Article signé A. B. paru dans Sans Frontière, n° 31, spécial juillet-août 1981, p. 9
Dimanche 12 juillet, le poste de police qui avait été installé en catastrophe, la veille, en plein quartier a disparu. En début de soirée, un car de CRS qui patrouille dans la ZUP, s’arrête près du quartier Monmousseau et des CRS montent pour vérifier les identités. Ils embarquent deux jeunes qui n’avaient pas sur eux leurs papiers et les conduisent dans un coin sombre, près du cimetière. Après leur avoir flanqué une paire de claques, ils les relâchent. Mesquin. « C’est l’alcool qui m’a frappé » dira l’un d’eux.
Dans la banlieue lyonnaise, ça bouge. Pour une fois, ce sont les jeunes des familles d’immigrés qui font parler d’eux, ceux qui sont nés en France, mais qui ne sont ni d’ « ici », ni d’ « ailleurs », la « deuxième génération », comme on l’appelle.
Article paru dans Lutte ouvrière,n° 687, 1er août 1981, p. 12
Depuis plusieurs mois, dans la ZUP des Minguettes, des jeunes du quartier s’opposent de plus en plus aux policiers. Dans la nuit de mardi à mercredi 22 juillet, à la suite d’un cambriolage commis par trois d’entre eux, l’intervention des policiers a provoqué la révolte des jeunes présents ainsi que de certains habitants du quartier qui ont assailli les flics à coups de pierres.
La Grande Bretagne a été secouée par une vague d’affrontements. Combats de rue, cocktails molotov et barricades : telle était l’image du pays où l’on déclarait il y a peu : « de telles choses ne peuvent arriver chez nous …». Nous avons rencontré un membre de groupe de Londres de l’organisation communiste libertaire SOLIDARITY et lui avons demandé ce qu’il pensait des derniers évènements survenus dans le pays de la « loi et de l’ordre » de Mme Thatcher. Sa vision des conséquences politiques de ces évènements contraste avec la présentation un peu triomphaliste qui a été faite dans certaines publications libertaires.
Article de Brian Grogan paru dans Inprecor, n° 107, 5 août 1981, p. 7-9
Au cours des deux dernières semaines, les principales villes de Grande-Bretagne ont été le théâtre de la révolte à grande échelle de la jeunesse contre le gouvernement conservateur. Les causes immédiates de ces explosions ont été le harcèlement policier ou les provocations menées par des membres des organisations fascistes. Au cours des événements, la jeunesse a édifié des barricades, jeté des pavés et des cocktails molotov contre la police et pillé les biens de consommation contenus dans les succursales des chaînes de magasins, toutes scènes qui rappelaient les événements d’Irlande du Nord.
Article de Dave Hayes paru dans Inprecor, n° 106, 20 juillet 1981, p. 3-4
FOUTEZ le camp ! Écrivez toute la merde que vous voulez. Dites que c’est politique, ou quelque chose comme ça. Ça pourrait tout expliquer. Qu’est-ce que vous foutriez, vous, si vous habitiez ici ? On n’a besoin de personne pour nous dire la merde que c’est ici. Quelquefois, parmi tous ceux qu’on connaît, y en a pas un qu’a trouvé du travail ! Est-ce que vous habiteriez dans ces pièges à rats ? »
(Interview de jeunes émeutiers, The Observer, 12 juillet 1981.)
Article signé Jo. Swift paru dans I.R.L., journal d’expressions libertaires, n° 40, été 1981, p. 16-19
« La couleur n’a rien à voir là-dedans. Je crois que c’était une question d’autorité, de réaction à l’autorité ». (Avril 1980, un pasteur de Bristol après les émeutes noires).
« Je me fous de ce qu’on dit, seulement un être humain civilisé et normal ne se balade pas avec un cocktail molotov à la main… Ils riaient tout le temps… J’espère seulement qu’ils ont une conscience ». (Avril 1981, l’agent Haggis, 24 ans, à l’hôpital).
Article paru dans El-Oumami, n° 18, septembre-octobre 1981, p. 18
Après les émeutes de Bristol et de Brixton (banlieue de Londres) en mai dernier, la bourgeoise, à travers sa presse, avait voulu nous faire croire que cette série d’émeutes était due à un « conflit racial » entre les communautés, ce qui lui évitait de dévoiler la situation matérielle déplorable dans laquelle vit toute une frange de la classe ouvrière anglaise. Mais les violents affrontements entre les jeunes et la police à Toxteth (quartier de Liverpool) du 4 au 6 juillet ont montré que les jeunes, qu’ils soient Anglais, Antillais, Pakistanais, Guyanais, Jamaïcains ou Indiens, en ont assez de supporter les frais de la crise économique profonde qui touche le pays. Les bourgeois ont bien été obligés d’avouer que ces affrontements étaient dus à une situation matérielle terrible et éventuellement au chômage.
