Texte de la conférence de Jean-Louis Hurtz donnée à Alger et paru dans Sous le drapeau du socialisme, n° 108/109, novembre-décembre 1988
Il y a un paradoxe. L’œuvre de Fanon a été plus lue, au moment de sa parution, en Occident que dans le tiers-monde. Ce n’est pas seulement parce que les librairies des éditions du Seuil ou Maspero se trouvaient au Quartier Latin. C’est aussi parce que le message de Fanon – je pense surtout aux « Damnés de la Terre » – répondait chez les jeunes Français de mon âge, à la fin de la guerre d’Algérie, à une formidable demande.
Article de René Gallissot paru dans La Quinzaine littéraire,n° 335, du 1er au 15 novembre 1980
René Gallissot parle ici surtout de deux livres qui viennent de paraître à propos de l’insurrection algérienne (en attendant celui de Ferhat Abbas) : l’Histoire de la guerre d’Algérie par Alistair Horne, traduit de l’anglais, et celui de l’Algérien Mohammed Harbi : le FLN, mirage et réalité, qui, pour la première fois, analyse de l’intérieur les raisons d’être du FLN, de la lutte armée et de la mise en place du nouveau régime.
Article deMikhalis Raptis dit Michel Pablo paru dansSous le drapeau du socialisme, organe de la Tendance marxiste révolutionnaire internationale, n° 86, février-mars 1981
Avec le travail historique qu’il a entrepris sur le mouvement national algérien, Mohammed Harbi apporte une contribution majeure à notre connaissance d’un type de mouvements et de sociétés qui dépasse le cadre algérien. Son analyse du mouvement national algérien de 1926 à 1962, et en particulier du M.N.A. et du F.L.N., dénote une connaissance approfondie des faits, des idées et des hommes qui ont marqué ce mouvement.
Article de Maxime Rodinson paru dans Le Nouvel Observateur, du 3 au 9 novembre 1980
Il est déplaisant de regarder la vérité en face. De plus, certains n’y ont pas intérêt. Et il est vrai, hélas, que cela peut avoir des inconvénients. Nulle action mobilisatrice ne se fait sans mythes, c’est aussi une vérité que toute l’histoire atteste et devant laquelle, encore et encore, on recule. Pourtant agir est indispensable. Donc les mythes aussi. Mais la vérité aussi a ses droits. Il y a là un nœud de contradictions indépassables.
C’est le titre d’un ouvrage qui vient de paraître aux Editions Jeune Afrique. L’auteur en est Mohammed Harbi, qui a été un haut apparatchik du F.L.N., conseiller de Ben Bella, opposant à Boumediene, exilé en France depuis 1973.
Article d’Abdallah Ben Aïssa paru dans Sans Frontière, n° 3, semaine du 20 au 26 décembre 1980
Harbi, comme Kundera à qui nous empruntons le titre de cet article, sont des exilés. L’un algérien, l’autre tchèque. L’un comme l’autre veulent rendre leurs absence fertile. A défaut du présent interdit, révéler le passé.
Le document que nous publions ci-dessous est la première partie d’une étude rédigée par le camarade Meir Vilner, secrétaire du Bureau Politique du Parti Communiste d’Israël, député à la Knesset, à l’intention du numéro spécial de la revue Les Temps Modernes consacré au conflit israélo-arabe. On se souvient que ce numéro, bouclé le 27 mai 1967, avant le Blitzkrieg israélien, était sorti des presses après le cessez-le-feu.
La revue Les Temps modernes vient de consacrer un numéro spécial, qui est une véritable somme, au conflit israélo-arabe. Ce numéro a été élaboré et imprimé avant la crise aigüe de mai-juin dernier. Madeleine Réberioux, maître-assistant à la Sorbonne, l’a passé au crible.
Article de Jacques Sylvère paru en deux parties dans La Presse Nouvelle Hebdomadaire,n° 83, 24 février – 2 mars 1967 et n° 84, 3 – 9 mars 1967
MAURICE EISENBETH, qui fut grand rabbin d’Alger, a retracé avec beaucoup d’érudition l’histoire fort complexe des Juifs algériens, car il est très difficile de faire revivre certaines périodes sur lesquelles on possède peu ou pas de documents.
