Nous publions ci-dessous un article que le camarade Kurt Landau a adressé à Contre le Courant. Nous le faisons d’autant plus volontiers que nous jugeons indispensables les échanges d’opinion entre les oppositions des différents pays.
Article de Kurt Landau paru dans La Vérité, 2e année, n° 58,17 octobre 1930, p. 4
Le gouvernement Schober a été renversé, il y a peu de jours par le parti chrétien-social ; il fut remplacé par le gouvernement minoritaire de Vaugoin, dont le chef des Heimwehren, Starhemberg est le ministre de l’intérieur.
Article de Kurt Landau paru dans La Vérité,2e année, n° 54, 19 septembre 1930, p. 1
Pour le front uni ouvrier contre le fascisme !
Berlin, le 15 septembre.
(De notre correspondant)
Le résultat des élections allemandes prouve que la participation électorale fut extrêmement élevée. Elle dépasse très sensiblement 80 %. Par l’affluence d’électeurs et la participation de l’élément jeune (2 millions 1/2), le nombre des voix passe de 30 millions à 35 millions, et le nombre total des mandats de 493 à 576, augmentant de 83 le nombre de députés. Plus de la moitié de ces 6 millions d’électeurs nouveaux sont des prolétaires. Ces faits doivent être soulignés pour analyser les résultats électoraux.
Le 21 septembre se tiendra à Berlin la Conférence Nationale de l’Opposition allemande – une semaine exactement après les élections du Reichstag qui mettent en ce moment le Parti dans un état d’excitation et d’illusions florissantes.
Monsieur Treviranus, chef du Parti populiste conservateur et ministre des pays occupés, a fait le 11 août un discours, qui a tenu en haleine pendant toute une semaine la bourgeoisie allemande et étrangère. Treviranus développa dans ce discours une partie du programme extra-parlementaire du régime Hindenburg, dont Treviranus est le soutien matériel et inconditionné.
Depuis quelques semaines, le nouveau gouvernement du bloc bourgeois, le gouvernement Brüning-Schiele-Treviranus est entré en fonctions. Il s’est placé, dès sa formation, sous le signe d’une menace de dictature. Il cherchait une majorité parlementaire, mais il déclara en même temps que même si cette majorité ne lui était pas assurée, il ne se retirerait pas, mais gouvernerait contre le Parlement.
Conformément au cours nouveau proclamé par la direction stalinienne depuis le 15 mans, le présidium du Comité exécutif a ordonné un tournant général dans toutes les sections de l’Internationale communiste.
Les élections aux conseils d’entreprises ont commencé. Les résultats déjà connus confirment pleinement les pronostics que nous avons brièvement esquissés dans la Vérité du 14 mars. Dans de nombreuses entreprises où le Parti présentait pour la première fois des listes rouges, celles-ci obtiennent des succès appréciables. Mais là où l’année passée il enregistrait des victoires éclatantes, là où il avait donc à présent à satisfaire l’attente et l’espoir des ouvriers, la justement, le Parti subit des défaites parfois désastreuses. Dans notre dernier article nous avons déjà pris comme exemple le cas des conseils d’entreprises de la Société berlinoise des transports. Le 15 mars ont eu lieu les élections au conseil d’entreprise pour 1930. Elles ont été une lourde défaite pour le Parti. Contre 10.797 voix en 1929, il n’en obtient que 6.317, tandis que la liste des syndicats a fait un bond de 5.934 (1929) à 10.146 voix.
Ces jours-ci auront lieu en Allemagne les premières élections aux conseils d’entreprises ; le parti non seulement y emploiera la même tactique que l’année dernière, mais il la renforcera encore. Si, en 1929, la ligne générale du parti était celle d’établir des listes à lui, soutenues par les inorganisés, cette ligne générale a été élevée en 1930 à un dogme rigide.
