondissements de l’actualité peuvent rendre caduques les prévisions les plus raisonnables. L’état de belligérance ne durera pas éternellement et un jour la paix sera signée entre les différents Etats et une vie différente commencera pour tous les habitants du Levant. Mais quelle paix ?
Face au problème de la guerre et de la misère dans cette partie du monde, les libertaires doivent avoir une position claire. Comme l’indiquait Maurice Joyeux dans une brochure consacrée au problème de la Palestine, seul compte pour nous le destin des individus, et nous éprouvons un intérêt médiocre pour les combinaisons des gouvernements et des puissances économiques. Mais il faut balayer les idées fausses et les a priori mortels. Il faut aussi rappeler quelques faits historiques incontestables et quelques vérités premières (1).
Article d’I. Lauden suivi d’un commentaire de Joël Gochot parus dans Le Monde libertaire, n° 190, mai 1973, p.8-9
Diffamation sur le prétendu terrorisme anarchiste
Ces derniers temps, il a déferlé un ouragan de crimes politiques sur notre monde tumultueux ; terreur individuelle et piraterie aérienne qui ont pris un caractère dangereux. Une vague de terreur et de criminalité, exportée du Japon, de la Turquie et de l’Amérique latine, qui n’évite pas notre pays. Les terroristes qui se déguisent avec des plumes idéologiques se comportent de plus en plus en bandits et en bourreaux inhumains. Mais ces bandits idéologiques sont pires que les simples criminels : ils se dissimulent derrière des idées et une phraséologie et ignorent le regret ou le remords.
« Ecoutez, nous commencerons par provoquer des troubles, dit Verkhovensky… Je vous l’ai dit, nous pénétrons au plus profond du Peuple. Savez-vous que nous sommes déjà maintenant terriblement forts. Non seulement ceux qui égorgent et incendient travaillent pour nous, ceux qui manient le revolver à la manière classique ou bien les enragés qui se mettent à mordre… Je n’admets rien sans discipline. Je suis un gredin et non un socialiste, moi ! ha ! ha ! »
Dostoïevski – Les Possédés.
On a rarement vu une telle bestialité ! C’est par grappes que la mitraille fauche les êtres affolés qui fuient éperdus. Les obus lourds tracent des sillons sanglants dans la foule, les maisons s’écroulent ensevelissant sous les gravats hommes, femmes et enfants, blessés ou morts, réunis ainsi dans une apocalypse qui dépasse ce qu’avaient pu imaginer les prophéties de cerveaux dérangés qui depuis trois mille ans ont fait arrosé ce sol aride du sang de dizaines de générations.
Rien de plus complexe que les problèmes du Moyen-Orient en général et celui du problème israélien en particulier, non seulement en raison des oppositions et des errements inhérents à toute expérience humaine, mais aussi et surtout par l’intrusion de la finance et de la politique s’efforçant à brouiller les cartes, à diviser et à opposer les collectivités et les races, à multiplier les incidents et à nourrir les rancœurs et les haines.
Cela n’a jamais été aussi vrai qu’aujourd’hui, en ce qui concerne le problème palestinien.
Les évènements récents ont mis à nouveau en lumière le phénomène du terrorisme. L’affaire de détournement d’un avion par des sympathisants de la Fraction Armée Rouge (R.A.F.) nous intéresse doublement.
Historiquement, la violence apparaît comme un instrument essentiel du maintien de chaque société de classe, et comme l’accoucheuse de la nouvelle société qui se forme au sein de la société existante. Ce double caractère suffit pour montrer l’absurdité de la condamnation systématique de toute violence (que prononcent les humanistes et pacifistes de tout poil) aussi bien que de son exaltation unilatérale de la part des terroristes. Il est donc ridicule de se prononcer pour ou contre la violence en général, en assaisonnant cette prise de position de considérations morales ou tactiques : le seul problème consiste a replacer l’action violente dans le cadre des rapports sociaux qu’elle exprime.
Une demi-douzaine de gros pétards ont explosé il y a quelque temps devant des succursales Citroën ; à la même époque, au Quartier Latin, un café fréquenté par des fascistes du Mouvement « Occident » était incendié ; depuis, d’autres incidents ont également eut lieu en divers autres endroits ; des arrestations ont été opérées.
