Déclaration du Bureau politique du PCF parue dans les Cahiers du communisme, 37e année, n° 11, novembre 1961, p. 1852-1853
LES manifestations de dizaines de milliers d’Algériens qui se sont produites hier à Paris et dans la région parisienne constituent un évènement politique d’une importance exceptionnelles.
S’IL est vrai comme on en a accusé bien légèrement la population allemande, qu’un peuple est responsable de son régime, de quels crimes les Français auraient-ils à rendre compte à l’humanité !
Article de J. Graves suivi d’une brève parus dans La Vérité, n° 332, du 26 mars au 8 avril 1954, p. 2
DANS une série d’articles nous avions essayé l’an dernier de dresser un tableau des problèmes politiques nord-africains. Ce « bilan provisoire » mérite, après six mois, d’être à nouveau dressé parce que tant dans son ensemble que dans chacune des trois nations du Maghreb la situation a évolué.
Article et communiqué du groupe communiste libertaire de Mâcon parus dans Le Libertaire, 56e année, n° 386, 25 mars 1954, p. 1 et 4
La presse mâconnaise nous a informé de la création d’un centre de service médical gratuit qui aura lieu à la Croix-Rouge à l’intention des Nord-Africains. Nos médecins mâconnais sont des malins :
1° Ils ont peur de perdre leur clientèle par crainte de la présence de vilains Nord-Africains dans leur salon d’attente, et prennent des mesures pour satisfaire « l’honorable clientèle » qui pense « que les gens comme il faut ne doivent pas se mélanger avec ceux comme il ne faut pas ».
Article de Pierre Boussel alias Pierre Lambertparu dans La Vérité, n° 462, 14 juin 1957, p. 1 et 2
AU procès intenté le 4 juin, l’avocat général a motivé sa volonté de voir la loi être appliquée dans toute sa rigueur contre les quatre rédacteurs de notre journal en présentant une distinction entre l’information (légitime) et la propagande (délictueuse).
Ceci parce qu’à peu près seuls dans toute la presse nous avons constamment tenu, face à la conspiration du silence organisée par la presse quotidienne et hebdomadaire autour du M.N.A., à faire connaître les positions de ce parti. Nous avons montré devant le tribunal, au sujet des récents massacres de Melouza, comment, une nouvelle fois, la presse avait menti par omission, en tronquant un communiqué du M.N.A. Et nous avons posé la question :
Est-il de notre devoir de rétablir la vérité ? Est-ce de l’information ou de la propagande ?
Editorial de Philippe Viannay paru dans Nouvelle Gauche, 2e année, n° 30, du 22 juin au 13 juillet 1957, p. 1 et 2, suivi d’articles de Jacques Piraud, Claude Devence et Manuel Bridier.
LE problème algérien que le présent gouvernement avait tenté de minimiser de quart d’heure en quart d’heure a surgi dans toute son ampleur à l’occasion de l’affaire de Melouza. Celle-ci, loin de faire l’union sacrée, comme l’espéraient certains, a brutalement démontré à l’opinion française comme à l’opinion mondiale l’échec total de la politique de pacification.
La crise ministérielle est l’occasion d’une épreuve de vérité.
Devant la confusion qui règne dans les esprits, nous avons tenu à analyser quelques aspects de la situation.
Article d’Yves Dechézelles paru dans La Commune, n° 3, juin 1957, p. 5
Le massacre de Melouza a fixé brutalement l’attention sur la tragique division de la résistance algérienne. Pour la vérité et pour l’histoire, nous nous associerons à toutes initiatives qui auront pour but de faire l’entière lumière sur les circonstances qui ont préparé et entouré le massacre de trois cents villageois algériens. Mais faut-il suspendre tout jugement jusqu’au résultat d’une enquête impartiale ? Alors, il faudrait aussi nous taire sur les exactions et les crimes quotidiens de l’impérialisme. L’Histoire qui se fait, elle, n’attend pas. Nous n’avons jamais attendu, quant à nous, pour dénoncer tous les crimes, qu’ils soient racistes, colonialistes, fascistes ou staliniens. Et pourtant, de quelle immensité de moyens et de quelle foule de flagorneurs ont toujours disposé les détenteurs du pouvoir pour dissimuler la vérité ! Nous n’avons pas attendu non plus pour dénoncer, en pleine guerre civile espagnole, l’assassinat des valeureux militants de la F.A.I. et du P.O.U.M.