Le bureau de l’Internationale communiste pour l’Europe occidentale – l’institut créé pour des actions à date fixe et à l’ « échelle mondiale » – a lancé pour le 6 mars un appel à des « manifestations puissantes »rassemblant à la fois les ouvriers réduits au chômage et ceux qui travaillent dans tous les pays ! Il faut évidemment se réjouir de ce que des stratèges du nouveau cours aient découvert ces mois derniers le problème du chômage. Mais ce qui est moins réjouissant, c’est qu’ils ne posent pas le problème du chômage dans ses rapports avec la situation concrète de chaque pays, mais de cette façon ridiculement schématique dont nous avons déjà vu la faillite le 1er août, première journée internationale de lutte.
Pendant des semaines et des semaines, le parti allemand avait fait annoncer par la voie de ses 35 journaux que le premier février la masse des millions de chômeurs défilerait dans toute l’Allemagne. Les ouvriers des usines donneraient la preuve de leur solidarité. Bravant les lois d’exception de Zœrgiebel et de Severing, la classe ouvrière conquerrait la rue.
Le 22 décembre a eu lieu le plébiscite du bloc fasciste (Hugenherg-Hitler-Seldte) pour la « loi de liberté ». Six millions de voix environ ont été recueillies par ses promoteurs.
Le Congrès de l’opposition syndicale révolutionnaire a siégé à Berlin le 30 novembre et le 1er décembre.
Ce Congrès, que le Parti communiste allemand préparait depuis de longs mois avait, à l’origine, un but très particulier. C’était celui de créer en Allemagne une sorte de mouvement minoritaire dans les syndicats, de réunir en un bloc rouge l’opposition existant dans les différentes organisations et d’établir ainsi la première condition pour la création de nouveaux syndicats en Allemagne.
Le malheur du Leninbund consiste en ce qu’il veut jouer le rôle d’un parti autonome, alors qu’il n’est en réalité qu’une faible fraction. Je ne doute pas un instant que si vous persistez dans la voie actuelle, vous mènerez en peu de mois l’organisation à une catastrophe.
(Lettre du camarade Trotsky à la direction du Leninbund, 13 octobre 1929)
Il y a dix-huit mois, le Leninbund recueillait 40.000 voix ouvrières en Prusse, dont 8.374 à Berlin seulement. Durant ces dix-huit mois, il n’a pas su consolider les positions acquises, étendre son influence dans de nouveaux domaines et ainsi renforcer ses rangs. Depuis quelque temps, des camarades s’efforcent de montrer que l’absence d’une ligne politique claire, le flottement perpétuel entre Korsch et Brandler ne peuvent avoir que de funestes conséquences pour le Leninbund. Les faits ont justifié leurs prédictions. Aux dernières élections municipales, le Leninbund a perdu plus de la moitié des voix qu’il avait eues en 1928. A Berlin, où parait son journal, Volkswille, il tombe de 8.374 suffrages à 3.784.
Le 17 novembre ont eu lieu en Prusse et en Saxe les élections municipales. Ce sont les premières élections importantes depuis que la social-démocratie est à la tête du gouvernement, ce sont à Berlin les premières élections depuis les massacres du 1er mai.
Au cours des deux dernières années, la classe ouvrière allemande a commencé, lentement et non sans hésitation, à se mettre en état de défense contre l’offensive capitaliste. Toute une série de luttes acharnées pour les salaires qui se sont déroulées presque sans arrêt depuis 1927 marquent la naissance d’une activité nouvelle du prolétariat. Les succès électoraux du Parti communiste et du Parti social-démocrate aux élections au Reichstag de 1928 reflètent à n’en pas douter un profond travail de regroupement parmi de larges couches de la population. Des millions d’ouvriers et de petits bourgeois qui, il y a quelques années, suivaient les nationalistes et le centre catholique, ont manifesté clairement contre la politique du bloc bourgeois : rationalisation, impôts, tarif douanier, en se tournant vers les partis qui combattaient ce bloc bourgeois, et en premier lieu vers le Parti social-démocrate.
La démocratie bourgeoise, en Autriche, dans le pays où elle a atteint en général le maximum de son développement, est actuellement en train de dépérir. Ce « dépérissement » apparaît, au cours de la période de la stabilisation du capitalisme, depuis 1923, comme un phénomène général en Europe. En Autriche ce processus peut être observé avec une netteté particulière.
