Article de Colette Guillaumin paru dans Droit et Liberté, n° 381, juin 1979, p. 17-19
Au delà des déterminations sociales et historiques, le racisme vit sur le terreau psychologique de l’être humain. Il atteint profondément la conscience de celui qui en est victime comme de celui qui en est l’artisan.
Dossier paru dans La Voix des travailleurs algériens, n° 9, avril 1979, p. 5
C.T.A. du Pays de Montbéliard
Suite à une distribution de 2 tracts racistes :
l’un anti-algérien et accusant les travailleurs immigrés algériens d’être responsables du chômage. Ce tract a été diffusé – clandestinement dans les Usines Peugeot automobiles de Sochaux avant la reprise du travail de la tournée du matin. Ce qui nous donne la preuve de la complicité de la Direction Peugeot.
l’autre anti-juif, distribué beaucoup moins que le premier mais, cette fois-ci, dans les boîtes aux lettres de certains quartiers de Montbéliard.
Article d’Yves Rochefort paru dans Le Monde libertaire, n° 296, 11 janvier 1979, p. 5 et 8
ECRIRE un article sur Israël est un exercice périlleux, surtout si l’on veut évoquer l’avenir du Moyen-Orient. Du coup d’éclat de Anouar el Sadate à la Knesset aux espoirs déçus de Camp David, les rebondissements de l’actualité peuvent rendre caduques les prévisions les plus raisonnables. L’état de belligérance ne durera pas éternellement et un jour la paix sera signée entre les différents Etats et une vie différente commencera pour tous les habitants du Levant. Mais quelle paix ?
Face au problème de la guerre et de la misère dans cette partie du monde, les libertaires doivent avoir une position claire. Comme l’indiquait Maurice Joyeux dans une brochure consacrée au problème de la Palestine, seul compte pour nous le destin des individus, et nous éprouvons un intérêt médiocre pour les combinaisons des gouvernements et des puissances économiques. Mais il faut balayer les idées fausses et les a priori mortels. Il faut aussi rappeler quelques faits historiques incontestables et quelques vérités premières (1).
Article de Jean Vogt paru dans Inprecor, n° 55, 21 juin 1979, p. 15-17
Matzpen’s block in the May 1st demonstration, Tel Aviv 1979 (source)
Du 12 au 16 avril 1979, s’est tenu à Jaffa un Congrès d’unification entre la Ligue communiste révolutionnaire (Matzpen-Marxiste), section de la IVe Internationale et le Groupe communiste palestinien. Il s’agit de la première fusion entre 2 organisations anti-sionistes depuis la création de l’Etat d’Israël. Cette fusion a une importance fondamentale pour les révolutionnaires palestiniens et pour tout le monde arabe.
PRISE DE POSITION DES ÉQUIPES DE PRÉVENTION DE LA SLEA (Société Lyonnaise pour l’Enfance et l’Adolescence).
PRÉALABLE
Face à une sollicitation réitérée des organismes de presse, des corps constitués, comme des personnes ordinaires, nous, équipes de prévention de la S.L.E.A, présentes sur les quartiers de la Grappinière, Vaulx-en-Velin, Saint-Jean Villeurbanne, les Buers, Part-Dieu-Guillottière, acceptons d’évoquer collectivement notre position par rapport à la violence.
Depuis la mort de Boumédiène et son remplacement par Chadli, un certain nombre d’évènements ont eu lieu en Algérie. Nous avons déjà évoqué dans T.I.L. certains d’entre eux, comme par exemple la campagne d’ « assainissement ». Après l’élargissement de Ben Bella et la suppression des autorisations de sortie, la presse internationale n’a cessé de parler des perspectives de plus en plus certaines de « libéralisation ». Des illusions sont propagées par la presse bourgeoise au sein de la classe ouvrière, sur les effets bénéfiques d’une présumée « déboumédiènisation »…
La volonté de l’Etat français d’expulser toute une partie de l’immigration ouvrière ne fait pas de doute. Représentant une population d’environ 800 000 personnes aujourd’hui (843 806 en janvier 1977) dont près de 400 000 travailleurs, les Algériens, composante importante de l’immigration, sont directement visés. 350 000 d’entre eux ont reçu des cartes de séjour d’un an après l’expiration de celles de 10 ou 15 ans qu’ils possédaient. Ce n’est qu’un répit, qui reporte l’échéance d’une éventuelle expulsion à 1980.
