« Si quelqu’un criait la nuit dans notre baraque, nous savions qu’il avait rêvé à la Gestapo. Et, reprenant conscience, il retrouvait avec gratitude l’odeur de la paille pourrie du Vernet. »
Car nous vivions au « temps du mépris ». C’était en 1939, Daladier régnant. Ils étaient des dizaines de milliers, chassés d’Italie, chassés d’Europe centrale et de l’Europe balkanique, chassés d’Allemagne, chassés d’Espagne. Ces survivants de luttes héroïques étaient venus chercher un refuge sous l’aile protectrice des « démocraties occidentales », et particulièrement en France. Ils composèrent ces cohortes modernes de nomades, traqués, humiliés, refoulés, emprisonnés, assassinés : les cohortes de l’espoir et du désespoir, « la lie de la terre » …
Article de François Erval paru dans Combat,26 janvier 1950, p.4
Un des meilleurs écrivains anglais
ROMANCIER, critique, journaliste et homme politique, George Orwell vient de mourir à l’âge de 46 ans après une longue maladie. Son nom et son œuvre sont peu connus en France, alors que la presse anglaise considère Orwell comme le plus grand romancier d’idées qui ait surgi en Grande-Bretagne au cours de l’entre-deux guerres.
G. ORWELL dans son article présente une analyse objective et complète de la situation en Angleterre et des difficultés devant lesquelles se trouve placé le gouvernement travailliste par sa faute, ou du fait même qu’il est en train d’instaurer un régime socialiste.
Article de Guy Lavaud paru dans Gavroche, n° 123, 2 janvier 1947, p. 4
C’EST l’histoire, dans un village birman, de quelques Européens, des Anglais naturellement, la description de leur existence partagée entre la sieste, la boisson, le tennis et quelques très vagues occupations. Nous avons déjà lu cela dans Kipling et dans Conrad (La Folie malaise) mais avec plus de relief.
Article d’Auguste Gallois paru dans Le Peuple, organe officiel de la Confédération générale du travail, vingt-sixième année, n° 119, nouvelle série, 23 novembre 1946, p.5
NE aux Indes en 1903, George Orwell représente pour l’instant en Angleterre l’écrivain d’action du genre de Malraux. Dans une vie déjà longue et bien remplie, cet auteur fut tout à la fois voyageur, romancier, journaliste, critique littéraire et même combattant pendant la guerre civile espagnole.
Au début de cette année, mourait de tuberculose dans une clinique londonienne George Orwell, l’un des plus importants écrivains anglais contemporains. Nous avions lu de lui, en français, La Vache enragée, Tragédie birmane, Les Animaux partout !
Article d’André Julien paru dans L’Observateur, n° 16, 27 juillet 1950, p. 20
L’écrivain anglais Orwell est mort en janvier de cette année. Il était l’auteur de La vache enragée et des Animaux partout. Atteint de tuberculose, c’est dans une clinique qu’il écrivit Nineteen-Eighty-Four dont la traduction française inaugure aujourd’hui une collection de romans de divertissement chez son éditeur parisien.
LA « Vingt-cinquième Heure » témoignait d’un problème passé. Le livre de George Orwell « 1984 » présente une terrifiante anticipation d’un monde prochain dont l’humanité perçoit la menace et éprouve la hantise. C’est l’image sinistre d’une société dans laquelle les hommes, dépouillés de toute liberté, vivent dans leurs moindres gestes sous le contrôle permanent du microphone et de la télévision du « télécran », soumis au mensonge officiel et voués aux « vaporisations » inexorables de la toute puissante « police de la pensée ». Le tout aux reflets des affiches innombrables qui répètent à l’infini le portrait souriant au « Big Brother ». Et malheur à qui laisse s’insinuer en lui le doute ou l’indifférence, l’indépendance. La délation, l’espionnage, la provocation le livreront à une répression qui le broiera dans sa chair jusqu’à ce qu’il soit à nouveau tout amour pour le chef suprême.
