Lettre parue dans Algérie-Actualité, n° 1144, du 11 au 23 septembre 1987, p. 3
Un viol ? Chut ! Motus !
Permettez-moi de vous parler d’un cas qui n’est pas et, ou ne sera pas le mien uniquement, mais celui de beaucoup d’autres femmes qui l’ont déjà vécu ou risqueront de le vivre. Je dois en parler car tout le monde doit se sentir concerné : du grand-père au petit neveu ou cousin, toute la société.
Les livres que Georges Friedmann, Yvon et Ciliga viennent de publier sur la Russie ne peuvent être résumés utilement dans le cadre étroit d’une chronique. Je dois me borner à en indiquer la matière, l’esprit et les conclusions.
Article de Pierribeparu dans La Jeune Garde, n° 10, 12 décembre 1936, p. 6
Le petit opuscule par lequel André Gide nous livre ses impressions d’un séjour d’un mois en U.R.S.S. a déjà fait couler beaucoup d’encre. En effet, son témoignage a pour tous, amis comme ennemis et de l’U.R.S.S. et du communisme une importance essentielle : il est celui d’un intellectuel bourgeois d’une probité absolue, récemment gagné par la mystique de l’U.R.S.S. et chez qui la déception de n’avoir pas trouvé dans ce nouveau monde ce qu’il en attendait n’a pas tué l’objectivité ni amoindri la foi dans la révolution sociale. Mais, pour bien tirer de cet ouvrage tous les enseignements qu’il comporte, il faut s’y garder d’y chercher autre chose que ce que l’auteur y apporte : le jugement d’un individualiste qui, après s’être cherché pendant toute une vie avec une sincérité allant jusqu’à l’humilité, a compris, au soir de celle-ci, que seule la révolution sociale, l’émancipation de la classe des prolétaires, la « dernière des classes », pourrait, en réalisant la société sans classes, libérer l’individu de toutes les entraves intellectuelles et morales dans lesquelles l’étreint une société basée sur l’exploitation de l’homme par l’homme.
Article de Pablo Rouy paru dans Gai Pied Hebdo, n° 275, du 20 au 26 juin 1987, p. 26-27
Rachid Taha, le chanteur-leader de Carte de Séjour est un vieux pote à moi. On s’est flashé dans les années 80, quand son groupe donnait des concerts en banlieue parisienne. Grand déconneur et provocateur en diable, Rachid parle avec humour et sans ambage de la situation des Arabes en France, du code de la nationalité, et d’homosexualité. Tout à fait le genre d’amant arabe dont on rêve !
« Le papier du mois », paru dans Gai Pied, n° 38, mai 1982, p. 7
• James Baldwin, un mot qu’utilisent les homosexuels et que connaissent bien les noirs, c’est celui de ghetto. Le ghetto est-il une mesure de survie ou une fuite ?
Mouvement National Algérien, Bulletin d’information, janvier 1962, 4 pages
POUR LA PAIX ET LA DEMOCRATIE EN ALGERIE
Le communiqué qu’on lira ci-dessous a été passé sous silence par là quasi-majorité de la presse parisienne du matin et du soir.
Pourquoi ? Il y aurait deux raisons à cela, si toutefois on peut parler de la raison dans un monde où ne comptent que les intérêts et la monnaie sonnante et trébuchante.
Faut-il croire avec Jean Cau que l’O.A.S. est un mythe ? Quatre cents attentats au plastic en France depuis le début de l’année et plus encore en Algérie, des assassinats ou tentatives de meurtre contre des personnalités politiques, le recours au chantage pour rançonner commerçants ou artistes, les interviews dépourvues d’ambiguïté que Salan donne ou fait donner aux journalistes étrangers, les émissions pirates et les sabotages, le frénétisme public d’un Bidault et de quelques autres débris politiques de moindre renom, le réseau de complicité que l’impunité de ces actes suppose, tels sont les faits parmi d’autres qui inciteraient à penser le contraire !