Début septembre, était déclenchée à Alger une vaste campagne pour lutter contre la délinquance et la malpropreté dans la ville. Cette campagne devait s’étendre aux villes d’Oran, de Constantine, etc., les jours suivant.
Article paru dans La Voix des travailleurs algériens, n° 7, février 1979, p. 13
Durant la semaine du « dialogue » (de sourd !) de Stoléru, nous avons pu voir à la télévision (A2) la projection du film « LA MAL VIE… » de D. Karlin (avec la collaboration de T. Laine et T. Ben Jelloun).
Article paru dans La Voix des travailleurs algériens, n° 9, avril 1979, p. 14
Women protesting forced hijab days after the Iranian Revolution, 1979 (Source : Rare Historical Photos)
A Téhéran, le 8 mars, tandis que les femmes du monde entier se rassemblaient pour la journée des droits de la femme, débutait une série de manifestations qui devaient durer cinq jours. Des femmes iraniennes exigeaient le retrait de l’obligation du port du « Tchador », long voile noir des Iraniennes.
Une discussion avec un ouvrier algérien a permis à un camarade de faire connaître au lecteur que la lutte de classe n’a pas de frontière et que le détachement des ouvriers des centrales syndicales a commencé, même en Algérie.
Article de Maho-Tope paru dans Le Monde libertaire, n° 334, 29 novembre 1979, p. 3
En France, les commentateurs « autorisés » parlent volontiers d’une libéralisation pour qualifier l’évolution de l’Algérie depuis la mort de Boumédiene. Jamais cette notion de libéralisme ne parut aussi ambiguë. En effet, si l’on considère le libéralisme sous l’angle du rapport population/police (un des angles possibles, évidemment !), l’Algérie de Houari Boumédiene apparaissait comme beaucoup plus « libérale » que la France de Giscard ou de Pompidou. La « peur du flic » était pratiquement inconnue en Algérie : il était courant de voir de simples passants tenir tête à des policiers qui les réprimandaient. L’espace urbain n’était pas quadrillé par un dispositif policier ; la nuit, les contrôles routiers ne revêtaient pas le déploiement de force que connaît la capitale française : les armes restaient dans leur étui. Donc d’une part il y avait un certain laisser-aller de la part des policiers, et d’autre part, une nonchalance de la population vis-à-vis des injonctions des forces policières. Conséquence directe : le code de la route restait symbolique et les rues appartenaient autant aux piétons qu’aux voitures ; plus grave, les réglementations sur l’hygiène publique demeuraient très largement lettre morte. Admiratrices ferventes de l’efficacité des pays développés, les classes dirigeantes regrettaient le désordre urbain et soupiraient en pensant à l’ancien surnom d’Alger « la blanche ». Elles ne faisaient que rejoindre là les nostalgiques de l’ordre colonial durant lequel le peuple savait se tenir à sa place et ne venait pas salir les belles allées de la capitale.
Article signé Rahsepar paru dans Le Monde libertaire, n° 333, 22 novembre 1979
Le texte qui suit est la retranscription par le groupe de Fresnes-Antony d’une réunion tenue le mois dernier dans son local, avec des camarades anarchistes iraniens.
Le camarade Rahsepar qui a réalisé l’exposé suivant, réside en France depuis 1971. Il a traduit en persan des textes de Bakounine, Jean Grave, Malatesta, Voline, et a contribué au cours d’un séjour en Iran, après le renversement du Shah, à la création du premier groupe anarchiste d’expression persane, le groupe Malatesta.
