« A Dreux, nous avons refusé le silence. Et nous nous sommes battus, parfois physiquement contre ces jeunes gens en treillis et rangers, protège-dents aux mâchoires et matraque à la ceinture. Depuis des mois. Aussi, lorsqu’à la fin du scrutin quand nous avons vu et entendu le premier secrétaire du parti socialiste dire sur nos écrans de T.V qu’il n’y a pas aujourd’hui de danger fasciste en France, nous avons regretté qu’il ne soit pas venu faire un tour à Dreux… Faut-il rappeler que dans les années trente déjà, la SFIO tentait de minimiser la montée du nazisme parce que la France n’était pas l’Allemagne » (Nouvel Obs. 22/09/1983).
Article de Jean-Pierre Vial paru dans Lutte ouvrière, n° 526, 1er juillet 1978, p. 17
Le 8 février 1962, une manifestation contre les attentats de l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète, organisation d’extrême-droite militant pour l’Algérie Française) qui avait étendu son action terroriste de l’Algérie à la France et avait fait exploser le 7 février, la veille même, 17 bombes à Paris, est sauvagement chargée par la police. Au métro Charonne, il y a neuf morts et des blessés par centaines.
Article paru dans La Nation socialiste, n° 57, juillet-août 1962, p. 3
Alger, le 25 juin.
ALGER la Blanche, dont les rues sont pleines des immondices accumulées depuis des semaines, où flotte encore l’odeur de la peste, se réveille peu à peu à la paix. Tel un malade à sa première sortie, elle hésite et craint de ne pas résister aux fatigues de ses premiers mouvements.
Article paru dans Réalités Algériennes, n° 23, juin 1962, p. 1-2
Le.drame algérien touche-t-il vraiment à sa fin ? Les Algérois respirent mais les Oranais et les Constantinois pas encore. L’accord intervenu entre le F.L.N. et l’O.A.S. d’Alger, a été rendu public, sur les antennes de Radio-Algérie, par la voix du Dr. Mostefaï, se présentant comme délégué du F.L.N. au sein de l’Exécutif provisoire, le 17 juin 1962 à 13 heures. L’O.A.S. répondit à 20 heures dans une émission pirate : « l’accord a été signé. »
Article de M. Derval paru dans L’Internationale, n° 1, juin 1962, p. 5
Le verdict du procès Salan prononcé, bien des Français se sont réveillés en découvrant le régime du 13 mai dans sa vérité toute nue. Salan est à un tel point couvert de crimes qu’il est évident pour tout le monde qu’il méritait dix fois la mort. Cependant le régime ne pouvait que lui faire un procès truqué. Honnête, le procès aurait été celui du régime. Truqué, mais raté, il révèle peut-être encore plus crûment la nature du gaullisme. En effet, Salan et ses défenseurs avaient raison de vouloir prendre les choses par le commencement. Ce procès aurait dû être d’abord celui des « sales » guerres coloniales dont la veuve de Lattre est venue faire l’éloge en même temps que celui du bon condottière Salan ; celui des « oradours » algériens et de la torture qui ne sont ni plus ni moins des crimes hier qu’aujourd’hui et auxquels l’aumônier des assassins, le sinistre tartuffe Delarue, est venu apporter la confirmation de sa bénédiction ; le procès aussi du droit au coup de force militaire que les juges de De Gaulle ne refusent que lorsque le putsch échoue et qu’ils n’en sont pas les profiteurs ; le procès enfin du meurtre comme moyen d’action politique ordinaire que Tixier-Vignancour avait beau jeu de retourner contre le pouvoir et dont Debré ne pouvait se sortir que du droit du plus fort. Que de circonstances atténuantes !
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 56, décembre 1963, p. 9-10
Nous reproduisons ci-dessous une lettre d’un camarade américain au sujet des conséquences de l’assassinat de Kennedy. Nous ne partageons pas le point de vue de ce camarade selon lequel le capitalisme américain serait incapable de résoudre la question noire et évoluerait rapidement vers un régime de type fasciste. Nous reviendrons sur cette analyse dans un de nos prochains numéros.
