Article paru dans Combat communiste, mensuel révolutionnaire, n° 105, été 1985, p. 6
Trois jours et trois nuits d’émeutes ont agité le quartier populaire de la Casbah d’Alger. Les premiers incidents ont éclaté le 23 avril dans le haut de la Casbah après qu’une maison se soit écroulée, tuant deux personnes âgées. Des groupes de jeunes ont commencé à parcourir les ruelles, criant des slogans hostiles au régime. Ils ont été brutalement dispersés par les flics.
Article paru dans Sans Frontière, n° 13, du 28 février au 6 mars 1981, p. 10-11
Venues de toute l’Algérie, 600 femmes se sont retrouvées à Alger, criant leur refus de la vie qu’on leur fait, réclamant que cesse l’arbitraire et la violence quotidienne, notre correspondante à Alger le dit, et ce ne sont pas effets de style : traquées dans les rues, refoulées aux frontières, sans droits, sans voix, elles exigent aujourd’hui de pouvoir participer à l’élaboration du « Code de la Famille » en projet depuis l’indépendance. Elles décident aujourd’hui que la coupe est pleine et disent leur volonté d’un changement profond au-delà des petites concessions qu’on leur accordera peut-être demain. L’année dernière, se sont tenues à Oran les « Journées de la Femme Algérienne ». Nous vous en ferons dans le prochain numéro un compte-rendu (sur les deux thèmes suivants : le rôle de la femme dans la révolution algérienne et réflexion sur la délinquance juvénile féminine).
Article de Karim paru dans Courant alternatif, n° 29, mai 1993, p. 33-34
L’Algérie s’est enfoncée un peu plus encore dans la violence : celle des intégristes, celle des militaires et des policiers, mais aussi celle qui résulte de la misère économique et sociale.
Le 22 mars dernier, le peuple est sorti dans les rues pour exprimer son ras-le-bol vis à vis de toutes les formes de violence. Ce faisant, il a détourné une manifestation initialement conçue comme un soutien au pouvoir et à sa politique. Les organisations relais furent vite dépassées par l’ampleur du mouvement. Leurs mises en scène préparées à l’avance où de jeunes femmes embrassaient les forces de l’ordre furent ridicules et faisaient penser aux anciens régimes staliniens de l’Est.
Pour comprendre pourquoi autant d’Algériens sont sortis dans les rues, il faut mesurer le degré de violence que subit la population.
Article paru dans Le Prolétaire, n° 297, 6 au 19 octobre 1979, p. 1-4
La bourgeoisie algérienne semble avoir bien préparé sa rentrée sociale. Elle ne pouvait s’en dispenser, tant la situation est en train de s’aggraver. En effet, selon un document officiel du ministère du travail, le nombre de grèves serait passé de 99 en 1973 à 332 en 1977, dont 203 dans le secteur « privé » et 129 dans le secteur « socialiste », avec une participation totale de 48.093 travailleurs. Il a indéniablement été encore plus élevé en 1978 (1).
Article paru dans Le Prolétaire, n° 47, octobre 1967, p. 1-2
« Mythes et réalités dans les apports économiques entre pays industrialisés et pays sous-développés », tel est le titre éloquent d’un article publié par le quotidien algérien El Moudjahid, des 3, 4 et 5 septembre.
L’atmosphère étouffante demeure toujours, elle empire de plus en plus. La répression continue.
La police fait ravage dans les quartiers populaires (Climat de France, cité Mahiédinne, Champ de manœuvre, Cité Diar El Chems, Clos Salembier). Il y a eu de véritables batailles rangées, opposant les habitants du quartier aux policiers des balcons, des fenêtres, les habitants se défendaient lançant des cailloux, des bouteilles. Il y a eu deux policiers tués. Pendant 2 jours la police a fait le siège de la cité : les gens à l’intérieur ne pouvaient en sortir, ni les gens de l’extérieur ne pouvaient rentrer.
Dans la lutte que mène la classe ouvrière pour ses revendications urgentes et contre le régime militaro-policier de Chadli, la grève générale des postiers en juillet 1979, marque un moment important.
