Article de Colette Guillaumin paru dans Droit et Liberté, n° 319, 21 mars 1973, p. 24-26

VOILA beaucoup de guillemets, mais c’est qu’il est difficile de se servir de « race », « industrie », « Tiers » Monde, sans tomber dans le piège de les prendre pour des vérités bien claires. Monde « industriel », « Tiers » Monde … qu’est-ce à dire ? Il n’y a qu’un seul monde du point de vue économique ; si l’industrie de transformation est cantonnée étroitement dans une petite partie du monde, elle n’en est pas moins fonction des matières premières, de la main-d’œuvre et des marchés du monde entier. Le monde « tiers » (troisième roue de la bicyclette pour ce qui concerne les décisions, bel et bien l’une des deux roues du char pour le fonctionnement de l’industrie moderne) est tiers du point de vue du pouvoir, car du point de vue économique il est, face au monde industriel, l’autre pièce maîtresse de l’économie mondiale. C’est donc avec la plus grande méfiance – et de là les guillemets – qu’on peut utiliser des termes qui présentent comme séparé et différent ce qui est en réalité profondément homogène et solidaire.
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