Article d’Alain Sauvage paru dans Le Monde libertaire, n° 295, 4 janvier 1979, p. 12
C’est maintenant un vaste mouvement populaire qui paralyse l’ensemble de l’économie iranienne. Désormais, aucune issue ne paraît possible sans le départ du Shah. C’est là en effet le seul véritable point commun entre les centaines de milliers de manifestants qui défilent chaque jour dans les rues de Téhéran et des principales villes du pays.
Article paru dans Alarme, n° 6,octobre-novembre-décembre 1979, p. 5
Ceux qui, en prophètes, annoncent à grand renfort de brochures théoriques une « reprise prolétarienne » déjà amorcée à leurs yeux, feraient bien de se tourner du côté de la triste et sombre réalité – et le regain du pouvoir de la religion en fait partie.
Article paru dans Le Prolétaire, n° 297, 6 au 19 octobre 1979, p. 1-4
La bourgeoisie algérienne semble avoir bien préparé sa rentrée sociale. Elle ne pouvait s’en dispenser, tant la situation est en train de s’aggraver. En effet, selon un document officiel du ministère du travail, le nombre de grèves serait passé de 99 en 1973 à 332 en 1977, dont 203 dans le secteur « privé » et 129 dans le secteur « socialiste », avec une participation totale de 48.093 travailleurs. Il a indéniablement été encore plus élevé en 1978 (1).
Articles parus dans Le Prolétaire, n° 283, 9 au 22 février 1979, p. 6
Un des aspects particulièrement cynique et odieux de l’offensive capitaliste contre la classe ouvrière est le refoulement des ouvriers immigrés vers leurs pays d’origine.
Déclaration du Groupe communiste révolutionnaire parue dans Inprecor, n° 44, 1er février 1979,p. 10-12
Boumédiène est mort. Le mécontentement ouvrier, suscité par les fortes hausses de prix du mois de Ramadhan, comme la fronde des milieux réactionnaires (petits commerçants, frères musulmans), toute cette effervescence du mois de septembre s’est tue depuis que la maladie de Boumédiène, puis sa mort, ont posé la question de l’après-Boumédiène et des perspectives politiques.
« Les fléaux sociaux : le débat entre le ponctuel et le permanent » (dessin publié dans El Djeich, n° 197, octobre 1979, p. 8)
L’atmosphère étouffante demeure toujours, elle empire de plus en plus. La répression continue.
La police fait ravage dans les quartiers populaires (Climat de France, cité Mahiédinne, Champ de manœuvre, Cité Diar El Chems, Clos Salembier). Il y a eu de véritables batailles rangées, opposant les habitants du quartier aux policiers des balcons, des fenêtres, les habitants se défendaient lançant des cailloux, des bouteilles. Il y a eu deux policiers tués. Pendant 2 jours la police a fait le siège de la cité : les gens à l’intérieur ne pouvaient en sortir, ni les gens de l’extérieur ne pouvaient rentrer.
Dans la lutte que mène la classe ouvrière pour ses revendications urgentes et contre le régime militaro-policier de Chadli, la grève générale des postiers en juillet 1979, marque un moment important.
« Mobilisation des travailleurs et défense des acquis de la Révolution Socialiste » (photo publiée dans El Djeich, n° 192, mai 1979, p. 11)
On ne peut comprendre l’importance des grèves en Algérie, comme on ne peut apprécier à sa juste valeur la combativité des travailleurs algériens, si on ne les oppose pas aux déclarations de Chadli et de ses ministres.
« Pour l’extension de la GSE à tous les secteurs d’activité » (photo publiée dans El Djeich, n° 192, mai 1979, p. 15)
Alors que le Gouvernement laborieusement et nouvellement mis en place s’apprête à frapper, à mettre au pas la classe ouvrière, la jeunesse et la paysannerie pauvre, s’apprête à appliquer ses plans meurtriers dictés par l’impérialisme et le FMI, la classe ouvrière algérienne par la voix des travailleurs des ports et docks se mobilise par la grève pour arracher ses revendications pour s’organiser de façon indépendante.