Article signé B. Landau paru dans Le Réveil des jeunes, organe de la jeunesse socialiste juive « Bund », nouvelle série, n° 36, 1er août 1946, p. 1 et 3
L’ATTENTAT récent au Quartier Général Britannique à King David Hôtel à Jérusalem a causé une grande émotion, non seulement en Palestine même, mais dans le monde juif et tous les cercles qui s’intéressent à la solution du problème juif. Cet « exploit » terroriste qui coûta la vie à plusieurs dizaines de personnes innocentes a provoqué à juste raison l’indignation générale. Seuls quelques actes isolés de sauvagerie comme celui de jeunes gens jouant des airs de swing pendant l’enterrement des victimes sont à déplorer.
Article signé Alexandre paru dans Le Réveil des jeunes, organe de la jeunesse socialiste « Bund » en France, nouvelle série, n° 22, 16 décembre 1945, p. 4-5
LE sionisme a gagné certaines sympathies, dans les cercles démocratiques en France et même parmi les socialistes français. Ces sympathies sont dictées par des sentiments humains à la suite du sort tragique de millions de Juifs, victimes éternelles de la réaction sociale. La compassion pour les Juifs qui ont survécu dans les différents pays d’Europe et les protestations contre les persécutions, dont ils sont encore victimes, peuvent créer un terrain favorable à la propagande sioniste, parmi tous ces démocrates et socialistes qui ne sont pas encore au courant de l’essence même du sionisme. Et il faut reconnaître que les sionistes savent tirer profit de ces sentiments purement humains pour les intérêts du parti, pour leur but utopique et nuisible. Mais si un démocrate sincère ou un socialiste français réfléchit sur les bases essentielles du sionisme, il reconnaîtra, que le socialisme, la démocratie et l’internationalisme sont en contradiction absolue avec le sionisme, même socialiste.
Article paru dans Le Réveil des jeunes, organe de la jeunesse socialiste juive « Bund » en France, nouvelle série, n° 20, 15 novembre 1945, p. 7
Le journal sioniste « Notre Parole » n’est pas content de l’article concernant la question palestinienne du rédacteur de la politique étrangère du Populaire, notre camarade, Charles Dumas. C’est incontestablement son droit. Mais, pourquoi, en répondant à l’exposé si clair et hautement objectif de Charles Dumas, travestir les faits ? Pourquoi présenter ceux qui ne sont pas d’accord avec les thèses sionistes comme des ignorants ou comme des défenseurs de la cause des fascistes arabes ?
Article de Michel Grunberg alias M. Grun paru dans Le Réveil des jeunes, organe de la jeunesse socialiste juive « Bund » en France, nouvelle série, n° 16, 15 septembre 1945, p. 4 et 6
La Conférence sioniste a terminé ses travaux et nous sommes en mesure d’en tirer quelques conclusions d’ordre général. Les résolutions concernant la Palestine sont très catégoriques. La Conférence s’est prononcée pour un Etat juif souverain, pour une émigration massive en Palestine. Ce qui est très étonnant, c’est que les résolutions prises ne tiennent pas du tout compte de la majorité arabe, hostile à la conception sioniste d’un Etat juif.
Article de Henri Minczeles alias Henri Montmartre paru dans Le Réveil des jeunes, organe de la jeunesse socialiste juive « Bund », nouvelle série, n° 3, février 1945
Principalement depuis le National-Socialisme, les idées racistes ont été remises à l’honneur. On a assisté et à un état d’esprit borné et intransigeant et malheureusement à des applications hideuses qui se sont traduites par les sinistres exploits des S.S. et de la Gestapo. Je vais ici m’attacher à montrer que tout Socialiste ne peut être ni raciste, ni antisémite.
Article d’Ida Berger paru dans Droit et Liberté, n° 315, novembre 1972, p. 25 ; suivi de « D’ordre nouveau en front national » et de « Dangereux transferts »
IL existe peu d’ouvrages qui ont analysé le problème du racisme sous autant d’aspects que celui de Colette Guillaumin (1). Avec une grande pénétration elle a réussi à mettre à nu les différents éléments de l’idéologie raciste.
Editorial paru dans Le QuotidienRouge,n° 9, 3 mai 1974; suivi de « Les hommes de main de Giscard » et « Oui : Le Pen a torturé »
Même « Le Figaro » s’en est ému après le meeting de Nice !