Article de François Rouleau paru dans Lutte ouvrière, n° 690, 22 août 1981, p. 8
Le 15 août, des milliers de manifestants ont envahi les rues de Liverpool pour exiger la démission du chef de la police locale, Kenneth Oxford, individu notoirement réactionnaire et raciste. Cette manifestation était organisée par le comité de défense de Liverpool 8 (nom officiel du quartier de Toxteth où se sont déroulées les émeutes du début juillet) qui regroupe des représentants des organisations communautaires indiennes et jamaïcaines ainsi qu’un certain nombre de militants syndicalistes ou membres de la gauche travailliste. Mais pour la première fois depuis le début des émeutes, elle avait reçu le soutien officiel du Parti Travailliste et de plusieurs syndicats.
Article paru dans Lutte ouvrière, n° 684, 11 juillet 1981, p. 16
Pendant cinq jours, trois des plus grands centres industriels de Grande-Bretagne — Londres, Liverpool et Manchester — ont été le théâtre de violentes émeutes. Dans un cas, à Southall dans la banlieue de Londres, la cause en a été une provocation raciste dans les autres, ce furent des réactions spontanées de la population contre les brutalités policières. Mais partout, le véritable arrière-fond de ces émeutes, c’était bien le chômage (il y a longtemps que le cap des trois millions de chômeurs a été dépassé en Grande-Bretagne), la misère et les rancœurs accumulées.
Article de François Rouleau paru dans Lutte ouvrière, n° 672, 18 avril 1981, p. 15
D’un côté, les jeunes Jamaïcains en colère, auxquels sont venus se joindre des habitants, blancs ou noirs, des environs ; de l’autre, la police en action : ce sont 4 000 policiers qui ont déferlé le 11 avril sur Brixton. (AFP)
Lundi 11 avril, la colère a éclaté à Brixton, dans la banlieue de Londres. Pendant trois jours, des affrontements ont opposé des centaines, peut-être même des milliers de manifestants, en majorité jamaïcains, aux forces de police qui quadrillaient la ville, prenant tour à tour la forme de véritables batailles rangées ou d’escarmouches isolées, entrecoupées d’accalmies plus ou moins durables.
Toxteth, July 1981: ‘Each evening, some of us would walk out into Parliament Street in balaclavas.’ Photograph: ANL/Rex Shutterstock (Source)
I – VIVENT LES EMEUTIERS, MA MÈRE, VIVENT LES EMEUTIERS…
3 millions de chômeurs, soit plus de 11 % de la population active (40 à 60 % des jeunes – noirs et blancs – dans certaines régions), le Royaume-Uni de Gde-Bretagne et d’Irlande s’enfonce de plus en plus dans sa DECADENCE.
Article paru dans Jeune Taupe, n° 37,juillet-août-septembre 1981,p. 5-7
11 April 1981, during the 1981 Brixton riot in London, police with riot shields line up outside the Atlantic Pub, on the corner of Atlantic Road and Coldharbour Lane, Brixton. The photographer wrote: « In April 1981, around lunchtime, I stepped out of a shop in Brixton and a car burst into flames some 20 yards up the street, marking the start of the worst episode of civil disobedience Britain had seen in over 100 years. These are some of the pictures from that day. » « Police with riot shields block the access to the main area of rioting. Up to this point they’d been using dustbin lids, sheets of ply, anything they could lay their hands on for protection. These riot shields had only just arrived. » (Source)
Durant les semaines précédant les émeutes, la police ne cessait d’investir les rues de Brixton. Le vendredi 3 avril le quartier est bouclé. Pendant toute la semaine « l’opération Swamp 81 » (I) s’était déroulée avec pour conséquence l’arrestation et la fouille systématique d’environ 1 000 personnes – surtout des jeunes noirs.
Manifestation à l’appel du Parti communiste pour soutenir le maire de Vitry-sur-Seine qui à provoqué un tollé en détruisant un foyer de travailleurs maliens le 10 janvier 1981 à Vitry-sur-Seine, France. (Photo by Laurent MAOUS/Gamma-Rapho via Getty Images)
Le 24 décembre dernier, un commando de militants du PCF, employés communaux, et accompagnés du maire de Vitry, faisait une descente au bulldozer sur le foyer de Vitry où venaient d’être relogés 300 travailleurs immigrés maliens.
