La classe ouvrière voit sans trop d’enthousiasme les intellectuels venir à elle. Cela s’explique, car d’ordinaire ils viennent pour la trahir, tout au moins pour s’en servir.
Article paru dans Alarme, n° 14, octobre-novembre-décembre 1980, p. 14
Les ouvriers de la Sonatrach, en Algérie, se sont mis en grève en Mai 81 pour revendications salariales et de conditions de travail. La direction avait cédé auparavant sur la remise en cause du système des équipes et des promotions.
« Car l’esprit ouvrier, à peine ses yeux sont-ils ouverts, revient à son « Je pense », tout comme Descartes. Il tient bon là ; il se forme une idée juste de ce que c’est qu’une vie humaine ; et cette idée est qu’il ne faut pas attendre de tout comprendre pour vivre en homme. Cette idée est en marche, et le moindre progrès de la connaissance l’éclaire un peu plus. Et c’est pourquoi l’idée de rationalisation, qui porte la marque des brevetés, a trouvé, contre l’attente des rois de ce monde-là, une résistance. Le citoyen riveur et le citoyen ajusteur ont dit : « Produire n’est pas le tout ; et aussi bien votre édifice industriel s’écroule par le haut, ce qui prouve que vous êtes bien loin de connaître assez pour légiférer. Humanité et justice valent mieux que puissance : et puisque vous nous consultez, nous allons dire, non ce que nous savons, mais ce que nous voulons. C’est à vous, les rois, de vous en arranger. »
Article paru dans Le Prolétaire, n° 312, 1er au 15 mai 1980, p. 1 et 3
A la suite de l’interdiction d’une conférence sur « la poésie berbère ancienne » par les autorités algériennes le 10 mars dernier, ont eu lieu des manifestations un peu partout en Kabylie (Tizi-Ouzou, Larbaâ Nath Irathen, Azazga, Aïn El-Hamam, etc.) et à Alger.
Article paru dans Le Prolétaire, n° 97, 1er février-14 février 1971, p. 1-4
Chacun sait que les difficultés surgies entre la France et l’Algérie au sujet du prix du pétrole ont inauguré une demande de hausse plus générale de la part des pays producteurs. La bourgeoisie des grands pays capitalistes crie son indignation tandis qu’en face on parle de pillage et d’impérialisme.
Parions cependant que les adversaires parviendront à un résultat « honorable pour tous ». En effet, les moyens de pression des Compagnies pétrolières sont puissants et leurs soi-disant opposants, trop corrompus pour être vraiment dangereux.
Textes parus dans Tout !, n° 3,29 octobre 1970, p. 1-2
SI LA JUSTICE ETAIT JUSTE ÇA SE SAURAIT
Il y a les faits et ils parlent en notre faveur même s’ils sont tombés dans l’oubli. Le texte de l’accusation, publié dans « TOUT » n° 2, avoue lui-même l’existence de la « traite des nègres » à Meulan et l’impuissance naïve de la justice à frapper ceux qu’elle est faite pour aider. Là-dessus donc pas de problèmes pour justifier l’action de propagande du 6 mars (peinturlurages sur la mairie, distribution de tracts. invasion du bureau d’embauche qui abritait une partie du trafic, prise de parole sur la place du marché). Nous pouvons tous donc crier : NOUS ETIONS TOUS A MEULAN ; on ne se privera pas de le dire à tous ceux qui voudraient nous juger et qui sont embrouillés eux-mêmes dans la barbarie trop voyante de leur « civilisation ».
Beaucoup de choses ont été écrites sur ce sujet. Que dire de plus ? Il est un fait certain : cette montée du racisme n’est pas due à une augmentation de la population immigrée. Depuis 74, date à laquelle l’immigration fut réglementée par Giscard, le pourcentage d’immigrés par rapport à la population vivant « sur le sol français » n’a guère changé, oscillant aux alentours de 6 à 7% chiffre d’ailleurs déjà atteint dans les années 30.
Qu’on ne voie pas dans les notes qui vont suivre l’esquisse d’un exposé général de la situation à Barcelone, et encore bien moins de l’ensemble de l’Espagne. La révolution est une chose formidable, un colosse protéiforme dont il est vain de prétendre saisir tous les traits, et qui change de physionomie d’heure en heure. Il ne s’agit donc ici que de notes, notes tracées en hâte après huit jours passés en Catalogne, notes relatives uniquement au moment présent et à ce point précis de l’Espagne.
Extrait de Maurice Clavel, Le jardin de Djemila, Paris, René Julliard, 1958, p. 19-22.