Aujourd’hui les expulsions, demain les déportations
La grève entamée il y a deux mois et demi par les 50 femmes de ménages immigrées de l’INSA pour obtenir des meilleures conditions de travail « transport, salaires décents, travail toute l’année ou chômage technique etc » se poursuit actuellement, au rythme de deux heures par jour, dans l’indifférence quasi-générale. L’enjeu de cette grève est particulièrement important. En effet, elle a lieu au moment où les lois Stoleru et Bonnet adoptées dernièrement par l’assemblée nationale, les pratiques policières racistes « rafles, tabassages, et contrôles » et les mesures d’expulsion qui se généralisent, ainsi que les prises de position nationalistes de certains partis ou syndicats, marquent l’offensive délibérée du pouvoir à l’encontre des immigrées, la recrudescence des idéologies racistes et l’instauration de l’arbitraire en matière sociale. C’est pourquoi des luttes comme celle de l’INSA, dans l’immédiat et à plus long terme, resterons révélatrices et à plus d’un titre. C’est un combat qui avec d’autres, permettra, notamment à l’Etat, d’apprécier le degré de mobilisation et de résistance du mouvement anti-raciste et donc déterminera d’une certaine façon, l’application des mesures répressives prises par rapport à l’immigration.
Article paru dans El Oumami, n° 3, mars 1979, p.13
« La femme dans la Révolution : Un rôle important » (photo publiée dans El Djeich, n° 191, avril 1979, p. 18)
Au congrès de l’Internationale socialiste qui se tint à Copenhague en août-septembre 1910, le 8 mars fut choisi, sur une proposition de Rosa Luxemburg et de Clara Zetkin, comme journée internationale des femmes prolétaires : il s’agissait donc d’une « fête » analogue au 1er mai. Et, comme le 1er mai, elle trouve son origine dans un épisode sanglant de la lutte de classe.
Mon dernier texte intitulé « Iran : pour en finir avec le mythe de la révolution islamique » a été mis en ligne aujourd’hui sur le site de Middle East Eye.
Manifestation contre le shah d’Iran à Téhéran, janvier 1979 (AFP)
Article paru dans Alarme, n° 6, octobre-novembre-décembre 1979, p. 2-3
« Il faut lutter contre le racisme. – Non !, il s’agit de lutter contre le capitalisme. – Mais justement !, la lutte contre le capitalisme, c’est la lutte contre le racisme, contre l’oppression des femmes, contre la pollution, patati patata… – Balivernes ! »
Article d’Adolph L. Reed Jr. paru dans Telos, March 1979 (39), p.71-93
Over forty years ago Benjamin pointed out that « mass reproduction is aided especially by the reproduction of masses. » (l) This statement captures the central cultural dynamic of a « late » capitalism. The triumph of the commodity form over every sphere of social existence has been made possible by a profound homogenization of work, play, aspirations and self-definition among subject populations — a condition Marcuse has characterized as one-dimensionality. (2) Ironically, while U.S. radicals in the late 1960s fantasized about a « new man » in the abstract, capital was in the process of concretely putting the finishing touches on its new individual. Beneath the current black-female-student-chicano-homosexual-old-young-handicapped, etc., etc., ad nauseum, « struggles » lies a simple truth: there is no coherent opposition to the present administrative apparatus.
Article d’Alain Bihr paru dans Spartacus, n° 13, mars-avril 1979, p. 2
Les lecteurs des collections SPARTACUS sont familiers des principales thèses du « communisme de gauche » ou « communisme des conseils » qui, notamment par l’intermédiaire de livres d’Anton Pannekoek, a su, après la défaite du mouvement révolutionnaire en Europe occidentale et orientale, conserver la mémoire du plus haut moment pratique de ce mouvement : la première réalisation, sous la forme des « conseils ouvriers » et de leur association, de l’autonomie de classe du prolétariat. Ces mêmes lecteurs connaissent moins bien cependant les travaux des héritiers de ce qu’il convient d’appeler « l’Ecole de Francfort » qui, dans les mêmes années 20 et 30, et dans le même contexte global de défaite et de recul du mouvement révolutionnaire, ont entrepris de sauver du désastre le plus haut moment théorique de ce mouvement, à savoir la « Théorie critique » de la société capitaliste esquissée par l’œuvre de Marx.