Dossier paru dans Lutte ouvrière, n° 698, 17 octobre 1981, p. 10-11
QUELQUES mois avant la fin de la guerre d’Algérie, le 17 octobre 1961, plusieurs dizaines de milliers d’Algériens manifestaient dans les rues de Paris contre le couvre-feu, l’interdiction qui leur était faite de sortir le soir après 20 h 30, entre autres.
Éditorial signé du Comité de rédaction, Sou’al, n° 1, décembre 1981, p. 3-10
Le monde arabe * est en proie à de graves difficultés. Qu’elles soient politiques, sociales, économiques — ces difficultés sont sous-tendues par une terrible lacune : le monde arabe n’a pas pu, n’a pas su, se doter d’une vision du monde spécifique, d’un projet historico-culturel à vocation universelle. Sans doute est-ce là le prix qu’il lui a fallu payer pour accéder au concert des nations indépendantes du XXe siècle. Car l’impérialisme, le colonialisme, le néo-colonialisme n’acceptent le monde arabe que divisé, affaibli, donc sujet à toutes les manipulations. Mais au-delà de cette contrainte extérieure, c’est bien en lui-même, dans son esprit propre que le monde arabe est frappé de faiblesse. C’est qu’il revient de loin. Lui, qui fût l’héraut des premières lumières, qui connut son Aufklärung alors que l’Occident somnolait dans la léthargie — lui, qui inventa les mathématiques modernes, qui transmit au monde Aristote, qui pratiqua bien avant Léonard de Vinci la visitation des gisants, — lui, qui sut respecter les minorités ethniques et religieuses, qui se flattait qu’un de ses plus grands penseurs, Maïmonide, fut Juif, — le voilà encore confronté à la modernité qui s’est développée depuis trois siècles sans lui et en dehors de lui — le voilà enfin, aujourd’hui, désarçonné par l’innommable déroute de ses classes dominantes face au progrès économique et à l’émancipation culturelle. Le voilà, d’un mot, dans la nécessité d’être enfin lui-même à l’encontre et au-delà de l’adversité.
Dossier paru dans Sans Frontière, n° 32,du 16 au 22 octobre 1981, p. 5-7
Juste avant le carnage sur les grands boulevards, ils manifestaient pacifiquement (Elie Kagan)
Il y a 20 ans, le 17 octobre 1961, à Paris, 200 Algériens étaient assassinés par la Police
MAIS QUI DONC S’EN SOUVIENT ?
Ce soir-là, on se pressait sur les grands boulevards pour aller voir « Boeing Boeing » au théâtre Caumartin. Non loin de là à l’Olympia on faisait la queue pour aller voir Jacques Brel à ses débuts dans la chanson tout comme Johnny Hallyday qui l’avait précédé sur cette même scène. Au ministère de la marine, une grande réception est donnée en l’honneur du Chah d’Iran et de l’Impératrice Farah. Charles Trénet leur chante « Y’a d’la joie ». A Montparnasse, chez Régine la dernière boite à la mode, on danse le twist : « Cet air nouveau qui nous vient de là-bas »
Dossier paru dans Sans Frontière, n° 30, du 27 juin au 3 juillet 1981, p.8-11
Témoignage : La revanche des enfants de mars 1965
Une semaine après la grève générale du 20 juin, et les affrontements du week-end, les témoignages continuent d’affluer et le bilan de s’alourdir. Et d’abord celui des morts.
Déclaration parue dans Inprecor, n° 106, 20 juillet 1981, p. 31-32
Déclaration du Secrétariat unifié de la IVe Internationale sur les événements du 20 juin
A la suite d’une hausse spectaculaire des prix des denrées alimentaires — que le gouvernement avait décidée dans le cadre d’une orientation économique imposée par le Fonds monétaire international (FMI) —, des manifestations populaires ont éclaté à Casablanca, Rabat et dans d’autres villes du Maroc.
Article paru dans Le Communiste, n° 10-11, août 1981, p. 70-71
Le cinq juin, le gouvernement marocain annonçait une augmentation des prix de 85 % des articles de première nécessité : sucre, lait, œufs, farine, huile… La réponse du prolétariat ne se fit pas attendre ; des grèves et des manifestations violentes se déclenchèrent à Casablanca et dans la région orientale du pays (province de Oujda). Immédiatement, ces luttes s’étendirent à tout le pays.
