Note éditoriale parue dans Quatrième Internationale,20ème année, n° 15, avril 1962 (2ème trimestre),p. 3-4
Une phase de la Révolution algérienne sera bientôt close, une autre — plus importante — commencera. Il s’agira de voir de quelle manière le F.L.N., la direction que s’est donnée le peuple algérien dans sa lutte pour l’émancipation, saura répondre aux aspirations révolutionnaires des masses paysannes, des ouvriers et des « éduqués » et réaliser, après l’indépendance formelle, la Révolution.
La révolution coloniale est un fait qui date pratiquement de la dernière guerre mondiale. On ne saurait reprocher au marxisme révolutionnaire d’avoir ignoré jusqu’à cette date les colonies et le problème colonial. Aussi bien les écrits de Marx et d’Engels que ceux de Rosa Luxembourg, de Lénine et de Trotsky témoignent de l’énorme importance accordée de tout temps à ces questions.
L’indécence des démocrates dans leur lutte de dernière heure « contre le gouvernement » avant la conclusion des accords avec le F.L.N. a été poussée à tel point qu’il s’est trouvé un démocrate pour s’en apercevoir et même pour le dire. En s’excusant de son audace, l’hebdomadaire l’Express publiait son article dans son numéro du 15/2/62 sous le titre : « Fallait-il manifester ? » (Si vous tenez à le savoir, l’auteur était M. Jean Cau qui récemment s’est également illustré dans les belles-lettres) : Les collaborateurs de cette feuille, unanimes, étaient, Dieu merci, en complet désaccord ! Pourquoi publier, alors ? Eh bien, il paraît que dans le marais démocratique, pas mal de gens pensent de la même façon, « sans pousser aussi violemment l’argumentation », en gens bien élevés qu’ils sont.
La longue survie du régime capitaliste est la tragédie de notre époque. L’agitation étourdie et impuissante des démocrates en est le côté burlesque. Si la politique contemporaine est tellement obscène que des millions d’ouvriers s’en sont tout à fait détournés, c’est à la vanité des poses démocratiques, à l’impudence des mensonges démocratiques qu’on le doit, plus encore qu’au cynisme du grand capital.
Depuis la signature du « Cessez-le-feu », la Gauche française remplit l’air de ses cris de triomphe et de satisfaction. Cette négociation, cette paix enfin obtenues, elle les proclame son œuvre, et, sous réserve d’application « loyale », elle s’en déclare ravie.
Le Parti communiste internationaliste et le Parti socialiste unifié ont appelé à voter oui à l’indépendance algérienne, oui à la Paix, non à de Gaulle. Le Parti communiste Internationaliste dans une lettre envoyée aux grandes organisations ouvrières avait proposé le Front unique sur cette position qui avait l’avantage de ne pas mêler les bulletins à ceux des partisans de l’Algérie française et de refuser clairement le soutien à la politique gaulliste.
L’auteur de ce petit volume publié dans la collection des Editions de Minuit, Bonnaud est à présent enfermé à la prison des Baumettes, à Marseille, en raison de la lutte qu’il a menée dès le début contre la guerre d’Algérie. Ajoutons qu’il y est aussi victime d’une provocation policière montée pour mieux corser le dossier établi contre lui.
Ce vendredi soir Salle des Horticulteurs, c’était la première réunion officielle du Front de Solidarité à la Révolution algérienne.
Nous n’étions pas très nombreux, l’intention n’ayant d’ailleurs pas été de faire un grand meeting. Parmi ces 350 à 400 camarades, étudiants pour un assez grand nombre, il y en avait du P.S.U., des U.E.C., de la « Voie Communiste », de notre Parti, et il y avait aussi des gars et filles de J.R., des réseaux, des camarades algériens libérés il y a peu.