Le texte publié ci-dessous est celui de la déclaration faite par Bachir Hadj Ali à la clôture de la Semaine de la Pensée marxiste qui s’est tenue à Paris, salle de la Mutualité, du 13 au 20 mars 1963.
La guerre menée par notre peuple pendant sept ans et demi sous la direction du F.L.N. a mis en mouvement des millions d’hommes et de femmes, en majorité des jeunes de moins de vingt-cinq ans. Elle a libéré des énergies considérables, surtout à la campagne. Elle a fourni, au cours de cette phase d’exaltation intense, des héros magnifiques, animés d’une volonté de fer, pleins d’initiatives. Dans mille et une épreuves, se sont forgés des révolutionnaires, se sont accrues les conditions subjectives de la victoire.
Article de Nguyễn Khắc Viện alias Nguyen Nghe paru dans La Pensée,n° 107, février 1963, p.22-36
TOUT dire … quand on a partagé avec des millions de personnes la misère atroce et la grande humiliation des masses colonisées, quand on a vécu avec elles l’épopée de la lutte armée, dure, héroïque, mais victorieuse, on a envie de dire tout cela, de le crier à la face du monde. A la face de ceux qui gardent encore un fonds de bonne conscience, que peuplent les images de Lyautey ou du Père de Foucauld, à la face aussi de ceux, Asiatiques ou Africains, qui paradent aujourd’hui dans les couloirs de l’O.N.U., se contentant des prébendes distribuées par les compagnies coloniales, sans toucher à aucune des vieilles structures d’un monde cruel.
Article de Pierre Naville paru dans Perspectives socialistes, n° 25, juin 1959, p. 3-8
VOILA plus de quatre ans que la guerre se poursuit en Algérie. Guerre qualifiée de nationale et de patriotique par le F.L.N., de rébellion et de révolte par les gouvernements français, de théâtre d’opérations de la guerre mondiale par les chefs de l’armée française, de guerre civile par certains socialistes. Quel que soit son sens, en tout cas, il s’agit d’une guerre, tout comme celle qui s’est menée au Vietnam pendant sept ans sans qu’on ait voulu le reconnaître. Bien entendu, les gouvernements français n’ont jamais admis officiellement que l’Etat fut « en » guerre, puisqu’il ne s’agit pas d’un conflit avec une puissance étrangère. Mais les conflits armés qui n’ont pas lieu entre Etats reconnus n’en sont pas moins des guerres, lorsqu’ils atteignent une certaine ampleur, et qu’ils mettent en branle des masses nationales. La France a fait la guerre au Maroc pendant des dizaines d’années, jusqu’à la « révolte » d’Abd el Krim en 1925. En Algérie, la colonisation avait été assez puissante, depuis la destruction des forces d’Abd el Kader, et après l’écrasement des révoltes de 1871, pour instaurer un état de paix fondé sur l’oppression permanente et savamment organisée de la population autochtone. Mais, depuis 1954, les chefs militaires français ont compris qu’ils avaient sur les bras une véritable guerre. Ils sortaient à peine de la guerre du Vietnam – conclue, celle-là, par une bataille dans les règles – et venaient tout juste d’éviter d’en engager une de grande envergure dans tout le Maghreb, à partir des foyers d’insurrection de Tunisie et du Maroc. Sans le retour de Mohamed V sur son trône et l’accession de la Tunisie à l’autonomie, puis à l’indépendance, il est clair que le soulèvement algérien (qui se serait inévitablement produit) aurait entraîné une lutte générale d’Agadir à Gabès, c’est-à-dire sur un front de mer et de terre de plusieurs milliers de kilomètres ; guerre d’indépendance qui aurait vite pris un tour international, et qui aurait conduit la France à accorder en bloc ce qu’elle a partiellement cédé en détail sur les deux ailes du Maghreb. Au fond, Edgar Faure et P. Mendès-France, en accordant au Maroc et à la Tunisie la quasi-indépendance, n’ont nullement « trahi » les intérêts de la puissance colonisatrice, contrairement à ce que prétendent les ultras de la colonisation. Tout au contraire ! Ils ont permis à la France d’engager la guerre d’Algérie – surtout au point de vue militaire – dans les seules conditions où elle pouvait prétendre la gagner, ou du moins l’espérer.
LE colonialisme est fait de pillages et de meurtres. C’est un crime permanent qu’il faut sans cesse dénoncer.