Article de Paul Solal paru en deux parties dans La Presse Nouvelle Hebdomadaire, n° 35, 18-24 février 1966 et n° 38, 11-17 mars 1966
SOUVENIRS D’UNE FIN DE SIECLE EN ALGERIE
Si vous rencontrez, parmi les juifs originaires d’Algérie, un Algérois qui approche des soixante-quinze ans, demandez-lui s’il se souvient de Max Régis. Inévitablement lui reviendront des souvenirs de magasins pillés, de synagogues saccagées, d’hommes, de femmes et d’enfants battus, parfois à mort, dans les rues, de foules déchainées parcourant les grandes artères d’Alger en hurlant : « A BAS LES JUIFS ! »
Article d’André Serfati paru dans Partisans, n° 3, février 1962, p. 68-77 ; suivi de Roger Benaben « N’est-il pas déjà trop tard », Partisans, n° 4, avril-mai 1962, p. 185-187
Ne à Oran (Algérie), je suis Algérien. Le reste est accessoire ; ma qualité de juif, par exemple, fournira certains éléments pour la compréhension de ma prise de conscience, mais pas davantage.
Appel de Messali Hadj du 1er septembre 1957 diffusé sous forme de tract ; paru dans La Vérité, n° 467, 5 septembre 1957 ; Interafrique Presse, n° 126, 6 septembre 1957 ; Algeria Libera, n° 1, 21 Settembre 1957 ; repris dans Combat et Le Monde, 4 septembre 1957; Nouvelle Gauche, n° 32, du 14 au 27 septembre 1957 ; La Commune, n° 5, novembre 1957
Nous avons reçu, avec prière d’insérer, le texte qu’on va lire. Son importance extrême, dans les circonstances actuelles, sautera immédiatement aux yeux du lecteur même non averti. C’est pourquoi nous avons estimé de notre devoir de journal libre de le publier intégralement.
Appel de Messali Hadj paru dans La Commune, n° 4, juillet 1957 ; Demain, n° 82, 4 juillet 1957 ; La Voix du Peuple, n° 33, juillet 1957
Nous publions ci-après l’appel lancé par Messali Hadj aux démocrates français.
Cet appel a été envoyé à notre confrère Demain.
Nous remercions cet hebdomadaire et son directeur le Docteur Robin d’avoir bien voulu nous permettre de reproduire ce document dont l’importance nous paraît incontestable.
Interview de Messali Hadj parue dans La Commune, n° 1, avril 1957
1. – Quelles sont, à votre avis, les causes de la poursuite de la guerre d’Algérie, alors que, tant du côté des nationalistes algériens que de celui du gouvernement, on se déclare prêt au « cessez-le-feu » ?
Appel de Messali Hadj du 13 décembre 1955 paru dans La Voix du peuple, n° 16, 16 décembre 1955 ; reproduit partiellement dans La Vérité, n° 387, 30 décembre 1955;diffusé sous forme de tract
Au moment où la campagne électorale est ouverte pour les élections législatives, je crois de mon devoir d’adresser le présent appel au peuple français. Vivant en France depuis 1918 et ayant participé en tant que président du M.N.A. aux côtés du peuple français à beaucoup d’événements, je crois qu’il est nécessaire d’examiner d’une façon rapide ce passé.
Article de Messali Hadj paru dans Demain, n° 33, 26 juillet 1956
L’OPINION française, algérienne et internationale s’est souvent demandé ces dernières semaines quelle influence exerçaient encore Messali Hadj et son « Mouvement national algérien. »
Les avis demeurent partagés, mais les hommes avertis et de bonne foi, en métropole comme en Afrique du Nord, reconnaissent que Messali a encore de très nombreux partisans.
