Editorial paru dans El Jarida, n° 15, novembre-décembre 1974, p. 2
20 ans se sont écoulés depuis le jour où le peuple algérien s’est engagé dans la lutte armée. Plus de 12 ans ont passé depuis que l’Algérie est devenue officiellement maîtresse de son destin.
Texte d’Anton Ciliga paru dans Inprecor, n° 430-431, décembre 1998, p. 11-12
Témoignage de Anton Ciliga*
L’immense majorité des détenus communistes étaient trotskistes : cent vingt sur un total de cent quarante. Il y avait aussi un zinovieviste qui n’avait pas capitulé, seize ou dix-sept membres du groupe du « centralisme démocratique » (extrême gauche) et deux ou trois partisans du « groupe ouvrier » de Miasnikov. Chez les non-communistes il y avait trois groupes essentiels, forts d’une douzaine de membres chacun : les social-démocrates menchéviks russes, les social-démocrates géorgiens et les anarchistes. Il y avait, en outre, cinq socialistes-révolutionnaires de gauche, quelques socialistes-révolutionnaires de droite, quelques socialistes arméniens du groupe « dachnaktsoutioun » et un maximaliste. Il y avait enfin quelques sionistes.
Article de Gérard Lamari paru dans Courant alternatif, n° 90, juin 1999, p. 20
Abdelaziz Bouteflika a « remporté » l’élection présidentielle algérienne immédiatement contestée par l’opposition au régime. Les six autres candidats se sont retirés en dénonçant les fraudes massives en sa faveur. Ils contestent depuis la légitimité de ce scrutin et donc celle du nouveau président.
Mon dernier article intitulé « Algérie : le hirak a deux ans. Résurgences, clivages et équivoques » a été publié dans ContreTemps. Revue de Critique communiste, n° 49, avril 2021, p. 102-106.
J’ai accordé un entretien à la journaliste Aude Lasjaunias pour le quotidien Le Monde. L’interview a été publiée ce jour sous le titre suivant : « Algérie : les autorités « oscillent en permanence entre louanges pour le Hirak “béni” et menaces à peine voilées » ».
Cent trente-deux ans de sujétion coloniale, 30.000 morts à Sétif, en 1945, sept ans et demi d’une guerre civile qui a fait un million et demi de morts, les ratonnades, les ghettos de la métropole, la faim, l’analphabétisme, les ravages de la tuberculose ; voilà ce que les masses algériennes ont subi. Elles se sont battues avec l’acharnement, l’héroïsme que l’on sait, contre un impérialisme particulièrement féroce et habile. Aujourd’hui les Algériens ont le sentiment d’avoir été trahis. Ils se battaient pour un peu plus de pain, un minimum de bien-être. Ils parlaient même de construire une société d’un type nouveau que, naïvement, ils appelaient « socialisme ». En fait, ils ont instauré un régime qui sue par tous les pores la corruption et le terrorisme policier; ils ont porté au pouvoir des Ben Bella et des Boumedienne qui étalent largement leur morgue de nouveaux riches. Les masses algériennes sont retombées dans une sorte d’hébétitude. Les factions bourgeoises s’entre-déchirent et la vie politique reste marquée par la violence. Le prolétariat et la paysannerie pauvres n’attendent plus rien de la politique en général. L’émigration vers l’Europe se poursuit et augmente même. La misère est aussi grande sinon plus qu’aux beaux jours de l’ère française.