Avant que les évènements en aient définitivement prouvé l’inconséquence, il était encore possible, à une certaine époque, d’être sincèrement révolutionnaire et non violent. Révolutionnaire et non violente elle l’était, la foule de Petrograd qui, derrière le pope Gapone, se fit sauvagement massacrer alors qu’elle portait des pétitions à « notre petit père le tzar ». « Le Dimanche sanglant » de Petrograd eut pour résultat de marquer à tout jamais l’impossibilité d’une transformation de la société par des moyens pacifiques. De ce jour, l’ouvrier comme le moujik russes, et avec eux le prolétariat mondial, surent qu’en dernier ressort la violence seule trancherait. La classe ouvrière ne parle plus de non-violence, elle ne se pose même plus la question ; elle sait. Il lui aura fallu payer dans le sang et dans les larmes cette dure leçon.
Article paru dans Alarme, n° 8,avril-mai-juin 1980, p. 5-6
Depuis de longues années les mass-média nous rabâchent les oreilles, avec un frisson d’horreur hypocrite, des actions d’éclat menées par la « Révolution en marche ». Ce ne sont que détournement d’avion, prise d’otage, pose de bombe dans les lieux publics, etc. (question subsidiaire : à votre avis qui va la prendre dans la gueule la bombe ? Réponse : vous et moi, vous avez gagné), et tout cela pour la « Sainte Cause ». Et plus il y aura de morts et plus il y aura de sang et de violence et plus les auteurs de ces actes pris d’une sorte de confusion mentale dans leur recherche d’une fausse radicalité, et plus ces énergumènes s’affubleront avec cynisme du nom de révolutionnaires et seront crus autour d’eux.
Article paru dans Alarme, n° 2, octobre-novembre-décembre 1978, p. 5
Périodiquement, l’ « information » attire notre attention sur tel ou tel attentat terroriste. On réapprend à chaque fois la longue liste des victimes de la Bande à Baader, Brigades Rouges, Front du Refus, etc. Par une insidieuse confusion on laisse planer l’analogie historique avec les anarchistes poseurs de bombes et ennemis de l’Etat, faussement baptisés « nihilistes ».
Nous avons interviewé un camarade palestinien en vivant et militant en Israël. Etudiant, il vient d’un village en plein centre d’Israël dont au moins la moitié des terres ont été réquisitionnées par Israël en 48.
Etant venu 15 jours en Europe au moment de la guerre, il a pu nous livrer ses premières réflexions.
Quelques semaines après l’attentat de Munich, et les réactions passionnées qu’il a provoquées, il nous paraît important de dépasser la simple polémique autour du fait en lui-même pour mener une analyse politique profonde des problèmes soulevés au Moyen-Orient. Analyse, qu’il faut bien le dire, a souvent été délaissée (et ceci même dans la presse révolutionnaire) au profit de phrases-slogans assez vides de sens politique dans l’urgence où nous nous trouvions de répondre à l’hystérie hypocrite et démagogique de la presse dans son ensemble.
En août 1971, pour la première fois en Israël depuis la création de l’Etat, quatre jeunes Israéliens déclarent publiquement leur refus de s’engager dans l’armée. C’est ainsi qu’ils envoient une lettre au ministre de la défense, M. Dayan, dans laquelle ils déclarent notamment :
Depuis plusieurs semaines le conflit israélo-arabe retient l’attention du monde entier. Ce fut d’abord les actions spectaculaires des commandos du F.P.L.P. qui grâce aux détournements d’avions, réussirent à mobiliser l’intérêt de la presse mondiale. Mais ces actions qui avaient pour but de sensibiliser l’opinion publique au problème palestinien, et en même temps de permettre l’échange de prisonniers palestiniens contre les passagers des avions détournés retenus par les palestiniens comme otages, eurent en fin de compte un effet inverse de celui qu’attendait le F.P.L.P.
Article paru dans Le Libertaire, 76e année, nouvelle série, n° 6, janvier 1971, p. 3
Deux guerres dont il est beaucoup parlé – deux conflits « localisés » diront les stratèges – continuent de désoler deux régions, de décimer des populations : celles du Vietnam et du Moyen-Orient.