Le temps du colonialisme doit finir bientôt car les peuples colonisés se réveillent et donnent l’exemple d’un magnifique combat. Chaque coup porté contre l’impérialisme par les mouvements révolutionnaires d’outre-mer a ses répercussions sur le capitalisme de chez nous. Chaque victoire des peuples colonisés est une victoire pour le prolétariat mondial. Chaque coup porté contre le militarisme – surtout en Indochine – affaiblit notre armée nationale de métier qui risque un jour ou l’autre – ne l’oublions pas – de devenir une armée contre-révolutionnaire entre les mains de la classe possédante, une armée de répression.
Article d’Yves Dechézelles paru dans La Commune, n° 6, février 1958
La publication du rapport de synthèse de la Commission de Sauvegarde des Droits et des Libertés Individuelles, si partiel et si limité qu’il soit, ne permet plus à des hommes de bonne foi de douter des traits barbares que revêt trop souvent la répression en Algérie.
Le colonisé, l’homme noir, celui qui est l’objet du racisme, est objet de la violence du raciste, et, pour assumer son être, il doit y répondre par la violence : voilà une thèse fondamentale de Frantz Fanon, le psychiatre antillais devenu algérien, dans une prise de conscience globale de la solidarité des colonisés, et mort au service de l’Algérie en guerre.
Article de Daniel Guérin paru dans Correspondance Socialiste Internationale, 10e année, n° 102, décembre 1959, p. 4
Je ne crois pas avoir lu depuis longtemps un livre aussi riche et aussi bouleversant, traitant de problèmes particuliers dans une optique aussi universelle, collant à l’actualité et pourtant marqué à ce point du signe de la durée. L’An V de la Révolution algérienne, de Frantz Fanon, est, et restera, une source d’inépuisables réflexions, non seulement pour l’anticolonialiste, mais aussi pour le révolutionnaire prolétarien, pour le sociologue, le psychologue, le psychiatre, enfin pour l’humanité tout court.
Il ne faut pas s’étonner des réactions provoquées au sein de F.O. par la politique de la Confédération Internationale des Syndicats libres. C’est un nouvel accès d’un mal congénital du peuple français – petite bourgeoisie et classe ouvrière, hélas ! – dont les nerfs sont chatouillés par le « bonnet à poil » du chauvinisme et le bonnet phrygien du jacobinisme. On a connu cela en 1914, lorsque les grands fantômes de Jeanne d’Arc, de Danton et de Gambetta cautionnaient la proscription des pacifistes. Et en 1870, Jules Vallès (il le conte dans l’Insurgé) et les rares clairvoyants de l’extrême gauche entendirent les mêmes imprécations tricolores, lorsqu’ « ils voulaient boucher avec de la charpie la gueule des canons ».
Appelparu dans Nouvelle Gauche,2e année, n° 34,du 12 au 25 octobre 1957; suivi d’un article paru dans Nouvelle Gauche, n° 36, du 9 au 22 novembre 1957; appel paru avec d’autres signatures dans La Vérité, n° 473, 17 octobre 1957
LE 20 septembre 1957, Ahmed Semmache, militant syndicaliste, dirigeant de la Région parisienne de l’U.S.T.A., était lâchement assassiné. Il fut l’un des promoteurs de cette Centrale syndicale et avait participé très activement à son congrès de fondation.
Article de Marceau Pivert paru dans Correspondance Socialiste Internationale, n° 78, novembre 1957, p.4-5
L’assassinat d’Ahmed Bekhat, secrétaire général de l’Union des Syndicats des Travailleurs Algériens, à Colombes, le 27 octobre, venant après celui de Ahmed Semmache, le 20 septembre, de Mellouli Saïd, le 24 septembre, de Hocine Maroc, le même jour, tous dirigeants de l’U.S.T.A., les quatre balles tirées dans le dos de Filali Abdallah, rue d’Enghien, le 7 octobre, et bien d’autres « règlements de comptes » révoltants entre nationalistes algériens nous obligent, en tant que militants socialistes, donc anticolonialistes, à poser ouvertement la question aux responsables du F.L.N. : PRENNENT-ILS OUI OU NON LA RESPONSABILITE DE CES CRIMES FRATRICIDES ? ILS DOIVENT LES CONDAMNER ! Le M.N.A., lui, par la voix de son représentant le plus qualifié, Messali Hadi, a lancé un appel émouvant pour que les nationalistes algériens cessent immédiatement ce genre de compétition à coups de mitraillettes. Nous l’en félicitons ! Nous avons déjà déploré que l’épouvantable massacre de Melouza n’ait pas été l’objet d’une ENQUÊTE INTERNATIONALE IMMEDIATE, qui aurait rencontré une sympathie unanime de tous les milieux socialistes et démocratiques du monde, afin de tirer au clair l’origine du drame, et d’en découvrir les auteurs et les mobiles.
