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Marcel Moussy : Mohammed Dib, « un interlocuteur valable »

Article de Marcel Moussy paru dans Demain, n° 4, 5 au 11 janvier 1956, p. 12

LA faim, la misère du peuple algérien, et la conscience qu’il prend de cette misère en cessant de croire à sa fatalité : ces thèmes majeurs de l’auteur de « La grande maison » et de « l’Incendie » (Ed. du Seuil) reviennent comme des obsessions dans son dernier recueil de nouvelles « Au café » (Ed. Gallimard).

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Daniel Guérin : Richard Wright à Bandoeng

Article de Daniel Guérin paru dans France Observateur, septième année, n° 302, 23 février 1956, p. 13

DEPUIS que Richard Wright a « choisi la liberté », en renonçant (tout comme Charlie Chaplin), à résider aux Etats-Unis, le romancier noir américain est devenu un grand voyageur. Après avoir rapporté un beau livre de sa visite à la Côte de l’Or, voici qu’il nous présente son témoignage sur l’Indonésie et sur la Conférence de Bandoeng (1).

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Serge Brindeau : WRIGHT (Richard) – Puissance Noire

Recension de Serge Brindeau parue dans La Revue socialiste, n° 93, janvier 1956, p. 101-102

WRIGHT (Richard). – Puissance Noire. Traduit de l’américain par Roger Giroux P., Corrêa, coll, « Le Chemin de la Vie », dirigée par Maurice Nadeau, 1955, 19.5 × 14, 400 p.


L’importance politique des problèmes africains, la personnalité de Richard Wright font de Puissance Noire un livre qui forcerait la sympathie même s’il devait décevoir. Empressons-nous de dire qu’il ne déçoit pas.

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Léon Steindecker : « La chute » d’Albert Camus

Article de Léon Steindecker alias Léon Pierre-Quint paru dans France Observateur, septième année, n° 318, 14 juin 1956, p. 15

Il n’y a pas tellement de façons de tomber. Si l’homme tombe, c’est qu’il a glissé, c’est qu’il est descendu, c’est qu’il a changé d’état, c’est qu’il a connu « l’Eden, la vie en prise directe », et qu’à présent, il ne connaît guère plus qu’une vie de malédiction. L’auteur n’évoque pas le passage de l’une à l’autre, mais il les oppose. Pour expliquer cette opposition, il ne recourt pas au péché originel, ni au rachat (ce serait trop facile, nous dit-il) ; il n’a par la foi, ou, du moins, pas encore … L’opposition est ; c’est la chute ; il faut que nous l’acceptions comme une donnée immédiate.

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Marceau Pivert : Arthur Koestler, L’ombre du dinosaure

Article de Marceau Pivert paru dans La Revue socialiste, n° 106, avril 1957, p. 446-447

KOESTLER (Arthur). – L’ombre du dinosaure. Traduit de l’anglais par Denise Van Moppès. P., Calmann-Lévy., Collection « Liberté de l’Esprit ». 1956. 21,4×14,3, 272 pages.

Dans une brève préface l’auteur indique que ce recueil d’articles parus entre 1946 et 1955 constitue un « adieu aux armes ». Il n’a plus rien à dire sur les questions politiques : son pessimisme même était trop modéré : les questions essentielles de l’âge atomique se posent « à l’ombre du dinosaure ».

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Maxime Rodinson : Antisémitisme et mystère d’Israël ; Genèse de l’antisémitisme

Recensions de Maxime Rodinson parues dans La Pensée, n° 70, novembre-décembre 1956, p. 139-141 et n° 74, juillet-août 1957, p. 144-146

F. LOVSKY : Antisémitisme et mystère d’Israël. Paris, Albin Michel, 1955, 561 p., 1150 fr.

Les livres sur l’histoire de l’antisémitisme abondent actuellement. Il semble que soient venues à maturation les réflexions et les études inspirées à des esprits bien différents par l’abominable déchaînement de la bestialité nazie. F. Lovsky nous apporte un point de vue de théologien chrétien et plus précisément protestant, utilisant pourtant les travaux des théologiens catholiques et en somme ne se séparant d’eux sur rien d’essentiel.