Dans les deux cas des « pourparlers de paix » se poursuivent nous dit-on : la conférence de Paris pour le Vietnam, les conversations de la mission Jarring pour le Moyen-Orient. Dans le premier cas les pourparlers n’ont jamais abouti à un cessez-le-feu, ni même positivement à un ralentissement des hostilités. Dans le deuxième cas les dirigeants jouent l’hypocrisie d’une « trêve » qu’aucun des belligérants n’entend prendre au sérieux, toute accalmie n’étant pour eux qu’un moyen de reprendre du souffle, de renforcer son dispositif de guerre pour pouvoir à la première occasion frapper plus fort.
Texte de la Commission Proche-Orient de l’Organisation Révolutionnaire Anarchiste paru dans Front libertaire des luttes de classes, n° 37, 26 décembre 1974, p. 6-7
Il y a à peine un peu plus d’un an qu’éclatait la quatrième guerre israélo-arabe, que circulent déjà des rumeurs d’une éventuelle reprise des hostilités.
Ces rumeurs, fondées ou non, nous poussent à analyser la situation qui semble s’aggraver depuis un certain temps.
Article paru dans Lutte Continue, organe de la gauche marxiste, n° 7, 10 juin 1973, p. 7-8
Les récents affrontements entre l’armée libanaise et la résistance palestinienne, conséquence de l’attaque des commandos israéliens contre le siège des organisations de fedayin à Beyrouth viennent de replacer le Proche-Orient au premier plan de la scène politique, et notamment des préoccupations d’une certaine extrême-gauche.
Article paru dans Union ouvrière, n° 3, février 1975, p. 2
Alors même qu’il est question de tentatives de « solution négociée » au Moyen-Orient, et que le ballet des diplomates s’intensifie, la course aux armements se poursuit. Tous les peuples de la région vivent dans de véritables camps retranchés, sous la botte des « grands » du capital.
Article paru dans Le Libertaire, 75e année, nouvelle série, n° 5, juin 1970, p. 1 et 3
Les peuples, n’étant pas mûrs pour rendre impossible les conflits armés (il leur suffirait pour cela de refuser de s’y prêter), sont périodiquement appelés à partir en guerre – et ils y vont. S’ils y vont en rechignant, s’ils n’y vont pas de gaité de cœur, ils y vont quand même. Et c’est là ce qui compte pour les intérêts des gouvernements, des états-majors, des groupes industriels et financiers.
Article paru dans Lutte de Classe, juin-juillet 1967, p. 1-3
Pendant quelques jours, il n’a été question en France que de la guerre entre Israël et les Etats Arabes… Nous avons eu droit aux manchettes spectaculaires et aux prises de position tonitruantes. Cela nous a valu quelques spectacles assez cocasses : communistes essayant de ménager la chèvre et le chou : l’existence d’Israël ne doit pas être remise en cause, mais il faut condamner la politique réactionnaire et agressive de ses dirigeants qui menacent la politique de paix et de progrès des gouvernements socialistes arabes ; fraternisation touchante entre l’extrême-droite française et les ténors de la Fédération de la Gauche au grand complet, entre antisémites et sionistes, les uns et les autres proclamant leur soutien inébranlable à la cause israélienne…
Article paru dans Solidarité ouvrière, troisième année, n° 31, novembre 1973, p. 2-3
– au-delà des nationalismes, c’est l’impérialisme international qu’il faut abattre
– la solidarité des travailleurs des pays industriels avec ceux du Proche-Orient passe par la destruction de leur propre bourgeoisie
Après le Vietnam, le Pakistan, le Biafra, le Proche-Orient est devenu le terrain de lutte des différents camps impérialistes par prolétaires interposés. Une fois de plus quand les « grands » s’affrontent indirectement, le problème se pose en termes de libération nationale.