Article paru dans Le Prolétaire,n° 341, 16 juillet au 3 septembre 1981, p. 1-3
Le sang de nos frères de classe vient de couler à Casablanca. Le bilan des émeutes du 20 juin s’élève à plus de 800 morts et des milliers de blessés, et actuellement les tribunaux condamnent à toute vitesse et par paquets de 20 ou de 50 ceux qui ont été arrêtés à de lourdes peines de prison. La répression de la bourgeoisie marocaine est à la mesure de la terreur que lui a inspirée l’émeute des masses laborieuses.
Article de Nicolas Walter paru dans Freedom, Vol. 42, No. 2, 30th January 1981, p. 9-12
GEORGE ORWELL died in 1950. He had become famous with the publication of Animal Farm in 1945, and much more famous with the publication Nineteen Eighty-Four in 1949. But he was too ill to enjoy his fame, and he died of tuberculosis at the age of 46. Since then, he has grown steadily more and more famous, and after becoming a classic in his own life he has now become a name known by virtually everyone who reads at all. Almost all his books have been continually reprinted, and most of his shorter writings have also been conveniently reprinted in the four-volume Collected Essays, Journalism and Letters. Of all modern writers, in fact, he is one of the easiest to get hold of; he is also one of the easiest to get to grips with, for all his work has a style and structure which are so spare and simple and a personality and purpose which are so peculiar and powerful that introduction and explanation are virtually unnecessary. In a way, then, there is no need to read about Orwell at all, only to read Orwell; but this hasn’t stopped many people writing about him.
Article signé F. L. paru dans Sans Frontière,n° 15, du 14 au 20 mars 1981, p. 11
C’est dans le cadre du centre de documentation de l’Université d’Oran et à l’initiative du « groupe d’étude et de recherche sur les femmes algériennes » que se sont tenues en mai 1980 les « journées de la femme algérienne ». Devant le succès de ce colloque, le groupe organisateur a décidé de poursuivre ses activités et de s’élargir à d’autres participation ; il s’est donné dans ce but diverses orientations de recherches pour l’année 1981, notamment l’étude du statut juridique des femmes, le travail féminin et l’ « analyse du discours sur les femmes algériennes ». Pour une meilleure information sur le résultat de ses réflexions et de ses travaux, le G.E.R.F.A. a enfin l’intention d’organiser la diffusion la plus large possible de ses publications. De nombreux thèmes relatifs à la condition de la femme qui furent développés lors de ces journées, nous avons retenu l’étude de Djamila Amrane sur le « rôle de la femme algérienne dans la guerre de libération nationale ».
Article paru dans Sans Frontière, n° 13, du 28 février au 6 mars 1981, p. 10-11
Photo : Farida Hamak
Venues de toute l’Algérie, 600 femmes se sont retrouvées à Alger, criant leur refus de la vie qu’on leur fait, réclamant que cesse l’arbitraire et la violence quotidienne, notre correspondante à Alger le dit, et ce ne sont pas effets de style : traquées dans les rues, refoulées aux frontières, sans droits, sans voix, elles exigent aujourd’hui de pouvoir participer à l’élaboration du « Code de la Famille » en projet depuis l’indépendance. Elles décident aujourd’hui que la coupe est pleine et disent leur volonté d’un changement profond au-delà des petites concessions qu’on leur accordera peut-être demain. L’année dernière, se sont tenues à Oran les « Journées de la Femme Algérienne ». Nous vous en ferons dans le prochain numéro un compte-rendu (sur les deux thèmes suivants : le rôle de la femme dans la révolution algérienne et réflexion sur la délinquance juvénile féminine).
Article paru dans Le Prolétaire,n° 349, 11 au 24 décembre 1981, p. 1-4
« Quoi de plus complémentaire qu’un pays exportateur d’énergie et un grand pays industriel tous deux riverains de la Méditerranée ? », cette question-réponse que nous empruntons au Nouvel Économiste du 30/11/1981 permet de situer dans ses véritables dimensions le rapprochement actuel entre l’impérialisme français et la bourgeoisie algérienne. D’autant plus que la nouvelle politique étrangère de la France social-impérialiste avait bien besoin du label de l’Algérie qui jouit d’un certain prestige parmi les « non-alignés ».