Article d’Yves Dechézelles paru dans La Commune, n° 5, novembre 1957
Ahmed Bekhat, secrétaire général de la Fédération de France de l’U.S.T.A., a été à son tour assassiné. Le 26 octobre, au petit matin, son cadavre a été retrouvé encore chaud dans un terrain vague de Colombes. Il avait été tué de deux balles dans la nuque.
Article paru dans Nouvelle Gauche,2e année, n° 34,du 12 au 25 octobre 1957
A Alger, devant le Tribunal Permanent des Forces Armées de cette ville, s’est déroulé à la mi-Août, un procès d’une grande importance : celui des membres du Comité Directeur du Mouvement National Algérien pour Alger, défendus par nos camarades Yves Dechézelles et Yves Jouffa, et par le Bâtonnier Talbi.
Article de Pierre Naville paru dans La Nouvelle Revue Marxiste, n° 3, février-avril 1962, p.3-6
A l’heure où j’écris, le gouvernement français et le G.P.R.A. ont repris et font aboutir une négociation qui doit consacrer un peu plus tard l’indépendance de l’Algérie. La conclusion d’un cessez-le-feu, comme au Vietnam, atteste qu’il s’agit de la fin d’une guerre, tout autant que du début d’une révolution.
Editorial paru dans Nouvelle Gauche,1ère année, n° 5, 10 juin 1956,p. 1-2
LA guerre à outrance en Algérie, tel est le choix auquel Guy Mollet, qui s’était engagé à négocier la paix, s’est laissé entraîner sous la pression de la pire réaction.
Ce choix, qui risque d’avoir des conséquences catastrophiques pour l’avenir, est un danger mortel pour la liberté.
Article paru dans Alger Républicain, 25 février 1954
NOUSreprenons aujourd’hui, dans notre Tribune libre, la publication des interviews que nous avons sollicitées auprès de différentes personnalités d’Alger sur l’important problème de l’union des forces nationales et progressistes d’Algérie. A ces personnalités nous avions posé les questions suivantes :
Article de Maurice Clavel paru dans La Commune, n° 2, mai 1957, p. 10
J’arrive à Alger le 10 avril à la nuit. Le lendemain matin, je me rends au Tribunal Militaire. J’ai une grande partie de la ville à traverser. La mer et le ciel gris ne suggèrent pas l’Afrique. Les murs et les maisons de n’importe quelle ville de chez nous – à ceci près que c’est beau. Un musulman tous les 200 mètres donne une maigre et triste couleur locale. Il paraît qu’ils recommencent à se montrer (que devait-ce être ?). Alger, je le sais depuis hier soir, respire depuis l’opération Massu. La bombe de la « cafeteria » qui a tant marqué l’imagination (20 à 30 victimes, des fillettes amputées) s’éloigne peu à peu des mémoires.
Communiqué du MTLD paru dans Alger Républicain, 20 février 1954
On nous communique :
Le tribunal correctionnel de Tlemcen a condamné jeudi plusieurs dizaines d’Algériens à 84 années d’emprisonnement. Les faits qu’on leur reprochait remontent au mois d’octobre de l’an dernier.
Article de Pierre Boussel alias Pierre Lambert paru dans La Vérité, n° 330, du 19 février au 5 mars 1954, p. 2
PERSONNE ne s’aviserait de commenter les résultats des élections en Algérie selon les normes classiques. La « démocratie » que l’impérialisme français distille à ses millions d’esclaves coloniaux a comme contenu, la fraude ouverte, des urnes truquées, des bulletins falsifiés. C’est devenu une habitude si profondément enracinée dans les mœurs des « civilisateurs » de la matraque, que le gouverneur général Naegelen, socialiste, un Léonard, ou quiconque ne saurait en concevoir d’autres.