Article de Kurt Landau alias Wolf Bertram paru dans Le Communiste, Nouvelle Série, n° 2, 1er septembre 1933, p. 4-6
Cet article est personnel à son auteur et doit servir à la discussion sur l’Allemagne.
Le processus de décomposition s’est déclenché plus tard dans dans la social-démocratie que dans le P.C.A. Mais le résultat final est fondamentalement différent dans l’un et dans l’autre.
Article de Kurt Landau alias Wolf Bertram paru dans Le Communiste, troisième année, n° 12, 1er août 1933, p. 9-10
La dictature fasciste en Allemagne est encore en plein développement. La première étape qui commence avec l’incendie du Reichstag, le 28 février, se termina le 2 mai avec la mainmise sur les syndicats. Ce qui caractérise ces premiers mois, c’est la tentative tumultueuse des adhérents prolétariens et semi-prolétariens du fascisme pour s’introduire dans les rouages de l’économie capitaliste : dans les usines avec le but du capitalisme d’Etat national, mais dans le commerce et le négoce au contraire, pour briser la domination du capital financier et défendre l’économie petite-bourgeoise.
Article de Kurt Landau paru dans Le Communiste, troisième année, n° 12, 1er février 1933, p. 3-4
Le gouvernement Hitler-Hugenberg et le prolétariat allemand
I. – Le fascisme a-t-il déjà triomphé ?
LE 30 janvier le régime de « l’unité de front contre-révolutionnaire » Hitler-Papen-Hugenberg a été constitué. Par-là la domination contre-révolutionnaire est arrivée à une nouvelle étape. Avec le passage à la dictature parlementaire le 18 juillet 1930, sous Brüning, le régime démocratique-républicain a reçu son premier coup mortel. Deux années de réaction politique et sociale sous le régime Brüning ont fortifié à ce point les forces contre-révolutionnaires que, le 29 mai 1932, la dictature parlementaire de Brüning pouvait être relevée par la dictature militaire Papen-Schleicher qui, le 20 juillet 1932, s’est emparée par la force du pouvoir d’Etat prussien.
Article de Kurt Landau paru dans Le Communiste,deuxième année, n° 7, 1er septembre 1932, p. 10-11
LES élections au Reichstag du 31 Juillet ont valu un gros succès parlementaire au P.C.A. Depuis les dernières élections de 1930, il a pu encore s’accroître de 700.000 voix. Les grandes pertes subies au mois d’avril (élection présidentielle, élections au Landtag de Prusse) se trouvent donc entièrement compensées. 5, 3 millions d’ouvriers et d’ouvrières ont voté pour le P.C.A. L’afflux de nouvelles masses considérables au P.C.A. au cours de ces élections a prouvé que l’avance des Nazis sur le front prolétarien se trouve actuellement immobilisée. Par contre dans les campagnes et dans les petites villes, le fascisme est toujours en progrès ; les petites pertes dans quelques villes industrielles de l’ouest sont contrebalancées par des gains puissants (Wurtemberg) acquis dans les rangs des classes non prolétariennes. Hitler, déjà favorisé par l’élection présidentielle du 13 avril, voit maintenant sa situation renforcée de 300.000 voix. En réalité les gains sont plus grands, car une grande partie des Nationaux allemands qui n’avaient pas présenté de candidat, votèrent le 13 avril pour Hitler contre Hindenburg. Cependant aux élections au Reichstag du 31 Juillet les Nationaux allemands ont obtenu plus de deux millions de voix. Dans son ensemble le camp de la contre-révolution (Nazis, Nationaux allemands, parti populiste allemand, et quelques partis réactionnaires disséminés) réunit 17 millions de voix, c’est-à-dire 2 millions et demi de voix de plus qu’aux dernières élections législatives de 1930.