C’est toujours la guerre d’Algérie et la situation politique en France qui préoccupent les travailleurs. Une grève aussi importante soit-elle, comme celle des mineurs de Decazeville passe au second plan. Dans les discussions entre camarades on retrouve les vieux sujets dont nous avons maintes fois parlé ici : indépendance de l’Algérie et contenu réel de la révolution algérienne, menace fasciste, que faire ? (la lettre d’un camarade publiée dans le dernier numéro d’ICO a soulevé critiques des uns, approbation des autres).
Nous étions, le 19 décembre, place de la Bastille. Oh ! nous ne claironnons pas. Nous y étions par une certaine conception que nous avons de la « politique de la présence ». Ce n’est pas que l’organisation de cette manifestation nous donnait satisfaction. Nous avons bien des réserves à faire qui ressortent de tout ce que nous écrivons ici. Je crois néanmoins que ceux d’entre nous qui ont réussi à se grouper le 19 décembre partagent mon opinion : après cette première expérience, nous voyons mieux les possibilités qu’il y a de garder une certaine initiative, de ne pas se laisser traîner derrière des mots d’ordre que nous n’approuvons pas.
Sommes-nous à la veille d’un nouveau putsch ? Telle est la question que se pose actuellement le mouvement ouvrier.
LE plastic contre des permanences et des militants ouvriers, le mitraillage du siège central du P.C.F., l’assassinat de Locussol, autant de faits qui obligent chaque militant à s’interroger sur la menace fasciste que fait peser l’O.A.S.
Une fois de plus, le 19 Décembre, nous avons été invités à nous promener dans la rue en criant « Le fascisme ne passera pas » et à rentrer ensuite bien sagement à la maison, si toutefois nous avions réussi à échapper aux matraques des défenseurs officiels de la République.
Articles parus dans Tribune ouvrière, n° 81, janvier 1962, p. 1-2
Depuis deux mois les mots d’ordre contre la guerre d’Algérie se sont transformés en mot d’ordre anti-O.A.S. – C’est au P.C. que revient une fois de plus l’honneur d’avoir réussi à détourner l’opposition contre le guerre et pour l’INDEPENDANCE DE l’ALGERIE en une action contre l’O.A.S. dans laquelle il se retrouve d’accord avec tous nos bons « démocrates » de Guy Mollet à l’U.N.R.
Articles parus dans Pouvoir ouvrier, n° 36, janvier 1962, p. 1-3
Il y a les gendarmes. Trois « représentants de l’ordre » accusés d’avoir torturé à l’électricité quatre Algériens. C’était à Hautmont, dans le Nord. On a dû les juger. Jugement : 150 NF d’amende à chacun (1).
Article paru dans les Cahiers de mai,n° 35, février 1972, p. 11-14
De nombreux militants ouvriers constatent avec inquiétude que les organisations ouvrières existantes paraissent désarmées devant le développement de la politique de migrations ouvrières du capitalisme international.
Fils d’immigrés algériens de Saint-Chamond, Moussa a 30 ans. Il est artiste peintre. Il raconte ici l’histoire de sa venue à la peinture : l’enfance studieuse, la mort violente du père militant au MNA, le travail sur les marchés, les études, les boîtes et les bals, la drogue, sa sœur Aicha, l’Algérie, Grenoble, sa rencontre avec Ginette la peinture, Paris, et encore Ginette… Une exposition à Paris entre le 20 janvier et le 20 février.
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 14,janvier 1960, p. 6-7
Depuis plus de cinq ans que dure la guerre d’Algérie, personne ne s’était soucié de donner la parole aux Algériens, à ceux qui sont passés de la condition d’opprimés à la condition de combattants contre leurs oppresseurs, et se sont par là même d’ores et déjà libérés. On avait pu lire quelques reportages sur les maquis, quelques professions de foi de « personnalités » algériennes plus ou moins engagées, des récits de tortures ou de massacre ; et surtout les Algériens qui se sont exprimés, ce sont les membres du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne, qui discutent par radio avec De Gaulle, font des discours et des manœuvres à l’ONU, donnent des conférences de presse. Tout ce qu’on connaissait sur les Algériens eux-mêmes, sur les paysans révolutionnaires d’Algérie, c’est qu’ils se battent contre l’armée française. Ce n’était pas assez, on s’en persuade en lisant « Le Front » de R. Davezies (1)
Textes parus dans Homophonies, n° 21-22, juillet-août 1982, p. 10-11 et n° 24, octobre 1982, p. 13
Rencontre avec« Sans Frontière »
Nous sommes depuis quelques mois en discussion avec le journal « Sans Frontière », journal de l’immigration pour commencer un dialogue entre la communauté homosexuelle et la communauté immigrée. Nous souhaitons pouvoir organiser prochainement un débat sur la rencontre entre deux oppressions : l’oppression raciste anti-immigrés, et l’oppression homophobe. Nous souhaitons d’ailleurs recueillir tous les témoignages de ces rencontres au quotidien (lecteurs, lectrices, à vos plumes). En attendant, nous avons voulu vous présenter ce journal car les combats contre toutes les oppressions doivent se rejoindre. Nous avons rencontré une collaboratrice de ce journal, Fatima.