Article de Messali Hadj paru dans Demain, n° 9, 9 février 1956
Guy Mollet dans son discours d’investiture a, sans préjuger la solution du problème algérien, précise que celle-ci ne pourra être ni imposée unilatéralement, ni octroyée, mais seulement négociée. C’est en vue de ce dialogue que nous publions aujourd’hui un article de Messali Hadj, président du Mouvement National Algérien, indépendant de la Ligue Arabe. L’auteur, très franc sur le but qu’il se propose d’atteindre, préconise un moyen – la « table ronde » – qu’un homme politique français aussi modéré que M. Pleven avait suggéré (dans « Franc-Tireur »). Nous publierons dans de prochains numéros les opinions d’autres interlocuteurs possibles.
A LA suite d’une nouvelle et pressante démarche des parlementaires de l’Union démocratique du Manifeste Algérien auprès du ministère de l’Intérieur au sujet de la libération effective et du retour de Messali Hadj, président du Parti du Peuple Algérien (P.P.A.), les services intéressés du ministère ont fait connaître hier aux députés du « Manifeste » que M. Messali, libéré, avait pris place le matin même à Brazzaville sur l’avion qui le déposera à Alger, via Dakar.
La dissolution de l’Etoile Nord-Africaine ayant été décrétée, alors que rien ne la laissait prévoir, il nous a paru intéressant de connaître l’opinion du président de cette organisation dont l’attitude, depuis l’avènement du Front populaire, permettait précisément de croire que l’action de l’Etoile faciliterait les rapports entre les masses musulmanes et le peuple français.
Ainsi, Messali, que la décision ministérielle avait ramené à Paris en l’obligeant à interrompre une série de meetings dans la région lyonnaise, nous a déclaré :
De nationalité, de race et d’affiliation politique différentes, mais d’accord pour lutter pour l’indépendance immédiate et sans conditions des nations colonisées ou « protégées », nous avons pensé qu’il était nécessaire dans la situation présente de créer une revue antiimpérialiste intercoloniale de langue française.
Monsieur le Président de la Commission des Réformes,
Messieurs les Membres,
Avant d’aborder le sujet pour lequel je suis ici, je veux remercier infiniment la Commission qui me fait l’honneur aujourd’hui de me permettre de m’exprimer, après mon retour d’Aïn Salah, sur les revendications musulmanes à l’ordre du jour.
Interview de Messali Hadj réalisée par Albert-Paul Lentin parue dans Libération, 2 août 1951 ; suivie d’un entretien paru dans Action, du 3 au 9 août 1951, sous le titre « Le Pacte Atlantique est un danger pour la libération de l’Afrique du Nord nous déclare Messali Hadj »
MESSALI HADJ ? Une silhouette, un visage qui semblent faits pour le portrait ou la photographie. Une allure svelte et jeune, un visage régulier, une grande chechia rouge, une majestueuse barbe grisonnante, des yeux noirs très vifs … Le calme de la voix et l’amabilité du sourire ne cachent qu’à moitié l’énergie intransigeante du vieux lutteur, qui combat, depuis plus de 20 ans, pour le mouvement national algérien et, qui, de la Santé à Lambèse, de Lambèse à Maison-Carrée, de Maison-Carrée aux territoires du Sud et des territoires du Sud à l’Afrique noire, a connu à toutes les époques la prison et la résidence surveillée.
VOYEZ-VOUS, nous dit Messali en nous accueillant comme toujours, très fraternellement, la police vient encore de me rendre visite. Et de nous montrer un papier qui lui notifie la décision du ministre de l’Intérieur d’avoir à quitter Paris le lendemain de son jugement « avant midi précise ».
Interview de Messali Hadj réalisée par M’hamed Ferid Ghazi et Georges-Albert Astre parue dans Action, 8e année, n° 376, semaine du 13 au 19 décembre 1951
La personnalité de Messali Hadj est assurément l’une des plus marquantes de l’Islam moderne. Président du Parti du Peuple Algérien et président d’honneur du M.T.L.D. (Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques), qui groupent aujourd’hui une grande partie des forces vives du peuple algérien, cet homme de cinquante-trois ans est resté profondément fidèle à ses origines prolétariennes ; il est un ardent défenseur de la communauté musulmane et fut élu vice-président du Congrès Islamique de Karachi, en février dernier.