Article de Catherine Decouan paru dans La Gueule ouverte, n° 254, 28 mars 1979, p. 6.
Rien ne vaut les images, rien ne vaut le récit en direct. Tout ce qu’on avait pu lire dans la presse sur le soulèvement des femmes iraniennes ne m’a pas touchée autant que ce qui s’est donné à voir et à entendre dans cette salle de la Mutualité bondée où Kate Millet racontait avec un luxe de détails son séjour auprès des femmes de Téhéran. « En Iran, la lutte des femmes est en danger. C’est une lutte qui se mène constamment dans le danger, mais la chose extraordinaire, c’est qu’il s’agit du premier mouvement féministe de l’Islam. L’expérience de l’Iran est la plus émouvante que j’ai eue en tant que féministe et la plus constructive des actions en faveur de la libération, de l’égalité des droits ». Delphine Seyrig prêtait sa voix inimitable et ses connaissances linguistiques à la traduction simultanée, le visage éclairé de son inextinguible sourire (je me demande toujours comment elle fait, elle doit avoir un truc) tandis que Kate parlait, nous racontant tout, vraiment tout, mais si sympa, si humaine, si vivante.
Article paru dans Jeune Taupe,n° 24, janvier-février 1979, p. 6-8.
Depuis un mois, les médias ont consacré plus de temps et de pages à l’Algérie qu’ils ne l’avaient fait en quinze ans de régime boumédienniste. L’Algérie, cette nation « progressiste » était alors un sujet tabou, pour la droite comme pour la gauche, et dont on ne parlait qu’à l’occasion de ses rodomontades internationales (affaire du Sahara, nationalisation du pétrole, etc…). Le chef d’Etat algérien, le colonel Houari Boumédienne, s’en va doucement mais sûrement et l’on s’aperçoit qu’il ne laisse pas une situation florissante derrière lui tout comme l’on est « choqué » de voir une population pour le moins indifférente au spectacle de la survie artificielle de « son » ex-Raïs, attendant avec curiosité que les cardinaux du « conseil de la révolution »désignent le nouveau pape de l’Algérie.
Déclaration du Comité de liaison des trotskystes algériens paru dans L’Etincelle, n° 5, février 1979, p. 3-4.
Après deux mois de silence et de mensonges éhontés, l’appareil d’Etat reconnaît aujourd’hui que BOUMEDIENE, l’homme qui dans l’Etat actuel détenait tous les pouvoirs, est dans un état critique.
Mobilisation du mouvement ouvrier international pour sauver les 12 militants du P.S.T.
Le peuple Kurde une nouvelle fois crucifié, les organisations ouvrières et démocratiques interdites, les syndicats ouvriers d’Abadan menacés, toutes les publications non conformes à l’orientation de Khomeini interdites, des centaines de journalistes, des milliers de militants ouvriers en prison. Voilà les résultats de l’offensive réactionnaire, contre la révolution iranienne.
Article paru dans Le Prolétaire, n° 282, 27 janvier-8 février 1979
Nous écrivions dans le numéro précédent de ce journal, à propos de l’Iran, que le chiisme était contraint, devant l’approfondissement du mouvement social, de conserver une attitude d’opposition intransigeante de façade « pour chercher à contrôler le mouvement social, éviter l’armement de la population et la guerre civile généralisée, et donner ainsi le temps à l’impérialisme de se ressaisir et de disposer ses cartes ».