Article paru dans Informations ouvrières, n° 1103, semaine du 22 au 29 avril 1983
ARRIVÉE à Alger. Ce qui frappe d’abord, c’est la foule dense qui se presse dans les rues et les grandes artères de la capitale algérienne. La démographie devient un problème essentiel : la population a doublé depuis 1962, date de la proclamation de l’indépendance du pays ; 60 % de la population a moins de 20 ans. Ce sont donc les jeunes, et principalement des hommes, que l’on voit dans les rues, « attendant », désœuvrés, debout contre les murs, discutant à haute voix entre eux. Sont-ils au chômage ? D’autres, plus âgés, sont là aussi, déambulant sur les trottoirs. Font-ils partie, comme nous l’affirme le chauffeur de taxi, de ceux qui, ayant « pointé » à leur travail, s’en retournent à l’extérieur pour faire leurs courses (on dit « faire la chaîne » dans le langage d’ici) ? Les courses, les achats divers, constituent le principal sujet de préoccupation de la masse des Algériens : attentes interminables, rareté de certains produits de base (œufs, ampoules, bananes…) qui, « miraculeusement », réapparaissent brusquement sur le marché. C’est alors la ruée vers tel ou tel point de la ville où la rumeur indique « que c’est là que vient d’arriver » l’objet tant désiré.
La société capitaliste est hiérarchisée et cette hiérarchie est sanctionnée par l’argent.
La société est présentée sous la forme d’une collectivité où tous les individus ont leur chance et peuvent en gravir les échelons. Cela est un mensonge. Cette société basée sur l’inégalité ne peut fonctionner que si l’inégalité subsiste.
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 10, septembre 1959, p. 3-6
La société est cloisonnée en France de telle façon qu’un employé est à peu près sûr de rester employé, un ouvrier ouvrier et un patron patron. Ceci, nous le savons par expérience.
Une discussion avec un ouvrier algérien a permis à un camarade de faire connaître au lecteur que la lutte de classe n’a pas de frontière et que le détachement des ouvriers des centrales syndicales a commencé, même en Algérie.
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 39, avril 1962, p. 7-8
Nous sommes à l’ère des communications, des relations de plus en plus rapides entre un pays et un autre, des possibilités de dialogue de plus en plus grandes.
Article de Karim paru dans Courant alternatif, n° 24, décembre 1992, p. 27-28
La mise en place du Haut comité d’État (HCE) ne vise pas à garantir la sauvegarde des libertés démocratiques, mais bien plutôt le paiement de la dette et l’application des plans du Fonds monétaire international (FMI). Le HCE n’est pas le garant de la démocratie et de la modernité qu’il prétend être. Au contraire, l’État qu’il préserve est un État totalitaire, l’exemple de l’école algérienne le démontre.
On constate avec inquiétude et malaise que les jeunes supportent de plus en plus mal toute forme concrète d’oppression : ils ne respectent ni leurs parents, ni leurs maîtres, ni les anciens « pleins d’expérience », ni les traditions. Les jeunes sont-ils en révolte contre cette société ? ou au contraire conformistes par rapport aux satisfactions qu’elle propose ? ou les deux en même temps ?
Nous publions ici une interview d’un militant trotskyste algérien auquel s’est joint un Kabyle proche du Front des Forces socialistes (FFS)
C.A. : Quelles sont les conséquences de 30 ans de dictature du FLN ?