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Jane Albert-Hesse : Quand Koestler se raconte. Un destin sur « La Corde raide »

Article de Jane Albert-Hesse paru dans Franc-Tireur, 16 juillet 1953, p. 4

MANES SPERBER, présentant l’autobiographie d’Arthur Koestler fait remarquer que Koestler « veut comprendre sa vie comme si elle n’était pas la sienne ». On ne saurait, en effet, de manière plus pertinente, et plus brève, mettre à jour le caractère essentiel de ce premier volume, La Corde raide (1) qui, dans le temps, se déplace de 1905 à 1931 – de la naissance à son adhésion au parti communiste.

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Cécile Michaud : Psychologie de l’intellectuel progressiste

Article de Cécile Michaud paru dans La Révolution prolétarienne, 33e année, n° 386, nouvelle série n° 85, juillet-août 1954, p. 30

Pierre Emmanuel est un de ceux qui, pour le public cultivé, le public progressiste en particulier, a le rare mérite – et, à ses propres yeux, le radieux l’irresponsable avantage – d’être poète. Qui plus est, à une époque qui se vautre dans le quotidien, le pratique, le matériel, Emmanuel paraît comme l’un des plus flamboyants survivants de la poésie inspirée, comme l’extatique possédé, le torturé en quête de la foi capable d’abreuver son ardeur. Emmanuel, c’est – à la trace de Bloy ou de Bernanos (il s’en rend compte et s’y complaît) – le mystique exorbitant.

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Charles Hainchelin : Daniel Guérin, Fascisme et grand capital (Italie – Allemagne)

Article de Charles Hainchelin alias Henri Chassagne paru dans Clarté, n° 4, novembre 1936, p. 218-219

Les livres où le fascisme est étudié sont rares, très rares, du moins ceux qui n’émanent point d’admirateurs d’Hitler et de Mussolini, de laudateurs salariés des régimes de force ; c’est pourquoi nous devons saluer avec joie la parution du livre du camarade Daniel Guérin membre du parti socialiste S.F.I.O.

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Jean-Baptiste Séverac : La naissance du fascisme. L’Italie de 1918 à 1922, par A. Rossi

Article de Jean-Baptiste Séverac paru dans Le Populaire, 21e année, n° 5.579, 25 mai 1938, p. 6

EN donnant à sa Naissance du fascisme le sous-titre : l’Italie de 1918 à 1922, notre collaborateur et ami A. Rossi (André Leroux) a fortement mis en évidence la promptitude avec laquelle s’est poursuivi le mouvement au terme duquel l’Italie n’avait plus qu’à pleurer ses libertés perdues. Quatre années ont suffi à la préparation et à la perpétration du crime.

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Marcel Péju : « Peau noire, masques blancs » de Frantz Fanon

Article de Marcel Péju paru dans Franc-Tireur, 12e année, n° 2466, 3 juillet 1952, p. 4

POUR se poser avec une évidence moins brutale, et de manière différente, qu’aux Etats-Unis, le problème noir existe également en France. Plus insidieux, plus subtil, voilé d’un libéralisme paternaliste et bon enfant, le préjugé racial, ici comme ailleurs, constitue l’une des tares de la conscience blanche et civilisée.

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Léonard Sainville : Le noir antillais devant la littérature

Article de Léonard Sainville paru dans Les Lettres françaises, 11e année, n° 425, du 1er au 8 août 1952, p. 3


A propos de . . .
Peau noire, masques blancs par Frantz Fanon (Editions du Seuil)


POUR l’observateur averti des différentes manifestations du comportement antillais, soit aux lieux où il trouve son point d’appui, c’est-à-dire aux Antilles mêmes, soit n’importe où ailleurs, un fait semble vouloir s’imposer dès maintenant, comme vérité d’évidence. Il s’inscrit dans la réalité d’un devenir qui commence avec l’irruption de la liberté formelle, dans le monde créole, comme un deuxième stade, celui où ces hommes de couleur, citoyens français, plus ou moins imprégnés de culture française, face à la France, juridiquement mère patrie, se mettent en révolte ouverte contre la civilisation occidentale et son contenu latent ou déclaré de préjugés raciaux, d’éthique et de mythologie spécifiquement blanches.

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Claude de Fréminville : De la lutte des races à l’unité humaine

Article de Claude de Fréminville paru dans Le Populaire de Paris, 31e année, n° 8 750, 12 mai 1952, p. 3

Dans sa courte préface à la « Croisade de Lee Gordon » (Corrêa) de Chester Himes, Richard Wright, pleinement conscient de la valeur humaine de cette œuvre, semble lui attribuer comme une teinture de pessimisme qu’elle n’a pas à nos yeux.

