Article de Michel Gérard paru dans Jeune Révolutionnaire, n° 3, août 1954, p. 8
L’Humanité du 6-7-54 et l’Observateur du 8 faisant état d’un éditorial de l’Algérie Libre (Organe du M.T.L.D.) intitulé : « La Crise Française », déplorent l’incompréhension des algériens, leur peu de logique et pour tout dire leur méfiance de cette gauche française qu’eux représentent.
Article d’André Ferrat alias Marcel Bréval paru dans Que Faire ?, n° 11, novembre 1935,p. 34-48
LA PREPARATION ET LA VALEUR DU VIIe CONGRES
Du 25 juillet au 20 août s’est tenu, à Moscou, le VIIe congrès de l’Internationale communiste. Le VIe congrès avait eu lieu sept ans plus tôt, en été 1928.
Au cours de ces sept années, des événements d’une importance énorme s’étaient déroulés dans le monde. Une multitude de problèmes avaient été posés par la vie devant les prolétaires révolutionnaires tant dans les pays capitalistes qu’en U.R.S.S. Il eût été nécessaire que ces problèmes fussent largement et démocratiquement discutés par les délégués des ouvriers communistes de tous les pays réunis en congrès. Cependant, pendant sept ans le Comité exécutif de l’I.C. ne jugea pas utile de convoquer ce congrès, bien qu’il eut à plusieurs reprises changé de position et de tactique sur des questions essentielles et qu’il ait été lui-même plusieurs fois modifié considérablement dans sa composition.
Parce que nous ne voulons ni de la guerre ni du fascisme, il nous faut dénouer et combattre la politique du « Front Populaire ». Dénoncer et combattre l’escroquerie « au pain, à la paix et à la liberté ». Et aussi et surtout opposer aux démagogies fallacieuses les vrais moyens de lutter contre la guerre, la misère et l’oppression.
Article d’André Ferrat alias Morel paru dans Que Faire ?, 2e année, n° 13, janvier 1936, p. 6-13
« A la farce du coup d’Etat monarchiste correspond la farce de la défense républicaine. »
Rosa LUXEMBOURG.
A chaque fois que l’on critique la politique des dirigeants du Front Populaire du point de vue des intérêts de la classe ouvrière, on répond invariablement : « Que voulez-vous ? Il fallait et il faut encore sauver la République contre le danger fasciste imminent et redoutable qui la menace ». Que ce soit au Comité central du 17 octobre ou dans « L’Humanité », dans les discours de Manouilski ou dans le rapport de Dimitrof. C’est un leit motiv. Toute la politique de Thorez, Duclos et Cie repose sur cette affirmation : « Dans la situation actuelle, la classe ouvrière n’est pas placée devant la question : démocratie bourgeoise ou dictature prolétarienne, mais devant la question : démocratie bourgeoise ou fascisme ». C’est pourquoi, ajoutent-ils, le prolétariat doit lutter pour le maintien de la « démocratie bourgeoise », pour la sauvegarde des « institutions républicaines ».
Editorial paru dans Le Libertaire,n° 484, 21 février 1936, p. 1
Il paraît qu’il y avait dimanche dernier bien du monde du Panthéon à la Nation. Nous écrivons : il paraît, car, en effet, l’Union anarchiste n’avait pas pris place officiellement dans le cortège, et nombre de nos camarades, en restant chez eux, avaient refusé de joindre leur voix à celle des choristes du Front populaire.
Article de Pierre Lenoir paru dans Que Faire ?, n° 8, août 1935, p. 11–17
Contrairement aux autres Congrès socialistes, la motion « de synthèse » adoptée presque à l’unanimité (contre 183 voix de l’extrême-gauche) par le Congrès de Mulhouse, ne présente pas un « nègre-blanc » traditionnel escamotant les problèmes, couvrant les divergences par des formules habiles et équivoques. Non la motion d’action immédiate présentée par Vincent Auriol a une importance politique qui dépasse de loin toutes les autres décisions du Congrès ; elle signifie l’adhésion du Parti socialiste au Front populaire ; elle signifie que les résistances au grand « rassemblement populaire pour défendre les libertés démocratiques » furent surmontées sous l’effet « du rapprochement spontané des représentants des éléments démocratiques dans le pays ». (Blum, « Le Populaire » du 4 juillet).