Article paru dans Le Prolétaire, n° 449, mai-juin-juillet 1999, p. 1-2
Ce n’est pas d’hier que le marxisme dénonce la duperie des institutions démocratiques et des mécanismes électoraux. Dès l’origine, il a mis en évidence que contrairement à la légende démocratique, ce n’est pas la « libre volonté » des citoyens, exprimée au travers d’un vote manifestant la « souveraineté du peuple », qui détermine l’orientation des Etats bourgeois, mais les intérêts de la classe dominante. Comme disait Lénine, la plus démocratique des Républiques démocratiques n’est pas autre chose qu’une dictature de la bourgeoisie. La tâche constante des communistes est donc de dévoiler le mensonge démocratique qui sert à la bourgeoisie à masquer les antagonismes de classes et à présenter aux prolétaires la perspective d’une amélioration facile et indolore de leur grâce au bulletin de vote. Contre les illusions démocratiques, les communistes rappellent que c’est seulement en se lançant dans la lutte ouverte de classe menée jusqu’à la révolution, c’est-à-dire la prise du pouvoir, la destruction de l’Etat bourgeois et l’instauration sur ses ruines de la dictature du prolétariat, que les prolétaires se donneront les moyens de s’émanciper, d’en finir avec l’exploitation, l’oppression et la misère, en détruisant le capitalisme.
Articles parus dans Le Prolétaire, n° 429, novembre-décembre 1994-janvier 1995, p. 1-6 et 7
« La guerre civile algérienne est transportée en France » : voilà quelle a été la réaction consternée de nombreux organes de presse et de commentateurs « avertis » lors de l’affaire du piratage de l’Airbus d’Air France. Cette réaction est elle-même très significative de l’état d’esprit des cercles dirigeants de la bourgeoisie française. Même si les médias français font le silence sur la situation en Algérie, au moins tant que des ressortissants français ne sont pas victimes d’un attentat, respectant ainsi la censure du gouvernement algérien, les autorités françaises, elles, sont parfaitement au courant de la situation réelle. Et pour cause ! La collaboration directe entre l’Etat français et l’Etat algérien sur le plan de la répression ne faiblit pas, ce qui ne veut pas dire que cette collaboration est sans nuages. Si l’on en croit un article du spécialiste de l’armée au quotidien « Le Monde », bien connu comme porte-parole officieux des milieux militaires et des services secrets, les militaires algériens ont obtenu la promesse d’un soutien sans réserve et carte blanche pour liquider en 5 mois les groupes armés islamistes (1). Des indiscrétions ont permis de savoir par ailleurs que le gouvernement français avait livré à l’Algérie du matériel de combat anti-guérilla (depuis des hélicoptères jusqu’à des systèmes de visée infra-rouge pour le combat de nuit). Le soutien au gouvernement algérien se manifeste aussi à un autre niveau, en définitive plus important, le niveau financier. La France a pu obtenir de ses partenaires européens le déblocage de crédits à destination de l’Algérie et elle fait le forcing auprès du FMI pour que celui-ci fasse de même ; il y aurait des contacts quotidiens entre les dirigeants français et la direction du FMI – dont le président est un français – à propos de la situation algérienne. Cet activisme français suscite d’ailleurs la grogne des américains (et, de façon plus discrète, des allemands et des anglais) qui contestent que le plan d’« ajustement économique » suivi par l’Algérie (et élaboré par les services du FMI) mérite autant de soutien que ne le disent les français et le président du FMI, et qui ne montrent aucun enthousiasme à soutenir le régime d’Alger.
Article de Saïd Akli paru dans Inprecor, n° 278, 13 décembre 1988, p. 6-8
UNE QUINZAINE DE JOURS après la levée de l’état de siège, Alger a été recouverte de grandes affiches pour la démocratie.
Les mobilisations des milieux intellectuels contre la répression et la torture ont certes impulsé un large mouvement d’opinion pour une démocratisation de la société. Mais les affiches pour la démocratie étaient cyniquement l’initiative de ceux-là même qui avaient ordonné le massacre de centaines de jeunes. Profitant de l’état de choc collectif créé par la violence du soulèvement populaire et la sauvagerie de la répression militaire, Chadli reprenait l’initiative politique avec la promesse d’une ouverture démocratique. En échange, il demandait au peuple une participation massive au référendum du 3 novembre, pour faire oublier ses crimes et plébisciter sa politique avant le congrès du Front de libération nationale (FLN).
