Article paru dans Droit et Liberté, n° 70 (174), 6-12 avril 1951, p. 1 et 3 ; suivi de « Après les rafles au faciès »paru dans Droit et Liberté, n° 71 (175), 13-19 avril 1951,p. 3
– En voilà un autre !
Et, du car bleu, descend une nuée de policiers, qui se ruent sur un promeneur, lequel est « embarqué » sans douceur.
Ce promeneur avait la peau mate, les yeux sombres, les cheveux noirs. Il a été repéré « au faciès ». Il a été décrété Nord-Africain. C’est pour cela qu’on l’emmène au poste. Ainsi, sous l’occupation, étaient « embarqués » les Juifs victimes des brigades « spéciales ».
Article d’Aziz Sahraoui paru dans L’Algérie libre, IIIe année, n° 32, 8 septembre 1951, p. 4 et 2;suivi de « Provocations policières contre les travailleurs algériens de Bollène (Gard) » et de « Solidarité anticolonialiste des mineurs du Pas-de-Calais«
Le racisme émigre jusqu’en France à la poursuite des Algériens qu’il traque partout. Il se manifeste à travers toute une cascade de provocations et de brimades à caractère raciste et dont les seules victimes restent les Nord-Africains.
Article paru dans L’Algérie libre, n° 79, 11 septembre 1953, p. 1 à 3
LE sang de nos frères tués le 14 juillet place de la Nation n’avait pas encore séché qu’un autre Algérien est tué par la police pour avoir voulu exercer son droit de grève. Messaoud DAFI, qui laisse une veuve et trois enfants, ajoute son nom à la longue liste des Algériens qui, depuis le 23 mai 1952, sont tombés sous les coups de la police.
Article paru dans L’Observateur, 2e année, n° 83, 13 décembre 1951, p. 3-4
Sur l’initiative des Algériens de Paris, un comité s’était formé le 18 novembre dans le but d’organiser des réceptions en l’honneur des délégations arabes et musulmanes aux Nations unies. Assurant la représentation la plus large de tous les Algériens de France, ce comité comprenait des membres des partis politiques, des organisations syndicales et des personnalités indépendantes.
Article paru dans L’Algérie libre, 5e année, n° 64, 5 mars 1953, p. 3
LE racisme se développe en plein Paris, en des lieux publics, sous le silence complice des autorités. Ce racisme devient arrogant. Dans des cafés de Montparnasse et du quartier des Halles, on refuse de servir les Nord-Africains. Ces pratiques se font ouvertement sans que la police intervienne, malgré les protestations de nos compatriotes. Certains patrons de café précisent même qu’ils ont l’accord de la police.
Article signé C. S. paru dans L’Algérie libre, 3e année, 24 février 1951, p. 2
Il y a deux mois, sur la demande de quelques jeunes spectateurs antisémites, un film nazi, Le Juif Süss, a été projeté dans un cinéma du Quartier Latin, à Paris. L’Association des Etudiants israélites a tout de suite alerté tous les groupements de jeunesse estudiantins et démocrates. Ils ont tous manifesté ensemble d’une manière telle que le film en question a été définitivement interdit. Et c’est justice, car il est inadmissible que le cinéma, qui est l’art populaire par excellence et doit en ce sens être un instrument de rapprochement entre les peuples et dirigé au service de la paix, devienne un organe pour la propagande de guerre, inspirée par la haine et le racisme.
LE Mouvement Libertaire, à travers les multiples organisations qui l’ont constitué et qui le forment aujourd’hui, s’est toujours distingué à l’avant-garde de la lutte anticolonialiste et cela dans tous les pays et sur tous les plans. Notre rejet lucide et motivé de l’oppression capitaliste, étatique et religieuse n’autorise évidemment pas d’équivoque sur ce point et il suffit de consulter les 53 articles parus depuis 1945 dans la présente série du « Libertaire » pour se convaincre que l’action anarchiste n’a pas subi les « déviations » que l’on peut reprocher à certains.
A Valenciennes près de mille travailleurs algériens ont participé à la manifestation du 1er mai. La police et quatre compagnies dites républicaines de sécurité cernaient la place Verte d’Anzin, s’échelonnaient jusqu’au viaduc qui domine un vaste paysage de rails, de hauts fourneaux et de terrils.
Depuis le dimanche 24 novembre, je fais l’objet d’une campagne de haine orchestrée par l’extrême droite française et ses alliés. Cette opération d’une violence inouïe a été initiée sur les réseaux sociaux puis relayée par l’ensemble des médias conservateurs (télévision, radio, presse…).
