Article paru dans La Voix du peuple, mai 1962, p. 4
Le gouvernement français vient de décider, sur proposition de l’Exécutif provisoire que le scrutin d’autodétermination se déroulera en Algérie, le 1er juillet prochain. On ignore encore la ou les formules du référendum ; mais les accords franco-FLN d’Evian du 19 mars 1962 laissent entendre que le peuple algérien aura à choisir entre l’indépendance tout court et l’indépendance dans la coopération avec la France.
Article paru dans La Voix du peuple, mai 1962, p. 3
Dès le cessez-le-feu, le F.L.N. s’est livré à une série de provocations de violences et de crimes contre les militants du M.N.A. pour les obliger à rejoindre ses rangs. Attaques en série, expéditions, enlèvements, vols, destructions de cartes d’identité, de papiers de famille et étranglements, tels sont les moyens employés par le F.L.N. pour enrôler de force les Algériens dans ses rangs.
Article paru dans La Voix du peuple, mai 1962, p. 3
Depuis le début des négociations, l’Algérie est devenue une sorte de chaudière soumise à une forte tension. Le cessez-le-feu, l’exécutif algérien et l’approche du scrutin d’autodétermination ont également aggravé cette situation. Les Européens qui quittent l’Algérie craignant la gravité des événements, la terreur et la mort. Il y a aussi les fausses nouvelles et l’intoxication qui viennent augmenter le désarroi au sein de la minorité européenne. Depuis quelques temps la presse, française et étrangère, se préoccupe de ce problème et en donne une description douloureuse et affligeante.
Article paru dans La Voix du peuple, mai 1962, p. 2
A la suite du cessez-le-feu découlant des accords politiques franco-F.L.N. d’Evian, le M.N.A. mis devant cette situation de fait, a procédé d’une manière progressive à sa reconversion politique. Bien que n’ayant pas assisté aux négociations d’Evian, le M.N.A., après avoir fait d’expresses réserves sur ces accords politiques, a décidé de participer d’une manière active à l’édification de l’Etat Algérien conformément aux principes de l’autodétermination.
Article paru dans La Voix du peuple, mai 1962, p. 1
Il y a une course contre la montre entre l’indépendance de l’Algérie, l’anarchie et la destruction du pays. Nous assistons à ce marathon depuis les accords d’Evian et le cessez-le-feu. La lecture de la presse, l’écoute de la radio nous apprennent chaque instant et tous les jours des nouvelles plus sombres les unes que les autres. Les voyageurs venant du pays, fort déprimés eux mêmes racontent des faits et des scènes d’une atrocité qui dépassent toute imagination. Ce vent de folie et d’hystérie qui embrasse le pays et surtout les grandes villes n’a pas de limite. Aussi, n’épargne-t-il personne. Femmes, enfants, vieillards, malades sur leurs lits de souffrance sont froidement assassinés. Les femmes musulmanes sont abattues en allant à leur travail dans les quartiers européens.
… « Je ne crois pas un coup d’état fasciste, pas plus à une prise de pouvoir en France par les gens de l’OAS. Pourtant il me semble utile et urgent de militer dans une organisation ayant conscience qu’il faut avant toute chose sauvegarder le reste (s’il en reste) de libertés démocratiques. Il faut que le régime personnel (regonflé par le oui absurde, mais prévisible des « coco ») prenne fin. Car c’est lui qui a rendu possible la montée fasciste. Il faut faire de toute urgence quelque chose de constructif dans le sens de sauvegarder et de promouvoir la véritable démocratie des Travailleurs. Il faut pour que renaisse un idéal dans la classe ouvrière faire prendre conscience aux masses et non pas les diriger comme l’ont fait jusqu’à présent les syndicats. Pour cela, il n’y a qu’un seul moyen : sortir du syndicat, s’il y a lieu, et lutter avec et à côté de la masse.
Ce livre, publié sous les auspices du Comité Maurice Audin, contient avec une présentation de Pierre Vidal-Naquet une série de documents officiels relatifs aux méthodes de torture qui furent employés de façon systématique dans la guerre menée contre le peuple algérien.