Faut dire que le Valéry, aux bonnes manières du grand monde, trimballe dans ses valises une sacrée collection de supporters et de gardes du corps. Soustelle, Médecin, le maire de Nice, qui a quelques placements à l’extrême-droite ; les ex-OAS Sergent et Dupont ; les nervis d’ON et du GAJ, réunis pour la circonstance ; l’inévitable mercenaire Le Cavelier. Et bien d’autres, moins en vue dans les basses besognes. L’hebdomadaire d’extrême-droite Minute, un moment tenté par la candidature Royer, a vite rectifié le tir : le cheval étant mauvais ; pour l’heure, la vraie droite, c’est Giscard.
Article signé F. L. paru dans Rouge, n° 213, 13 juillet 1973, p. 8-9
La campagne d’Ordre Nouveau contre « l’immigration sauvage » n’est pas tombée du ciel. Elle est la manifestation d’une poussée de racisme que les groupuscules fascistes et la presse d’extrême-droite se sont appliqués à entretenir.
Editorial paru dans Lutte ouvrière, n° 253, semaine du 3 au 9 juillet 1973
SOLIDARITE AVEC LA LIGUE COMMUNISTE ! LIBEREZ KRIVINE ET SES CAMARADES !
LA Ligue Communiste est dissoute. Les perquisitions de la police, tant au siège de la Ligue qu’au domicile de ses militants, se multiplient. Alain Krivine, son principal dirigeant, est arrêté et incarcéré. Inculpé au titre de la loi « anti-casseurs », il risque entre un et cinq ans d’emprisonnement et une énorme amende, puisque, d’après cette loi, les dirigeants de la Ligue Communiste peuvent être tenus pour responsables de tous les dégâts occasionnés par qui que ce soit (y compris, bien sûr, la police elle-même) au cours d’une manifestation à laquelle ils ont appelé.
Article paru dans Les Yeux ouverts, bulletin de l’association des femmes maghrébines immigrées, n° 0, février 1984, p. 5-6
– DEFENSE DE L’EMPLOI DES FEMMES IMMIGREES !
– EGALITE DES DROITS !
– UNITE DE TOUTES LES TRAVAILLEUSES ET TRAVAILLEURS CONTRE LE RACISME !
Dans la situation particulière de « crise ouverte » en France, au moment même de la restructuration industrielle, les « responsables » désignés par cette politique, seront les immigrés.
Editorial de Pierre Lévy paru dans Droit et Liberté, n° 322, juillet 1973 ;suivi de « L’été raciste d’Ordre nouveau » par Michel Philly
LE racisme a tué une nouvelle fois. En France. A Ivry, le 2 juillet au soir, un jeune maçon portugais, Fernando Ramos, frappé et poursuivi par un commando motorisé, s’est noyé dans la Seine.
Au cours de cette soirée et les jours précédents, des agressions semblables contre des Algériens, des attentats contre des cafés fréquentés par des immigrés ont eu lieu à Ivry même et dans d’autres localités de la région parisienne.
Dossier paru dans Rouge,n° 211, 27 juin 1973,suivi de « L’évasion de Zahouane et Harbi » par Edwy Plenel alias Joseph Krasny
Avant-hier les juifs, hier les arabes, aujourd’hui « l’immigration sauvage ». Les premiers, alliés aux marxistes, voulaient détruire l’occident. Les seconds s’attaquaient à la civilisation française. Aujourd’hui, les immigrés, base de masse des gauchistes, mettent en danger la République, l’industrie et la race française. Rien de moins.
Article paru dans Le Prolétaire,11e année, n° 164, 7 au 27 janvier 1974, p. 1-2
Au moment où la crainte de la récession agite de nouveau le monde bourgeois, une série de faits récents – le blocage de l’immigration en Allemagne et au Danemark, le succès renaissant en Grande-Bretagne de mouvements chauvins type Enoch Powell, le renvoi des travailleurs yougoslaves de Peugeot, les déclarations du ministre Gorse et des syndicats en France sur la probable réduction de l’immigration, et enfin l’attentat contre le consulat algérien de Marseille venant après une quarantaine d’attentats recensés depuis le mois d’août – mettent en lumière les rendements matériels du racisme contre les travailleurs immigrés et le caractère réactionnaire de tous les remèdes réformistes « nationaux » aux contradictions bourgeoises.
Editorial paru dans Lutte ouvrière, n° 277, semaine du 18 au 24 décembre 1979, p. 3
QUATRE morts, seize blessés, dont plusieurs seront définitivement mutilés : tel est le sombre bilan de l’attentat contre le consulat d’Algérie à Marseille.