Il a bien voulu nous accorder un large entretien, dans sa résidence de Chantilly (le « gouvernement » de Vichy l’ayant interdit de séjour en Seine et Seine-et-Oise, cette interdiction a été maintenue). Ses déclarations revêtent une importance toute particulière au moment où les pays arabo-musulmans prennent si fortement position pour une politique d’indépendance et de dignité, à l’heure où le Maghreb se sent étroitement solidaire des peuples en lutte dans tout le Moyen-Orient. Lui-même vient de rentrer d’un long voyage, qui l’a conduit au pèlerinage de la Mecque et en divers pays d’Orient.
Après neuf années de persécution, de prison, de forteresse et d’exil dans la Forêt Vierge
POUR interviewer Messali Hadj, je devais longer le palais du Luxembourg ou, en d’interminables palabres se joue actuellement la tragi-comédie burlesque intitulée : « Conférence de la Paix ».
Je le revois, ce petit Antillais fragile d’apparence, à la peau olive, au regard brûlant.
A cette époque, il était toujours médecin psychiatre à l’hôpital de Blida, il n’avait pas encore rejeté le masque de la légalité, mais la force de sa conviction, et la dureté de ses analyses ne laissaient pas de doutes sur ses positions.
Lois Barangé-Marie, loi Debré, projets gaullistes de Réforme de l’Enseignement et de subventions aux Instituts Catholiques, autant de mesures dont le sens apparaît clairement. L’offensive de l’Eglise contre l’Ecole laïque se développe sur deux plans : d’une part, obtenir le maximum d’argent de l’Etat ; d’autre part, « cléricaliser » l’enseignement public. Pourquoi cette offensive ? Quels sont ses moyens et comment se défendre ou contre-attaquer ? Il importe que les militants ouvriers ne laissent pas de côté cet aspect de leurs luttes.
L’ESPRIT laïque s’inscrit dans l’histoire de l’évolution de la pensée, elle-même indissociable de l’action émancipatrice de l’homme. S’identifiant à l’esprit critique, il est né de la réaction contre le dogme, obstacle permanent, reconnu comme tel, à la libération humaine et il faut entendre par dogme l’affirmation de toute nature échappant au contrôle de l’expérience et de la raison.
Article de Jacques Gallienne paru dans La Vérité, n° 134, 2 août 1946 ; suivi de « Pourquoi défendre la laïcité », La Vérité, n° 136, 16 août 1946 ; « Comment défendre l’école laïque », La Vérité, n° 137, 23 août 1946
DEPUIS les décrets de la Convention des 18 septembre 1794 et 21 février 1795 qui décidaient que la République ne paierait plus les frais et les salaires d’aucun culte, une longue tradition de laïcisme s’est établie en France. La laïcité, au même titre que la séparation des Eglises et de l’Etat semble un principe solidement établi, qui ne saurait être remis en question.
Le Congrès de Nîmes du Syndicat national des instituteurs a de nouveau appelé l’attention sur les progrès du cléricalisme dans certaines régions, comme en Vendée, où le nombre des écoles dites « libres » (c’est-à-dire confessionnelles, catholiques) surpasse aujourd’hui le nombre des écoles publiques.
Article paru dans Les Langues modernes, revue et bulletin de l’association des professeurs de langue vivante de l’enseignement public, 60e année, n° 3, mai-juin 1966, p. 108-116
En mai 1965, le poète Langston Hughes et deux jeunes romanciers, Paule Marshall et Melvin Kelley, furent invités à Paris, par le Centre Culturel Américain pour animer un Colloque sur la littérature noire américaine. Sim Copans, spécialiste du jazz et de la culture noire, voulut bien se joindre aux écrivains en visite pour répondre aux questions de Pierre Dommergues qui organisa cette « table ronde » et de Michel Fabre. Grâce à l’amabilité de Mr. Belcher, le Directeur du Centre qui nous preta locaux et matériel d’enregistrement, cette « table ronde » put avoir lieu la veille du Colloque. Le manque de place nous contraint à ne reproduire que l’essentiel de ces deux heures de discussion.