Le Président du Reich, Hindenburg, après avoir chassé le gouvernement Brüning le 29 Mai dernier, l’a remplacé par la dictature du militaire Schleicher et du hobereau von Papen. Cette dictature a dissous le Reichstag qui venait d’exprimer sa confiance en Brüning, et, après de longues hésitations a décidé les élections pour le 31 Juillet. Certainement la dictature n’obtiendra qu’avec peine une majorité parlementaire le 1er Août malgré le régime de terreur imposé à la population. La dictature militaire ne s’en soucie pas ; elle a déclaré qu’elle resterait au pouvoir durant 2 ou 4 années. Elle n’hésitera pas plus dans l’avenir que dans le présent, à violer la constitution du Reich et à instituer un régime dont la méthode de gouvernement sera le coup d’état. Née d’un coup d’état, en violation de l’article 48 de la constitution, elle s’écroulera par un nouveau coup d’état, celui des fascistes qui, pour l’instant la tolèrent et dont elle doit satisfaire les prétentions ; à moins que le prolétariat n’ait la force suffisante pour rejeter ces différents représentants de la domination bourgeoise.
Si l’on considère le chemin parcouru par le P.C. allemand et l’I.C. depuis l’époque où ils croyaient en un « gouvernement ouvrier » avec participation de la Social-démocratie jusqu’à la théorie du social-fascisme, on croirait que l’I.C., sous l’impulsion de ses erreurs, ait évolué à l’excès vers la gauche. Mais il ne saurait être question d’une telle évolution. Car, dès que les stratèges opportunistes de l’I.C. et du P.C. allemand eurent échoué en 1923, ils tirèrent des leçons à leur manière : puisque la tactique du front unique de 1923 a démontré qu’elle n’offrait pas seulement des possibilités positives, qu’elle ne représentait pas seulement un pôle d’attraction pour des millions d’ouvriers non communistes, mais puisque, appliquée dans les cadres d’une stratégie fausse (« gouvernement ouvrier-paysan ») elle paralysait le parti – qu’on en finisse avec une pareille tactique qui soumet la direction de l’I.C. et de ses sections à d’aussi rudes épreuves ! L’instinct de conservation bureaucratique s’opposa obstinément aux nécessités d’évolution d’un parti révolutionnaire.
Le 8 Décembre, le gouvernement Brüning a publié sa nouvelle ordonnance de détresse. Cette quatrième ordonnance diffère des précédentes : suppression par la violence dictatoriale des 5.000 contrats collectifs des ouvriers allemands, diminution de 10 à 15 % des salaires, foulant aux pieds les droits élémentaires de la classe ouvrière dans l’établissement de ses contrats collectifs par l’intermédiaire de ses organisations syndicales. En même temps toute réunion ou même conférence publique est interdite, ainsi que le port des insignes.
Les tragiques bagarres de la place de la Nation attirent, une fois de plus, l’attention sur un problème que la France n’a pas encore su résoudre : celui des Nord-Africains de la métropole.
LA bourgeoisie française commence à s’apercevoir que tout ne va pas pour le mieux dans la meilleure des Afriques du Nord. Il a fallu pour cela que l’un des siens tombe sous les balles du prolétariat. Un des plus en vue, un de ceux qui dirigeait en fait la colonisation au Maroc ; le docteur Eyraud, directeur du porte-parole de l’impérialisme, « La Vigie Marocaine ».
Editorial paru dans L’Observateur, n° 166, 16 juillet 1953, p. 4 ; suivi d’une lettre publiée dans L’Observateur, n° 167, 23 juillet 1953, p. 16
A Paris, le 14 juillet, des Algériens furent tués et des policiers blessés. Sans la moindre hésitation, l’Aurore et Le Figaro adoptèrent les thèses de la police (pourtant Le Figaro, depuis les « émeutes » de Casablanca, ne sait-il pas que la police est souvent menteuse et raciste ?) selon qui « un commissaire de police seul, et en képi, invita les chefs de groupes de manifestants à respecter l’ordre de dislocation ».