Quels que soient les calculs politiques de ses auteurs et de ses inspirateurs, cet attentat, des plus ignobles et des plus lâches, parce qu’aveugle, parce que destiné à frapper des Algériens, n’importe lesquels, simplement parce qu’Algériens, est l’œuvre directe du racisme. Qui peut en douter, à part les pouvoirs publics français, dont la scandaleuse passivité devant chaque crime raciste – la police n’a pas trouvé un seul des assassins d’une douzaine d’Algériens tués durant l’été dernier – est elle-même le premier encouragement à tous les tueurs racistes ?
Article paru dans Rouge, n° 234, 21 décembre 1973, p. 12
« Plastiquez les mosquées, les bistrots, les commerces arabes … Prenons Boumédienne au mot en créant l’insécurité des Nord-Africains en France ». « Ne nous obligez pas à vous faire ce que vous avez fait aux nôtres. La valise ou le cercueil, vous connaissez ? »
Cette prose répugnante, ces transparents appels au meurtre ont parus dans un torchon nommé le « Combat européen ».
Article d’Ulric Schulze paru dans Le Monde libertaire, n° 194, octobre 1973, p. 5
Le climat et les actes engendrés au cours de ces dernières années par les campagnes de racisme en France n’ont été contrebalancés que par quelques réactions sporadiques tantôt indignées, tantôt opportunistes, tantôt humanitaires de bon ton. Un petit mea culpa, beaucoup de grandeur et de générosité de la France éternelle ont été mises en avant.
Ils soufflent le froid après avoir soufflé le chaud. Pendant deux jours, radios et journaux ont puissamment contribué à créer un état de psychose : « Marseille a peur ». La belle aubaine, la diversion inespérée, que l’émotion créée à Marseille par le meurtre d’un chauffeur d’autobus et qui pouvait détourner l’attention de la lutte des travailleurs de Lip, du climat social de la rentrée !
Editorial paru dans Lutte ouvrière,n° 262, semaine du 4 au 10 septembre 1973, p. 3
L’ASSASSINAT par un déséquilibré d’un traminot marseillais a fait surgir au grand jour le racisme latent qui existe aujourd’hui dans une partie de la population française, racisme qui s’est exprimé par la phrase, les écrits et les balles de revolver, des discours imbéciles sur les « étrangers qui ne sont pas comme nous » aux articles hystériques sur la « pègre algérienne » et aux assassinats aveugles de travailleurs nord-africains.
Article paru dans Rouge, n° 293, 28 mars 1975, p. 4
Mohammed Laïd Moussa est mort. Abattu chez des amis par un tueur professionnel dans la nuit du 18 au 19 mars à Marseille, le jeune algérien n’a pas repris conscience. Un nom de plus sur la liste des victimes des ratonnades en France, « terre de liberté ». Mohammed Laïd « exécuté à l’OAS », froidement, contre un mur. A ajouter au palmarès de tous les Dupont lajoies, de tous ceux qui ne peuvent entrevoir une peau brune ou des cheveux longs sans loucher vers un fusil de chasse.
Article paru dans LaLutte continue, bulletin de la section de Louviers de la Ligue communiste révolutionnaire, mars 1975
Encore une fois, les nervis fascistes ont assassiné ! ! Mardi soir, à Marseille, M. Laïd Moussa a été mortellement blessé par un individu se réclamant d’une bande fasciste nommée France Libre.
Le 7 septembre à l’appel du Mouvement des Travailleurs Arabes, un mouvement de grève de 24 h a rassemblé plus de 30 000 travailleurs immigrés, dans tout le sud, à Aix, à Marseille, à Toulon, et à La Ciotat.
Article de Marcel Oms paru dans La Commune,n° 6, février 1958
Etiemble vient de publier un ouvrage selon lequel « le péché vraiment capital » serait le racisme. Sans mettre nullement en cause la vérité métaphysique d’une telle appellation, je préfère encore la simple constatation de Memmi pour qui « le racisme résume et symbolise la relation fondamentale qui unit colonialiste et colonisé ». C’est autour de ce thème du rapport des races entre elles que j’ai rassemblé ici quatre films récents où sont mis en présence des hommes appartenant à des races que l’histoire a un jour opposées. Il est en effet remarquable que l’acuité avec laquelle se posent dans le monde entier les conflits de races en ce XXe siècle qui est celui de l’éclatement des empires coloniaux, passe ainsi sur les écrans. Mais alors que la fonction même de l’art de l’écran devrait être un effort de rapprochement et de compréhension des peuples, on verra que tous les réalisateurs ne font pas l’effort souhaitable pour faire éclater les cadres de la réflexion.