Résolution adoptée par Le Comité d’Action Révolutionnaire Israélien à l’étranger et Le Groupe d’Action Socialiste Israël-Palestine, parue dans Lutte ouvrière, n° 270, semaine du 30 octobre au 5 novembre 1973, p. 12
Les hostilités actuelles au Moyen-Orient ne sont pas accidentelles. Elles dérivent du conflit qui oppose depuis longtemps deux camps – l’un étant celui du sionisme qui s’est donné pour but la création d’un Etat exclusivement juif en Palestine (objectif réalisé en alliance avec l’impérialisme), l’autre, celui du peuple arabe en Palestine. La guerre actuelle, comme les guerres antérieures entre Israël et les Etats arabes, n’est qu’une extension de ce conflit fondamental. ( … )
Déclaration parue dans Rouge, n° 225, vendredi 19 octobre 1973, p. 2
A nouveau une guerre a éclaté entre Israël et les pays arabes. Peu nous importe qui a tiré le premier coup de feu, quelle armée a été la première à traverser les lignes du cessez-le-feu. Car pour nous la responsabilité de cette guerre, comme de toutes celles qui l’ont précédée, retombe avant tout sur Israël.
Déclaration commune de l’Organisation Socialiste Israélienne et du Front Démocratique Palestinien datée du 3 juin 1967 parue dans Voix ouvrière, n° 84, mardi 13 juin 1967, p. 3
Nous publions ici des extraits d’une déclaration commune de l’ « Organisation Socialiste Israélienne », organisation marxiste révolutionnaire d’Israël, et du « Front Démocratique Palestinien » qui regroupe des militants arabes d’origine palestinienne. Cette résolution adoptée à Londres à la veille du conflit, le 3 juin, ne parle évidemment pas de la situation militaire et de l’occupation d’une partie de l’Egypte, de la Jordanie et de la Syrie par l’armée israélienne. Mais ce texte, en préconisant des solutions pour le problème palestinien, en dénonçant la politique pro-impérialiste des dirigeants israéliens et en dévoilant la démagogie nassérienne, fait entendre une voix internationaliste, faible il est vrai, mais bien réelle, dans l’Orient arabe déchiré par la guerre.
Article de Jean Vogt paru dans Inprecor, n° 55, 21 juin 1979, p. 15-17
Du 12 au 16 avril 1979, s’est tenu à Jaffa un Congrès d’unification entre la Ligue communiste révolutionnaire (Matzpen-Marxiste), section de la IVe Internationale et le Groupe communiste palestinien. Il s’agit de la première fusion entre 2 organisations anti-sionistes depuis la création de l’Etat d’Israël. Cette fusion a une importance fondamentale pour les révolutionnaires palestiniens et pour tout le monde arabe.
Déclaration datée du 23 novembre 1975, signée par l’Organisation Socialiste Israélienne (Matzpen), l’Alliance Communiste Révolutionnaire (Ma’avak) et la Ligue Communiste Révolutionnaire (IVe Internationale), parue dans Inprecor, n° 42, 22 janvier 1976, p. 32 et 31
En tant que socialistes révolutionnaires notre refus du sionisme est profond et fondamental. Ce refus nous accompagne depuis que nous avons commencé à nous organiser au sein de formations politiques, afin de faire avancer la lutte pour la révolution socialiste dans notre région. Les Juifs qui sont parmi nous représentent, dans leur position anti-sioniste, le meilleur de l’esprit et des traditions démocratiques et révolutionnaires parmi les masses juives dans le monde. Les Arabes qui sont parmi nous représentent dans leur position anti-sioniste, non seulement les aspirations des masses arabes à la libération nationale et sociale, mais également le meilleur de l’esprit des traditions de tolérance dont jouissaient les Juifs qui vivaient au sein des peuples arabes. Les uns comme les autres, nous constituons un seul bloc, que nous donnons en exemple, et que nous indiquons comme la seule alternative à la situation actuelle, dans laquelle les Juifs et les Arabes payent de leur sang le prix de l’occupation et de l’oppression, de la discrimination et de l’expulsion.
Nous, Front démocratique palestinien et Organisation socialiste israélienne, avons publié notre premier manifeste commun sur la récente crise au Moyen-Orient le 3 juin, avant l’attaque israélienne (le texte intégral a paru dans le « Times » du 8 juin). Nous y avons défini notre position de principe internationaliste à l’égard de l’histoire, de la situation antérieure à la guerre et de la guerre imminente. A présent nous réaffirmons notre première déclaration et y ajoutons une seconde, définissant notre position au sujet de la situation créée par cette guerre.