QUE le cessez-le-feu marque le point de départ d’une nouvelle étape en Algérie comme en France, nul n’en doute. Mais quels seront ses caractères ? Ni la fin de la révolution algérienne escomptée en même temps par le pouvoir et par la gauche respectueuse ; ni le recul du gaullisme et un retour aux libertés fondamentales et à la paix sociale espéré par les braves gens.
Ces lignes sont écrites avant qu’on ne connaisse officiellement les résultats du référendum. Mais tout le monde les connait d’avance et cela n’a aucune importance (1). D’abord, ce n’est pas un référendum, mais bel et bien un plébiscite. L’ambiguïté, l’obscurité et l’inutilité de la question posée enlèvent à cette consultation tout caractère démocratique. D’ailleurs, rendons cette justice à César : il a précisé sans détour qu’il s’agissait d’une confiance en « sa personne ». Nous n’en voulons pas à la « démocratie directe », comme certains qui lui opposent soit la démocratie parlementaire, soit une « démocratie rénovée » enveloppée de brouillards, soit – pourquoi pas ? – la démocratie populaire dont on sait d’expérience que le nom est déjà un double mensonge. C’est au contraire parce que ce plébiscite dérisoire est une caricature de démocratie directe que nous le prenons pour ce qu’il est. Exemples de questions qui pourraient et devraient être posées au peuple : êtes-vous pour ou contre la peine de mort ? êtes-vous pour ou contre le planning familial ? êtes-vous pour ou contre les subventions publiques aux écoles privées ? Ce sont là des questions claires. On ne les posera pas. César ne les posera pas. Ses prédécesseurs ne les ont pas posées. La probabilité est faible pour que ses successeurs les posent davantage. Elle est très grande au contraire pour que les faits les posent et les reposent sans cesse, avec leur entêtement habituel. Jusqu’à leur solution normale; réformiste ou révolutionnaire – réformiste et révolutionnaire.
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 39, avril 1962, p. 3-4
En France, dans la presse, dans les conversations, l’Algérie c’est le problème de l’OAS, c’est la condamnation de Jouhaud, c’est le tableau de chasse de Godot, c’est les péripéties du commando Gardes, c’est le plan de guerre de Salan. On dirait qu’il n’y a plus d’Algériens en Algérie, en tout cas pas plus qu’il y a huit ans. Alors que le seul problème algérien a toujours été, reste et sera plus que jamais celui-ci : que veulent faire de leur pays les paysans, les ouvriers, les jeunes qui ont participé à la résistance et à la guerre de libération, quelle révolution veulent-ils ? sur quoi débouchent ces sept ans et demi de lutte ?
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 39, avril 1962, p. 1-2
Et maintenant ? Le colonialisme a perdu la dernière bataille, non à Evian, mais en Algérie.
Officiers déserteurs et européens fanatisés tirent leurs dernières cartouches, assassinent leurs dernières victimes. Dans quelque banlieue algéroise, Salan compulse fiévreusement ses plans de « guerre subversive », cherche « l’erreur », lance encore des ordres.
Le cessez-le-feu est maintenant proche. Une première phase de la lutte armée s’achève par la conquête de l’indépendance de l’Algérie.
Quelle que soit la procédure suivie et la durée de la phase transitoire, c’est maintenant un fait acquis. C’EST UNE GRANDE VICTOIRE DE LA REVOLUTION ALGERIENNE.
A midi, les armes devraient se taire, en Algérie. Trois ministres français ont apposé hier signature, sur des documents officiels de trêve, en caution de celle d’un ministre algérien.
Déclaration du Parti communiste internationaliste parue dans La Vérité des travailleurs, n° 124, mars 1962, p. 15-16
L’indépendance de l’Algérie est une victoire du prolétariat mondial
Les accords entre le gouvernement français et le gouvernement provisoire de la République Algérienne ont été signés. Ils impliquent, à échéance relativement proche, l’établissement de l’Algérie en République indépendante.
Avec l’indépendance conquise sur l’impérialisme français après sept années de guerre terribles une victoire des plus rudes vient d’être obtenue par le peuple algérien.