Article de Julien Romère paru dans Le Libérateur, 2e année, n° 42, 4 septembre 1955
La lutte contre toutes les formes du racisme et de l’oppression coloniale, aussi bien que le respect des libertés républicaines les plus élémentaires, sont des impératifs sur lesquels on ne saurait transiger à la Nouvelle Gauche.
Article signé C. R. paru dans La Voie communiste, n° 42, mars 1964, p. 14
Les Français sont bien peu conscients, dans leur ensemble, de ce que représente la lutte des noirs aux Etats-Unis. Pour nombre d’entre eux, même pour les mieux intentionnés, il s’agit d’une lamentable affaire de racisme qui finira pas se résoudre, tôt ou tard, au niveau de la conscience des blancs. Pour « la gauche », même, les choses restent soit extrêmement nébuleuses, soit, paradoxalement, beaucoup trop claires. L’on se déclare incapable de comprendre comment le mouvement ouvrier peut encore être pénétré du préjugé racial – en oubliant bien vite l’attitude française pendant la guerre d’Algérie. L’on s’impatiente de la lenteur des progrès de « l’intégration ». Ou bien l’on crie au scandale devant les aspirations « séparationnistes » en prenant vite la mouche devant tout ce qui peut être interprété comme une manifestation de « racisme à rebours ». En fait, devant un problème dont la solution n’apparaît pas clairement, et qui rentre difficilement dans des schémas superficiels préétablis, l’on se contente en général de se heurter la tête contre un mur en disant : aucune solution n’est possible tant que les différentes couches exploitées des Etats-Unis n’agiront pas ensemble.
Article paru dans CAP,journal des prisonniers, n° 21, 1974, p. 5
« Dans la nuit du vendredi 25 au samedi 26 octobre, une vingtaine de policiers en uniforme et en civil font irruption, à Paris dans un petit café hôtel du 15e arrondissement, fréquenté en majorité par des travailleurs immigrés. Le chef annonce : « Pas besoin de sortir les papiers, on embarque tout le monde ». Nous sommes emmenés à la 8e Brigade territoriale, 21 rue de la Croix-Nivert et groupés dans une même pièce.
Dossier paru dans La Voix des travailleurs algériens, n° 9, avril 1979, p. 5
C.T.A. du Pays de Montbéliard
Suite à une distribution de 2 tracts racistes :
l’un anti-algérien et accusant les travailleurs immigrés algériens d’être responsables du chômage. Ce tract a été diffusé – clandestinement dans les Usines Peugeot automobiles de Sochaux avant la reprise du travail de la tournée du matin. Ce qui nous donne la preuve de la complicité de la Direction Peugeot.
l’autre anti-juif, distribué beaucoup moins que le premier mais, cette fois-ci, dans les boîtes aux lettres de certains quartiers de Montbéliard.
Article paru dans Combat communiste, n° 5, mai 1975, p. 8
Engendré par la surexploitation de millions de travailleurs immigrés que le patronat s’efforce de couper de leurs camarades français, exacerbé par les guerres coloniales, le racisme sévit de façon plus ou moins diffuse depuis bien longtemps en France. Mais, depuis l’été 1973, il semble que la racaille fasciste et raciste relève la tête et ait entrepris une campagne d’agression systématique contre les ouvriers immigrés et nous assistons à une recrudescence d’attentats et de crimes racistes.
Article de Michèle Lanza paru dans Le Monde libertaire,n° 216, novembre 1975, p. 6
En France, un salarié sur six est un immigré (1). Enfant, je m’imaginais vivre dans un des pays les moins concernés par les problèmes raciaux, surtout si on le comparaît aux Etats-Unis, dont mes lectures m’avaient appris qu’on y pratiquait ouvertement la ségrégation, notamment dans certains états du Sud. Bien sûr, je me rends parfaitement compte aujourd’hui à quel point j’étais dans l’erreur et combien les racistes, ici comme ailleurs, sont des êtres stupides et lâches, qui brandissent sans honte leur haine aveugle, comme d’imbéciles patriotes le font d’un drapeau tricolore.