Karim 1 : La prise du pouvoir par le FLN en 1962 et la répression qu’il a mené contre toutes les autres formations politiques ont privé le peuple algérien d’un véritable débat idéologique et politique sur leur avenir (débat que 130 ans de colonisation française avaient déjà occulté). Ces trente ans de dictature ont instauré un vide politique total dont le FIS a profité à partir des années 1985-86.
L’Algérie brûle. Impassible, l’Armée assiste au dernier festival O.A.S. La civilisation française prend congé des arabes. Si quelqu’un reste, ce ne sera plus des français, mais des pieds-noirs.
Article paru dans le Bulletin de liaison du CEDETIM, n° 6, mai 1968, p. 10-13
INTRODUCTION
La complexité de la situation politique en Algérie nécessiterait une étude approfondie notamment de la période 1954-1962 ; en effet, le mouvement de libération nationale s’est formé alors et les problèmes politiques actuels (nature des oppositions, situation relative des « clans » dans le pouvoir) s’expliquent en grande partie par les conflits qui se sont développés pendant cette période. Une des caractéristiques essentielles de la Révolution algérienne, c’est qu’elle a été accomplie par une organisation purement nationaliste, le F.L.N., alors que le P.C.A., pourtant bien implanté et disposant de nombreux cadres, n’a rejoint la lutte qu’en 1956.
Article de Christian Descamps alias Serge Mareuil paru dans Socialisme ou Barbarie, n° 35,janvier-mars 1964,p. 121-122
Ce livre passionnant n’est pas, comme le dit Guérin lui-même dans la préface, l’histoire du Front Populaire mais une contribution à l’histoire par un des hommes qui a contribué à la sécréter. Mais l’auteur ne peut s’empêcher de replacer les événements qu’il a vécu dans un cadre historique, donc théorique.
Les « événements » d’octobre 88 en Algérie ont fait la Une des journaux. En organisant le débat-public dont voici le compte-rendu, nous avons voulu, non pas faire un autre « scoop », mais tenter d’élaborer une analyse grâce à des interventions de personnes connaissant aussi bien le présent qui a déclenché la révolte, que le passé qui en avait préparé les différents éléments. Nous espérons que ces éléments d’analyse apporteront un éclairage plus synthétique et plus politique que ceux de la grande presse sur ces phénomènes.
Yvan Craipeau, dirigeant du Parti Unifié de la Gauche Socialiste, vient de publier « La Révolution qui vient » (*).
Cet ouvrage se présente comme un essai de clarification des idées sur le mouvement révolutionnaire et la lutte pour le socialisme. Il énonce en outre les principales positions qui devront, selon lui, servir de base à la nouvelle formation de gauche.
Vous-mêmes, comme les lecteurs de La Nouvelle Critique, connaissez bien les noms de Hocine Zahouane, membre du Bureau politique du F.L.N., de Mohammed Harbi, membre du Comité Central, qui tous deux ont apporté une contribution remarquable à l’élaboration de la Charte d’Alger, et de Bachir Hadj Ali, ancien dirigeant communiste dont votre revue a, plus d’une fois, publié des articles et des poèmes.
Du 13 mai au 1er juin, chacun s’est situé face à l’événement, et seulement face à l’événement. Nous voulons dire : face au coup de force d’Alger et à la candidature de de Gaulle au pouvoir. De là des attitudes réflexes et un pouvoir fascinant des dilemmes : de Gaulle ou la guerre civile ; de Gaulle ou la défense de la république ; le fascisme ou le front populaire. Il est bien vrai qu’il y a des situations qui appellent un engagement immédiat et ne laissent d’autre choix qu’un oui ou un non. Mais étions-nous en face d’une telle situation, l’événement engendrait-il nécessairement une alternative, ou l’une des alternatives communément formulées ? N’était-ce pas plutôt faire de l’événement un mythe que de le prendre pour seule référence en refoulant dans l’ombre le contexte dans lequel il se produisait ?