Article paru dans El-Oumami, n° 1,octobre 1978, p. 9-11
Depuis quelques mois, des voix se sent élevées pour protester contre « l’amnésie collective » organisée autour de Ben Bella et contre sa détention « arbitraire et scandaleuse ». Le dirigeant démocrate M. Lebjaoui est même allé jusqu’à faire une grève de la faim de… 24 heures !
Editorial du Bulletin de liaison, organe du Comité national de défense de la révolution, n°4, décembre 1965, p. 3
Comme son illustre prédécesseur le faisait de temps à autre, Boumedienne vient de proclamer la nécessité de l’austérité. Dans son discours du 1er Novembre, il invite en effet la Nation à « comprendre qu’elle ne peut plus continuer à vivre au-dessus de ses moyens » et il exige d’elle « un comportement rigoureux d’austérité ».
La R.P. – on l’oublie trop souvent – fut la première à mener le combat systématiquement contre le colonialisme. Dans notre collection de 1925 à 1939, les études et monographies de Louzon, Péra, Finidori ont, pour la première fois en France, mis en relief des mouvements nationaux et révolutionnaires qui, en Tunisie, dans l’Inde, au Vietnam et en Algérie, sont à l’origine de l’indépendance des ex-colonies françaises et anglaises.
Article paru dans le Bulletin de liaison du Parti de la Révolution Socialiste, n° 12, 1er mai 1967, p. 12
Au départ, écartons l’idée selon laquelle le rassemblement, sans aucune exclusive, de l’opposition est la condition de toute marche en avant et, qu’à ce titre, il doit être recherché à N’IMPORTE QUEL PRIX. Cette notion d’OPPOSITION UNIQUE est un mythe réactionnaire de même que celle de PARTI UNIQUE. En fait, la glorification de l’unicité cherche à masquer la réalité des antagonismes de classes et à confondre les intérêts des exploiteurs et ceux des exploités dans un mouvement commun au nom d’un soi-disant intérêt national.
Le 27 janvier Mohammed Boudiaf a parlé à Paris devant un auditoire composé en majorité d’étudiants français. La réunion était organisée par le C.I.D.R.A. (Comité International de Défense des Révolutionnaires Algériens). Car dans cette Algérie en pleine révolution, les révolutionnaires ont déjà besoin d’être défendus. Boudiaf en est une des figures les plus représentatives. Ancien compagnon de captivité de Ben Bella, il n’est plus d’accord avec son frère de combat et de geôle. Animateur du Parti de la Révolution Socialiste, il l’attaque, pourrait-on dire, sur la gauche. Ben Bella l’a fait emprisonner, puis expulser de son pays.
J’ai le plaisir d’annoncer la publication de mon dernier texte intitulé « ‘Pierre est parti, Mohamed a pris sa place’. Les oppositions algériennes à l’heure du socialisme spécifique (1974-1982) », dans l’ouvrage dirigé par Karima Dirèche, L’Algérie au présent. Entre résistances et changements (Paris, IRMC-Karthala).
En voici les premières lignes :
« Une opposition plurielle
« Les communistes authentiques se souviendront de la figure de combattant révolutionnaire du premier Messali Hadj et ils n’oublieront jamais que sa véritable mort a eu pour cause le terrible isolement de la révolte des masses coloniales » (Journal Le Prolétaire, 1974a, 2). Cet hommage dialectique rendu au dirigeant historique du nationalisme algérien dans Le Prolétaire – organe du Parti communiste international édité par les partisans d’Amadeo Bordiga, chef de file de l’aile gauche de l’Internationale communiste – constituait une réponse à un article à charge paru dans Lutte ouvrière (Chablis, 1974). Ce dernier texte constatait avec sévérité la « seconde mort » de Messali, pionnier du mouvement indépendantiste, progressivement marginalisé à partir de 1954, décédé à Paris le 3 juin 1974 et enterré trois jours plus tard à Tlemcen « devant une foule énorme » (Dechézelles, 1974).