Article paru dans Le Prolétaire, n° 334, 3 au 16 avril 1981, p. 1-2
Un an après les manifestations et les émeutes du printemps dernier contre la répression bourgeoise, le mouvement social vient de reprendre en Algérie. Le 15 mars 1981 c’est la grève générale dans toute la Kabylie pour protester contre la farce du débat préfabriqué sur le « dossier culturel ». Par ce moyen l’Etat bourgeois espérait amortir le mouvement qui ne cesse de se développer contre la répression culturelle et pour la reconnaissance des langues populaires. Comme les manifestations de l’année dernière, la grève générale de Kabylie dépasse largement le cadre de la lutte contre les discriminations qui frappent les langues populaires. Il s’agit en réalité d’un mouvement dirigé contre les multiples aspects de la répression bourgeoise qui s’abat en Algérie sur les masses exploitées.
Articles parus dans Le Prolétaire, n° 327, 9 au 23 janvier 1981, p. 1-2
Après le transfert de 300 travailleurs maliens de Saint-Maur à un foyer de Vitry, un commando PCF n’a pas trouvé mieux pour « défendre ces travailleurs » contre la barbarie des quotas, du parcage et des ghettos que de rendre le foyer inhabitable à coups de bulldozers. Tout le monde — mairies de Saint-Maur et de Vitry, gouvernement et PC — se renvoie hypocritement la balle pour s’accuser de racisme. Mais le racisme n’est-il pas le produit inévitable d’un système social que toutes ces forces défendent collectivement ?
Article de Saïd Akli paru dans Inprecor, n° 110, 12 octobre 1981, p. 28-32
LA crise économique internationale a exacerbé les contradictions sociales développées par leprojet économique de Boumediene et accéléré l’apparition de ses premiers signes d’essoufflement. Déjà, en 1975, le Fonds monétaire international (FMI) préconisait comme moyens de sortir de la crise une rentabilisation de l’industrie étatique, une révision de la politique agricole, une baisse des salaires réels et un retour à la « vérité des prix« .
Article de René Massignon paru dans Inprecor, n° 106, 20 juillet 1981, p. 32-35
A NOUVEAU, le mouvement berbère secoue l’Algérie. Un an après les explosions de Tizi Ouzou, contrairement aux espérances du FLN, il n’a pas été étouffé mais a continué de cheminer dans le cadre de la crise latente du régime. Ce mouvement pour les droits culturels des Berbères s’affirme aujourd’hui comme un point focal des mobilisations contre le régime présidé par Bendjedid Chadli.
Les Minguettes ce n’est pas Manchester mais c’en est peut-être la banlieue…
C’était un étrange début d’été ; les soirées lourdes et orageuses alternaient avec de sombres journées de déluge. Bref, les vacances n’arrivaient pas vite.
» Un jour, un jeune immigré discutait avec le BON DIEU. – Pourquoi tu m’as fait les cheveux noirs et frisés ? – Pour te protéger des rayons brillants du soleil… – Pourquoi tu m’as fait la peau bronzée ? – C’est pour te protéger des rayons du soleil… – Pourquoi tu m’as fait de grandes jambes ? – C’est pour que tu puisses courir dans la savane quand un lion veut t’attaquer… – Mais alors, pourquoi tu m’as fait naître à Villeurbanne ? »
Article paru dans El-Oumami, n° 14, février-mars 1981, p. 6
Une information vient de nous parvenir faisant état d’un rassemblement de plusieurs centaines de femmes devant le Ministère de l’Intérieur à Alger pour protester contre la décision gouvernementale interdisant la sortie du territoire aux femmes, âgées de moins de 40 ans et non accompagnées par un parent direct. Les communistes internationalistes dénoncent l’hypocrisie, et le cynisme de la bourgeoisie algérienne qui ose prétendre lutter ainsi contre la prostitution au moment où la paupérisation, dans laquelle son système plonge les masses exploitées pousse une grande partie de celles-ci à survivre d’expédients de toutes sortes.
Tract reproduit dans El-Oumami, n° 16, juin-août 1981, p. 17-18
Le 19 mai, plusieurs dizaines de nationalistes se réclamant du Baâth se sont attaqués à des militants du Collectif Culturel qui organisaient ce jour-là un meeting à la Fac centrale d’Alger. Malgré plusieurs blessés dans leurs rangs, ces derniers se sont organisés pour riposter à la violence réactionnaire de ces agents de la bourgeoisie !