Jusqu’alors, je n’avais jamais assisté à un meeting étudiant, les horaires de l’usine ne m’en laissant pas la possibilité. Mais je n’ignorais pas pour autant la part importante prise par le Quartier Latin dans la lutte contre la guerre d’Algérie et le fascisme, l’organisation de la riposte de l’université aux attentats et provocations, pour ne pas remonter à ce mémorable 27 octobre 1960, qui avait incontestablement contribué au « dégel » de l’opinion, et ouvert l’ère des manifestations de rues.
Article paru dans La Voix du peuple, mars 1962, p. 1, 2 et 4
Il y a un quart de siècle, le PARTI DU PEUPLE ALGERIEN (P.P.A.) a vu le jour dans la région parisienne. Effectivement, la date précise de la fondation de ce parti a été le 11 mars 1937. Ce fut, il faut le souligner, un grand événement dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Etant donné la conjoncture actuelle, nous croyons utile de rappeler ce passé qui reste inconnu, surtout pour la jeunesse algérienne. Il est vrai qu’il y a dans cet anniversaire plus d’une génération en tenant compte de la précipitation des événements, de leur envergure et de leur caractère particulier. C’est pourquoi, avant de relater la fondation du P.P.A., il est nécessaire, pour la compréhension et la clarté des choses, de présenter à nos lecteurs les étapes de la lutte qui ont précédé sa fondation. Avant le P.P.A., le MOUVEMENT NATIONAL ALGERIEN avait pour nom l’ETOILE NORD-AFRICAINE (E.N.A.). Cette organisation fut l’objet de poursuites et de dissolutions durant plusieurs années.
Article paru dans le Bulletin d’information du Mouvement National Algérien, mars 1962, p. 1-4
Maintenant que le cessez-le-feu est signé après les négociations secrètes qui ont duré plus de deux ans et qui ont abouti aux accords politiques que l’on sait, il est nécessaire de préciser quelles ont été la position du M.N.A. et ses activités en faveur de la paix.
LA SITUATION A CONSTANTINE VUE PAR LE FIGARO (15.3.62).
Il est clair, et on a eu l’occasion de le vérifier déjà à plusieurs reprises, qu’en cas de heurs entre les communautés, l’armée prendra partie pour les Européens.
Les autorités civiles s’inquiètent de cet état d’esprit.
Elles constatent avec une certaine amertume leur impuissance.
Elles n’ont aucun moyen d’action. Les services de la Préfecture comprennent une immense majorité de Français d’Algérie. La police est noyautée par l’O.A.S. Les autorités sont noyées dans un milieu hostile, épiées et surveillées sans cesse.
L’O.A.S. distribue des tracts et des bulletins d’informations, multiplie ses émissions-pirates de la radio, intercepte les ordres et prend connaissance des consignes les plus secrètes. La Préfecture n’a aucun moyen d’action propre. Elle est obligée de passer par le canal de l’armée qui lui refuse son concours actif. Certains militaires sont ouvertement favorables à l’OAS. Les autres, l’immense majorité, restent dans l’expectative.
Les lettres de plusieurs lecteurs témoignent que j’ai peut-être été insuffisamment précis lorsque j’ai parlé de la nécessité de retirer l’armée française d’Algérie. Indiquons donc que lorsque je parle du retrait de l’armée française d’Algérie, cela sous-entend que cette évacuation doit se faire sur le littoral comme elle se fait dans le bled, c’est-à-dire qu’elle doit être suivie immédiatement de l’arrivée de troupes F.L.N. (ou contrôlées par le F.L.N.). Cette arrivée doit être même encore plus immédiate dans les grandes villes du littoral que dan s les villages du bled ; c’est une véritable « relève » des troupes françaises par les troupes algériennes qui doit avoir lieu.