Articles parus dans L’Algérie libre, 5e année, n° 72, 24 juillet 1953, p. 1à 3
. Pour le respect des libertés démocratiques . Pour le retour de MESSALI HADJ en Algérie . Pour la cessation des poursuites engagées contre les dirigeants nationaux . Pour la libération des détenus politiques
Articles parus dans L’Humanité, 15 juillet 1953, p. 1 et 5
MALGRE les ondées, il continuait à se dérouler avec puissance, ce défilé paisible et joyeux, tout gonflé d’espoir, sûr de la force du peuple de France, sûr de la victoire finale des patriotes sur les embastilleurs.
Un de nos camarades est allé rendre visite aux Nord-Africains de Mâcon. Il était invité par le groupe communiste libertaire de cette ville. Il raconte ici, ce qu’il a vu au cours d’une journée passée avec les Algériens.
Toute la presse – de la gauche à la droite – tire la sonnette d’alarme à longueur de colonnes devant la dégradation catastrophique de la situation de l’impérialisme en Afrique du Nord et les débuts de la transformation inexorable en guerre civile qui s’y manifeste. Chacun y va de sa recette miraculeuse et attend le gouvernement Mendès-France à des actes.
Article de Pierre Boussel alias Pierre Lambert paru dans La Vérité, n° 339, du 8 juillet au 9 septembre 1954, p. 1-2
CONTRASTANT avec le développement tumultueux de la lutte nationale au Maroc et en Tunisie, le calme règne en Algérie. L’impérialisme français est cependant inquiet. L’annonce d’accrochages entre les forces de répression et les groupes armés dans le Sud, aux confins de la Tunisie, les discours menaçants de Léonard indiquent que de profonds remous agitent les masses populaires.
Parce que nous ne voulons ni de la guerre ni du fascisme, il nous faut dénouer et combattre la politique du « Front Populaire ». Dénoncer et combattre l’escroquerie « au pain, à la paix et à la liberté ». Et aussi et surtout opposer aux démagogies fallacieuses les vrais moyens de lutter contre la guerre, la misère et l’oppression.
Editorial paru dans Le Libertaire,n° 484, 21 février 1936, p. 1
Il paraît qu’il y avait dimanche dernier bien du monde du Panthéon à la Nation. Nous écrivons : il paraît, car, en effet, l’Union anarchiste n’avait pas pris place officiellement dans le cortège, et nombre de nos camarades, en restant chez eux, avaient refusé de joindre leur voix à celle des choristes du Front populaire.
Le gouvernement Doumergue parle « d’apaisement », de « trêve des partis ». Pour aider sa supercherie hypocrite, Tardieu et Herriot ne disent mot en public.
Tromperie infâme ! Car en réalité, le gouvernement du sénile Doumergue instaure une forme nouvelle de la dictature du capitalisme, le bonapartisme.
Article paru dans La Révolte, organe communiste-anarchiste, première année, n° 30, du 21 au 27 avril 1888, p. 1
L’histoire ne se répète pas. Mais des conditions semblables amènent à des résultats semblables. Et c’est ce que nous voyons aujourd’hui ; 1848 renait à quarante années de distance ; et de nouveau nous avons le bonapartisme, le césarisme, sur les bras.
EN donnant à sa Naissance du fascisme le sous-titre : l’Italie de 1918 à 1922, notre collaborateur et ami A. Rossi (André Leroux) a fortement mis en évidence la promptitude avec laquelle s’est poursuivi le mouvement au terme duquel l’Italie n’avait plus qu’à pleurer ses libertés perdues. Quatre années ont suffi à la préparation et à la perpétration du crime.