« Ce livre, écrit-il, n’est ni anti ni pro-américain, ni anti ni procommuniste, ni anti ni pronègre, ni anti ni procapitaliste ; il est tout simplement humain ».

Voilà qui est uniquement négatif, l’humain mis à part. Mais cet humain, où Gordon le trouve-t-il ? Dans son syndicat.

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Marie Martin : Frantz Fanon. La décolonisation dans la violence

Article de Marie Martin paru dans Anarchisme et non-violence, n° 4, avril 1966, p. 24-29

Le colonisé, l’homme noir, celui qui est l’objet du racisme, est objet de la violence du raciste, et, pour assumer son être, il doit y répondre par la violence : voilà une thèse fondamentale de Frantz Fanon, le psychiatre antillais devenu algérien, dans une prise de conscience globale de la solidarité des colonisés, et mort au service de l’Algérie en guerre.

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Daniel Guérin : L’an V de la révolution algérienne

Article de Daniel Guérin paru dans Correspondance Socialiste Internationale, 10e année, n° 102, décembre 1959, p. 4

Je ne crois pas avoir lu depuis longtemps un livre aussi riche et aussi bouleversant, traitant de problèmes particuliers dans une optique aussi universelle, collant à l’actualité et pourtant marqué à ce point du signe de la durée. L’An V de la Révolution algérienne, de Frantz Fanon, est, et restera, une source d’inépuisables réflexions, non seulement pour l’anticolonialiste, mais aussi pour le révolutionnaire prolétarien, pour le sociologue, le psychologue, le psychiatre, enfin pour l’humanité tout court.

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Marceau Pivert : Albert Camus, « L’Homme révolté » (Gallimard)

Article de Marceau Pivert paru dans Correspondance Socialiste Internationale, n° 20, mai 1952, p. 12

LECTURES RECOMMANDEES

Albert CAMUS : « L’Homme révolté » (Gallimard).

Il serait souhaitable que chaque militant socialiste soit en mesure de lire, de méditer, de discuter et de mettre à profit le livre de Camus et plus particulièrement le chapitre « Révolte et Révolution » (pp. 302 à 309). Certains camarades m’ont dit avoir éprouvé une sorte de déception à cette lecture. C’est qu’ils y recherchaient peut-être un système doctrinal reposant, une sociologie politique toute faite, alors que Camus présente tout le contraire : une mise en état de défense individualiste, une autoprotection libertaire en face du « délire historique » dont le stalinisme illustre, hélas ! les terribles errements. Il propose donc plutôt une règle de conduite individuelle (mais qui devrait précisément valoir aussi pour la classe opprimée) infiniment plus dangereuse pour les dogmes et les systèmes que les armées et les échafauds : « vivre et faire vivre pour créer ce que nous sommes » au lieu de « tuer et de mourir pour produire l’être que nous ne sommes pas ».

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Comment faire pour oublier

Mon premier texte de l’année, intitulé « Comment faire pour oublier », a été mis en ligne aujourd’hui sur le site du bulletin de critique bibliographique À contretemps.

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Gérard Gilles : Psychanalyse et révolution

Article de Gérard Gilles paru dans Recherches libertaires, n° 1, décembre 1966, p. 1-5

Notes de lecture sur « EROS et CIVILISATION », de H. Marcuse et « EROS et THANATOS », de O. Brown

Un biographe de Freud raconte que celui-ci, débarquant aux États-Unis, aurait déclaré à un ami qui l’accompagnait : « Nous leur apportons le poison ». Paroles qui semblent prophétiques quand on découvre les ravages que fait aujourd’hui la psychanalyse dans ce pays. Elle a échappe aux psychiatres, à qui elle était primitivement destinée, pour tomber entre les mains de tous, y compris de gens dont on peut se demander en quoi cet instrument peut leur être utile, tels les sociologues marxistes ou les théologiens protestants, — ce qui nous a valu les deux ouvrages traduits en français qui sont l’objet de la présente critique.

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Michel Lesure : L’Opium des intellectuels

Article de Michel Lesure paru dans Le Monde libertaire, n° 13, décembre 1955, p. 3

La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’une époque sans esprit, c’est l’opium du peuple.

(K. MARX.)