Article paru dans La Voix du peuple, numéro spécial, mars 1962, p. 4
M. André LOUIS est éditorialiste au journal belge « La Cité ». Il vient de rendre visite au Président du M.N.A. MESSALI HADJ à Chantilly. Dans un article paru le 2 mars 1962 dans le journal bruxellois, l’éminent journaliste donne ses impressions et les réponses de Messali. Il nous a paru utile, étant donné les circonstances, de reproduire cet intéressant article à l’attention de nos lecteurs.
A mesure que le cessez-le-feu approche, les attentats se multiplient dans les villes d’Algérie : des Algériens tuent des Européens, des Européens tuent des Algériens. Mais le scénario est différent dans les deux cas.
Tract du Mouvement National Algérien daté du 1er mars 1962 à Alger
MOUVEMENT NATIONAL ALGÉRIEN ARMÉE DE LIBÉRATION NATIONALE
PEUPLE ALGÉRIEN ! ! !
1926, l’Étoile Nord Africaine naissait avec comme objectif l’indépendance et l’unité du Maghreb. Le P.P.A. et le M.T.L.D. sont les artisans du réveil de la conscience nationale.
AU moment où nous écrivons ces lignes, le peuple de Paris, au cours d’obsèques solennelles et grandioses, accompagne à leur dernière demeure les huit martyrs antifascistes tombés sous les coups de la police gaulliste le 8 février dernier.
Article paru dans La Voix du Peuple, février 1962, p. 3
Il y a à peine une quinzaine d’années, le monde était divisé en deux catégories de pays : les colonialistes et les colonisés. Le souci des premiers était l’exploitation des richesses au seul profit de la minorité européenne composée de colons et d’industriels et de leur Métropole. Les seconds, maintenus sous le joug par la force et la répression, fournissaient la main d’oeuvre à bon marché. Bien mieux, aucun effort d’industrialisation n’était tenté dans ces colonies afin d’éviter toute élévation de niveau de vie et surtout toute organisation du prolétariat autochtone. Toutes les matières premières étaient traitées dans les usines d’Europe.
Article paru dans La Voix du Peuple, février 1962, p. 3 et 2
Depuis la fin de la dernière guerre mondiale qui a vu la victoire des alliés sur le nazisme allemand, nous avons assisté à des affrontements d’intérêts et d’influence dans le monde Celui-ci s’est, dès 1948, divisé en deux blocs dits de l’Est et de l’Ouest avec à la tête du premier l’URSS et du second l’Amérique. Ce fut aussi le début de la guerre froide. Propagande et contre propagande se sont affrontées parfois de façon violente.
Bien des questions traitées dans les plus récents numéros de la « R.P. » méritent une discussion approfondie. Chacune d’elles mériterait un article particulier. Mais je ne veux pas abuser des colonnes de la revue, aussi me bornerai-je à résumer ma position qui, on le sait, n’est pas toujours conforme à celle des camarades du noyau.
Textes parus dans La Voix du Peuple, février 1962, p. 2
Nous avons reçu l’Organe de la Fédération des Travaux Publics et des transports No 28 dans lequel notre camarade Roger LAPEYRE, Secrétaire Général de cette Fédération, consacre un article intéressant dans lequel, il fait revivre la pensée des premiers dirigeants de l’UNION DES SYNDICATS DES TRAVAILLEURS ALGERIENS (U.S.T.A.) qui ont été les uns après les autres assassinés par le F.L.N.
Les manifestations des 8 et 13 février sont au centre des discussions. Elles peuvent paraître dépassées par les évènements. Mais en fait, elles débordent largement leur cadre particulier et permettent de saisir leur sens par rapport au mouvement ouvrier.