Article paru dans Tribune algérienne, supplément au n° 11, septembre 1977, p. 10-20
La grève des dockers de Mai 1977 est la première bataille d’envergure engagée par la classe ouvrière contre le régime de Boumediene, après le replâtrage des institutions visant à légitimer la dictature militaro-policière issue du putsch du 19 Juin 1965.
Le 8 Septembre, les travailleurs de l’usine de textile MITEX-FITEX de Birtouta envoient une délégation à la direction pour demander la reconnaissance de la section syndicale dans l’entreprise, comme l’exige la législation du travail.
La Journée du 8 Mars a été célébrée avec éclat à Alger : meetings, réceptions, projections de films, double page dans « El Moudjahid » et quelques sorties à la campagne au titre du Volontariat. Des discours, des flons-flons, des encouragements, un peu d’embrigadement, quelques photos… et 8 Mars a été expédié. Demain, comme aujourd’hui, la condition de la femme algérienne restera inchangée.
Articles parus dans Tribune algérienne,n° 2, février 1975,p. 11-12 et 15-20
La grève qui s’est déroulée à l’Institut de Technologie de l’Education de Bouzaréah jette un vif éclairage sur la prétendue « révolution culturelle » comme sur le caractère démocratique du régime actuel. Qu’on en juge !
La Charte a été « votée », « adoptée ». Est-ce-que l’Algérie de la Charte est différente de celle d’avant ? Est-ce que la nature de l’Etat bourgeois a changé ?
Article paru dans le bulletin Riposte à la répression en Algérie, n° 8, mars 1982, p. 9-11
La mobilisation des femmes à Alger contre l’interdiction qui leur était faite de sortir librement du territoire, la manifestation devant l’assemblée contre la farce du « code de la famille » ou « code du statut personnel » et plus récemment la manifestation du 23 décembre au cours de laquelle on a vu les femmes descendre courageusement dans la rue pour revendiquer leurs droits, ont permis dans une certaine mesure de lever le voile sur l’oppression particulière qui pèse terriblement sur les femmes en Algérie.
Ça bouge du côté des femmes en Algérie. L’ « Avant-Projet de statut personnel » (déjà approuvé par le conseil des ministres), a dû en effet être soumis à l’APN lors de sa session d’automne. Ce statut personnel est la réédition du code de la famille que le gouvernement essaie de faire passer dans les textes depuis 1966 : 1966, 1972, 1980, voilà les dates où la mobilisation de quelques centaines de femmes et d’hommes a pu faire repousser les avant-projets successifs.
Le Congrès de l’UNFA (Union Nationale des Femmes Algériennes) vient de se tenir à Alger au début du mois d’octobre, confirmant la volonté du gouvernement, après le congrès de l’UGTA et en vue de ceux de l’UNJA et du FLN, d’une reprise en main des organismes d’encadrement de la population.
Article paru dans El-Oumami, n° 3, décembre 1982, p.4-7
Dans la soirée du mardi 2 novembre, des affrontements ont eu lieu entre étudiants « Frères Musulmans » (FM) à la cité universitaire de Ben Aknoun (Alger). Ces affrontements ont fait sur le champ 1 mort et une dizaine de blessés. A la suite de ces affrontements, la police est intervenue soi-disant pour préserver « l’ordre et le calme » et a procédé à 29 arrestations, en mettant dans le même sac les FM qui voulaient empêcher par la violence les étudiants de désigner librement les membres de leur comité de cité et ceux qui se sont défendus courageusement contre cette bande de réactionnaires.
En Algérie, le mois du Ramadhan est l’occasion pour le pouvoir, de tout faire pour promouvoir la religion. Mais ce mois de carême semble lui poser un petit problème.
Ces derniers jours, Alger a été le théâtre d’affrontements violents entre flics et spectateurs venus assister à un match de football. Ces derniers, mécontents de voir l’équipe « nationale » se faire battre par l’équipe tunisienne, « défilent à travers les artères de la ville, agressant et détruisant tout sur leur passage. Autobus de la RSTA, et de la SNTV, vitrines, subissent la colère de ces bandes de voyous. Ce phénomène prend de l’ampleur : dès qu’arrive le vendredi, le service d’ordre est sur la brèche et les populations d’El Biar s’enferment à double tour. On signale des cas similaires à l’Est et à l’Ouest du pays, avant et après chaque match. »
L’Islam a fortement imprégné le peuple algérien à travers son histoire. On sait le rôle de l’aristocratie religieuse des CHORFA sous Abdelkader, celui de la confrérie des TAÏBIYA, dans le soulèvement de l’Ouarsenis en 1845, celui des RAHMANIYA dans la grande insurrection de Kabylie en 1871… Mais jamais en Algérie, l’Islam n’a été structuré comme une église, avec une hiérarchie disposant d’un immense patrimoine foncier et étroitement lié à l’appareil d’état.