A Paris après la manifestation organisée le 1er mai devant la prison de la Roquette, et qui rassembla 500 personnes, un meeting central est en préparation en collaboration avec le F.A.C.U.I.R.A., le F.U.A., le Comité Audin, Vérité-Liberté, Témoignages et Documents, le Comité de Solidarité aux victimes de la Répression. A Puteaux-Suresnes nouvelle réunion locale le 6 mai avec projection de films sur la révolution algérienne. Le 7 mai le comité local des 19e et 20e se réunit pour la première fois, par ailleurs le comité étudiant tient également sa première réunion.
En 1955-56, après dix ans de guerre coloniale, la jeunesse française a été appelée à participer directement à la répression contre le peuple algérien. Elle s’y opposa d’emblée par des comités contre l’envoi du contingent et des manifestations de rappelés, soutenues par une partie de la population. Après l’insuccès de ces mouvements collectifs, les jeunes militants ne purent choisir qu’entre plusieurs solutions individuelles :
EN France, après une période d’accalmie, les attentats au plastic reprennent. Ce sont maintenant les installations ferroviaires, les bâtiments, même les locaux de la police qui sont attaqués.
Article paru dans La Nation socialiste, n° 55, mai 1962, p. 2
Messali Hadj nous communique la lettre qu’il vient d’adresser à Jean-François Devay, directeur du journal Minute, au sujet des prétendus contacts entre l’O.A.S. et le M.N.A. Nos lecteurs liront également, en page 5 et en page 8, des mises au point sur le même thème.
Article de Françoise Mantrand paru dans La Nation socialiste, n° 55, mai 1962, p. 6
A quarante kilomètres de Paris, dans un sillage ceinturé de verdure et d’arbres en fleurs, dans le taxi qui traverse ce village au nom poétique, un homme épuisé revient lentement à la vie. Quelques heures auparavant, cet homme était encore un prisonnier, un condamne à perpétuité que le conformisme de l’ordre alphabétique devait libérer le dernier. Un détenu de Fresnes.
La sauvagerie de l’O.A.S., sa bêtise sanglante, ne nous étonnent pas. Ce qui nous émeut davantage, c’est le fait que la population européenne d’Algérie semble reconnaitre cette sauvagerie comme son moyen d’expression et de défense. Oh ! nous savons bien que tous les Européens d’Algérie ne sont pas solidaires de l’O.A.S. ! Mais il y a la terreur. Beaucoup de ceux qu’on appelle « les libéraux » sont déjà tombés sous les coups des forcenés. Beaucoup fuient cette terre de malheur. Les rentrées quotidiennes en métropole dépassent largement les prévisions. On voudrait quand même que les organisations syndicales d’Algérie, rattachées aux centrales françaises, fassent entendre la voix de la raison et de la fraternité. Encore heureux quand nous ne les entendons pas faire chorus avec les assassins ! La race – si tant est qu’on puisse parler de race dans une telle diversité de populations méditerranéennes – l’esprit de domination plutôt, qui est souvent plus enragé chez « le petit blanc » que chez le gros, l’emporte chez ces pseudo-syndicalistes sur une idéologie à vrai dire superficielle. Ces idées étaient bonnes « entre nous » ; mais vous n’allez tout de même pas vous mettre à les croire valables pour ces « bicots », ces « melons » ! Le dernier des bistrots bornés se croit vraiment le représentant de la civilisation chrétienne ! Et il n’en sera que plus enragé si la preuve est faite qu’un quelconque Arabe ou Kabyle peut en savoir plus dans son petit doigt que lui dans sa grosse tête vide. Passe encore pour le bistrot. Mais l’instituteur, le postier, le cheminot, le petit employé ?
Je suppose que maintenant tout le monde s’en rend compte : si la tuerie des musulmans continue à un rythme de plus en plus rapide dans les grandes villes du littoral algérien, c’est que l’armée qui occupe ces villes est complice des assassins.
Aujourd’hui on juge Salan pour les crimes qu’il a commis en tant que chef de l’O.A.S.