Le ministère Flandin a interrompu la monotonie du développement continu du ministère Doumergue. Doumergue représentait directement, sinon exclusivement, l’équipe du 6 Février. Il s’était développé en s’appuyant ouvertement sur les Ligues fascistes, en opérant sur le Parlement le chantage à la dissolution. Cependant, il n’osa pas le dissoudre, et en fin de compte il s’clipsa devant la résistance du Senat, sans que le Front unique ait esquissé le moindre geste pour l’abattre.
Article de Jacques Métivier paru dans Liberté, cinquième année, n° 92, 1er juillet 1963, p. 4
AUCUN doute, ce livre paraît à son heure ; on parle fort, en ces temps, d’union de la gauche, d’un renouveau de Front Populaire. D’où l’importance de ce témoignage lucide, sinon impartial (qui pourrait prétendre, ayant été mêlé aussi étroitement aux événements qu’il évoque, être vraiment juge impartial, surtout vis-à-vis des autres nommes ?)
Article de Robert Brizon paru dans Que Faire ?, 2e année, n° 15, mars 1936, p. 15-18
Après de longs et difficiles conciliabules, le Comité directeur (?) du Front Populaire s’est donné un programme. Les dirigeants de feu la C. G. T. U. le reprennent pour en proposer à la C. G. T. unifiée l’adoption comme plate-forme de revendications immédiates.
Sous quel drapeau, pour quels idéaux va donc désormais officiellement se dérouler le mouvement du Front Populaire ? Rappelons brièvement les idées principales du programme.
Article paru dans La Commune,organe central du Parti Communiste Internationaliste,n° 17, 27 mars 1936, p. 1
Cinquante années de mœurs parlementaires et de démocratie frelatée ont créé en France une situation de fait dont un parti révolutionnaire ne peut pas ne pas tenir compte.
LE nouveau livre que Daniel Guérin vient de publier chez Julliard est bien autre chose qu’une histoire du Front Populaire. C’est une somme qu’il nous faudra consulter lorsque nous désirerons nous livrer à une analyse sérieuse des journées tumultueuses qui ont abouti à une transformation complète des rapports entre les organisations syndicales et les patrons et cet aspect trop ignoré a revêtu une importance pour le moins aussi grande que les conquêtes sociales qui ont résulté.
Pour les Communistes les enseignements de l’histoire du Front Populaire sont des plus simples : l’unité syndicale et l’unité politique de la gauche ont alors assuré la défaite de la réaction et le succès des revendications ouvrières. Aujourd’hui comme il y a 30 ans, « l’unité sans exclusive » des organisations syndicales et des « vrais républicains » produirait les mêmes heureux effets et même permettrait d’amorcer la transition pacifique vers le socialisme. Le dernier mot du « marxisme » des communistes est de proposer aux travailleurs la simple répétition d’une politique vieille de trois décennies, qui fut mise en œuvre dans des conditions entièrement différentes et qui de surcroit démontra la faillite retentissante du réformisme.
Article paru dans L’Arme de la critique, supplément à Alarme, n° 3, mai 1987, p. 7-13
Deux facteurs visibles dominent les années 30 pour la classe ouvrière. D’une part la crise économique, d’autre part la référence à la révolution russe et sa répercussion mondiale. Mais le facteur déterminant, pressenti et dénoncé par quelques minorités seulement, et qui fait basculer de tout son poids vers la guerre, c’est la contre-révolution, initiée en Russie développée par le stalinisme et qui s’étend silencieusement au monde entier, relayée par les appareils syndicaux, socio-démocrates et fascistes.
Texte du groupe franco-espagnol des « Amigos de Durruti » paru dans Révision, n° 6, 1er août 1939, p. 4-5
Les décrets-lois marquent un pas vers la fascisation de la France. Les avantages ouvriers sont battus en brèche. Les unes après les autres, les conventions collectives sont dénoncées. Dans les nouvelles conventions, le patronat, en harmonie avec les mesures gouvernementales, s’efforce d’anéantir les avantages offerts par ces conventions, et de n’en conserver que la discipline anti-ouvrière.