La motivation première de ce présent texte est la parution, il y a trois mois, d’une luxueuse (et chère) brochure, intitulée «Manifeste Breton», qui a été déposée un peu partout en Bretagne, en tant que supplément à «Combat Breton» qui lui-même est réapparu à la faveur du créneau économique offert par l’arrestation et la détention des supposés membres du FLB. Cette brochure présente une nouvelle fois (après l’UDB, le PCB, le FASSAB*) une idéologie nationaliste bretonne qui se voudrait «de gauche», voire «révolutionnaire ». Elle est l’occasion de réaffirmer nos positions vis-à-vis de tout nationalisme quel qu’il soit, y compris celui des différents Fronts de libération nationaux du Tiers-Monde.
Dans le numéro précédent de « TIL », nous avions donné une rapide appréciation de la lutte de libération nationale en Algérie, et de son principal instigateur, le FLN (Front de Libération Nationale). D’autres mouvements ont cependant participé à cette lutte. Le Parti Communiste nous intéresse ici, car il est important de tirer le bilan de son attitude, et de donner l’appréciation des révolutionnaires sur une politique nationaliste, qui n’avait de communiste que le nom. Il est nécessaire aussi de montrer comment cette politique bourgeoise du Parti Communiste en Algérie amena ses militants, après bien des revirements, à un suivisme total vis-à-vis du FLN. Suivisme qui préfigure d’ailleurs le soutien « critique » du PCA (maintenant le PAGS), au gouvernement bourgeois issu de la guerre d’Algérie,
Nous publions ici la première partie d’une série d’articles sur la lutte de libération nationale en Algérie. La seconde partie paraîtra dans le prochain numéro de « Travailleurs Immigrés en Lutte ».
A la suite de nos différentes prises de position dans de précédents numéros de TIL sur la question de l’oppression des femmes, il semble qu’un certain nombre de points ont été mal compris par ceux qui nous lisent. C’est à différents arguments les plus fréquemment entendus, notamment dans la brochure des « Femmes Algériennes en Lutte » et dans la réponse qu’elles nous font, que nous voudrions répondre ici : la question du travail à l’extérieur comme moyen de libération des femmes, et celle des droits élémentaires à conquérir. Par ailleurs, nous aborderons dans un prochain numéro le problème de l’organisation des femmes et de son autonomie.
L’ère de l’après-Boumédiène sera à bien des égards différente de celle du vivant du dictateur. Sur le plan politique, le régime ne peut pas continuer à fonctionner comme auparavant. Boumédiène avait façonné le pouvoir en fonction de sa stature politique. Il régnait sans partage, cumulant les fonctions les plus importantes, président de la république, chef de l’armée, du parti, etc.
Dans un pays soumis à une sévère dictature comme l’Algérie, la lutte pour les « libertés démocratiques » des masses opprimées, c’est-à-dire le droit pour les ouvriers, paysans pauvres, chômeurs de s’organiser, de se réunir, de s’exprimer, de faire grève, manifester, est un problème de première importance. Cette lutte ne se sépare d’ailleurs pas de la lutte pour la révolution socialiste et l’instauration de la dictature du prolétariat. Elle correspond en effet aux aspirations et aux besoins profonds de tous les exploités et les révolutionnaires et la classe ouvrière doivent se faire l’expression de cette aspiration pour prendre la tête de la lutte contre la dictature.
Depuis la mort de Boumédiène, la lutte pour le pouvoir bat son plein en Algérie. La presse à la solde du régime ne fait évidemment aucune allusion à cela, mais dans les coulisses, les magouilles vont bon train.
Article d’Al Bourquii paru dans Spartacus, n° 13, mars-avril 1979, p. 5-6
En quinze jours, la presse et les medias auront consacré plus de place à l’Algérie qu’ils ne le firent en treize ans de régime boumedieniste. Hier il fallait jouer des pieds et des mains pour s’informer sur la situation algérienne. Aujourd’hui on sait pratiquement « tout » sur les difficultés du pays et le mécontentement de la population : crise économique, démographique, faillite de la réforme agraire, maigre bilan de la politique d’industrialisation.