Article paru dans La Voix du peuple, mai 1962, p. 3
On se souvient qu’on a voulu, à tout prix, coller le M.N.A. à l’O.A.S. La presse inspirée a mené une grande campagne autour de cette soit disant collusion. Bien que le M.N.A. ait publié plusieurs démentis cette accusation montée de toute pièce n’a pas moins continué. Une feuille intitulé « MINUTE » a dépassé en mensonges les autres journaux. En vérité cette orchestration avait pour but d’appâter l’O.A.S. et leur chef le Général SALAN.
Article paru dans La Voix du peuple, mai 1962, p. 4 et 2
Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, les premiers coups de feu étaient tirés à travers l’ensemble du pays. La Révolution Algérienne préparée de longue date était déclenchée et pendant plus de sept ans des milliers d’Algériens sont morts pour la liberté, la dignité et la restauration nationale. Chaque Algérien endura des souffrances terribles et cette terre qui force l’admiration de par le monde, par des gestes faits de noblesse et de courage continue de cristalliser autour d’elle l’inquiétude la plus vive, car son devenir le plus immédiat est pour le moins entaché d’horreurs et de crimes qui ne relèvent plus du bon sens humain mais de la simple vertu psychiatrique.
Article paru dans La Voix du peuple, mai 1962, p. 3
Depuis le début des négociations, l’Algérie est devenue une sorte de chaudière soumise à une forte tension. Le cessez-le-feu, l’exécutif algérien et l’approche du scrutin d’autodétermination ont également aggravé cette situation. Les Européens qui quittent l’Algérie craignant la gravité des événements, la terreur et la mort. Il y a aussi les fausses nouvelles et l’intoxication qui viennent augmenter le désarroi au sein de la minorité européenne. Depuis quelques temps la presse, française et étrangère, se préoccupe de ce problème et en donne une description douloureuse et affligeante.
Article paru dans La Voix du peuple, mai 1962, p. 1 et 4
Devant l’évolution de la situation tragique en Algérie, l’approche du scrutin d’autodétermination, la recrudescence des luttes fratricides F.L.N.-M.N.A., une campagne de presse orchestrée par certains services non désintéressés accusant le M.N.A. de collusion, voire d’alliance avec l’O.A.S., le M.N.A. a décidé de tenir une Conférence de Presse pour informer notre peuple et l’opinion publique sur l’ensemble de ces problèmes.
Article paru dans La Voix du peuple, mai 1962, p. 1
Il y a une course contre la montre entre l’indépendance de l’Algérie, l’anarchie et la destruction du pays. Nous assistons à ce marathon depuis les accords d’Evian et le cessez-le-feu. La lecture de la presse, l’écoute de la radio nous apprennent chaque instant et tous les jours des nouvelles plus sombres les unes que les autres. Les voyageurs venant du pays, fort déprimés eux mêmes racontent des faits et des scènes d’une atrocité qui dépassent toute imagination. Ce vent de folie et d’hystérie qui embrasse le pays et surtout les grandes villes n’a pas de limite. Aussi, n’épargne-t-il personne. Femmes, enfants, vieillards, malades sur leurs lits de souffrance sont froidement assassinés. Les femmes musulmanes sont abattues en allant à leur travail dans les quartiers européens.
… « Je ne crois pas un coup d’état fasciste, pas plus à une prise de pouvoir en France par les gens de l’OAS. Pourtant il me semble utile et urgent de militer dans une organisation ayant conscience qu’il faut avant toute chose sauvegarder le reste (s’il en reste) de libertés démocratiques. Il faut que le régime personnel (regonflé par le oui absurde, mais prévisible des « coco ») prenne fin. Car c’est lui qui a rendu possible la montée fasciste. Il faut faire de toute urgence quelque chose de constructif dans le sens de sauvegarder et de promouvoir la véritable démocratie des Travailleurs. Il faut pour que renaisse un idéal dans la classe ouvrière faire prendre conscience aux masses et non pas les diriger comme l’ont fait jusqu’à présent les syndicats. Pour cela, il n’y a qu’un seul moyen : sortir du syndicat, s’il y a lieu, et lutter avec et à côté de la masse.
Un attentat tous les quarts d’heure à Alger, la Casbah bombardée au mortier, cela représente des dizaines de morts, mais aussi des centaines de blessés.
EN France, après une période d’accalmie, les attentats au plastic reprennent. Ce sont maintenant les installations ferroviaires, les bâtiments, même les locaux de la police qui sont attaqués.