Ces dernières années, alors que le racisme a toujours été soigneusement entretenu et maintenu latent dans la société, les luttes raciales resurgissent avec vigueur. Les haines raciales éclatent pour donner caution à des expulsions massives de prolétaires immigrés, ou pour aboutir à l’organisation de milices-commandos qui sillonnent les quartiers à forte concentration d’immigrés, pour y mener les ratonnades et y maintenir un climat de terreur. Si la campagne du P.C.F. en est un exemple caricatural, ailleurs cela se fait parfois encore de manière plus discrète. En Belgique, par exemple, sous un climat de campagne de démocrates anti-racistes, les expulsions sont nombreuses, mais l’information en est encore soigneusement filtrée.
Depuis 1974 la politique de l’immigration dans les pays européens a pris un nouveau tournant. La crise que connaît le capitalisme demande, devant la surproduction de main-d’oeuvre qu’il a engendrée, le repli de chaque Etat sur ses frontières pour assurer sa survie économique. Pour alléger les frais croissants qu’occasionne le chômage, l’expulsion des travailleurs immigrés s’impose, de même que le développement d’une campagne raciste pour pouvoir réaliser les expulsions. La bourgeoisie, toujours soucieuse de préserver les intérêts du capital, emploie ou renvoie les prolétaires selon ses besoins.
Article paru dans Programme communiste, n° 84-85, octobre 1980-mars 1981, p. 6-8.
Solidarité avec les condamnés de Blida !
Après des aveux arrachés sous la torture et un simulacre de procès, cinq militants et contacts de notre organisation viennent d’être condamnés par le tribunal militaire de Blida à des peines de 3 à 10 ans de prison. Il s’agit de Mohamed Benssada, Rabah Benkhellat, Abdelmalek Kendour, Ali Akkache et Mohamed Naaman. Nous saluons ces jeunes révolutionnaires qui, malgré deux années de détention au secret entre les mains de la Sécurité militaire algérienne, n’ont pas hésité à revendiquer avec courage leurs idées face à ceux qui s’apprêtaient à les condamner.
In his sharply debated book, (1) Edward Said introduces us to the subject of ‘Orientalism’ through a broadly historical perspective which situates Europe’s interest in the Orient within the context of the general historical expansion of modern bourgeois Europe outside its traditional confines and at the expense of the rest of the world in the form of its subjugation, pillage, and exploitation. In this sense Orientalism may be seen as a complex and growing phenomenon deriving from the overall historical trend of modern European expansion and involving: a whole set of progressively expanding institutions, a created and cumulative body of theory and practice, a suitable ideological superstructure with an apparatus of complicated assumptions, beliefs, images, literary productions, and rationalisations (not to mention the underlying foundation of commercial, economic and strategic vital interests). I shall call this phenomenon Institutional Orientalism.
Article paru dans Courant alternatif, mensuel édité par l’Organisation communiste libertaire, n° 37, juin 1984, p. 12-13.
A l’heure où il devient de bon ton de parler de la « montée de l’intégrisme musulman » – même C.A. s’y met – il convient d’être prudent dans l’analyse d’un phénomène qui nous est très étranger. Deux dangers : le premier, la généralisation : puisqu’il y a montée de l’intégrisme musulman, la montée serait le fait de tous les pays islamisants ; le second, le manque de rigueur dans la définition du mot « intégrisme ». L’intégrisme n’est pas la pratique ou la présence d’une religion ; il s’agit bien de fanatisme et de sectarisme. En ce sens, l’Algérie me parait une situation particulière dans le monde musulman ; situation intéressante à étudier, tout en restant prudent quant à l’analyse très fragile puisque sujette à remise en question permanente (l’Algérie n’est pas à l’abri d’une flambée d’intégrisme).
Article paru dans El-Oumami, n° 20, décembre 1981.
Le 28 octobre, une centaine de femmes ont manifesté devant le siège de l’APN à Alger contre le projet de statut personnel, nouvelle mouture du code de la famille moyenâgeux que la bourgeoisie, surtout à travers ses portes-paroles traditionalistes, cherche à imposer pour sanctionner l’oppression et les discriminations qui frappent les femmes en Algérie à tous les niveaux.
Articles parus dans El-Oumami, n°15, avril-mai 1981, p. 6-9
La mobilisation qui a eu lieu ces derniers mois à Alger contre l’interdiction aux femmes de sortir librement du territoire a permis de lever le voile sur l’oppression particulière qui pèse terriblement sur les femmes en Algérie. Dans la réalité, le statut d’infériorité imposé à la femme se retrouve dans tous les domaines de la vie économique, sociale et politique.
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