Article d’Asselin paru dans La Gueule ouverte, n° 253, 21 mars 1979, p. 20.
La radio ? J’écoute pour savoir l’heure. Entre deux tops, j’entends des choses. Entre autres, on me dit d’un ton roucouleur que le Tchador (deuxième mot de l’iranien assymil après l’anapurnah-Khomeiny) n’est en fait qu’un cache-misère. Vous voyez : le genre blouse grise qu’on avait tous à l’école publique pour que s’efface la différence de classe. C’est aussi, comme à l’armée, l’uniforme, l’unique forme, qui unifie et vous fait pareil. Luxueusement pareil.
Jeudi 22 mars. La Mutualité. Kate Millett à son retour d’Iran. Elle parle du mouvement des femmes là-bas, manifestations autonomes des femmes… autonomes par rapport aux partis et groupes politiques… pour leurs droits… pour leurs droits seuls… pour que « l’autre » moitié du monde ait le droit d’exister, elle aussi… des milliers de femmes dans les rues… manifestations entièrement spontanées (Kate Millett a tant insisté là-dessus !), manifestations tellement attaquées, donc tellement dangereuses pour le pouvoir ! (pour le pouvoir en place et pour celui des « révolutionnaires » mâles !).
Attaquées au couteau par des individus pour la plupart du lumpenprolétariat, des fanatiques du Coran, manipulés par la bourgeoisie… attaquées verbalement par les « gens de gauche » qui leur reprochent de « diviser » le mouvement (vous n’avez pas l’étrange impression d’avoir déjà entendu ce genre de reproche quelque part ?). Les « camarades révolutionnaires » iraniens demandent – on pouvait s’y attendre – une fois de plus aux femmes de se calmer, de patienter, de faire d’abord la révolution…, ensuite on s’occupera d’elles. C’est banal, c’est triste, c’est du déjà vu. Mais ça n’arrête pas les féministes iraniennes.
Après une semaine de manifestations, leur mouvement entre dans une deuxième phase : celle de l’organisation. Elles forment alors, selon Kate Millett, des « comités tournants » (?) « sans bureaucratie, sans hiérarchie, sans personnalité publique », de type « anarchiste ». La répression est extrêmement dure : non seulement elles doivent faire face aux agressions pendant les manifestations, mais les « milices » (citoyens armés par les comités de leurs quartiers et chargés de faire régner l’ordre) quittent les manifestations – qu’ils doivent normalement protéger, encadrer – dès que les femmes sont attaquées. Par ailleurs, ces milices quadrillent toutes les rues de Téhéran et à toute heure du jour et de la nuit, arrêtent tous les individus et véhicules de leur choix, les font mettre contre le premier mur venu, et peuvent aussi bien les relâcher un peu plus tard que les abattre à la mitraillette s’ils leur semblent suspects (en plus, ils possèdent des mitraillettes depuis fort peu de temps et ne savent pas tous très bien s’en servir). Bref, c’est la démocratie, c’est la révolution, c’est la joie, Le tyran est abattu, hourrah !
Pour ceux qui sont portés à minimiser tout ce qui vient des femmes, il est bien évident que ces femmes ne luttent pas seulement pour avoir le droit de sortir dans la rue sans « chador » mais qu’elles réclament tout bonnement l’égalité avec les hommes et la liberté. (Même si le port du chador est très significatif, très symbolique de l’oppression des femmes : comme le disait Kate Millet, la femme étant la propriété de son mari ou de son père, elle ne doit pas montrer son visage ou son corps qui ne doivent être vus que de leur propriétaire ! On en revient toujours aux mêmes conclusions : la pudeur féminine inventée pour perpétuer la propriété des hommes sur les femmes, la répression du viol, par l’État, instituée pour punir un vol !).