Ils s’appellent Mohamed, Mario, Djamila, José ou Hocine. Leur nombre s’accroit sans cesse et, de jour en jour, leur situation s’aggrave. Attirés en France par les promesses mirobolantes de trafiquants sans scrupules, véritables marchands d’esclaves du siècle de l’atome, ou bien simple marchandise d’échange entre les gouvernements de leur pays d’origine et celui de ta « nouvelle société », ils fournissent au patronat une main-d’œuvre à bon marché, surexploitée et paralysée par la crainte de l’expulsion, menace brandie aussitôt que l’un d’eux ose élever une timide protestation contre ses conditions de vie ou de travail, ou bien tente de s’organiser.
Dossier paru dans Basta, supplément au n° 11, juillet 1978
Il est tout à fait normal de s’indigner et de dénoncer fortement, les tortures, les sévices que trois crapules ont fait subir à Ali Abdoul au bar des Arènes à Toulouse. Qu’Ali Abdoul soit soigné et secouru c’est le minimum que l’on peut attendre des services publics, de voisins ou d’amis. Ce qui apparait déjà plus suspect c’est l’empressement des partis politiques à brandir le cas de ce travailleur, à s’arracher l’honneur de l’aider et bien entendu à se disputer sur la manière convenable de secourir quelqu’un en s’accusant mutuellement de faire le jeu du pouvoir ou de la réaction.
Dossier paru dans L’Anti-raciste, journal des Permanences anti-expulsions, n° 10, mi-octobre/mi-décembre 1981, p. 8-11
MEMOIRE POLITIQUE – IDENTITE NATIONALE
Le 17 Octobre 61, c’est encore la guerre d’Algérie. Quelques mois après, ce sera la victoire des Algériens. L’indépendance de l’Algérie est d’ores et déjà acquise, la guerre de libération nationale a vaincu le colonialisme français.
En France, à Paris, le 17 Octobre 61, les Algériens manifestent en soutien à la lutte de leurs frères en Algérie, contre le couvre-feu qui les empêche de circuler entre 21h et 6h du matin, contre la terreur policière et les rafles.
Article de Nicole de Boisanger-Dutreil paru dans Droit et Liberté, n° 233, 15 juin-15 juillet 1964 ;suivi de « Saint-Claude : Un test pour les racistes », paru dans Droit et Liberté, n° 234, juillet-août 1964 ;Albert Lévy, « Minute récidive », paru dans Droit et Liberté, n° 237, 15 novembre – 15 décembre 1964
TROIS piscines d’un bleu hollywoodien sont groupées dans une verte vallée. Réalisation d’un Citizen Kane pour des invités triés sur le volet ? Eh non. Il s’agit d’un ensemble baptisé « Centre Nautique du Martinet » qui pourrait s’appeler plus simplement les bains publics de Saint-Claude. Quelle ville ne s’enorgueillirait pas d’offrir à sa population une baignade aussi luxueuse ? Oui, mais voilà : peut-on parler de bains publics. Ici aussi, les nageurs sont triés sur le volet ; ici, le hâle tant prisé chez les sportifs devient signe distinctif, objet de méfiance. Gare aux bronzés !
Article de Roger Dosse paru dans Droit et Liberté, n° 65 (169), 2-8 mars 1951, p. 1 et 3
D’UNséjour d’une semaine en Algérie, au sein d’une délégation venue observer le déroulement des opérations électorales, deux impressions majeures se dégagent :
– L’Algérie est une nation en voie de formation.
– C’est aussi un pays colonial, un pays de féroce exploitation colonialiste.
Article de Michel Moutet paru dans Droit et Liberté,n° 246, 15 octobre – 15 novembre 1965 ; suivi de « Quand les croisés de la « suprématie blanche » partent en campagne (présidentielle) » par Louis Mouscron
IL n’était pas rare, il y a quelques années, passant aux alentours de Nanterre, du boulevard de la Chapelle ou du quartier de la Goutte-d’Or, d’apercevoir un homme ou plusieurs, Algériens manifestement, dos au mur, bras levés, tenus en respect par un ou plusieurs inspecteurs en civil, ou gendarmes en uniforme, qui les soumettaient à quelque vérification d’identité.