UN 14 juillet qui aura droit à quelques lignes dans les manuels d’histoire. Six morts algériens, un mort français. Plus de cent blessés, algériens et français, couchés dans les mêmes salles d’hôpital avec devant les yeux la même image : un défilé de la Bastille à la Nation, un 14 juillet où les habitants de Paris sont venus clamer leur amour de la liberté, leur refus de voir renaître les bastilles. Où les Parisiens de tous âges, de toutes opinions sont venus montrer que les grandes dates de l’Histoire de France, les dates inscrites au front de la Liberté, n’étaient ni oubliées ni mortes. Et puis, soudain, sous la pluie, les policiers se jetant sur les milliers et milliers d’Algériens qui venaient de passer devant la tribune, les policiers tirant sur des hommes qui n’avaient, pour se défendre, que leurs poings, les bois de leurs pancartes arrachées, les bois des palissades hâtivement mises en morceaux. Sept morts : six ouvriers venus d’Algérie, et le métallo Lurot, notre camarade … Le même gouvernement faisant tirer la même police contre les travailleurs nés d’un côté ou de l’autre de la Méditerranée.
POUR ceux qui sont fiers d’être Français, un Nord-Africain est toujours un « bicot ». Pourquoi ? Mais parce que l’usage de ce terme est le seul moyen qui leur permet d’affirmer leur supériorité. Il en allait de même avec les hitlériens, vis-à-vis des juifs, il en va de même avec les Américains vis-à-vis des noirs, il en va de même partout où existent le patriotisme et le racisme, ces produits de l’imbécillité et de la barbarie.
Or donc, l’Etat d’Israël a fini par accepter, sous une pression constamment croissante de l’Amérique, et à la suite du lâchage de son seul allié, et complice (lâchage que le langage officiel a appelé la « médiation » de M. Guy Mollet), de retirer ses troupes sur les lignes qu’elles occupaient avant leur agression d’octobre. Félicitons-nous en ! Mais peut-être n’est-il pas inutile de fournir quelques indications sur ces deux zones d’Akaba et de Gaza, dont il a été abondamment question et dont il sera encore abondamment question, mais sur lesquelles on n’a à peu près donné aucun renseignement concret.
Dossier paru dans La Voie communiste, n° 24, octobre 1961
DEPUIS quelque temps, la répression s’accentue contre les Algérien qui vivent en France. Nous avons eu connaissance d’un certain nombre de faits qui ont eu lieu à Paris, depuis un mois environ. Nous n’avons voulu citer que les cas que nous avons pu connaitre directement. Que les responsables démentent s’ils le peuvent. Les faits sont trop nombreux pour pouvoir rester cachés longtemps. Pas plus que les tortures, les assassinats ne pourront être passés sous silence. Il faut qu’une vaste campagne de presse fasse connaître à tous, le sort des Algériens qui « disparaissent à Paris ».
Article paru dans Le Combat syndicaliste, 27e année, nouvelle série, n° 125, 8 octobre 1954, p. 4
En douze secondes, un terrible séisme ravageait la région d’Orléansville, dans la nuit du 8 au 9 septembre. Plus de 1.400 morts, plus de dix mille blessés, des dizaines de milliers de personnes sans toit.
Les tragiques bagarres de la place de la Nation attirent, une fois de plus, l’attention sur un problème que la France n’a pas encore su résoudre : celui des Nord-Africains de la métropole.
Editorial paru dans L’Observateur, n° 166, 16 juillet 1953, p. 4 ; suivi d’une lettre publiée dans L’Observateur, n° 167, 23 juillet 1953, p. 16
A Paris, le 14 juillet, des Algériens furent tués et des policiers blessés. Sans la moindre hésitation, l’Aurore et Le Figaro adoptèrent les thèses de la police (pourtant Le Figaro, depuis les « émeutes » de Casablanca, ne sait-il pas que la police est souvent menteuse et raciste ?) selon qui « un commissaire de police seul, et en képi, invita les chefs de groupes de manifestants à respecter l’ordre de dislocation ».
Articles parus dans L’Humanité, 15 juillet 1953, p. 1 et 5
MALGRE les ondées, il continuait à se dérouler avec puissance, ce défilé paisible et joyeux, tout gonflé d’espoir, sûr de la force du peuple de France, sûr de la victoire finale des patriotes sur les embastilleurs.