Article paru dans Et-thaoura, organe révolutionnaire marxiste d’Algérie, n° 3, mai 1982, p. 32
Après un long débat, le comité de rédaction d’Et Thaoura n’enverra pas de reporters à Madrid, ou plus exactement, car il ne faut pas rêver, à Gijon, modeste ville de troisième catégorie du nord de l’Espagne. Bien sûr, nous sommes conscients de décevoir l’attente qu’avaient placé en nous des millions de supporters de l’ « équipe nationale ». Vu l’ampleur de nos moyens, nous nous excusons du préjudice porté à nos lecteurs. Il ne leur restera en effet, pour suivre ces événements, que la télévision, les trois chaînes de radio, les quotidiens, les hebdomadaires, les mensuels…
Article d’Assia Khalifa paru dans Et Thaoura, journal révolutionnaire marxiste d’Algérie, n° 4, avril 1983, p. 2.
Quelle peut être l’arme pour le pouvoir, afin de s’assurer une relative stabilité et faire oublier à des millions d’Algériens, la misère dans laquelle ils vivent ? …
La coupe du monde 82, nous a montré que ce moyen, très efficace par ailleurs et qui a fait ses preuves, reste le FOOTBALL.
Article publié dans La Charte, organe du F.L.N. clandestin, Rassemblement Unitaire des Révolutionnaires (RUR), n° 35, février-mars 1973, p. 15-18.
Lors de la journée internationale de la femme (8 mars), BOUMEDIENNE s’adressant aux militantes de l’Union Nationale des Femmes Algériennes (UNFA) devait notamment déclarer : « Au nom du pouvoir révolutionnaire, je proclame que nous sommes pour un progrès qui ouvre devant la femme toutes les portes menant à une participation effective, afin qu’il lui soit permis d’accéder pleinement à la place qui lui revient dans tous les domaines et à tous les niveaux ».
Article paru dans Jeune Taupe, n° 20, avril-mai 1978, p. 17-18.
Contrairement aux autres pays arabes, l’Algérie apparait comme le seul Etat où il ne se « passerait rien ». Une véritable conspiration du silence sur la situation sociale de l’Algérie s’est installée, scellée par l’alliance de tous les organes d’information, de la droite à l’extrême gauche (cf. par exemple « Libération »). Pour ce qui est du journal « Le Monde », il faut savoir lire entre les lignes pour se rendre compte de l’existence de « malaises ». On s’épanche d’autant plus facilement sur le conflit du Sahara Occidental (où l’Algérie joue un rôle de premier plan (1) ) que l’on tait la situation interne de l’Algérie.
Article paru dans Courant alternatif, mensuel édité par l’Organisation communiste libertaire, n° 37, juin 1984, p. 12-13.
A l’heure où il devient de bon ton de parler de la « montée de l’intégrisme musulman » – même C.A. s’y met – il convient d’être prudent dans l’analyse d’un phénomène qui nous est très étranger. Deux dangers : le premier, la généralisation : puisqu’il y a montée de l’intégrisme musulman, la montée serait le fait de tous les pays islamisants ; le second, le manque de rigueur dans la définition du mot « intégrisme ». L’intégrisme n’est pas la pratique ou la présence d’une religion ; il s’agit bien de fanatisme et de sectarisme. En ce sens, l’Algérie me parait une situation particulière dans le monde musulman ; situation intéressante à étudier, tout en restant prudent quant à l’analyse très fragile puisque sujette à remise en question permanente (l’Algérie n’est pas à l’abri d’une flambée d’intégrisme).
Article paru dans La Vérité, n° 442, 25 janvier 1957.