Article paru dans La Nation socialiste, n° 55, mai 1962, p. 2
Messali Hadj nous communique la lettre qu’il vient d’adresser à Jean-François Devay, directeur du journal Minute, au sujet des prétendus contacts entre l’O.A.S. et le M.N.A. Nos lecteurs liront également, en page 5 et en page 8, des mises au point sur le même thème.
La sauvagerie de l’O.A.S., sa bêtise sanglante, ne nous étonnent pas. Ce qui nous émeut davantage, c’est le fait que la population européenne d’Algérie semble reconnaitre cette sauvagerie comme son moyen d’expression et de défense. Oh ! nous savons bien que tous les Européens d’Algérie ne sont pas solidaires de l’O.A.S. ! Mais il y a la terreur. Beaucoup de ceux qu’on appelle « les libéraux » sont déjà tombés sous les coups des forcenés. Beaucoup fuient cette terre de malheur. Les rentrées quotidiennes en métropole dépassent largement les prévisions. On voudrait quand même que les organisations syndicales d’Algérie, rattachées aux centrales françaises, fassent entendre la voix de la raison et de la fraternité. Encore heureux quand nous ne les entendons pas faire chorus avec les assassins ! La race – si tant est qu’on puisse parler de race dans une telle diversité de populations méditerranéennes – l’esprit de domination plutôt, qui est souvent plus enragé chez « le petit blanc » que chez le gros, l’emporte chez ces pseudo-syndicalistes sur une idéologie à vrai dire superficielle. Ces idées étaient bonnes « entre nous » ; mais vous n’allez tout de même pas vous mettre à les croire valables pour ces « bicots », ces « melons » ! Le dernier des bistrots bornés se croit vraiment le représentant de la civilisation chrétienne ! Et il n’en sera que plus enragé si la preuve est faite qu’un quelconque Arabe ou Kabyle peut en savoir plus dans son petit doigt que lui dans sa grosse tête vide. Passe encore pour le bistrot. Mais l’instituteur, le postier, le cheminot, le petit employé ?
Je suppose que maintenant tout le monde s’en rend compte : si la tuerie des musulmans continue à un rythme de plus en plus rapide dans les grandes villes du littoral algérien, c’est que l’armée qui occupe ces villes est complice des assassins.
Aujourd’hui on juge Salan pour les crimes qu’il a commis en tant que chef de l’O.A.S.
On ne le juge pas pour les crimes qu’il a commis en tant que général de l’armée française en Algérie, car s’il devait être jugé pour ces crimes-là, il ne serait pas seul. L’ « élite de la Nation » serait aussi dans le box : généraux, ex-ministres de droite ou de gauche, députés, administrateurs, chefs de parti, industriels, évêques, directeurs de journaux, policiers…
Article paru dans La Nation socialiste,n° 54, avril 1962, p. 5
Au moment où à Evian les négociations approchaient de leur fin heureuse, la presse et la radio faisaient de larges commentaires sur l’activité du M.N.A. en Algérie.
Communiqué du Mouvement National Algérien, 6 avril 1962
Depuis quelques temps, une certaine presse française et étrangère essaie, à travers des hypothèses et des enquêtes, de trouver une connivence entre le M.N.A. et l’O.A.S.
Mouvement National Algérien, Bulletin intérieur, avril-mai 1962
RECONVERSION POLITIQUE
Le 22 Avril dernier, le Bureau Politique avait tenu une conférence d’information aux cadres du parti. Les négociations franco-F.L.N. et les accords qui suivirent étaient les principaux thèmes de la conférence. Devant la situation de fait née des accords d’Evian et du cessez-le-feu, quelle devait être la position du parti ? Telle était la question que l’on se posait avec insistance. Le Bureau Politique a fini par y répondre en décidant la reconversion du parti. Cette décision a été portée à la connaissance des militants et même de l’opinion publique.
Article de J. Regnaud paru dansQuatrième Internationale, 20ème année, n° 15, avril 1962 (2ème trimestre),p. 42-45
LA REVOLUTION ALGERIENNE, ALLIEE N° 1 DE LA CLASSE OUVRIERE FRANCAISE
La signature des accords d’Evian, qui ouvre une phase nouvelle de la Révolution algérienne, ouvre aussi une nouvelle page de l’histoire de la lutte des classes en France. De tous les pays d’Europe occidentale, la France est celui qui, dans les dernières années en particulier, a ressenti le plus fortement les répercussions de la grande lutte engagée dans le monde entre les forces de l’impérialisme et celles de la révolution coloniale, le pays dans lequel ces répercussions ont influencé le plus directement l’évolution politique intérieure, celle de la lutte des classes.