Article paru dans Partisans, n° 1, septembre-octobre 1961, p. 146-148
Ce n’est pas en opposition à nos aînés ou à nos cadets que nous parlons de génération algérienne, nous ne marcherons pas sur les cadavres de nos pères, nous ne brandirons pas nos morts comme l’étendard d’une génération d’anciens combattants, nous ne nous compterons pas pour descendre ensemble sur les Champs-Elysées.
Extrait d’une note d’Informations ouvrières, n° 10, avril 1959, p. 2-3
II/- Les données de la situation algérienne peuvent se résumer brièvement ainsi :
– Du côté algérien. – Le peuple algérien, malgré les coups terribles qu’il reçoit, quoique indéniablement épuisé, reste derrière ses combattants. Les « fellaghas », bien que subissant les plus sévères échecs sur les plans militaire et répressif, continuent le combat avec l’acharnement de combattants qui ne veulent lâcher les armes qu’après avoir arraché satisfaction à leurs aspirations.
Communiqué du MTLD paru dans Alger Républicain, 13 février 1954
Le M.T.L.D. communique :
Les régions de Nedroma et Nemours sont depuis plusieurs mois le théâtre d’une répression grave. On se souvient que le 15 octobre 1953, lors de la « Quinzaine de lutte contre la répression » un Algérien avait été abattu par la police. Ce fut le point de départ d’une action répressive qui n’a cessé de se manifester dans ces centres et leurs environs avec une particulière violence.
Article de Jean Rous paru dans La Commune, n° 6, février 1958, p. 3
La conférence anti-impérialiste qui s’est tenue au Caire fin décembre 1957 et qui se présente comme la suite de la grande conférence de mai 1955, n’est que l’exploitation de l’esprit de Bandoeng aux fins d’un bloc contre l’autre.
Article d’Yves Dechézelles paru dans Perspectives socialistes, n° 25, juin 1959, p. 25-28
JUSQU’A une date relativement récente, il n’existait aucun document d’ensemble faisant ressortir l’ampleur des conséquences sociales de la guerre d’Algérie. Les renseignements dont l’on disposait, si révélateurs qu’ils soient, visaient le plus souvent des faits limités dans l’espace et le temps et résultaient en général de témoignages individuels et par là-même contestables. Aussi véridiques qu’ils fussent, une grande partie de l’opinion publique, intoxiquée par la propagande officielle et toujours sensible aux arguments chauvins, demeurait sceptique. De toute manière, des gens de bonne foi avaient toujours la ressource de penser que les faits relatés étaient exceptionnels.
Editorial de Claude Bourdet paru dans Nouvelle Gauche, organe du mouvement uni de la nouvelle gauche, 1ère année, n° 1, 15 avril 1956, p. 1
AU cœur même de la situation politique française se trouve la guerre d’Algérie. Elle n’est pas le seul objet d’intérêt, elle n’est même pas, pour beaucoup de salariés vivant difficilement et préoccupés de leur salaire insuffisant, de leur logement médiocre, elle n’est même pas le problème principal. Mais, tout compte fait, c’est d’elle que tout dépend. Le climat international est à la détente. Le Parti communiste soutient le gouvernement. Malgré l’absence du Front Populaire aux élections, la droite n’est pas ressortie de celles-ci assez puissante pour inquiéter sérieusement Guy Mollet, tant au moins que la situation algérienne n’est pas très aggravée. Dans de telles circonstances, il apparaît clairement que, sans la guerre d’Algérie, nous serions partis pour une longue période de stabilité, et peut-être de progrès. Mais il apparaît aussi qu’à cause de la guerre d’Algérie, tout peut changer : la logique de la guerre alimente le chantage de la droite et des militaires exigeant de Mollet des mesures toujours plus brutales, lesquelles doivent normalement provoquer la chute du gouvernement de Front Républicain et son remplacement par un gouvernement de guerre totale animé par Bourgès-Maunoury, Soustelle, ou tous les deux.
Tribune de Lucien Weitz parue dans Nouvelle Gauche, 2e année, n° 33, du 28 septembre au 11 octobre 1957, p. 6
IL y a des formes d’auto-critique qui se révèlent n’être qu’un réquisitoire contre les autres. Le titre de l’article (1) de Léo Hamon : « La gauche souffre-t-elle d’algéromanie ? » n’était que formellement dubitatif. Le contenu, lui, ne laissait aucun doute.
Article de Claude Devence paru dans Nouvelle Gauche, n° 8, 22 juillet 1956, p. 2
ALORS que la guerre d’Algérie trouble la conscience de nombreux Français, l’opinion d’un homme comme le Professeur Rivet ne peut manquer d’avoir une grande portée.