Article de Georges-Albert Astre paru dans Droit et Liberté, n° 239, 15 janvier – 15 février 1965, p. 12 et 11
A New York, en juillet dernier, il n’y avait vraiment qu’un problème, pour l’homme de la rue comme pour le businessman, pour le reporter comme pour le policier qui paradait près de Time Square sur son cheval bien lustré, et c’était, justement, cette Révolution Noire, dont on admettait depuis trois ans l’existence et qui, soudain, dominait par ses clameurs toutes les autres voix, faisait passer au second plan jusqu’aux préoccupations électorales … Au-delà de la 110e rue, vers Harlem, et aussi vers Brooklyn, des centaines de milliers de « nègres » s’insurgeaient contre leur condition, contre le chômage où ils étaient réduits contre toutes les formes plus ou moins hypocrites de discrimination que le « Nord » avait imaginées.
Article de Langston Hughes paru dans Monde, septième année, n° 303, 8 juin 1934, p. 10; publié initialement en octobre 1931 dans New Masses sous le titre « People Without Shoes »
En vertu d’un accord conclu récemment entre le Président Roosevelt et le Président Sténio Vincent de Haïti, la classe favorisée des Haïtiens, celle qui porte des chaussures, se voit attribuer un vague contrôle de la politique et des finances de son pays. La marine américaine doit évacuer en octobre prochain, mais cela ne signifie aucune amélioration du sort des masses haïtiennes ; cela montre simplement que les dirigeants indigènes ont prouvé leur fidélité de chien de garde du capital et que l’on peut compter sur eux pour remplir les fonctions d’agents de Wall Street. Ils vont se vanter d’avoir mis les Américains à la porte, mais ils ne font en réalité et fixer d’autant plus solidement que moins ouvertement le joug de Wall Street sur les épaules des ouvriers aux pieds nus et aussi des prolétaires en faux-cols. Aussi, dans le « Daily Worker », l’éminent écrivain noir américain, Langston Hughes, nous parle de Haïti en termes qui nous montrent au grand jour ce pays qui, selon lui, est devenu l’arbre fruitier du capitalisme américain, où le prolétariat noir est odieusement opprimé, et où la pauvreté des classes laborieuses n’a pas de limite. L’article de Langston Hughes jette une lueur nouvelle sur ce qui est devenu le terrain de chasse de l’impérialisme américain.
Article de Mercer Cook paru dans Vendredi, 4e année, n° 145, 12 août 1938, p.5
Il y a treize ans, dans un grand hôtel, à Washington, Vachel Lindsay lisait devant des personnalités de la capitale quelques poèmes, dont trois d’un jeune Américain de couleur. Ce poète noir n’était autre que Langston Hughes, qui travaillait dans le même hôtel comme plongeur (bus boy).
Article d’Abdelaziz Menouer alias El Djazaïri paru dansLa Voix des jeunes, n° 8, août 1931
L’ENVERS DU DECORS
La foire coloniale de Vincennes bat son plein. L’inauguration des pavillons, les cérémonies, les conférences, les banquets à 1.000 francs par tête, se poursuivent à jet continu et à grands coups de tam-tam.
Treize ouvriers ont fait la grève de la faim dans l’ancien fort turc d’Alger, transformé par la IIIe République en horrible Bastille. Treize emprisonnés politiques, au mépris de leur santé et de leur vie ont eu recours au seul affreux moyen qui leur reste pour protester contre l’intolérable régime pénitencier que leur impose le gouvernement impérialiste français.
Dossier paru dans Droit et Liberté, n° 126 (230), septembre 1953
La fraternité vaincra
VINGT-SIX ans, 24 ans, 21 ans, 26 ans, 31 ans, 24 ans. Le sang jeune et frais de six travailleurs algériens s’est mêlé le 14 juillet, place de la Nation avec celui d’un parisien de 40 ans, notre ami Maurice Lurot, trésorier du Comité Rosenberg du 18e arrondissement.