Mon dernier texte intitulé « L’acquisition de compétences militaires chez des indépendantistes algériens. Le cas des partisans de Messali Hadj » vient de paraître dans le livre dirigé parA. Allal, G. Dorronsoro et O. Grojean, Politiques de la violence. Organiser la lutte de la Colombie au Pakistan, Paris, Karthala, 2021, p. 47-69
Deux livres viennent de paraître simultanément, qui nous incitent à repenser les fondements idéologiques du bolchevisme celui de Milovan Djilas – le prisonnier de Tito – et celui de Michel Collinet. Bien que conçus par deux hommes de tempérament et d’origine différents à partir de méthodes assez divergentes, ils aboutissent à peu près aux mêmes conclusions et présentent à peu près les mêmes qualités aussi bien que les mêmes défauts.
Article paru dans Combat communiste, n° 106, du 20 septembre au 20 octobre 1985
Depuis quelques mois, une campagne dénonçant le colonialisme français se développe en Algérie. L’enquête, menée parallèlement avec le quotidien « Libération », sur la découverte du charnier de Khenchela, n’a pas été une simple initiative des médias algériens, alors que Chadli était aux USA.
L’histoire, comme on sait, s’accélère. Les techniques connaissent un prodigieux perfectionnement. Celles de la manœuvre idéologico-politique aussi. Certes, les unes et les autres se caractérisent surtout par la production en masse de gadgets, de gimmicks, de trucs en plastique ou autres matières synthétiques qui durent à peine une saison. Mais c’est précisément là le secret du succès de l’industrie moderne, matérielle ou idéologique : la demande renaît toujours d’elle-même.
Article de Nordine paru dans Le Monde libertaire, n° 833, 20 au 26 juin 1991
L’Algérie connaît à nouveau de sombres événements : l’était d’urgence décrété pour quatre mois met en évidence les difficultés éprouvées par le régime FLN pour sortir le pays du marasme et endiguer l’avancée politique du FIS.
Triste alternative pour le peuple, qui compte les points, partagé entre la peste et le choléra.
Article de Jean-Paul Rocher paru dans Le Monde libertaire, n° 584, 12 septembre 1985
MÊME si à l’occasion on n’hésite plus des deux côtés de la Méditerranée à chanter les louanges de la coopération franco-algérienne, l’exemple de la « question des enfants séparés de l’un des parents » est là pour nous rappeler que bien des problèmes ne peuvent être abordés sans au préalable multiplier un luxe de précautions.
Article de Colette Audry paru dans La nouvelle revue socialiste, n° 34, octobre 1978, p.39-42
Dans Le Matin de Paris du 31 juillet, on a pu lire quelques déclarations de Bernard-Henri Lévy, en réponse à des questions posées par Catherine Clément sur « L’identité juive », et notamment : « Je crois d’abord que s’interroger sur l’identité juive, c’est déjà l’avoir perdue… »
Article de Maho-Tope paru dans Le Monde libertaire, n° 334, 29 novembre 1979, p. 3
En France, les commentateurs « autorisés » parlent volontiers d’une libéralisation pour qualifier l’évolution de l’Algérie depuis la mort de Boumédiene. Jamais cette notion de libéralisme ne parut aussi ambiguë. En effet, si l’on considère le libéralisme sous l’angle du rapport population/police (un des angles possibles, évidemment !), l’Algérie de Houari Boumédiene apparaissait comme beaucoup plus « libérale » que la France de Giscard ou de Pompidou. La « peur du flic » était pratiquement inconnue en Algérie : il était courant de voir de simples passants tenir tête à des policiers qui les réprimandaient. L’espace urbain n’était pas quadrillé par un dispositif policier ; la nuit, les contrôles routiers ne revêtaient pas le déploiement de force que connaît la capitale française : les armes restaient dans leur étui. Donc d’une part il y avait un certain laisser-aller de la part des policiers, et d’autre part, une nonchalance de la population vis-à-vis des injonctions des forces policières. Conséquence directe : le code de la route restait symbolique et les rues appartenaient autant aux piétons qu’aux voitures ; plus grave, les réglementations sur l’hygiène publique demeuraient très largement lettre morte. Admiratrices ferventes de l’efficacité des pays développés, les classes dirigeantes regrettaient le désordre urbain et soupiraient en pensant à l’ancien surnom d’Alger « la blanche ». Elles ne faisaient que rejoindre là les nostalgiques de l’ordre colonial durant lequel le peuple savait se tenir à sa place et ne venait pas salir les belles allées de la capitale.