Article paru dans La Voix du Peuple, février 1962, p. 4 et 3
Nous avons reçu un certain nombre de lettres de la part de nos lecteurs après la publication de notre dernier article « quelques vérités historiques sur le déclenchement de la Révolution Algérienne ». Les uns nous demandent des précisions sur certains faits, les autres voudraient que MESSALI HADJ, père du nationalisme algérien, écrive rapidement ses mémoires sur le mouvement révolutionnaire algérien jusqu’au déclenchement de la Révolution en Algérie. D’autres voudraient qu’on consacre chaque fois un feuilleton sur la crise de 1953 jusqu’au 1er novembre 1954.
Le Congrès Force-Ouvrière vient de lancer un appel pour l’arrêt des effusions de sang et la détermination démocratique du peuple algérien.
Le syndicalisme ne peut rester neutre devant un tel problème, car la guerre d’Algérie et ses prolongements concernent non seulement les travailleurs musulmans, mais encore les travailleurs algériens d’origine européenne et les travailleurs français de France.
Article paru dans La Voix du Peuple, février 1962, p. 1 et 4
Au moment où nous écrivons ces lignes, la guerre civile avec ses horreurs s’installe tous les jours davantage en Algérie. Les lynchages, les ratonnades, les incendies sont déjà dépassés. On tue, on détruit tandis qu’une crise économique paralyse les grandes villes du pays.
Mouvement National Algérien, Bulletin intérieur, janvier-février 1962, 4 pages
ANALYSE – DIRECTIVES – INFORMATIONS
Dans le dernier Bulletin Intérieur, nous avons analysé la situation politique du dernier trimestre de l’année 1961 sur l’évolution du problème algérien. Il a été question de la commémoration du 7ème anniversaire de la Révolution Algérienne, de ses conséquences sur le plan de la répression, du problème des contacts secrets, des futures négociations et des événements qui se sont déroulés en Tunisie à la suite du départ de Ferhat ABBAS et de l’entrée en scène, pour la première fois, des Centralistes, en la personne de Benyoussef BENKHEDDA.
Le 17 octobre 1961 — il y a à peine quatre mois — des milliers et des milliers d’Algériens, las d’être humiliés, ont manifesté sur les boulevards, en plein centre de Paris. contre le couvre-feu à 20 heures et pour leur dignité. Dès le soir même la Seine a charrié des cadavres d’Algériens. L’opinion avait été choquée de cette « intrusion » mais avait été impressionnée par le courage de ces hommes et de ces femmes. L’ampleur et la sauvagerie d’une répression pratiquée « à froid » ne manqua pas de soulever ce que les journalistes appellent une vive indignation. Le pouvoir dut faire ouvrir une instruction sur les décès suspects de dizaines d’Algériens au cours de cette nuit sanglante. Cela dura quelques jours. On y pensa encore pendant quelques semaines. Et puis… Et puis la vie reprit son cours. L’instruction doit se poursuivre au même rythme que celle ouverte sur la mort de Maurice Audin (assassiné depuis plusieurs années). Monsieur Papon est toujours préfet de police et le bon peuple s’est intéressé à autre chose. C’est en toute quiétude que le Pouvoir a pu renvoyer des milliers d’Algériens « dans leurs douars d’origine ». Les fameux « douars d’origine » c’était Paul-Cazelles, Beni-Messoud, Sidi-Chami… ; c’était des camps. Oh pas des camps de concentration, bien sûr ! Non, des centres d’hébergement ! des centres d’hébergement où, comme à Paul-Cazelles, pour 1.600 internés répartis en trois blocs, il n’y a ni infirmerie ni douches, ni consultation pour les maladies des yeux et des dents ; où les tuberculeux et les malades mentaux ne sont pas isolés. La télévision et les actualités nous ont montré ces départs vers les « douars d’origine ». Combien se sont indignés, parmi nos compatriotes, de voir ces hommes partir, en veston, sans bagage ? Combien se sont demandés s’ils laissaient ici une femme, des gosses et ce qu’ils deviendraient privés de leur soutien ? Assurément beaucoup moins que ceux qui, sottement, ont soupiré d’aise en pensant que « l’on allait enfin être un peu en sécurité ». Il faut dire qu’en fait de sécurité on a été gâté. Tandis que les plastiqueurs poursuivent le cours de leurs exploits, les brigades spéciales de monsieur le préfet Papon, qui s’étaient fait la main le 19 décembre, viennent, le 8 février, de causer la mort de huit personnes : quatre hommes, trois femmes, un enfant, huit « bougnoules » bien de chez nous, « Français de souche » comme dirait le journal de l’O.A.S. : le Parisien Libéré.