On ne le juge pas pour les crimes qu’il a commis en tant que général de l’armée française en Algérie, car s’il devait être jugé pour ces crimes-là, il ne serait pas seul. L’ « élite de la Nation » serait aussi dans le box : généraux, ex-ministres de droite ou de gauche, députés, administrateurs, chefs de parti, industriels, évêques, directeurs de journaux, policiers…
Article de Fred Zeller paru dans La Nation socialiste, n° 54, avril 1962, p. 4 et 13
Par les accords d’Evian la France vient – pour le moment – de mettre un terme à une longue période de guerre qui va, sans un seul moment de répit, de 1939 à 1962. C’est-à-dire vingt-trois années.
La signature des accords d’Evian, le 18 mars 1962, et leur mise en application, ont été considérées, à juste titre, comme une grande victoire du peuple algérien, comme une victoire de la classe ouvrière, du peuple français et des forces de paix dans le monde, comme une grave défaite du système impérialiste français. C’est sur ce dernier point que nous voudrions insister.
Tribune ouvrière, n° 82, 5 avril 1962, journal publié par un groupe d’ouvriers de la Régie Renault
Pour qu’il n’y ait sur ce point aucun doute possible, le général de Gaulle a expliqué, à la télévision, que, non seulement il s’agissait pour chacun de nous, en disant OUI de donner son adhésion à lui-même mais, encore de lui attribuer ainsi par avance, une confiance complète non pas pour régler l’affaire d’Algérie, mais pour toute sa tâché dont l’affaire d’Algérie n’est qu’une partie au milieu d’autres ». Et encore : « pour aujourd’hui et pour demain ».
Article paru dans Lutte de classe, pour le pouvoir des travailleurs, avril 1962, p.1-3
Le Gouvernement algérien vient d’obtenir une indépendance relative.
Ce résultat est sans rapport avec les sacrifices consentis par des millions de travailleurs algériens. Dans le nouvel Etat, les paysans n’auront pas la terre, les ouvriers seront exploités dans les usines par des patrons « nationalistes ».
Article de J. Regnaud paru dansQuatrième Internationale, 20ème année, n° 15, avril 1962 (2ème trimestre),p. 42-45
LA REVOLUTION ALGERIENNE, ALLIEE N° 1 DE LA CLASSE OUVRIERE FRANCAISE
La signature des accords d’Evian, qui ouvre une phase nouvelle de la Révolution algérienne, ouvre aussi une nouvelle page de l’histoire de la lutte des classes en France. De tous les pays d’Europe occidentale, la France est celui qui, dans les dernières années en particulier, a ressenti le plus fortement les répercussions de la grande lutte engagée dans le monde entre les forces de l’impérialisme et celles de la révolution coloniale, le pays dans lequel ces répercussions ont influencé le plus directement l’évolution politique intérieure, celle de la lutte des classes.
Note éditoriale parue dans Quatrième Internationale,20ème année, n° 15, avril 1962 (2ème trimestre),p. 3-4
Une phase de la Révolution algérienne sera bientôt close, une autre — plus importante — commencera. Il s’agira de voir de quelle manière le F.L.N., la direction que s’est donnée le peuple algérien dans sa lutte pour l’émancipation, saura répondre aux aspirations révolutionnaires des masses paysannes, des ouvriers et des « éduqués » et réaliser, après l’indépendance formelle, la Révolution.
La révolution coloniale est un fait qui date pratiquement de la dernière guerre mondiale. On ne saurait reprocher au marxisme révolutionnaire d’avoir ignoré jusqu’à cette date les colonies et le problème colonial. Aussi bien les écrits de Marx et d’Engels que ceux de Rosa Luxembourg, de Lénine et de Trotsky témoignent de l’énorme importance accordée de tout temps à ces questions.
L’indécence des démocrates dans leur lutte de dernière heure « contre le gouvernement » avant la conclusion des accords avec le F.L.N. a été poussée à tel point qu’il s’est trouvé un démocrate pour s’en apercevoir et même pour le dire. En s’excusant de son audace, l’hebdomadaire l’Express publiait son article dans son numéro du 15/2/62 sous le titre : « Fallait-il manifester ? » (Si vous tenez à le savoir, l’auteur était M. Jean Cau qui récemment s’est également illustré dans les belles-lettres) : Les collaborateurs de cette feuille, unanimes, étaient, Dieu merci, en complet désaccord ! Pourquoi publier, alors ? Eh bien, il paraît que dans le marais démocratique, pas mal de gens pensent de la même façon, « sans pousser aussi violemment l’argumentation », en gens bien élevés qu’ils sont.