Article de Raphaël Valensi paru dans La Vérité,n° 194, 31 octobre 1947, p. 2
Prenant la relève du « Pilori », « L’Epoque » réclame le « numerus clausus »
Certes, la presse réactionnaire ne peut encore se payer le luxe de manger ouvertement du juif, car les confrères qui l’ont précédée dans cette besogne sont un peu gênants. Le souvenir de « Je suis partout » et du « Pilori » est encore trop vivace. C’est pourquoi l’antisémitisme, arme traditionnelle de la réaction, n’est utilisée actuellement que d’une manière insidieuse. Lors du drame de l’« Exodus », « L’Epoque » trouva indécent que l’on pleure sur les rescapés des fours crématoires lorsque tant d’authentiques et valeureux Français moisissent encore à Fresnes.
Article paru dans La Nouvelle République, 3 juin 1954, suivi d’un autre publié le même jour dans Le Courrier de l’Ouest
Hier, Niort a reçu la visite d’un certain nombre de Nord-Africains, dont une cinquantaine venus de la région parisienne en autobus pour saluer Messali Hadj à l’occasion de la fin de la période religieuse du Ramadan.
POUR se poser avec une évidence moins brutale, et de manière différente, qu’aux Etats-Unis, le problème noir existe également en France. Plus insidieux, plus subtil, voilé d’un libéralisme paternaliste et bon enfant, le préjugé racial, ici comme ailleurs, constitue l’une des tares de la conscience blanche et civilisée.
Article de Léonard Sainville paru dans Les Lettres françaises, 11e année, n° 425, du 1er au 8 août 1952, p. 3
A propos de . . . Peau noire, masques blancs par Frantz Fanon (Editions du Seuil)
POUR l’observateur averti des différentes manifestations du comportement antillais, soit aux lieux où il trouve son point d’appui, c’est-à-dire aux Antilles mêmes, soit n’importe où ailleurs, un fait semble vouloir s’imposer dès maintenant, comme vérité d’évidence. Il s’inscrit dans la réalité d’un devenir qui commence avec l’irruption de la liberté formelle, dans le monde créole, comme un deuxième stade, celui où ces hommes de couleur, citoyens français, plus ou moins imprégnés de culture française, face à la France, juridiquement mère patrie, se mettent en révolte ouverte contre la civilisation occidentale et son contenu latent ou déclaré de préjugés raciaux, d’éthique et de mythologie spécifiquement blanches.
Dans sa courte préface à la « Croisade de Lee Gordon » (Corrêa) de Chester Himes, Richard Wright, pleinement conscient de la valeur humaine de cette œuvre, semble lui attribuer comme une teinture de pessimisme qu’elle n’a pas à nos yeux.
« Ce livre, écrit-il, n’est ni anti ni pro-américain, ni anti ni procommuniste, ni anti ni pronègre, ni anti ni procapitaliste ; il est tout simplement humain ».
Voilà qui est uniquement négatif, l’humain mis à part. Mais cet humain, où Gordon le trouve-t-il ? Dans son syndicat.
Article paru dans Le Libertaire, 57e année, n° 422, 17 mars 1955, p. 1
LE 6 novembre 1954, à 6 h. 15 du matin, une douzaine de policiers, conduits par un commissaire, se présentaient rue Cadeau, à Roubaix, au domicile de Debah Tahar, tenant un café algérien.
M. ETIEMBLE a publié dernièrement, dans la n.N.R.F., un essai inattendu sur quelques écrivains nord-africains, qu’il a intitulé « Barbarie ou Berbérie ? » (1).
J’aurais voulu répondre, sur les points qui me concernent d’abord, d’une manière moins confuse à Etiemble, mais je reste saisi devant, sinon ses intentions, du moins son propos, qui me paraît tortueux ! A la première lecture, on comprend tout de suite qu’il est contre. Mais contre quoi ? Il ne le dit nulle part, pourtant il est résolument « contre ». Contre tout, à ce qu’il m’a semblé de prime abord ; sans le dire tout en le laissant entendre, il est contre.
Article et communiqué du groupe communiste libertaire de Mâcon parus dans Le Libertaire, 56e année, n° 386, 25 mars 1954, p. 1 et 4
La presse mâconnaise nous a informé de la création d’un centre de service médical gratuit qui aura lieu à la Croix-Rouge à l’intention des Nord-Africains. Nos médecins mâconnais sont des malins :
1° Ils ont peur de perdre leur clientèle par crainte de la présence de vilains Nord-Africains dans leur salon d’attente, et prennent des mesures pour satisfaire « l’honorable clientèle » qui pense « que les gens comme il faut ne doivent pas se mélanger avec ceux comme il ne faut pas ».