FAISANT sienne la conception de Feuerbach sur l’esprit déiste, Marx la complétait en assignant à d’autres abstractions le soin de régler le sens des évolutions. C’est du commentaire des sophismes marxistes qu’est née la caste des clercs et des mandarins : les intellectuels dits de gauche, l’Intelligentsia, qu’il appartient à Raymond Aron de radiographier.

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Joseph Gabel : Actualité du problème de l’idéologie

Article de Joseph Gabel paru dans Arguments, n° 2, février-mars 1957, p. 1-5

La publication en 1929 d’Idéologie et Utopie a été un événement de grande importance dans la vie intellectuelle « progressiste » de la République de Weimar et sa sphère d’influence à l’étranger (1). Sa parution récente en français (2) ne semble pas avoir provoqué beaucoup de remous jusqu’à présent. Et pourtant, en relisant ce livre, on n’a pas l’impression qu’il ait vieilli. Certes Mannheim ne pouvait préfigurer ni le nazisme ni le développement récent de la superstructure communiste qui confirme d’ailleurs l’exactitude de ses prévisions. Le problème de la pensée idéologique est aujourd’hui plus actuel que jamais.

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Maurice Joyeux : « La Catalogne libre » de George Orwell (Gallimard)

Article de Maurice Joyeux paru dans Le Monde libertaire, n° 11, octobre 1955, p. 4

Ecrit au lendemain de la guerre d’Espagne, cet ouvrage vient seulement d’être traduit. Sa qualité, la précision de l’information qu’il nous apporte sur les événements encore mal connus de 1937, nous fait regretter de ne pas l’avoir eu plus tôt entre les mains.

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Maurice Joyeux : Albert Camus de Herbert Lottman (éditions du Seuil)

Article de Maurice Joyeux paru dans Le Monde libertaire, organe de la Fédération Anarchiste, n° 287, 9 novembre 1978

C’EST avec émotion que j’ai ouvert ce livre sur un homme qui fut mon ami. Amitié d’idée, faite de rencontres circonstancielles, n’allant jamais jusqu’à l’intimité. Les biographies sont redoutables, elles vous font connaître toute une face cachée d’un être. C’est probablement pour cela que l’auteur, dans sa dédicace, pose le problème du souvenir d’un homme qu’on a aimé !

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Anticléricalisme prolétarien

Article paru dans Le Populaire, 15e année, n° 3324, 15 mars 1932, p. 4

Ne pouvant retracer ici dans tous ses détails la démonstration continue à laquelle procède dans son si intéressant ouvrage notre camarade Marceau Pivert (L’Église et l’École, Figuière édit.), nous voudrions insister quelque peu sur la thèse centrale ; la religion est-elle, peut-elle être, pour un socialiste, et pour le parti socialiste, une « affaire privée » ?

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La fonction de l’orgasme, de Wilhelm Reich

Article signé G. Bernier paru dans Le Libertaire, n° 347, 12 février 1953, p. 3

ENFIN ce livre est paru en français (1).

Pour ceux qui avaient eu l’occasion de connaître cet ouvrage édité à New-York en 1942 et qui avaient ressenti à la lecture cet enthousiasme que l’on n’éprouve que pour quelques livres dans une vie, c’est une joie profonde.

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Pierre Monatte : Qu’est-ce donc qu’une gauche ?

Article de Pierre Monatte paru dans La Révolution prolétarienne, n° 67 (368), décembre 1952, p. 1-2

La revue Esprit vient de consacrer tout un numéro à la « gauche américaine ». La vieille phraséologie politique a repris le pas depuis quelques années sur les désignations courantes suivant les classes sociales. On est de gauche et non plus bourgeois, petit-bourgeois ou ouvrier. Là aussi il est franchement mal porté d’être ouvrier. Que ce soit la conséquence d’un affaissement de l’esprit prolétarien, cela ne fait pas de doute. Mais c’est aussi le résultat d’une invasion du mouvement par les intellectuels et par toutes les couches de la petite-bourgeoisie, fonctionnaires en tête. Cet affaissement de l’esprit prolétarien, dans quelle mesure provient-il de l’étatisme russe et de l’étatisme tout court qui tend à submerger le monde, cela mériterait d’être examiné plus profondément. Contentons-nous aujourd’hui de le constater.