Article d’Auguste Lecoeur paru dans La Nation socialiste, n° 52, février 1962, p. 3-4
Les informations concernant les progrès réalisés par les pourparlers France – F.L.N., en vue d’un cessez le feu, se font plus nombreuses et plus précises.
Avec espoir, nous attendons l’heure où sera annoncée la fin des combats. A défaut de pouvoir s’y opposer, l’OAS et ses complices cherchent les moyens de retarder l’heure de la paix par le terrorisme d’une part et d’autre part en créant une situation d’impossible entente entre les deux communautés.
Article paru dans La Voix du peuple, février 1962, p. 1 et 4
En ce début de l’année 1962, le monde entier est plus que jamais convaincu du caractère inéluctable de l’indépendance algérienne. Les soucis de tous les gouvernements, conscients de leurs responsabilités internationales, concernent bien plutôt les moyens et méthodes d’obtenir rapidement le rétablissement de la paix en Algérie, que l’issue finale du conflit. Car personne ne doute plus de la volonté des Algériens de vivre libres et de reprendre leur place au sein des nations souveraines. En France même, l’immense majorité du peuple appelle de tous ses vœux la paix et l’ouverture d’une nouvelle ère de coopération entre les deux rives de la Méditerranée.
Article de Pierre Hervé paru dans La Nation socialiste, n° 51, janvier 1962, p. 1et 5
EXPOSANT lors de son procès les raisons de l’échec de la rébellion militaire d’avril 1961, Challe déclarait : « Nous n’avons pas voulu faire la guerre même aux tièdes et nous avons voulu éviter toute effusion de sang ». Il faut bien constater que depuis ce temps les chefs de l’O.A.S. ont adopté une autre tactique. Les menaces, les chantages, les attentats se sont multipliés et des officiers français, qui pourtant se réclament du sentiment national et de l’honneur de l’Armée, n’ont pas hésité à faire assassiner d’autres Français par des déserteurs de la Légion étrangère.
Pour que le fascisme ne passe pas les organisations ouvrières nous font crier dans la rue « qu’il ne passera pas ». D’un côté des gens armés de plastic et de mitraillettes avec des complices dans la police, l’armée, le gouvernement, avec 80 députés qui les soutiennent ; de l’autre des ouvriers dignes et calmes qui de temps en temps se réunissent pour chanter la Marseillaise.
Mouvement National Algérien, Bulletin d’information, janvier 1962, 4 pages
POUR LA PAIX ET LA DEMOCRATIE EN ALGERIE
Le communiqué qu’on lira ci-dessous a été passé sous silence par là quasi-majorité de la presse parisienne du matin et du soir.
Pourquoi ? Il y aurait deux raisons à cela, si toutefois on peut parler de la raison dans un monde où ne comptent que les intérêts et la monnaie sonnante et trébuchante.
Faut-il croire avec Jean Cau que l’O.A.S. est un mythe ? Quatre cents attentats au plastic en France depuis le début de l’année et plus encore en Algérie, des assassinats ou tentatives de meurtre contre des personnalités politiques, le recours au chantage pour rançonner commerçants ou artistes, les interviews dépourvues d’ambiguïté que Salan donne ou fait donner aux journalistes étrangers, les émissions pirates et les sabotages, le frénétisme public d’un Bidault et de quelques autres débris politiques de moindre renom, le réseau de complicité que l’impunité de ces actes suppose, tels sont les faits parmi d’autres qui inciteraient à penser le contraire !
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