Des « ultras » partisans du massacre au représentant du P.C.A. qui s’est contenté de s’abstenir dans le vote de confiance au Gouvernement
LES débats à l’Assemblée algérienne sur les derniers événements nous permettent de faire une incursion édifiante parmi la faune parlementaire colonialiste, porte-parole des « saigneurs » de la terre ou « saigneurs » en personne, avec leur cortège des « préfabriqués » musulmans, de ceux à la figure de qui le peuple et les travailleurs algériens crachent leur suprême répulsion.
On a toléré, au milieu de cette engeance malsaine, quelques membres de l’U.D.M.A (1), organisation d’un réformisme inoffensif, dont la présence pouvait constituer un alibi contre ceux qui dénoncent l’imposture des élections « à l’algérienne ».
UN passage très édifiant de la motion présentée au gouverneur général par les représentants de toutes les tendances syndicales d’Algérie (y compris la C.G.T.), nous renseigne sur l’esprit qui anime le réformisme syndical des fonctionnaires coloniaux, réformisme collaborateur avec la haute administration, au service du colonialisme algérien et de l’impérialisme français, s’opposant par là même aux efforts de la majorité d’un peuple vers son indépendance politique, économique et sociale.
UN couple de jeunes instituteurs qui regagnait son poste, est mitraillé en compagnie du caïd dans un autobus, au cours de la nuit du dimanche 31 octobre au lundi 1er novembre. Notre malheureux collègue a été tué, si sa femme est actuellement hors de danger.
Articlede Messali Hadj paru dans Le Libérateur, 2e année,n° 40, 17 juillet 1955
Soucieux d’informer très exactement nos lecteurs sur les positions des grands partis populaires d’outre-mer, nous avions demandé à Messali Hadj d’écrire pour le Libérateur un article sur le problème algérien.
L’on sait que, depuis plus de trente ans, ce dernier n’a cessé de lutter pour l’émancipation du peuple algérien. Condamné, sous Vichy, à quinze ans de travaux forcés et à vingt ans d’interdiction de séjour, il fut libéré après le débarquement allié en Afrique du Nord. Mais il fut rapidement victime de nouvelles persécutions. L’on a osé, après la guerre, faire revivre la peine accessoire d’interdiction de séjour qui l’avait frappé en 1941. En violation de la légalité républicaine, Messali Hadj est actuellement en résidence forcée à Angoulême. Les persécutions n’ont pas, bien au contraire, diminué le prestige populaire du grand leader algérien. Nous sommes heureux de publier l’article qu’il a bien voulu nous adresser.
DEPUIS le 1er novembre 1954, la situation ne cesse de s’aggraver en Algérie. Au début on a essayé, par la répression et la terreur, d’étouffer la vérité et les cris d’un peuple qui veut vivre libre. Depuis, on ne cesse d’envoyer des troupes de toutes armes. Ce qui fait qu’aujourd’hui, il y a cent mille soldats en Algérie.
Déclaration de Messali Hadj remise à l’Agence France Presse ; diffusée sous forme de tract par le Comité pour la libération immédiate de Messali Hadj et des victimes de la répression ; publiée dans La Vérité, du 12 au 26 novembre 1954; reproduite partiellement le 11 novembre 1954 dans Franc-Tireur et Alger Républicain.
DES l’annonce des événements survenus en Algérie dans la nuit du 31 au 1er novembre 1954, la surveillance exercée autour de ma personne est gravement renforcée.