Or « Combat » vient de publier une interview du Directeur honoraire da Musée de l’Homme, intitulée : « Au nom de l’idéal de la Gauche, le professeur Paul Rivet condamne la rébellion algérienne » (1).
Article de Claude Devence paru dans Nouvelle Gauche-Tribune étudiante, 2e année, n° 22, 25 février au 10 mars 1957, p. 1 et 7
LE 2 FEVRIER, entre 15 h. et 17 h., les ouvriers français, italiens, portugais et espagnols du chantier Perignan, à Vitry-sur-Seine, sous l’impulsion d’une militant Nouvelle Gauche, débrayaient unanimement. De quoi s’agissait-il ? D’une revendication de salaires ? D’une protestation contre les conditions de travail ? Non pas, c’était un acte remarquable de solidarité envers les camarades algériens en grève. En délégation, les ouvriers se rendirent à la Mairie de Vitry pout y déposer une motion réclamant la paix en Algérie et approuvant la grève de 8 jours faite à l’unanimité par leurs camarades algériens. Une collecte fut effectuée sur le chantier pour leur venir en aide.
Nous avons signalé en son temps la tenue du Congrès panislamique qui eut lieu il y a quelques années à Karachi, capitale du Pakistan, au cours duquel deux tendances s’affrontèrent vigoureusement.
Lettre de Robert Bonnaud parue dans Perspectives socialistes, n° 9, 15 avril 1958, p. 15-16; suivie d’une réponse de Georges Ducaroy parue dans Perspectives socialistes, n° 9, 15 mai 1958, p. 19-20 ; puis de l’article « Ni Budapest ni Alger » paru dans Perspectives socialistes, n° 13-14, juillet 1958, p.1-2
APRES quelque débat, le comité de rédaction de « Perspectives Socialistes » a décidé de passer des extraits importants de l’article de notre camarade Robert Bonnaud, de Marseille.
Communiqué du MTLD paru dans Alger Républicain, 26 janvier 1954
Le M.T.L.D. communique :
« Une fois de plus, le problème marocain revient au premier plan de l’actualité. Seul, en fait, le gouvernement français pouvait penser, ou feindre de croire, que le complot du 20 août 1953 contre la souveraineté chérifienne était un fait accompli sur lequel personne n’allait plus revenir.
Articles d’Yves Dechézelles et de Lucien Weitz parus dans La Pensée socialiste, n° 9, octobre 1946, p.19-22
Les réformes ne peuvent plus attendre
Les résultats du référendum en Algérie démontrent qu’une évolution extrêmement rapide s’y est produite depuis le 5 mai dernier.
Alors qu’à cette date, 175.000 suffrages s’étaient prononcés en faveur du premier projet de constitution, cette fois-ci, on ne retrouve plus que 118.000 « oui ». Par contre, les « non », au nombre de 189.000, ont augmenté de plusieurs milliers.
Article de Jean Rous paru dans Socialisme et Liberté, n° 1, février 1948, p. 22
LOIN de se constituer comme une union fédérative des peuples sur la base démocratique, à la manière du Commonwealth britannique, l’Union française devient chaque jour davantage la pure et simple couverture du colonialisme.
Article de Jean Rous paru dans La Pensée socialiste, n° 13, mars-avril 1947, p. 17-18
A l’occasion d’un bref séjour sur la magnifique terre d’Algérie, nous n’avons pu que recueillir des impressions et des suggestions générales, et nous n’allons point, après tant d’autres, nous donner le ridicule de résoudre en quelques lignes un problème infiniment complexe, aux lieu et place des intéressés eux-mêmes, c’est-à-dire de 1 million d’Européens, de 7 millions de musulmans et de leurs meilleurs représentants.
Tract du Secrétariat Fédéral de la Fédération de France du MTLD (à l’origine communiqué daté du 15 janvier 1954), publié partiellement dans Alger Républicain, le 19 janvier 1954
Un article paru dans le journal « L’AURORE », du 12 janvier 1954, sous le titre « La police démasque une organisation de racketters nord-africains », et dont le contenu a été repris par « PARIS-PRESSE L’INTRANSIGEANT » et des journaux de province, exprime des mensonges et des allégations fantaisistes dirigés contre notre organisation et son Président MESSALI HADJ, déporté à Niort depuis mai 1952. Déclarant rapporter des « informations » de police, ce journal, toujours à l’avant-garde des campagnes racistes, essaie de présenter les dirigeants et les militants du M.T.L.D. comme se livrant à des « rackets politiques », à des « expéditions punitives », à un « trafic de drogue », etc.