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Spartacus, d’Arthur Koestler

Article paru dans Le Libertaire, n° 28, 10 mai 1946, p. 2

On a beaucoup parlé, on parle encore beaucoup, plus peut-être qu’il n’eût été logiquement, utile, du livre d’Arthur Koestler « Le Zéro et l’Infini », dernièrement paru. Sans doute faut-il voir dans cet engouement pour une œuvre somme toute assez banale, le fait que l’auteur fournit ainsi aux adversaires du communisme une arme non négligeable à la veille des élections. N’est-on pas allé jusqu a dire qu’un des secrétaires du premier parti de France — quand on écrit ces mots on pense immanquablement à Thorez, le grand patriote clairvoyant et courageux (!) qui fut en effet un des premiers partis de France… comme déserteur en 1939 — aurait rendu visite à l’éditeur pour lui demander de limiter le tirage de ce livre qui, en notre époque de dithyrambes staliniens, produit un effet comparable à celui d’un pavé jeté dans une mare à grenouilles, un soir d’été. N’a-t-on pas insinué aussi — pure calomnie, bien sûr — que le parti visé aurait fait effectuer des achats massifs de l’ouvrage en question afin de retirer de la vente au public le plus grand nombre possible d’exemplaires. Tout cela est, ma foi, fort possible mais je ne suis pas de ceux qui affirment ce qu’ils ignorent.

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La Chute, d’Albert Camus

Article signé L. D. paru dans La Révolution prolétarienne, 25e année, n° 107 (408), juillet 1956, p. 23

C’est un livre court et qui va loin. Aux antipodes, d’abord, du lieu où se situait L’Étranger. A l’extrême pointe d’une hypothèse à partir de laquelle Camus distribue son œuvre.

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J’ai choisi la liberté : Un livre maudit !

Article signé Un Russe hérétique paru dans La Révolution prolétarienne, 16e année, n° 4 (305), juillet 1947, p. 1-4

Il s’agit de « J’ai choisi la liberté », de V.-A. Kravchenko. C’est simplement un témoignage sur la Russie actuelle et aussi sur les années qui ont amené cette Russie à devenir ce qu’elle est. Il ne faut pas se laisser arrêter par la lourdeur, les gaucheries, les redites, pas plus que par les maladresses voulues d’une traduction intentionnellement trop fidèle (et qui aussi, parfois, méconnaît, il faut bien l’avouer, quelques termes français de l’histoire des luttes ouvrières). Mais celui qui a un peu d’âme ne remarquera pas ces bavures en présence des angoisses que soulève la déposition de Kravchenko et qui est essentielle en ceci : aujourd’hui, sur le sixième du globe terrestre, dans l’Empire russe restauré, le travail forcé, le bagne dans son sens le plus direct est appliqué à des dizaines de millions d’hommes et de femmes et à des millions d’enfants.

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Alfred Rosmer : Gluckstein, Les satellites européens de Staline (Allen and Unwin)

Article d’Alfred Griot dit Alfred Rosmer paru dans La Révolution prolétarienne, 22e année, n° 72 (373), mai 1953, p. 28-29

Le procès de Prague s’est déroulé au milieu des « aveux » et a fini par le gibet, selon un scénario désormais connu et si bien réglé qu’il n’y a nulle place pour la surprise. En le montant à Prague, Staline avait voulu signifier qu’aucune des « démocraties populaires » ne peut prétendre se soustraire à la stalinisation intégrale. Mais la mise au pas à laquelle elles sont soumises est plus impitoyable que celle imaginée par Hitler pour cette raison essentielle que la métropole est, cette fois, plus arriérée que certaines de ses nouvelles colonies, qu’elle doit les exploiter selon ses propres besoins et ne peut admettre un régime d’exception.

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Pierre Monatte : Jean Malara et Lucienne Rey, La Pologne. D’une occupation à l’autre (1944-1952)

Article de Pierre Monatte paru dans La Révolution prolétarienne, n° 70 (371), mars 1953, p. 29-30

Un bon livre documenté et sérieux qui rend intelligible la série de drames qui se sont succédé en Pologne de la Libération à maintenant.

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Victor Serge : Carnets

Extraits de Victor Serge, Carnets, Paris, Julliard, 1952, p. 103

25 avril 44. — Lu Le Procès de Franz Kafka, qu’il écrivit en 1920, en Bohème, au temps de l’euphorie démocratique de l’Europe centrale. Le livre se déroule sur le plan du rêve éveillé, du vrai rêve éveillé, avec une sincérité visionnaire aiguë et intelligente.