Article paru dans L’Algérie libre, IIIe année, n° 36, 3 novembre 1951
(De nos services parisiens).
Une odieuse campagne raciste est menée sourdement depuis quelque temps à propos de ce que l’on appelle la « criminalité nord-africaine en France ». Nous y reviendrons pour dénoncer la sale presse qui se fait l’agent d’un racisme officieux parce que servant la politique gouvernementale dont le but est de faire de l’émigration algérienne en France un « problème policier ».
Déclaration de Max-Pol Fouchet recueillie par Jean Liberman et parue dans La Presse NouvelleHebdomadaire, 9-15 juin 1967, p. 3
MAX-POL FOUCHET, vous connaissez le monde arabe puisque votre jeunesse s’est passée en Algérie et que vous y avez été en contact avec l’antisémitisme … Vous avez toujours combattu depuis, le racisme, et le sort d’Israël, sorte de patrie des persécutés, ne vous est certes pas indifférent. Aujourd’hui, dans le fracas des armes, c’est surtout à l’homme de culture que nous nous adressons. Ce Proche-Orient, où s’affrontent par les armes les civilisations juive et arabe dont la culture respective a si fructueusement coopéré dans l’Histoire, ne devrait-il pas être, au contraire, terre de coexistence ? Nous nous adressons, enfin, au progressiste, à l’homme de la paix. Au moment où la guerre est déclarée, où l’on brandit la menace de l’anéantissement d’Israël, nous ne pouvons oublier que cette guerre est le produit d’un long conflit jamais réglé et que seule une négociation d’ensemble peut assurer une véritable coexistence israélo-arabe. Mais ne faut-il pas d’abord et d’urgence – comme au Vietnam – que les armes se taisent et que cesse des deux côtés le massacre des innocents ?
L’IMMONDE campagne contre les Nord-Africains bat son plein dans la grande presse, trouvant des échos jusque dans « Combat » et « Franc-Tireur ». On laisse entendre que la majorité des crimes et des agressions commises en France sont le fait de Nord-Africains, ce qui, entre parenthèses, est formellement démenti par les statistiques elles-mêmes de la Préfecture de police. Ces imputations systématiques ne peuvent avoir qu’un but : provoquer la méfiance, l’hostilité de la population française et justifier à l’avance des mesures de police contre les travailleurs arabes résidant en France.
Article de Louis Vautier paru dans L’Humanité, 29 septembre 1949 ; suivi de « Dix agressions en deux nuits dans la région parisienne », L’Humanité, 13 septembre 1949 ; « Le problème algérien », L’Humanité, 14 septembre 1949 ; « Une protestation des travailleurs algériens », L’Humanité, 15 septembre 1949 ; « Raisons véritables de la criminalité », L’Humanité, 16 septembre 1949 ; « Pour faire réellement échec aux gangsters », L’Humanité, 17 septembre 1949 ; « Contre une campagne de division à caractère raciste », L’Humanité, 26 septembre 1949 ; Emmanuel Fleury, « La sécurité de la population parisienne est mal assurée. Mais à quoi utilise-t-on la police ? », L’Humanité, 12 octobre 1949 ; « Les Nord-Africains font part au préfet de la Seine de leur indignation devant les campagnes racistes d’une certaine presse », L’Humanité, 10 novembre 1949.
DEPUIS quelque temps on peut voir dans la presse – l’Aurore avec Bénazet, le Monde, France-soir, etc … – une campagne bien orchestrée contre les Algériens vivant dans la région parisienne, que l’on rend, comme le baudet de la fable, responsables de tous les maux, agressions, vols ou autres actes de gangstérisme.
Frileux sous la bise, sa garde-robe sur le bras, cet Algérien regarde avec un peu de nostalgie cette affiche qui évoque le pays…
CEn’est plus tellement, aujourd’hui, l’aventure qui est au coin de la rue ; c’est la misère, c’est l’injustice. Ce n’est pas seulement dans de lointaines parties du monde que la dignité de l’homme, son droit à la vie et à la liberté, sont sans cesse bafoués ou supprimés : c’est près de nous, chez nous aussi.
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