Messali Hadj est le véritable fondateur du Mouvement National Algérien. Apres avoir milité en France au parti communiste au cours des années 1925 à 1930 il s’orienta vers le nationalisme pur qu’il désirait cependant voir allié aux organisations démocratiques françaises. Il fonda l’Etoile nord-africaine qu’il fit adhérer en 1935 au Front populaire. L’Etoile nord-africaine ayant été dissoute, il créa le P.P.A. qui fut lui-même dissous par le gouvernement Blum. Après avoir combattu le projet Blum-Viollette dont il dénonçait le caractère assimilationniste, Messali fut poursuivi et emprisonné : depuis 1938 il connut le bagne, la déportation, l’interdiction de séjour et n’a pratiquement pas été en liberté plus de trois mois. Actuellement, le régime de quasi-internement qui lui est imposé est d’une illégalité flagrante : en effet, alors qu’il ne purge plus qu’une peine d’interdiction de séjour prononcée sous Vichy par un tribunal militaire, les gouvernements qui se sont succédé depuis 1952 ont transformé cette interdiction de séjour en véritable résidence forcée, mesure absolument arbitraire à l’égard d’un Algérien considéré comme « citoyen français » par la Constitution.
Message de Messali Hadj au meeting du 21 décembre 1954 à la salle Wagram (interdit), paru le 23 décembre 1954 dans Le Libertaire
Un message de Messali Hadj, parvenu à Daniel Guérin, devait être lu au meeting. Nous le publions ci-dessous. Nous apprenons que depuis ce message et les communications téléphoniques entre Messali Hadj et Daniel Guérin, les conditions de détention du leader algérien ont été renforcées et que la police lui a interdit de quitter sa chambre.
Article d’Idir Amazit paru dans Le Libertaire, 25 avril 1952 ; suivi de « Nature et aspect de la colonisation en Algérie », 2 mai 1952 ; « Par l’épée et par la charrue », 9 mai 1952 ;« La féodalité terrienne du colonat », 16 mai 1952 ;« L’industrie algérienne », 23 mai 1952 ; « Etat sanitaire et enseignement des populations algériennes », 30 mai 1952.
Le colonialisme tel qu’il est
LE célèbre Tartarin, d’Alphonse Daudet, qui prenait nos paisibles ânes de l’Atlas algérien pour de redoutables fauves du Kenya, a largement fait école avec les colonialistes. « Un baobab, disait à ses admirateurs le chasseur de Tarascon, c’est un arbre gigantesque, immense, à vous couvrir toute la superficie de Tarascon. Venez voir, j’en ai un dans mon jardin. » Et en ce lieu, il présentait une petite plante verte dans un petit pot ! Cette image du baobab est le reflet rigoureusement exact de ce que les primitifs à gages et les experts en falsifications et mensonges appellent impudemment l’ « Œuvre » du colonialisme. Rendons-leur cette justice : les maîtres du bla-bla-bla, qui s’agitent, gigotent et baratinent sur les estrades des baraques foraines des boulevards extérieurs ou de la foire du Trône de la place de la Nation, ne font pas mieux lorsqu’ils invitent les nigauds et les badauds à visiter leurs monstres, admirer leurs exhibitions. S’il est exact que le colonialisme a effectivement à son actif certaines réalisations, il n’est pas moins exact qu’elles sont dans leur quasi-totalité à l’usage et au bénéfice exclusif de la classe dominante. On a construit des routes et des chemins de fer pour desservir les domaines des « seigneurs » de la colonisation, les mines de charbon, de fer, de phosphates, des puissants trusts coloniaux. Tel conseil général dilapidera des millions à construire une route de plusieurs kilomètres reliant la route nationale X au domaine du colon Z, précisément membre du même conseil général, au sein duquel il est assuré avec ses amis colons d’une confortable et permanente majorité, grâce au système éminemment démocratique qui préside à la représentation dans les territoires d’outre-mer.
A mesure que le brasier de la révolte s’étend en Union française, le profane homme de la rue, généralement néophyte de la dialectique politique, est appelé à connaître une nouveauté qu’il ignorait jusque-là au même titre que la « question de confiance », avant que les ministères ne chutassent tous les quarante jours !
EN Europe, les traditions de lutte et l’enthousiasme prolétarien ont été entamés dans leur virilité par le chancre d’une politicaillerie prônée par une caste de saltimbanques maîtres en versatilités et trahisons. Les sociaux-démocrates attardés et les bureaucrates de la 3e Internationale portent une écrasante responsabilité de cette criminelle situation devant le monde ouvrier.
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