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Maurice Nadeau : Le Château, par Franz Kafka

Article de Maurice Nadeau alias Donat paru dans La Lutte ouvrière, n° 108, 10 février 1939, p. 4

LE Château est avec le Procès et la Métamorphose un des trois romans posthumes de l’écrivain allemand Franz Kafka. Inconnu hier, le nom de Kafka est en train de passer les plus grands parmi les romanciers et c’est bien en effet quelque chose d’essentiel dans le genre que nous apporte cet écrivain.

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René Cavanhié : « Le grain sous la neige » d’Ignazio Silone

Article de René Cavanhié alias R. Cavan paru dans Le Libertaire, n° 248, 22 décembre 1950, p. 3

Si l’action se déroule dans le même cadre et le même milieu que « Fontamara » (1) nous n’avons retrouvé que par éclairs l’âpreté et la vigueur de ce dernier roman. Là, des personnages taillés à la cognée évoluaient sur de la lave, ici ils sont ciselés par un poète. Nous préférions le bûcheron, et la première manière convenait mieux à ce peuple de « cafoni », véritables serfs du XXe siècle, à ces régions dures et hostiles.

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Jean Blanzat : Fontamara. Le chef-d’oeuvre de Silone

Article de Jean Blanzat paru dans Combat, 8 juillet 1949, p. 4

IGNAZIO SILONE est né en 1900 dans un village des Abruzzes. Son père possédait, dans ce pays aride, quelques hectares de terre, et, pour en compléter le revenu, la mère faisait du tissage. Ignazio n’avait pas quinze ans quand sa famille périt presque tout entière dans un tremblement de terre. Orphelin et sans ressources, Silone vint à Rome et gagna sa vie en vendant des journaux. Mais, déjà, la misère des « cafoni », les paysans de sa province, l’avait frappé ; à dix-sept ans, Silone était devenu secrétaire de l’un des premiers syndicats ouvriers agricoles.

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Gilbert Sigaux : Silone l’hérétique

Article de Gilbert Sigaux paru dans Combat, 10 août 1950, p. 4

IGNAZIO SILONE, par Hatim Elmekki (Source)

IL ne faut pas chercher à définir et à comprendre les œuvres d’Ignazio Silone indépendamment de ses prises de position politiques. Lui-même nous en avertit :

« Écrire n’a pas été et ne pouvait être, pour moi, sauf en quelque rare moment de grâce, une sereine jouissance esthétique, mais la laborieuse et solitaire continuation d’une lutte, après que je me fus séparé de mes compagnons les plus chers ».

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Pierre Souyri : La classe ouvrière d’Allemagne orientale

Article de Pierre Souyri alias Pierre Brune paru dans Socialisme ou Barbarie, n° 28, Volume V (11e année), juillet-août 1959, p. 86-92

Le livre de B. Sarel constitue une contribution de premier ordre à la compréhension de l’univers bureaucratique et des luttes de classes qui s’y déroulent actuellement (1). Sobre, précis, documenté, Sarel nous fait pénétrer d’une manière extrêmement concrète dans la réalité quotidienne des rapports antagoniques qui se sont développés en Allemagne orientale entre le prolétariat et la nouvelle classe dirigeante du soi-disant régime socialiste. Sarel ne pose pas des affirmations dogmatiques générales sur les contradictions internes des régimes bureaucratiques, il fait parler les faits et souvent même les personnages, ouvriers ou bureaucrates, qui vivent tous les jours ce déchirement de la société. Peu à peu se reconstitue sous nos yeux l’histoire d’une lutte de classe, et la signification révolutionnaire que développe cette histoire.

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Mikhalis Raptis : L’Opium des intellectuels de R. Aron

Article de Mikhalis Raptis dit Michel Pablo paru dans Quatrième Internationale, 13e année, Vol. 13, nos 7-10, octobre 1955, p. 62

Après la philosophie, voici la sociologie « scientifique » qu’on enseigne en Sorbonne, armée de logique cartésienne solide et de keynesisme à fortes doses. Ayant en 1946 jugé « le parlementarisme tel que le pratique la France » « inadapté à la guerre froide, à la dissidence communiste, aux exigences d’une économie à moitié dirigée » et choisi le R.P.F., Mr. Aron réduit maintenant en poussière les « mythes » de la « gauche », de la « révolution », du « prolétariat » et s’efforce de désintoxiquer les intellectuels de l’opium de toutes les Églises, surtout de celle du marxisme. Du reste, peut-on maintenant accuser le R.P.F. d’avoir été une formation d’extrême-droite, presque fascisante ?