L’UGAC a toujours porté au peuple algérien, l’aide et le soutien qu’il méritait. Dès le début de la guerre d’Algérie, nous fûmes aux côtés de nos frères algériens dans leur lutte contre le colonialisme et le capitalisme, lutte qui était aussi la nôtre, ce que la « gauche » n’a jamais voulu comprendre.
Pour ce premier texte, nous choisissons l’ALGERIE parce qu’elle est proche de nous, et pas seulement dans le temps et dans l’espace, mais nous connaissons mieux les problèmes de nos camarades algériens qui viennent de publier un texte dont le préambule est :
« Nous souhaitons qu’il soit pour tous les révolutionnaires, une contribution qui nous aidera à la clarification nécessaire aux luttes en cours. »
Nous ouvrons ici, avec deux lettres de camarades partis comme enseignants en Algérie un dossier et un débat sur la réalité algérienne et sur la société prétendue par certains « socialiste » qui prend la place de la société de type colonial.
Si l’on reprend toute la collection d’ICO on peut voir que nous n’avons jamais eu d’illusions sur ce que serait « l’indépendance » algérienne et que nous avons essayé d’analyser, notamment par des critiques de livres ce que sont les structures politiques et sociales des pays dits « sous-développés » (ou tiers-monde), pays placés dans la compétition impérialiste URSS-USA, et par voie de conséquence, aux prises avec une classe dirigeante qui tend à donner aux problèmes économiques et sociaux les solutions qui maintiennent sa domination et accroissent sa puissance.
Extrait d’Abdelkader Chaker, La jeunesse algérienne en France. Éléments d’étude de l’émigration familiale, Alger, SNED, 1977, p. 192.
L’option de l’Algérie en faveur du parti unique a condamné à l’exil tous les partis d’opposition qui, à l’exception du Mouvement National Algérien (MNA), émanent du FLN historique. Ces mouvements d’opposition tentent de trouver une audience au sein de l’immigration algérienne, mais il faut bien admettre qu’ils n’y parviennent guère.
Mon dernier article intitulé « Une société sous tension. L’illusion de la stabilité algérienne dans une région troublée », a été publié dans la revue Questions internationales, n°81, septembre-octobre 2016, dans un dossier consacré à l’Algérie.
« Renseignements situationnistes », texte paru dans la revue Internationale situationniste, n° 8, janvier 1963, p. 65-66.
Après les interdictions et arrestations qui lui ont paru nécessaires, Ben Bella, parlant au début de janvier au correspondant de l’agence Italia, a tiré argument d’un vote unanime de l’Assemblée Constituante algérienne, dont il a désigné lui-même tous les membres, pour conclure : « Il n’y a pas d’opposition en Algérie, ou pour le moins il n’y en a plus ». Comme personne quand même n’est assez idéologue pour croire que l’Algérie indépendante a réalisé par décrets-lois l’abolition des classes, l’abondance, l’autonomie des masses et la transparence des rapports humains, on est obligé de conclure que la révolution algérienne est glacée, pour longtemps peut-être.
Le dernier numéro de la revue Matériaux pour l’histoire de notre temps (n°117-118, 2015/2) propose un très beau dossier intitulé « mémoires et constructions nationales en Afrique ».
On y trouve notamment mon article intitulé « Occultation étatique et réappropriations privées : tensions mémorielles autour de la question messaliste en Algérie (1964-1994)« .
J’annonce la parution de l’ouvrage Au cœur des révoltes arabes. Devenir révolutionnaires, coordonné par Amin Allal et Thomas Pierret. On peut y trouver mon modeste encadré intitulé « Émeutes de la jeunesse et « nouvelles » oppositions à référentiel historique« . Mon texte est adossé à l’article de Layla Baamara : « Quand les protestataires s’autolimitent. Le cas des mobilisations étudiantes de 2011 en Algérie« .
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