L’Etat moderne, l’Etat centralisé, militaire, bureaucratique de la bourgeoisie, tire sa force de ses recettes, de l’argent qui entre dans ses caisses. Comme tout le régime, basé sur le mode de production capitaliste, l’Etat, qui en est le produit, se débat dans des contradictions mortelles, dont l’origine est toujours la même : la baisse du profit, la nécessité pour les capitalistes de défendre la plus haute portion de la plus-value qu’ils prélèvent sur les masses exploitées de la nation. C’est là le sens de classe de la crise budgétaire à laquelle correspond d’autre part un excès des charges fiscales. Tandis que les dépenses pour l’entretien de la machine militaire bureaucratique nécessaire à la défense du profit capitaliste augmentent de plus en plus, tandis que l’Etat coûte de plus en plus d’argent, les recettes de l’Etat baissent et exigent des impôts de plus en plus lourds pour les salariés et les « petites gens », les capitalistes s’opposant à laisser rogner leurs profits. Des lors, le dilemme : « Qui doit payer ? » se pose sans cesse.
Article de Pierre Naville paru dans La Lutte de classes. Revue théorique mensuelle de l’opposition communiste, 3e année, n° 27, janvier 1931, p. 31-42
Tardieu, Steeg, Laval …
Le n° 24 (Août) de la revue l’Internationale Communiste contenait un éditorial sur la « crise européenne ». Le schéma en est très simple. Le voici : la crise économique mondiale va s’approfondissant. Les pays européens, particulièrement les pays à base agraire, y sont de plus en plus sensibles ; la conséquence politique est une poussée fasciste de la fraction la plus féroce du capital qui veut subjuguer le prolétariat, c’est-à-dire l’empêcher de transformer cette crise en une révolution sociale.
Article de Jacques Métivier paru dans Liberté, cinquième année, n° 92, 1er juillet 1963, p. 4
AUCUN doute, ce livre paraît à son heure ; on parle fort, en ces temps, d’union de la gauche, d’un renouveau de Front Populaire. D’où l’importance de ce témoignage lucide, sinon impartial (qui pourrait prétendre, ayant été mêlé aussi étroitement aux événements qu’il évoque, être vraiment juge impartial, surtout vis-à-vis des autres nommes ?)
Article paru dans La Commune,organe central du Parti Communiste Internationaliste,n° 17, 27 mars 1936, p. 1
Cinquante années de mœurs parlementaires et de démocratie frelatée ont créé en France une situation de fait dont un parti révolutionnaire ne peut pas ne pas tenir compte.
Article paru dans La Vérité, n° 333, du 18 juin au 1er juillet 1954, p. 1 et 5
IL n’est plus possible aux hommes politiques de l’impérialisme français de cacher la vérité. Ni les Fellaghas tunisiens, ni les Algériens qui dans le Sud combattent en liaison avec eux, ni les « terroristes » marocains ne sont des bandits. C’est la « résistance », c’est l’avant-garde de « l’armée de libération nationale » qui s’organise. Les observateurs sérieux de la bourgeoisie française, tels les journalistes du monde sont obligés d’en convenir. Plus encore, la concentration massive des troupes de répression en Afrique du Nord, l’appui général de la population arabe aux éléments armés expriment de la façon la plus nette, le caractère de guerre civile que prend la lutte des peuples d’Afrique du Nord pour leur libération.
LE nouveau livre que Daniel Guérin vient de publier chez Julliard est bien autre chose qu’une histoire du Front Populaire. C’est une somme qu’il nous faudra consulter lorsque nous désirerons nous livrer à une analyse sérieuse des journées tumultueuses qui ont abouti à une transformation complète des rapports entre les organisations syndicales et les patrons et cet aspect trop ignoré a revêtu une importance pour le moins aussi grande que les conquêtes sociales qui ont résulté.
Article de Maurice Catalogne dit Lashortes, suivi de « Comment réaliser le Front Unique ? » par René Frémont, textes parus dans Le Libertaire, trente-huitième année, n° 401, 30 juin 1933, p. 1
Toute lutte contre le fascisme doit en premier lieu s’inspirer d’une connaissance approfondie de la nature de ce mouvement. Le fascisme, nous l’avons dit, ne saurait être confondu avec un vague courant d’opinion tendant à la restauration de certaines valeurs politiques ou philosophiques : l’Etat, la Patrie, l’Autorité, la Famille, etc. Ses forces ne sauraient pas davantage être confondues avec certaines troupes de recrutement spécial et étroit telles que camelots du roi, jeunesses patriotes, croix de feu, etc.