QUE le cessez-le-feu marque le point de départ d’une nouvelle étape en Algérie comme en France, nul n’en doute. Mais quels seront ses caractères ? Ni la fin de la révolution algérienne escomptée en même temps par le pouvoir et par la gauche respectueuse ; ni le recul du gaullisme et un retour aux libertés fondamentales et à la paix sociale espéré par les braves gens.
Ces lignes sont écrites avant qu’on ne connaisse officiellement les résultats du référendum. Mais tout le monde les connait d’avance et cela n’a aucune importance (1). D’abord, ce n’est pas un référendum, mais bel et bien un plébiscite. L’ambiguïté, l’obscurité et l’inutilité de la question posée enlèvent à cette consultation tout caractère démocratique. D’ailleurs, rendons cette justice à César : il a précisé sans détour qu’il s’agissait d’une confiance en « sa personne ». Nous n’en voulons pas à la « démocratie directe », comme certains qui lui opposent soit la démocratie parlementaire, soit une « démocratie rénovée » enveloppée de brouillards, soit – pourquoi pas ? – la démocratie populaire dont on sait d’expérience que le nom est déjà un double mensonge. C’est au contraire parce que ce plébiscite dérisoire est une caricature de démocratie directe que nous le prenons pour ce qu’il est. Exemples de questions qui pourraient et devraient être posées au peuple : êtes-vous pour ou contre la peine de mort ? êtes-vous pour ou contre le planning familial ? êtes-vous pour ou contre les subventions publiques aux écoles privées ? Ce sont là des questions claires. On ne les posera pas. César ne les posera pas. Ses prédécesseurs ne les ont pas posées. La probabilité est faible pour que ses successeurs les posent davantage. Elle est très grande au contraire pour que les faits les posent et les reposent sans cesse, avec leur entêtement habituel. Jusqu’à leur solution normale; réformiste ou révolutionnaire – réformiste et révolutionnaire.
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 39, avril 1962, p. 3-4
En France, dans la presse, dans les conversations, l’Algérie c’est le problème de l’OAS, c’est la condamnation de Jouhaud, c’est le tableau de chasse de Godot, c’est les péripéties du commando Gardes, c’est le plan de guerre de Salan. On dirait qu’il n’y a plus d’Algériens en Algérie, en tout cas pas plus qu’il y a huit ans. Alors que le seul problème algérien a toujours été, reste et sera plus que jamais celui-ci : que veulent faire de leur pays les paysans, les ouvriers, les jeunes qui ont participé à la résistance et à la guerre de libération, quelle révolution veulent-ils ? sur quoi débouchent ces sept ans et demi de lutte ?
Déclaration du Parti communiste internationaliste parue dans La Vérité des travailleurs, n° 124, mars 1962, p. 15-16
L’indépendance de l’Algérie est une victoire du prolétariat mondial
Les accords entre le gouvernement français et le gouvernement provisoire de la République Algérienne ont été signés. Ils impliquent, à échéance relativement proche, l’établissement de l’Algérie en République indépendante.
LA SITUATION A CONSTANTINE VUE PAR LE FIGARO (15.3.62).
Il est clair, et on a eu l’occasion de le vérifier déjà à plusieurs reprises, qu’en cas de heurs entre les communautés, l’armée prendra partie pour les Européens.
Les autorités civiles s’inquiètent de cet état d’esprit.
Elles constatent avec une certaine amertume leur impuissance.
Elles n’ont aucun moyen d’action. Les services de la Préfecture comprennent une immense majorité de Français d’Algérie. La police est noyautée par l’O.A.S. Les autorités sont noyées dans un milieu hostile, épiées et surveillées sans cesse.
L’O.A.S. distribue des tracts et des bulletins d’informations, multiplie ses émissions-pirates de la radio, intercepte les ordres et prend connaissance des consignes les plus secrètes. La Préfecture n’a aucun moyen d’action propre. Elle est obligée de passer par le canal de l’armée qui lui refuse son concours actif. Certains militaires sont ouvertement favorables à l’OAS. Les autres, l’immense majorité, restent dans l’expectative.