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Léon Steindecker : Le plus hallucinant des témoignages. Un testament espagnol par Arthur Koestler. « Fusillé, gracié, fusillé, gracié… »

Article de Léon Steindecker alias Léon Pierre-Quint paru dans La Lumière, 12 mai 1939, p. 6

VOICI un témoignage hallucinant, simple, vrai, dénué de cynisme et de fausse pudeur (1) Arthur Koestler, correspondant du News Chronicle, de Londres, a parcouru les deux camps espagnols dès le début de la guerre civile. Il fut le premier journaliste libéral qui réussit à pénétrer au grand-quartier général nationaliste. Son interview de Queipo de Llano, les infractions au pacte de non-intervention qu’il observa et qu’il publia, enfin un livre sur l’Espagne qu’il fit paraître en Angleterre le rendirent célèbre dans son pays, mais irrémédiablement suspect aux nationalistes.

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Albert Ollivier : Un écrivain français né de la guerre. Albert Camus ou le refus de l’éternel

Article d’Albert Ollivier paru dans France, n° 5, 24 novembre 1944, p. 6

PARMI les livres publiés en France au cours de ces quatre ans, « L’étranger » de M. Albert Camus a tout particulièrement attiré l’attention. Nous avons demandé à un jeune critique de talent de préciser pour nous les raisons qui ont valu à cette première œuvre d’un romancier d’être si chaleureusement accueillie.

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Pierre Paraf : Un testament espagnol

Article de Pierre Paraf paru dans La République, 17 mai 1939, p. 2

L’AUTEUR de ce livre, Arthur Koestler, était correspondant du News Chronicle de Londres.

Journaliste et libéral, il se rendit dès le début de la guerre civile dans les deux camps espagnols. Il y apportait cette curiosité, cette fraîcheur, cette aptitude à capter le document humain qui sont en notre profession vertus essentielles. Il y apportait aussi la révolte du gentleman qui, sans se soucier des étiquettes politiques, n’a jamais admis qu’il soit forfait à l’honneur.

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Jane Albert-Hesse : Un essai d’Albert Camus. L’Homme révolté

Article de Jane Albert-Hesse paru dans Franc-Tireur, 8 novembre 1951, p. 4

BOURREAU ou victime, tels sont les termes de l’alternative qui s’offre à l’homme d’aujourd’hui. On sait que Camus a dès longtemps refusé de se laisser emprisonner dans ce dilemme. Mais nul écrivain n’a entrepris avec une plus implacable patience de refuser les travestis, et de replacer ses contemporains devant la question nue ; au sommet de la tragédie contemporaine, écrit-il aujourd’hui, nous entrons dans la familiarité du crime. Avec « L’Homme révolté », c’est à l’examen même de la culpabilité de notre temps que s’attache Camus puisque toute action aujourd’hui débouche sur le meurtre direct ou indirect, nous ne pouvons pas agir avant de savoir si, et pourquoi, nous devons donner la mort.

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Jean Rous : Vers l’âge d’or ou vers une nouvelle barbarie ? A propos des prophéties de M. Burnham…

Article de Jean Rous paru dans Franc-Tireur, 1er octobre 1947, p. 2

ALLONS-NOUS vers l’âge d’or ou vers une nouvelle barbarie ? Le régime de demain sera-t-il un capitalisme rénové sous la forme d’un capitalisme d’État, sera-t-il le socialisme, ou bien quelque chose d’entièrement original ?

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Maurice Nadeau : Spartacus par Arthur Koestler

Article de Maurice Nadeau paru dans Combat, 11 janvier 1946, p. 2

ARTHUR Koestler est connu chez nous par « Un Testament espagnol », paru en 1939 et passé de ce fait inaperçu. Depuis cette date, l’ouvrage a toutefois trouvé des lecteurs fanatiques.