C’est dans le cadre des Journées d’études sur l’Afrique du Nord, organisées par le Mouvement de Libération du peuple (MLP) et qui se sont tenues les 19 et 20 janvier au centre administratif et social d’Asnières, que Robert Barrat a traité d’un sujet brûlant entre tous « les bases de la négociation en Algérie ».
LA GUERRE d’ALGERIE : critique de livre « L’AN V de la REVOLUTION ALGERIENNE » de Frantz Fanon (Cahier libre N°3 – François Maspero- 181 pages – 6,90 N.F.)
C’est une description des conduites nouvelles nées de la Révolution en ce qui concerne les femmes et la famille algérienne, l’attitude des Algériens en face de la T.S.F. et de la médecine moderne. Enfin, le dernier chapitre, « La Minorité Européenne d’Algérie », est la réimpression d’un article paru dans Les Temps Modernes en Juin 1959.
Tract diffusé en Algérie à la fin de l’année 1965 et reproduit dans Internationale situationniste, n° 10, mars 1966, p. 12-21
On pourrait croire que le nouveau régime algérien s’est donné pour unique tâche de confirmer l’analyse sommaire que l’I.S. a présentée de lui, dès les jours qui suivirent son putsch inaugural, dans l’Adresse aux révolutionnaires que nous avons alors publiée à Alger. Liquider l’autogestion, c’est tout le contenu du boumediennisme, c’est sa seule activité réelle ; et elle commence à l’instant même où l’État, par le déploiement de la force militaire qui était sa seule cristallisation achevée sous Ben Bella, son seul organisme solide, a proclamé son indépendance en face de la société algérienne. Les autres projets de l’État, la réorganisation technocratique de l’économie, l’extension de la base de son pouvoir, socialement et juridiquement, dépasse les capacités de la classe dirigeante actuelle dans les conditions réelles du pays. La foule des indécis, qui n’avait pas été les ennemis de Ben Bella mais ceux qu’il a déçus, et qui ont attendu pour juger le nouveau régime sur ses actes, peuvent voir que finalement, ce régime ne fait rien, excepté son acte constituant la dictature autonome de l’État, qui est du même coup sa déclaration de guerre à l’autogestion. Même énoncer des accusations précises contre Ben Bella, ou l’abattre publiquement, semble être au-dessus de ses forces pour une longue période. Le seul reste de «socialisme» professé en Algérie est précisément ce noyau du socialisme renversé, ce produit de la réaction générale dans le mouvement ouvrier même que la défaite de la révolution russe a légué comme modèle positif au reste du monde, y compris à l’Algérie de Ben Bella : la contre-vérité policière du pouvoir. C’est ainsi que l’ennemi politique n’est pas condamné pour ses positions réelles, mais pour le contraire de ce qu’il a été ; ou bien même il se dissout soudainement dans un silence organisé, il n’a jamais existé, ni pour le tribunal ni pour l’historien. Et c’est ainsi que Boumedienne, un des principaux responsables depuis toujours du fait que l’autogestion algérienne n’est qu’une caricature de ce qu’il lui faut être, la traite officiellement de «caricature» afin de la réorganiser autoritairement. Au nom d’une essence de l’autogestion idéologiquement garantie par l’État, Boumedienne rejette les manifestations réelles ébauchées de l’autogestion.
Extrait d’un article d’Eugène Mannoni paru dans Le Monde diplomatique, février 1958.
La diversité des solutions suggérées pour l’Algérie attesterait, à elle seule, la complexité d’un problème politique brutalement posé le 1er novembre 1954.
Esquisser toutes les solutions ? Nous ne prétendons pas le faire. On trouvera simplement, en page 3, un résumé des principales d’entre elles.
La loi-cadre, dans laquelle le gouvernement français circonscrit les données du problème algérien, et la reconnaissance de l’indépendance algérienne, réclamée par les nationalistes, ne constituent – bien qu’elles doivent plus particulièrement retenir l’attention – que deux des très nombreuses solutions…
Mon intervention d’une vingtaine de minutes portant sur le congrès extraordinaire du MTLD de juillet 1954 à Hornu, à l’occasion du colloque sur Messali Hadj, a été résumée en quelque lignes – dont une phrase qui me prête des propos que je n’ai pas tenus.
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