Si les fascistes français font surtout parler d’eux, car ils ont trouvé dans la guerre d’Algérie un élément politique et des troupes, le caractère international du mouvement fasciste n’en persiste pas moins.
A mesure que le cessez-le-feu approche, les attentats se multiplient dans les villes d’Algérie : des Algériens tuent des Européens, des Européens tuent des Algériens. Mais le scénario est différent dans les deux cas.
Article de Daniel Guérin paru dans Lutter!, n° 4, janvier-février 1983, p. 32
Il est certes un peu tard, mais dans de tels cas il n’est jamais trop tard, pour revenir sur la réintégration des huit généraux qui ont trempé dans le putsch algérien de 1961, puis dans le carnage de l’OAS.
AU moment où nous écrivons ces lignes, le peuple de Paris, au cours d’obsèques solennelles et grandioses, accompagne à leur dernière demeure les huit martyrs antifascistes tombés sous les coups de la police gaulliste le 8 février dernier.
Bien des questions traitées dans les plus récents numéros de la « R.P. » méritent une discussion approfondie. Chacune d’elles mériterait un article particulier. Mais je ne veux pas abuser des colonnes de la revue, aussi me bornerai-je à résumer ma position qui, on le sait, n’est pas toujours conforme à celle des camarades du noyau.
Les manifestations des 8 et 13 février sont au centre des discussions. Elles peuvent paraître dépassées par les évènements. Mais en fait, elles débordent largement leur cadre particulier et permettent de saisir leur sens par rapport au mouvement ouvrier.
Le Congrès Force-Ouvrière vient de lancer un appel pour l’arrêt des effusions de sang et la détermination démocratique du peuple algérien.
Le syndicalisme ne peut rester neutre devant un tel problème, car la guerre d’Algérie et ses prolongements concernent non seulement les travailleurs musulmans, mais encore les travailleurs algériens d’origine européenne et les travailleurs français de France.
Mouvement National Algérien, Bulletin intérieur, janvier-février 1962, 4 pages
ANALYSE – DIRECTIVES – INFORMATIONS
Dans le dernier Bulletin Intérieur, nous avons analysé la situation politique du dernier trimestre de l’année 1961 sur l’évolution du problème algérien. Il a été question de la commémoration du 7ème anniversaire de la Révolution Algérienne, de ses conséquences sur le plan de la répression, du problème des contacts secrets, des futures négociations et des événements qui se sont déroulés en Tunisie à la suite du départ de Ferhat ABBAS et de l’entrée en scène, pour la première fois, des Centralistes, en la personne de Benyoussef BENKHEDDA.
Le 17 octobre 1961 — il y a à peine quatre mois — des milliers et des milliers d’Algériens, las d’être humiliés, ont manifesté sur les boulevards, en plein centre de Paris. contre le couvre-feu à 20 heures et pour leur dignité. Dès le soir même la Seine a charrié des cadavres d’Algériens. L’opinion avait été choquée de cette « intrusion » mais avait été impressionnée par le courage de ces hommes et de ces femmes. L’ampleur et la sauvagerie d’une répression pratiquée « à froid » ne manqua pas de soulever ce que les journalistes appellent une vive indignation. Le pouvoir dut faire ouvrir une instruction sur les décès suspects de dizaines d’Algériens au cours de cette nuit sanglante. Cela dura quelques jours. On y pensa encore pendant quelques semaines. Et puis… Et puis la vie reprit son cours. L’instruction doit se poursuivre au même rythme que celle ouverte sur la mort de Maurice Audin (assassiné depuis plusieurs années). Monsieur Papon est toujours préfet de police et le bon peuple s’est intéressé à autre chose. C’est en toute quiétude que le Pouvoir a pu renvoyer des milliers d’Algériens « dans leurs douars d’origine ». Les fameux « douars d’origine » c’était Paul-Cazelles, Beni-Messoud, Sidi-Chami… ; c’était des camps. Oh pas des camps de concentration, bien sûr ! Non, des centres d’hébergement ! des centres d’hébergement où, comme à Paul-Cazelles, pour 1.600 internés répartis en trois blocs, il n’y a ni infirmerie ni douches, ni consultation pour les maladies des yeux et des dents ; où les tuberculeux et les malades mentaux ne sont pas isolés. La télévision et les actualités nous ont montré ces départs vers les « douars d’origine ». Combien se sont indignés, parmi nos compatriotes, de voir ces hommes partir, en veston, sans bagage ? Combien se sont demandés s’ils laissaient ici une femme, des gosses et ce qu’ils deviendraient privés de leur soutien ? Assurément beaucoup moins que ceux qui, sottement, ont soupiré d’aise en pensant que « l’on allait enfin être un peu en sécurité ». Il faut dire qu’en fait de sécurité on a été gâté. Tandis que les plastiqueurs poursuivent le cours de leurs exploits, les brigades spéciales de monsieur le préfet Papon, qui s’étaient fait la main le 19 décembre, viennent, le 8 février, de causer la mort de huit personnes : quatre hommes, trois femmes, un enfant, huit « bougnoules » bien de chez nous, « Français de souche » comme dirait le journal de l’O.A.S. : le Parisien Libéré.