Article de Pierre-Bernard Marquet paru dans Combat, 17 juillet 1963, p. 6
Front populaire, révolution manquée
TEMOIGNAGE, PAR DANIEL GUERIN (EDITIONS JULLIARD)
IL faudra faire un jour l’histoire du Front populaire. Il faudra que des historiens froids et méticuleux dépouillent des tonnes de documents, confrontent les témoignages, analysent au jour le jour les divers aspects et les diverses phases de ce mouvement qui ne dura que quelques années et qui donna aux uns tant de joie et d’espoirs, aux autres tant de craintes ou de colères. Ce jour-la, bien des passions se seront éteintes, ou seront retombées, et peut-être alors les lecteurs de cette Somme historique exhaustive trouveront-ils le récit quelque peu fastidieux.
Nous étions, le 19 décembre, place de la Bastille. Oh ! nous ne claironnons pas. Nous y étions par une certaine conception que nous avons de la « politique de la présence ». Ce n’est pas que l’organisation de cette manifestation nous donnait satisfaction. Nous avons bien des réserves à faire qui ressortent de tout ce que nous écrivons ici. Je crois néanmoins que ceux d’entre nous qui ont réussi à se grouper le 19 décembre partagent mon opinion : après cette première expérience, nous voyons mieux les possibilités qu’il y a de garder une certaine initiative, de ne pas se laisser traîner derrière des mots d’ordre que nous n’approuvons pas.
Article de Christian Descamps alias Serge Mareuil paru dans Socialisme ou Barbarie, n° 35,janvier-mars 1964,p. 121-122
Ce livre passionnant n’est pas, comme le dit Guérin lui-même dans la préface, l’histoire du Front Populaire mais une contribution à l’histoire par un des hommes qui a contribué à la sécréter. Mais l’auteur ne peut s’empêcher de replacer les événements qu’il a vécu dans un cadre historique, donc théorique.
Parmi les illusions entretenues tant par la « gauche » que par les gauchistes, il en est une que la crise et la situation mondiale porte au premier plan : l’antifascisme et son sous-produit le démocratisme. Pour nous le danger essentiel de ces idéologies réside dans la capacité éventuelle des réformistes de mystifier une fois de plus le prolétariat par ces sornettes réactionnaires.
Éditorial de Bernard Lecache, Le Droit de vivre, 18 juillet 1936.
Je vous ai vus, et bien vus, mardi dernier, quand vous défiliez en rangs serrés.
Je vous ai vus, les uns et les autres, pressés derrière vos chefs, tendant le poing, saluant passionnément les foules passionnées. Et j’ai compris que nous étions, vous les Musulmans et nous les hommes de la L.I.C.A., des sots.
La crise mondiale du capitalisme et ses douloureuses répercussions sur le sort déjà manifestement misérable de notre peuple, victime depuis 1830 d’un colonialisme dépossesseur et sanglant, jointes aux derniers événements à caractère évolutif du peuple de France que celui d’Algérie appelle à l’aide à la compréhension, restent pour notre jeunesse autant de sujets d’attention d’un enseignement utile, d’une influence bien marquante.
« Les messalistes et la gauche française. Alliances, ruptures et transactions dans l’entre-deux-guerres« , mon dernier article à lire dans Vingtième siècle. Revue d’histoire (juillet-septembre 2016), numéro où l’on trouvera aussi mon compte rendu du livre de Pierre Nora Les Français d’Algérie. L’ensemble se trouve dans un dossier coordonné par Céline Marangé et intitulé « Les gauches et les colonies ».
Texte du MNA diffusé sous forme de tract et publié dans La Voix du Peuple, n° 22, juin 1956.
En 1936, lors du projet Blum-Viollette, les politicards Ferhat Abbas, Dr. Bendjelloul, Tewfik El-Madani, les socialistes, les communistes et les Oulémas constituaient le « Congrès Musulman » pour soutenir et faire adopter par le Parlement et le Sénat français ce projet qui devait mettre fin à la nation algérienne.
J’ai choisi de partager ce texte de la philosophe française Simone Weil (1909-1943) dans lequel elle prend position contre la dissolution de l’Etoile nord-africaine (ENA) par le gouvernement de Front populaire. L’ENA, dirigée par Messali Hadj, est surtout présente dans l’émigration algérienne en France et représente le courant politique le plus avancé dans la lutte indépendantiste. Le texte de Simone Weil permet de comprendre les arguments et engagements de ces intellectuels français en solidarité avec les causes algérienne et anticolonialiste, bien avant le 1er novembre 1954.
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