Réponse de René Frémont à l’article du groupe Los Sin Pan, parus dans Le Libertaire, trente-huitième année, n° 400, 16 juin 1933, p. 1 et 2
L’article de nos camarades espagnols que nous publions en 2e page critique l’idée du front unique, qui fut posé dans le « Libertaire » à différentes reprises par notre camarade Lashortes. Nous aurions voulu trouver dans cet article des arguments démontrant l’inutilité d’un front unique du prolétariat.
LE congrès antifasciste qui vient de se terminer n’a pas provoqué, dans la classe ouvrière, de véritable attention. On sait pourquoi. Sous le couvert d’un comité d’organisation étendu à des personnalités diverses, comprenant des représentants de tous les partis – y compris des anarchistes ! – le Parti Communiste en avait pris la direction effective. Il en devait contrôler tous les débats et empêcher, à tout prix, que ceux-ci ne tournent à sa confusion. En fait, le congrès de Paris ne fut qu’une suite monotone de discours, une présentation de thèses bolchéviques, un appel a la réalisation d’un front antifasciste propre à plumer l’inoubliable volaille. Toute tentative de discussion fut sévèrement réprimée : les trotzkistes furent expulsés, le délégué Aulas, ayant critique la position du parti communiste allemand, ne dut son salut qu’à l’intervention du bureau qui se contenta de lui retirer la parole. Seul le député Bergery, bénéficiant, comme le dit à peu près l’ineffable Doriot, de la cote d’amour, réussit à préconiser un « front commun » antifasciste plus étendu. Mais on lui montra péremptoirement qu’il n’était pas à la page, qu’il ne devait pas abuser de l’indulgence et de la sympathie de ses bons amis bolchéviques. Et ce fut tout.
Ordre du jour paru dans La Vérité,organe du Groupe bolchevik-léniniste de la S.F.I.O., n° 227, 1er décembre 1934, p. 5
Les membres de l’Alliance antifasciste des travailleurs de Royan et des environs réunis en assemblée plénière le 3 novembre 1934, après discussion constatent :
Que depuis l’arrivée au pouvoir du Cabinet Doumergue et sous le couvert de la trêve des partis, les organisations fascistes n’ont cessé de se développer, de s’armer et de s’entraîner au maniement des armes, provoquant et à l’occasion assassinant les travailleurs anti-fascistes.
Editorial paru dans La Jeune Garde,organe des Jeunesses Socialistes de la Seine (S.F.I.O.), 2e année, n° 14, numéro spécial, 5 février 1937, p. 1
La permanence du fascisme est un fait. En février 1934 la violence a fait échec, mais replié sur lui-même, le phénomène n’a pas cessé de vivre et de préparer les conditions favorables à un développement futur.
PETITE cause, grand effet … Parce que trois hauts dignitaires – deux députés, un ancien et futur ministre – du Bloc des Gauches en formation, ont été aspergés de coaltar et de térébenthine par quelques malotrus d’Action française, on s’est mis, de tous côtés et même un tantinet chez nous, à crier au fascisme français ! Le fascisme est en effet à la mode, et tout le monde, ici, en parle d’abondance, sans se soucier toujours de la signification précise de ce vocable nouveau-né.
1) Q. Le peuple algérien est-il concerné par la guerre froide ?
R. – Le peuple algérien n’a absolument aucun intérêt dans le conflit latent qui est en réalité un antagonisme idéologique né des convoitises territoriales et d’expansion économique. Malheureusement, le peuple algérien subit sur son propre sol toutes les conséquences funestes des anciens conflits impérialistes. Il souhaite donc ardemment la fin de tous les conflits, en particulier la suppression du colonialisme qui est la base de toutes les conflagrations internationales. De tempérament pacifique et généreux, le peuple algérien condamne tous les conflits, et en premier lieu, il flétrit et combat celui qui a transformé l’Algérie en terre de souffrance, de misère, de racisme et de spoliation.
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