La longue survie du régime capitaliste est la tragédie de notre époque. L’agitation étourdie et impuissante des démocrates en est le côté burlesque. Si la politique contemporaine est tellement obscène que des millions d’ouvriers s’en sont tout à fait détournés, c’est à la vanité des poses démocratiques, à l’impudence des mensonges démocratiques qu’on le doit, plus encore qu’au cynisme du grand capital.
Depuis la signature du « Cessez-le-feu », la Gauche française remplit l’air de ses cris de triomphe et de satisfaction. Cette négociation, cette paix enfin obtenues, elle les proclame son œuvre, et, sous réserve d’application « loyale », elle s’en déclare ravie.
Le Parti communiste internationaliste et le Parti socialiste unifié ont appelé à voter oui à l’indépendance algérienne, oui à la Paix, non à de Gaulle. Le Parti communiste Internationaliste dans une lettre envoyée aux grandes organisations ouvrières avait proposé le Front unique sur cette position qui avait l’avantage de ne pas mêler les bulletins à ceux des partisans de l’Algérie française et de refuser clairement le soutien à la politique gaulliste.
Dés le premier jour du soulèvement du peuple algérien, nous avons dit que la lutte pour l’indépendance nationale c’était en même temps une révolution sociale, que cette révolution, logiquement, aurait pour objectif le socialisme. La libération nationale donnerait une forme, un contenant nouveau, indispensable pour le développement d’une substance, d’un contenu nouveau. Au cours des années de guerre, les combattants eux-mêmes ont qualifié leur combat de Révolution algérienne, et les déclarations n’ont pas manqué — sous des formes variables, tantôt plus précises, tantôt plus vagues — que l’Algérie nouvelle ne serait pas une Algérie capitaliste.
L’auteur de ce petit volume publié dans la collection des Editions de Minuit, Bonnaud est à présent enfermé à la prison des Baumettes, à Marseille, en raison de la lutte qu’il a menée dès le début contre la guerre d’Algérie. Ajoutons qu’il y est aussi victime d’une provocation policière montée pour mieux corser le dossier établi contre lui.
Ce vendredi soir Salle des Horticulteurs, c’était la première réunion officielle du Front de Solidarité à la Révolution algérienne.
Nous n’étions pas très nombreux, l’intention n’ayant d’ailleurs pas été de faire un grand meeting. Parmi ces 350 à 400 camarades, étudiants pour un assez grand nombre, il y en avait du P.S.U., des U.E.C., de la « Voie Communiste », de notre Parti, et il y avait aussi des gars et filles de J.R., des réseaux, des camarades algériens libérés il y a peu.
QUE le cessez-le-feu marque le point de départ d’une nouvelle étape en Algérie comme en France, nul n’en doute. Mais quels seront ses caractères ? Ni la fin de la révolution algérienne escomptée en même temps par le pouvoir et par la gauche respectueuse ; ni le recul du gaullisme et un retour aux libertés fondamentales et à la paix sociale espéré par les braves gens.