Article d’Afif paru dans Alternative libertaire, n° 45, septembre 1996, p. 21
Dans le cadre du travail théorique effectué par les communistes libertaires arabes, visant à rechercher des recoupements, des rencontres, voire des similitudes entre la pensée arabo-islamique et la pensée libertaire « européenne », voici une contribution faite par notre camarade Afif.
Entretien paru dans les Cahiers du féminisme, n° 71-72, Hiver 1994/Printemps 1995, p. 39-44
Les intégristes l’avaient annoncé, le mois du ramadan serait, cette année encore, marqué par leurs actions. Ainsi, un nouveau palier dans la violence a été franchi. Du côté des intégristes comme du côté du pouvoir et de l’armée, aucune trêve ne semble envisagée. Les chiffres les plus couramment cités parlent maintenant d’une trentaine de morts par jour. Au moment où nous mettons sous presse, nous apprenons avec une douleur particulière l’assassinat de Nabila Djahnine, présidente de l’association Thighri N’Tmtout (« Cri de femmes »), à Tizi-Ouzou (cf. p. 44). A travers elle, c’est toute la révolte des femmes qui est visée.
Éditorial de Hamid Cheriet alias Idir paru dans Politis, 22 au 28 juin 1995, p. 12
Être Algérien, ici en France, c’est déjà un métier assez dur en soi. L’être là-bas, c’est aussi difficile, autrement. Il y a une mémoire qui fonctionne, une identité prégnante. Les artistes doivent exister pour prévenir, aller à contre-courant, être au besoin anticonformistes. L’artiste, c’est l’œil qui voit, qui avertit, le doigt qui peut accuser. En Algérie, il se passe quelque chose hors du commun : l’absolutisme s’installe, l’obscurantisme s’enracine et gagne le cerveau des gens. Et, fait majeur, les gens meurent ! Quand il y a des gens qui tombent pour leurs idées ou leur appartenance à un mouvement quelconque, on ne peut pas faire comme si de rien n’était. La place de l’artiste, aujourd’hui, c’est d’être du côté des victimes, du côté de la paix.
Article d’Yves B. paru dans Le Monde libertaire, n° 678, 22 octobre 1987, p. 10
DÉCÉDÉ récemment, Chester Himes est (avec Richard Wright) le romancier noir américain le plus connu et, à notre humble avis, le meilleur. Mais cette reconnaissance a été tardive. Si Chester Himes est resté longtemps incompris, c’est à cause de la division opérée entre ses romans « classiques » et ses polars (qui l’ont fait connaître en France), considérés comme pas sérieux. Pourtant, après une lecture attentive, on s’aperçoit que son œuvre possède une certaine cohérence. Lui seul a su traduire aussi bien les problèmes de la communauté noire contemporaine.
Article paru dans Combat communiste, mensuel révolutionnaire, n° 105, été 1985, p. 6
Trois jours et trois nuits d’émeutes ont agité le quartier populaire de la Casbah d’Alger. Les premiers incidents ont éclaté le 23 avril dans le haut de la Casbah après qu’une maison se soit écroulée, tuant deux personnes âgées. Des groupes de jeunes ont commencé à parcourir les ruelles, criant des slogans hostiles au régime. Ils ont été brutalement dispersés par les flics.
IL fut un temps où on ne pouvait mettre en doute, ni même s’interroger sur le régime soviétique, sans être soupçonné, de soutenir le camp impérialiste yankee, ou d’être un « laquais des réactionnaires ». Cette période semble définitivement close. S’interroger sur la nature sociale de l’URSS est aujourd’hui très à la mode. A gauche, surtout, les analyses foisonnent. Castoriadis ne fait pas partie de cette « tardive compagnie ». Dès les premières années de l’après-guerre, il commence à s’intéresser à l’URSS, en fondant à Paris, avec Claude Lefort, la fameuse revue « Socialisme ou Barbarie« .