Après la tragique et sanglante manifestation du 14 juillet 1953, la grande presse a consacré ses colonnes aux Nord-Africains. La mort des six manifestants ne pouvait rester silencieuse : il fallait, après avoir accusé les Nord-Africains de crimes odieux dont ils n’étaient que rarement coupables, lancer un bien humain « Pitié pour eux » ! Des journalistes très généreux ont alors écrit d’émouvants articles d’un lyrisme un peu douteux qu’ils auraient pu nous épargner. A cette époque la question de l’émigration nord-africaine était à l’ordre du jour. On cria à l’ignominie, à la honte, on justifia même la révolte, puis le silence se fit. Une fois de plus, la misère n’avait fait que « susciter des avocats ». Et aujourd’hui (tout comme hier et sans doute demain) des milliers d’hommes continuent à vivre leur vie misérable et souvent odieusement inhumaine. Constatation amère, sans doute, mais combien vraie : Les Nord-Africains n’ont droit qu’au silence des cimetières.
Article paru dans Al Kadihoun, 2e année, n° 4, avril-mai 1974
Le racisme augmente en France et Europe, surtout et presque uniquement le racisme anti-arabe. Le racisme ne tombe pas du ciel, il est lié à la politique et aux intérêts des grands capitalistes. Les grands capitalistes ont besoin des travailleurs immigrés pour faire les boulots les plus dégueulasses, les plus dangereux et les plus mal payés. Mais, de plus en plus, comme à Pennaroya ou à Renault ou chez Ford en Allemagne, les travailleurs immigrés se révoltent, font la grève et souvent occupent leur usine. SI TOUS LES IMMIGRES DE FRANCE FONT GREVE LE MEME JOUR, L’ECONOMIE DE LA FRANCE S’ARRETE.
Article de Claude Devence paru dans Nouvelle Gauche, n° 8, 22 juillet 1956, p. 2
ALORS que la guerre d’Algérie trouble la conscience de nombreux Français, l’opinion d’un homme comme le Professeur Rivet ne peut manquer d’avoir une grande portée.
Or « Combat » vient de publier une interview du Directeur honoraire da Musée de l’Homme, intitulée : « Au nom de l’idéal de la Gauche, le professeur Paul Rivet condamne la rébellion algérienne » (1).
Article de Claude Devence paru dans Nouvelle Gauche, organe du mouvement uni de la nouvelle gauche, n° 5, 10 juin 1956
LE film de Resnais nous expose la réalité brute de l’horreur concentrationnaire. Ce n’est pas un cauchemar, c’est vrai.
Cela n’a pas seulement été vrai à un moment de l’histoire. Ce peut être encore vrai à tout moment, de la part de n’importe quel peuple, de n’importe quel groupe, parce que c’est le fait de l’homme. Il ne s’agit pas ici de l’Allemand ou même du nazi seulement. Resnais nous le montre clairement (1).
Tract du Secrétariat Fédéral de la Fédération de France du MTLD (à l’origine communiqué daté du 15 janvier 1954), publié partiellement dans Alger Républicain, le 19 janvier 1954
Un article paru dans le journal « L’AURORE », du 12 janvier 1954, sous le titre « La police démasque une organisation de racketters nord-africains », et dont le contenu a été repris par « PARIS-PRESSE L’INTRANSIGEANT » et des journaux de province, exprime des mensonges et des allégations fantaisistes dirigés contre notre organisation et son Président MESSALI HADJ, déporté à Niort depuis mai 1952. Déclarant rapporter des « informations » de police, ce journal, toujours à l’avant-garde des campagnes racistes, essaie de présenter les dirigeants et les militants du M.T.L.D. comme se livrant à des « rackets politiques », à des « expéditions punitives », à un « trafic de drogue », etc.
Article de Robert Vaez-Olivera paru dans Correspondance Socialiste Internationale, 11e année, n° 105, mars 1960, p.5
La recrudescence de l’antisémitisme et du racisme justifie la publication de l’article ci-dessous que nous avons demandé à notre ami Vaez Olivera. Dans cette analyse claire et concise, notre ami exprime un point de vue qui peut ne pas être celui de nombre de nos lecteurs. Nos colonnes sont largement ouvertes aux observations ou réflexions dont vous voudrez bien nous faire part.
LE modernisme semble, si nous en croyons certains, avoir bousculé de nombreux préjugés, de nombreuses croyances qui ont marqué si profondément le passé. Et, de fait, la croyance en Dieu, par exemple, est moins vive, moins tenace, de même que les nationalismes et les revanchismes déclinent depuis que les gens ont appris à se connaitre par-delà les frontières.