Ces lignes sont écrites avant qu’on ne connaisse officiellement les résultats du référendum. Mais tout le monde les connait d’avance et cela n’a aucune importance (1). D’abord, ce n’est pas un référendum, mais bel et bien un plébiscite. L’ambiguïté, l’obscurité et l’inutilité de la question posée enlèvent à cette consultation tout caractère démocratique. D’ailleurs, rendons cette justice à César : il a précisé sans détour qu’il s’agissait d’une confiance en « sa personne ». Nous n’en voulons pas à la « démocratie directe », comme certains qui lui opposent soit la démocratie parlementaire, soit une « démocratie rénovée » enveloppée de brouillards, soit – pourquoi pas ? – la démocratie populaire dont on sait d’expérience que le nom est déjà un double mensonge. C’est au contraire parce que ce plébiscite dérisoire est une caricature de démocratie directe que nous le prenons pour ce qu’il est. Exemples de questions qui pourraient et devraient être posées au peuple : êtes-vous pour ou contre la peine de mort ? êtes-vous pour ou contre le planning familial ? êtes-vous pour ou contre les subventions publiques aux écoles privées ? Ce sont là des questions claires. On ne les posera pas. César ne les posera pas. Ses prédécesseurs ne les ont pas posées. La probabilité est faible pour que ses successeurs les posent davantage. Elle est très grande au contraire pour que les faits les posent et les reposent sans cesse, avec leur entêtement habituel. Jusqu’à leur solution normale; réformiste ou révolutionnaire – réformiste et révolutionnaire.
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 39, avril 1962, p. 3-4
En France, dans la presse, dans les conversations, l’Algérie c’est le problème de l’OAS, c’est la condamnation de Jouhaud, c’est le tableau de chasse de Godot, c’est les péripéties du commando Gardes, c’est le plan de guerre de Salan. On dirait qu’il n’y a plus d’Algériens en Algérie, en tout cas pas plus qu’il y a huit ans. Alors que le seul problème algérien a toujours été, reste et sera plus que jamais celui-ci : que veulent faire de leur pays les paysans, les ouvriers, les jeunes qui ont participé à la résistance et à la guerre de libération, quelle révolution veulent-ils ? sur quoi débouchent ces sept ans et demi de lutte ?
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 39, avril 1962, p. 1-2
Et maintenant ? Le colonialisme a perdu la dernière bataille, non à Evian, mais en Algérie.
Officiers déserteurs et européens fanatisés tirent leurs dernières cartouches, assassinent leurs dernières victimes. Dans quelque banlieue algéroise, Salan compulse fiévreusement ses plans de « guerre subversive », cherche « l’erreur », lance encore des ordres.
Recension de Michel Auvray parue dans Agoralibertaire, n° 29, décembre 1985, p. 23
Il est des silences qui ressemblent à des complicités. Prompte à célébrer la mémoire de ses morts du métro Charonne, la gauche française a pratiquement « oublié » les victimes des ratonnades d’octobre 1961. Il y avait bien un document cinématographique réalisé à chaud (« Octobre à Paris »), quelques articles de presse et, depuis peu, un polar (Didier Daeninckx, « Meurtres pour mémoire »). Bien peu en 25 ans, et pour cause : le souvenir de ces centaines d’Algériens assassinés par les policiers parisiens mettait à nu la faiblesse des réactions des partis et syndicats compromis dans la guerre d’Algérie.
Le cessez-le-feu est maintenant proche. Une première phase de la lutte armée s’achève par la conquête de l’indépendance de l’Algérie.
Quelle que soit la procédure suivie et la durée de la phase transitoire, c’est maintenant un fait acquis. C’EST UNE GRANDE VICTOIRE DE LA REVOLUTION ALGERIENNE.
A midi, les armes devraient se taire, en Algérie. Trois ministres français ont apposé hier signature, sur des documents officiels de trêve, en caution de celle d’un ministre algérien.
Déclaration du Parti communiste internationaliste parue dans La Vérité des travailleurs, n° 124, mars 1962, p. 15-16
L’indépendance de l’Algérie est une victoire du prolétariat mondial
Les accords entre le gouvernement français et le gouvernement provisoire de la République Algérienne ont été signés. Ils impliquent, à échéance relativement proche, l’établissement de l’Algérie en République indépendante.
Avec l’indépendance conquise sur l’impérialisme français après sept années de guerre terribles une victoire des plus rudes vient d’être obtenue par le peuple algérien.
Jusqu’alors, je n’avais jamais assisté à un meeting étudiant, les horaires de l’usine ne m’en laissant pas la possibilité. Mais je n’ignorais pas pour autant la part importante prise par le Quartier Latin dans la lutte contre la guerre d’Algérie et le fascisme, l’organisation de la riposte de l’université aux attentats et provocations, pour ne pas remonter à ce mémorable 27 octobre 1960, qui avait incontestablement contribué au « dégel » de l’opinion, et ouvert l’ère des manifestations de rues.