A la Conférence de San Francisco, en 1945, un mot singulier a été prononcé au cours des débats : « le colonialisme est mort ! »
Depuis, huit ans se sont écoules. Imaginons ce qui se passerait aujourd’hui, huit ans après, si à San Francisco ou ailleurs se tenait une conférence analogue. Nul doute que des voix désillusionnées s’élèveraient et clameraient : « le colonialisme est loin d’être mort… »
Article de Jean Rous paru dans Correspondance Socialiste Internationale, 9e année, n° 86-87, juillet-août 1958, p. 6
C’est en tant que secrétaire général du « Congrès des Peuples contre l’Impérialisme » (1948-1955) que je viens rendre hommage au noble exemple de militant socialiste anticolonialiste que Marceau Pivert a su incarner, et dont il laisse le souvenir à la future génération socialiste et aux peuples d’Afrique et d’Asie.
Article de Daniel Guérin paru dans Correspondance Socialiste Internationale, 10e année, n° 93, mars 1959, p. 2
Vers 1930, à l’époque, hélas déjà lointaine où certains d’entre nous faisaient leurs premiers pas dans l’action militante, la tâche essentielle était de faire connaître ce qu’est la colonisation, car bien peu de gens dans notre pays s’y intéressaient, et plus rares encore étaient ceux qui l’avaient sérieusement étudiée.
La presse française fait toujours le plus grand silence sur ce que pensent et disent les leaders des mouvements nationaux d’Afrique du Nord. Cependant, pour savoir ce que ceux-ci pensent et ce qu’ils veulent, le mieux est de les écouter. C’est pourquoi nous avons publié il y a quelques mois une lettre du Tunisien Bourguiba à son fils et que nous reproduisons ci-dessous la lettre ouverte adressée par Ferhat Abbas, le principal représentant de l’un des deux mouvements nationaux algériens, à Martinaud-Deplat, lors du récent voyage de ce dernier en Algérie.
Pierre Morain, à la sortie de la prison de la Santé en mars 1956 (source)
1953 aura vu le colonialisme français s’acharner avec plus de vigueur sur les peuples qu’il exploite.
Nous avons déjà, dans ce journal, dénoncé la répression sévissant en Afrique du Nord. Ce n’est pas dans le peu de place qu’offre un journal que nous pouvons relater un bilan de toute la répression qui sévit sous forme d’arrestations, de ratissages, d’assassinats, de tortures policières, d’emprisonnements, de traitrises de fantoches. Il faudrait un volume entier.
Je relate simplement ici un témoignage paru dans l’« Algérie Libre » du 14 novembre 1953. Mais je le relate avec une mauvaise conscience, car, jusqu’ici, nous n’avons rien fait contre cette répression.
Mon dernier texte intitulé « 1943. Le Manifeste du peuple algérien » vient de paraître dans le livre dirigé parPierre Singaravélou (coordonné par Arthur Asseraf, Guillaume Blanc, Nadia Yala Kisukidi et Mélanie Lamotte), Colonisations. Notre histoire (Seuil).
Je suis heureux d’annoncer à mes amis et lecteurs la tenue d’une nouvelle rencontre autour du très beau livre collectif, Boubaker Adjali l’Africain : un regard tricontinental, qui vient de paraître aux éditions Otium.
Article paru dans El-Oumami, n° 8, février-mars 1980, p. 13-15
Chinese Prime Minister Chou En-Lai shakes hands with Pakistan Prime Minister Mohammed Ali at the end of the African-Asian Conference, held in Bandung, Java, Indonesia in April 1955.
Au cours d’une récente réunion générale du parti, un rapport a été présenté, dont le but était de faire le point pour situer approximativement où ce mouvement historique en est arrivé aujourd’hui alors que nous escomptons une reprise de la lutte prolétarienne et qu’il nous intéresse au plus haut point de préciser quelles forces pèseront dans la balance de la révolution communiste.
Mon dernier article intitulé « Bhagat Singh. Martyr athée de l’indépendance indienne » vient de paraître dans le second numéro de Brasero. Revue de contre-histoire(L’échappée).