JAMAIS je n’ai senti avec autant d’accablement l’incapacité de parler dignement d’un homme dont l’amitié m’était une raison de vivre et dont la perte me laisse désemparé.
Article de Maurice Joyeux paru dans La Raison, mensuel de la libre pensée, n° 244, 24e année, mars 1980, p. 16
Il y a vingt ans, Albert Camus disparaissait à la suite d’un accident de voiture qui illustrait l’absurdité de notre temps qu’il avait si magistralement analysé dans un de ses ouvrages les plus importants, « Le mythe de Sisyphe ».
Nous apprenons la mort, dans un hôpital des environs de Londres, du célèbre écrivain anglais, George Orwell, décédé d’une affection pulmonaire dont il souffrait depuis de nombreuses années. Il était âgé de 46 ans.
Article d’Yves B. paru dans Le Monde libertaire, n° 678, 22 octobre 1987, p. 10
DÉCÉDÉ récemment, Chester Himes est (avec Richard Wright) le romancier noir américain le plus connu et, à notre humble avis, le meilleur. Mais cette reconnaissance a été tardive. Si Chester Himes est resté longtemps incompris, c’est à cause de la division opérée entre ses romans « classiques » et ses polars (qui l’ont fait connaître en France), considérés comme pas sérieux. Pourtant, après une lecture attentive, on s’aperçoit que son œuvre possède une certaine cohérence. Lui seul a su traduire aussi bien les problèmes de la communauté noire contemporaine.
Nous venions de donner le « bon à tirer » pour le numéro de novembre de la R. P. – dans lequel passait l’article « Trente ans après la Révolution russe » – lorsqu’une information cueillie à la radio nous annonçait la mort de Victor Serge, emporté brutalement par une crise cardiaque, dans une rue de Mexico. Il avait cinquante-sept ans.
La vie et l’œuvre de Pierre Monatte pourraient se résumer dans les titres des deux revues qu’il a fondées, l’une en 1909 : la Vie Ouvrière, l’autre en 1925, la Révolution Prolétarienne.
Sans doute les circonstances expliquent-elles le changement de titre. La Vie Ouvrière en 1909, comme la Révolution Prolétarienne en 1925, devait être l’expression d’une coopérative intellectuelle pour militants ouvriers, une revue où des militants échangeaient des commentaires de l’actualité et des documents, non des doctrines ou des idées toutes faites, mais des matériaux pour élaborer leur opinion personnelle. construire leurs propres idées.
Discours de Maxime Rodinson prononcé lors de l’attribution du prix de l’Union rationaliste 1997 à Mohammed Harbi et paru dans Les Cahiers Rationalistes, n° 523, mars 1998, p. 7-13
Je dois dire que j’ai été enthousiasmé, qu’une bouffée d’ardeur juvénile m’a pénétré quand une lettre de l’Union rationaliste m’a appris qu’elle décernait, cette année, son prix à Mohammed Harbi. Je fus d’autant plus enthousiaste, je l’avoue, que j’étais assez mécontent de diverses attitudes qui s’exprimaient depuis quelque temps dans les publications de l’Union. J’en étais même irrité et, à certains moments, prêt à envoyer ma démission. Je ne l’ai pas fait parce que je suis un peu rationnel et que je sais que toute association manifeste sur certains points des erreurs d’appréciation qui ne portent pas atteinte à sa ligne directrice, à l’utilité de son combat. Tout en souffrant de voir que, selon ma perception, le critère de rationalité auquel, par son titre même, l’Union s’engageait à être fidèle, me paraissait parfois dominé, dans ces occasions, par une soumission à la doxa, à la vulgate répandue dans le grand public (et très souvent chez les intellectuels), largement adoptée, en partie sous l’influence de réactions des plus légitimes. Mais il ne m’en paraissait pas moins que l’on violait gravement ce critère de rationalité notamment de lorsqu’on aboutissait à sacraliser tout un peuple, à l’affranchir des obligations morales exigées de tout autre peuple au point de rendre tabou toute critique à des membres (individuels ou collectifs) de celui-ci, en assimilant cette critique à une complicité envers ses ennemis, voire ses bourreaux. L’argument invoqué pour ce traitement spécial, les souffrances immenses, indéniablement subies par un peuple, ne sauraient rationnellement parlant, exempter toujours et partout tous ses membres et toutes ses institutions de répondre de torts qu’ils infligent aux autres.
Il y a un an mourait absurdement Albert Camus, fauché en pleine gloire et en pleine vitalité. « Mon œuvre ne fait que commencer » se plaisait-il à dire dans les derniers mois qui précédèrent l’accident, cette véritable ruée vers le royaume des ombres. Et depuis la plaie demeure toujours ouverte en nous ; et depuis nous sommes orphelins d’une lumière qui nous aidait, aux plus sombres instants, quand le monde écumait de violence, de haine, à retrouver la lucidité et l’amour de la vie nécessaire pour ne pas s’enliser irrémédiablement dans le marasme.
J’ai le plaisir d’informer mes amis et lecteurs que je participerai à la rencontre en hommage aux victimes de la répression du 14 juillet 1953, ce samedi 13 juillet à partir de 19h30 à Paris.
L’événement se tiendra place de la Nation, autour du kiosque, face au lycée Arago : 4 Place de la Nation, 75012 Paris. Les autres intervenants seront Sadek Hadjeres, Gilles Manceron et Rosa Moussaoui. Un extrait du film de Daniel Kupferstein, Les Balles du 14 juillet 1953, sera projeté.
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