Article paru dans le Bulletin d’information du Mouvement National Algérien, mars 1962, p. 1-4
Maintenant que le cessez-le-feu est signé après les négociations secrètes qui ont duré plus de deux ans et qui ont abouti aux accords politiques que l’on sait, il est nécessaire de préciser quelles ont été la position du M.N.A. et ses activités en faveur de la paix.
LA SITUATION A CONSTANTINE VUE PAR LE FIGARO (15.3.62).
Il est clair, et on a eu l’occasion de le vérifier déjà à plusieurs reprises, qu’en cas de heurs entre les communautés, l’armée prendra partie pour les Européens.
Les autorités civiles s’inquiètent de cet état d’esprit.
Elles constatent avec une certaine amertume leur impuissance.
Elles n’ont aucun moyen d’action. Les services de la Préfecture comprennent une immense majorité de Français d’Algérie. La police est noyautée par l’O.A.S. Les autorités sont noyées dans un milieu hostile, épiées et surveillées sans cesse.
L’O.A.S. distribue des tracts et des bulletins d’informations, multiplie ses émissions-pirates de la radio, intercepte les ordres et prend connaissance des consignes les plus secrètes. La Préfecture n’a aucun moyen d’action propre. Elle est obligée de passer par le canal de l’armée qui lui refuse son concours actif. Certains militaires sont ouvertement favorables à l’OAS. Les autres, l’immense majorité, restent dans l’expectative.
Si les fascistes français font surtout parler d’eux, car ils ont trouvé dans la guerre d’Algérie un élément politique et des troupes, le caractère international du mouvement fasciste n’en persiste pas moins.
Les lettres de plusieurs lecteurs témoignent que j’ai peut-être été insuffisamment précis lorsque j’ai parlé de la nécessité de retirer l’armée française d’Algérie. Indiquons donc que lorsque je parle du retrait de l’armée française d’Algérie, cela sous-entend que cette évacuation doit se faire sur le littoral comme elle se fait dans le bled, c’est-à-dire qu’elle doit être suivie immédiatement de l’arrivée de troupes F.L.N. (ou contrôlées par le F.L.N.). Cette arrivée doit être même encore plus immédiate dans les grandes villes du littoral que dan s les villages du bled ; c’est une véritable « relève » des troupes françaises par les troupes algériennes qui doit avoir lieu.
A mesure que le cessez-le-feu approche, les attentats se multiplient dans les villes d’Algérie : des Algériens tuent des Européens, des Européens tuent des Algériens. Mais le scénario est différent dans les deux cas.
Article de Jacques Dubart paru dans Lutter !, n° 25, novembre 1988, p. 12
Les « évènements » d’Algérie ont été précédés par une série de grèves contre la politique d’austérité, en particulier dans les zones industrielles de Rouiba-Reghaia, d’El-Harrach et de Bouira, où la répression a été particulièrement dure. La grève est entrée dans la capitale, le 2 octobre avec le mouvement des postiers. Puis les lycéens et les étudiants sont descendus dans la rue, suivis par l’ensemble de la jeunesse. A l’intérieur du pays, 80 % des villes ont été touchées par les émeutes. A partir du 6 octobre, l’état de siège à été décrété. Et la boucherie a commencé. Sans états d’âme, les soldats ont obéi aux ordres. Ils ont tirés sur des enfants, des gens désarmés. Au fusil-mitrailleur, à la mitrailleuse lourde. Plus de 600 tués. Un nombre considérable de blessés. Plusieurs milliers d’arrestations, touchant tous les milieux, des frères musulmans à l’extrême-gauche, et en particulier de nombreux syndicalistes.
Article de Daniel Guérin paru dans Lutter!, n° 4, janvier-février 1983, p. 32
Il est certes un peu tard, mais dans de tels cas il n’est jamais trop tard, pour revenir sur la réintégration des huit généraux qui ont trempé dans le putsch algérien de 1961, puis dans le carnage de l’OAS.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.