CHRONIQUE
Paris, février-avril 1957
I
J’avais quelques amis au Mouvement National Algérien et je m’en méfiais plaisamment : trop français. En eux semblaient revivre nos vieux révolutionnaires, dont il ne reste plus les noms que dans quelques rues vastes et laides, métros aériens, cœurs désuets : Barbès, Blanqui – ces gens qui ont peu agi dans leur siècle, ayant passé en prisons bourgeoises trop de leur vie, sans rien semer plus loin, la liberté s’étant faite science et police. Mes amis étaient une résurrection étrange, d’un naturel que le dépaysement accusait.
Article paru dans Le Prolétaire, n° 28, janvier 1966
Dans une résolution adoptée après le coup d’Etat de Boumedienne, le C.C. du P.C.F. déclarait : « Le comité central, en se gardant de toute ingérence dans les affaires intérieures de l’ Algérie, constate que la Constitution a été violée et qu’un coup sérieux a été porté à la cause algérienne, ainsi qu’au mouvement de Libération nationale des peuples ». Ne nous étonnons pas de ce « respect » du P.C.F. pour une Constitution typiquement bourgeoise, ni de ses protestations de « non-ingérence ». Cela répond parfaitement au légalitarisme qu’il affiche depuis des dizaines d’années. Ne nous étonnons pas davantage qu’il déplore la chute d’un pouvoir qui, en novembre 1962, décrétait la dissolution du « Parti communiste d’Algérie », c’est-à-dire d’un parti-frère : Moscou n’avait-elle pas accueilli le « socialiste » Ben Bella comme un « ami », un « camarade » et comme » « le plus grand révolutionnaire d’Afrique » ? On n’est pas plus royaliste que le roi… Mais voyons quelle est donc cette « cause algérienne » que le P.C.F. juge si gravement compromise. Pour nous qui avons déjà vu Ben Bella l’invoquer contre les dockers algérois en grève, les choses sont claires : ça n’était plus la cause d’un mouvement révolutionnaire, mais une raison d’Etat, un principe d’ordre bourgeois, et dès lors, un Boumedienne est à priori tout aussi indiqué qu’un Ben Bella pour la défendre et l’illustrer. Mais le P.C.F., lui, ne croit pas aux faits : il croit aux mots ; pour lui, le « programme » du benbellisme est, et reste celui de la Charte d’Alger, approuvé en avril 1964 au 1er Congrès du F.L.N. : « ne pas laisser compromettre la victoire historique sur l’impérialisme et mettre en cause l’option socialiste » « assurer dans la liberté le développement de l’Algérie nouvelle, démocratique et progressiste ». C’est sa phrase socialiste, qui attache le P.C.F. au souvenir du benbellisme. Ce que valait cette phrase, nous allons le voir.
Article paru dans Jeune Taupe, n° 20, avril-mai 1978, p. 17-18.
Contrairement aux autres pays arabes, l’Algérie apparait comme le seul Etat où il ne se « passerait rien ». Une véritable conspiration du silence sur la situation sociale de l’Algérie s’est installée, scellée par l’alliance de tous les organes d’information, de la droite à l’extrême gauche (cf. par exemple « Libération »). Pour ce qui est du journal « Le Monde », il faut savoir lire entre les lignes pour se rendre compte de l’existence de « malaises ». On s’épanche d’autant plus facilement sur le conflit du Sahara Occidental (où l’Algérie joue un rôle de premier plan (1) ) que l’on tait la situation interne de l’Algérie.
Article paru dans Travailleurs immigrés en lutte, mensuel de l’Organisation communiste révolutionnaire internationaliste d’Algérie, n° 45, novembre 1980, p. 5-7.
Nous avons établi dans notre précédent numéro la collusion existant entre la Fraternité Musulmane et la monarchie ; il nous faut aussi évoquer ses liens avec les représentants du colonialisme britannique.
Article paru dans Travailleurs immigrés en lutte, mensuel de l’Organisation communiste révolutionnaire internationaliste d’Algérie, n° 44, octobre 1980, p. 3-4.
Depuis quelques années, on constate dans l’ensemble des pays arabes une recrudescence des activités des groupes se réclamant de l’Islam. La victoire de la « révolution islamique » en Iran a donné un véritable coup de fouet à l’intégrisme religieux.
Extrait de Jean-François Lyotard, « L’Algérie évacuée », Socialisme ou Barbarie, n° 34, mars-mai 1963, p. 1-7
Les lignes qui suivent n’ont pas pour objet de définir une politique révolutionnaire en Algérie. La question du sort de ce pays ne se pose plus et ne se pose pas encore de cette manière. Plus, parce que l’élan qui animait les masses au cours de la lutte nationale est maintenant brisé : il n’y a pas eu de révolution. Pas encore, parce que les problèmes qui assaillent les travailleurs et que la politique de la direction actuelle est incapable de résoudre, finiront par amener à maturité les conditions d’une nouvelle intervention des masses : la révolution reste à faire.
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