Revenons aux manifestations des femmes. Elles n’ont pas droit à une grande publicité, en Iran, Pas une seule photographie n’a été prise par la presse iranienne! Silence total pendant longtemps à la télévision, puis un beau jour, débat sur la question. Évidemment, les invités étaient tous des détracteurs des féministes, Kate Millet a d’ailleurs dit que la grande manifestation de femmes réclamant soit-disant de porter le chador n’était pas une manifestation appelée sur des mots d’ordre anti-féministes. Elle était bien sûr complètement manipulée par les chefs religieux et était destinée à soutenir le grand responsable de la télévision, à soutenir la censure à la télévision. Cela dit, il n’est pas étonnant que ces femmes – comme par hasard – aient porté le chador ! On est réactionnaire ou on ne l’est pas ! Il est intéressant de se demander pourquoi la presse occidentale a fait passer cela pour une manifestation anti-féministe. Pour finir sur une note d’espoir, il faut dire qu’il y avait des hommes aux manifestations féministes, des hommes de toutes classes d’ailleurs. Kate Millet a dit qu’ils se donnaient la main, formaient des chaînes qui entouraient la manifestation. Ce geste ne devant pas être interprété comme du paternalisme, de la protection bienveillante (le dernier stade de la phallocratie), mais plutôt comme une preuve de réelle solidarité. C’est-à-dire que pour ces hommes, la liberté des femmes vaut bien le risque de prendre des coups de couteau. Ils ont voulu partager ce risque, Kate Millet était toute émue en en parlant et elle a dit : « Ces hommes n’étaient pas des sympathisants tièdes. C’étaient de vrais camarades ! ».
Il est nécessaire de dire que cette révolution qui a remplacé un tyran politique par un tyran religieux – cette révolution basée sur le Coran -, cette révolution qui exalte la différence de culture, la différence… ou la supériorité ? de l’Islam, la fierté patriotique du peuple, cette révolution qui soumet les prolétaires à des nouveaux chefs, à une nouvelle armée, a des milices de type fasciste (tout le monde peut en faire partie, mais tout le monde peut en être victime !) a un nouveau gouvernement; cette révolution qui fusille ou lapide les homosexuels, assimilés à des violeurs (les « victimes » sont flagellées), cette révolution qui refuse aux femmes le droit de se libérer de la tyrannie des hommes… cette révolution n’est une révolution qu’au sens le plus mathématique du terme : un tour sur soi-même et on revient au même point, Il ne faut pas mythifier le prolétariat iranien, complètement soumis dans sa majorité à l’idéologie dominante, à cette idéologie d’esclaves. La révolution, la vraie, la révolution libertaire, reste entièrement à faire !
FL – Tu te revendiques comme anarchiste. Tu es Iranien et tu penses qu’actuellement, de par le fait que tu es anarchiste, cela ne sert à rien de retourner, pour toi, en Iran ?
R – Non, je ne dis pas que cela ne sert à rien, c’est-à-dire que pour retourner en Iran, il faut être au moins un groupe ; individuellement, mon action n’aurait pas une grande portée en Iran parce que je me retrouverais seul. La situation n’est pas claire, on ne sait rien, on ne sait pas si le régime va tenir ses promesses et s’il y aura un climat de liberté en Iran pour qu’on puisse mener une action, pour qu’on puisse faire une propagande réelle, introduire des idées anarchistes au sein des Iraniens
Comme pour venger l’affront qu’il lui infligea durant quinze années, en combattant ses troupes avec peu de moyens et dans des conditions nettement défavorables, la France n’a retenu d’Abdelkader que le souvenir de sa reddition ; de même qu’elle a prétendu en avoir fait un « ami fidèle ». Si l’oubli de ce personnage peut s’expliquer en partie par le temps, la France officielle nous rappelle aujourd’hui qu’elle a toujours eu la mémoire courte, l’amitié mesquine et la fidélité trompeuse à l’égard de ceux qui l’ont servie loyalement. Et, par exemple, ne se souvient de l’existence des harkis, autres amis fidèles, que le temps d’une campagne électorale.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.