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Maurice Nadeau : Le Zéro et l’Infini par Arthur Koestler

Article de Maurice Nadeau paru dans Combat, 1er février 1946, p. 2

ON se souvient de l’émotion que provoquèrent les procès de Moscou. S’évadant malaisément des analogies historiques, ceux qui pensaient à Thermidor se rappelaient Robespierre, Saint-Just, Couthon et Lebas gravissant l’échafaud en silence. Les condamnés russes, eux, non seulement se vantaient d’avoir voulu poignarder la révolution, assassiner son chef, vendre le pays à une puissance étrangère, mais enchérissaient sur l’accusation :

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Jane Albert-Hesse : Les hommes ont soif d’Arthur Koestler

Article de Jane Albert-Hesse paru dans Franc-Tireur, 5 juillet 1951, p. 4

L’auteur du « Zéro et l’Infini » pose ici le problème de la démission de l’intelligence


L’IMAGINATION se refuse à distancer le présent : elle ne consent guère à s’adonner à des exercices propitiatoires que si elle cingle vers le fabuleux ; le fabuleux n’a pas d’âge et n’appartient pas plus à l’avenir qu’au passé. Les hommes acceptent malaisément d’anticiper, sauf à s’y donner un vertige de démiurge, et l’illusion d’une condition dominée : rien de plus aisé que de se représenter un miracle. A la fin du XIXe siècle et au début du XXe, les grands délires scientifiques firent la vogue du roman d’anticipation. Aujourd’hui l’ère de l’optimisme est close ; l’anticipation a passé au service de la satire.

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Gilbert Sigaux : Itinéraire d’Albert Camus

Article de Gilbert Sigaux paru dans Combat, 3 août 1950, p. 4

DANS le dernier volume d’Albert Camus, Actuelles, qui réunit, outre un certain nombre d’éditoriaux de Combat, des articles parus dans Caliban, le texte d’un exposé fait au couvent des Dominicains de La Tour Maubourg et trois interviews, on peut voir plusieurs choses. D’abord le journal, sinon involontaire, du moins non prémédité d’un esprit lucide, de 1944 à 1948. Pour la biographie intellectuelle de Camus, Actuelles constitue donc un document capital. Les mouvements d’une sensibilité, ceux d’une intelligence s’y inscrivent dans un style d’une pureté et d’une précision irréprochables (cela compte, quand il s’agit d’idées) style constamment conforme à son sujet, sans « drapé », sans opéra — mais avec une sobre, une constante résonance humaine.

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Les animaux partout

Article signé G. S. paru dans Force ouvrière, n° 119, 8 avril 1948, p. 14

Ce titre étrange reflète, à y regarder, un contenu d’une profondeur extraordinaire. En effet, nous avons lu, dernièrement, toute une série d’ouvrages qui nous ont dévoilé les dessous des sociétés totalitaires.

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Auguste Gallois : Le Dieu des ténèbres par Arthur Koestler, Ignazio Silone, Richard Wright, André Gide, Louis Fischer, Stephen Spender

Article d’Auguste Gallois paru dans Force ouvrière, n° 234, 22 juin 1950, p. 12

Richard Crossman, député aux communes et rédacteur en chef du New Statesman and Nation, nous explique que ce livre est issu du feu de discussions qui eurent lieu, un certain soir, chez Arthur Koestler, dans le Nord du pays de Galles.

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Paul Sénac : « Le Soleil entre les mains » de Garet Garrett, « Le Yogi et le commissaire » d’Arthur Koestler

Article de Paul Sénac paru dans Force ouvrière, n° 48, 21 novembre 1946, p. 11

Nous nous débattons tous, il faut en convenir, dans un chaos intellectuel indescriptible. Une immense supplication, comme une prière, monte des foules inquiètes vers ceux qui mènent le monde. « Dans votre sillage, messieurs, où allons-nous ? Où nous conduisez-vous ? » Telles sont les questions que, sourdement, se pose l’énorme majorité des hommes qui n’ont pas encore cessé de penser ni de réfléchir.


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La Lie de la terre

Article signé G. S. paru dans Force ouvrière, n° 50, 5 décembre 1946, p. 11

Albert Camus, l’éminent écrivain, dans une série d’articles publiés par Combat, définit notre siècle comme le « Siècle de la Peur ». Quoi de plus juste, de plus véridique ? Ferrero, dans ses grands ouvrages d’histoire, invoque le sentiment de la peur comme un des facteurs les plus puissants qui aboutissent à la guerre.