Article d’Auguste Lecoeur paru dans La Nation socialiste, n° 52, février 1962, p. 3-4
Les informations concernant les progrès réalisés par les pourparlers France – F.L.N., en vue d’un cessez le feu, se font plus nombreuses et plus précises.
Avec espoir, nous attendons l’heure où sera annoncée la fin des combats. A défaut de pouvoir s’y opposer, l’OAS et ses complices cherchent les moyens de retarder l’heure de la paix par le terrorisme d’une part et d’autre part en créant une situation d’impossible entente entre les deux communautés.
Article paru dans La Voix du peuple, février 1962, p. 1 et 4
En ce début de l’année 1962, le monde entier est plus que jamais convaincu du caractère inéluctable de l’indépendance algérienne. Les soucis de tous les gouvernements, conscients de leurs responsabilités internationales, concernent bien plutôt les moyens et méthodes d’obtenir rapidement le rétablissement de la paix en Algérie, que l’issue finale du conflit. Car personne ne doute plus de la volonté des Algériens de vivre libres et de reprendre leur place au sein des nations souveraines. En France même, l’immense majorité du peuple appelle de tous ses vœux la paix et l’ouverture d’une nouvelle ère de coopération entre les deux rives de la Méditerranée.
Article de Pierre Hervé paru dans La Nation socialiste, n° 51, janvier 1962, p. 1et 5
EXPOSANT lors de son procès les raisons de l’échec de la rébellion militaire d’avril 1961, Challe déclarait : « Nous n’avons pas voulu faire la guerre même aux tièdes et nous avons voulu éviter toute effusion de sang ». Il faut bien constater que depuis ce temps les chefs de l’O.A.S. ont adopté une autre tactique. Les menaces, les chantages, les attentats se sont multipliés et des officiers français, qui pourtant se réclament du sentiment national et de l’honneur de l’Armée, n’ont pas hésité à faire assassiner d’autres Français par des déserteurs de la Légion étrangère.
Pour que le fascisme ne passe pas les organisations ouvrières nous font crier dans la rue « qu’il ne passera pas ». D’un côté des gens armés de plastic et de mitraillettes avec des complices dans la police, l’armée, le gouvernement, avec 80 députés qui les soutiennent ; de l’autre des ouvriers dignes et calmes qui de temps en temps se réunissent pour chanter la Marseillaise.
Mouvement National Algérien, Bulletin d’information, janvier 1962, 4 pages
POUR LA PAIX ET LA DEMOCRATIE EN ALGERIE
Le communiqué qu’on lira ci-dessous a été passé sous silence par là quasi-majorité de la presse parisienne du matin et du soir.
Pourquoi ? Il y aurait deux raisons à cela, si toutefois on peut parler de la raison dans un monde où ne comptent que les intérêts et la monnaie sonnante et trébuchante.
Faut-il croire avec Jean Cau que l’O.A.S. est un mythe ? Quatre cents attentats au plastic en France depuis le début de l’année et plus encore en Algérie, des assassinats ou tentatives de meurtre contre des personnalités politiques, le recours au chantage pour rançonner commerçants ou artistes, les interviews dépourvues d’ambiguïté que Salan donne ou fait donner aux journalistes étrangers, les émissions pirates et les sabotages, le frénétisme public d’un Bidault et de quelques autres débris politiques de moindre renom, le réseau de complicité que l’impunité de ces actes suppose, tels sont les faits parmi d’autres qui inciteraient à penser le contraire !
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