Article paru dans Lutte ouvrière, n° 1164, 12 octobre 1990, p. 16
Trois jours après la mort d’un jeune motard, samedi 6 octobre, à Vaulx-en-Velin, des bagarres continuaient dans cette cité de la banlieue lyonnaise. Le déclenchement immédiat de ces émeutes, c’est la colère contre la police et, d’une certaine façon, l’insatisfaction profonde des jeunes de banlieues pauvres contre la situation et l’avenir que leur réserve la société.
Article signé Dji. M paru dans Courant alternatif,n° 3,novembre 1990, p. 6-7
Samedi 6 octobre, Vaulx-en-Velin, cité du Mas-du-Taureau ; Thomas Claudio, 21 ans, circulant sans casque à l’arrière d’une moto, est mort, vraisemblablement par la faute d’un fourgon de poli-ce tentant de coincer le deux roues. Dans cette cité, Thomas n’est pas la première victime du dé-lire sécuritaire ; en 1982, Wahid Hachichi est abattu par un automobiliste qui n’appréciait pas qu’il s’approche de sa BMW ; en 1983 un policier « énervé » tire en direction de jeunes ; en 1985, Barded Barka, qui circule en vélomoteur, est renversé par des Potiers et meurt. L’annonce de la mort de Thomas Claudio allait embraser la cité.
Textes parus dans Mordicus, n° 1, décembre 1990, p. 18-19
Samedi 29 septembre : réception monstre à la cité du Mas du Taureau à Vaulx-en-Velin, champagne et petits fours en présence de tous les notables locaux. But de la manœuvre : promouvoir l’image de Vaulx, zone pilote et rénovée, c’est-à-dire une vieille ZUP repeinte et replâtrée. Inauguration d’un mur d’escalade, symbole de l’intégration réussie. Les petits jeunes pourront faire du sport au lieu de cramer les bagnoles, pense-t-on en haut lieu. Un détail : cette inauguration, où les gens du quartier ont vu tout un aréopage bâfrer sous leur nez, a coûté la bagatelle de 100 bâtons.
Article paru dans Le Prolétaire,n° 408, octobre-novembre 1990, p. 3
La ville de Vaulx-en-Velin dans la banlieue de Lyon était un modèle de réhabilitation urbaine, d’aménagements urbains, d’intégration sociale ; faisant partie de ces opérations lancées dans toute la France après les affrontements des Minguettes, autre banlieue lyonnaise, au début des années 80, elle pouvait à bon droit être considérée comme une vitrine de la gestion social-démocrate des tensions sociales dans les quartiers populaires. La mairie, PCF, faisait plus dans le social que ce qu’aurait fait une mairie PS, forcément orientée vers les couches moyennes. La dernière réalisation, spectaculaire, était précisément destinée aux jeunes de la ville : un magnifique mur d’escalade, financé par la municipalité, la Région et l’État, qui avait été inauguré en grande pompe le 29 septembre. Le maire de Lyon était venu lui-même pour l’inauguration et il avait prononcé un discours où il vantait la « recette exemplaire » de Vaulx-en-Velin.
Peut-être vous en étiez-vous aperçu, mais C.A. ne colle pas toujours de très près à l’actualité… De par notre fonctionnement, et puis aussi dans le cas du sujet qui suit à cause des difficultés à avoir des informations dépassant le fait-divers. Difficultés dues au fait qu’on ne peut pas être partout (un jour, peut-être…) et que les jeunes immigrés n’ont pas une attitude très poussée d’échanges avec la presse du mouvement…
Article paru dans Le Prolétaire, n° 372,22 avril au 19 mai 1983, p. 3
Chômage, misère, racisme, persécutions policières sont les raisons profondes de la tension qui règne dans les banlieues des grandes villes ; quand la crise économique dure et s’approfondit, quoi de plus intéressant pour les bourgeois et leurs larbins que de trouver un bouc émissaire au sein même de la classe ouvrière : le responsable du chômage n’est plus le capitalisme, c’est le travailleur étranger. Le sentiment d’insécurité suscité par l’aggravation des conditions de vie, l’instabilité de l’emploi est habilement détourné vers la revendication d’une répression accrue contre la petite délinquance montée en épingle par les médias parce qu’elle est le fait d’éléments issus des couches les plus exploitées.
Article signé A. B. paru dans Sans Frontière, n° 31, spécial juillet-août 1981, p. 9
Dimanche 12 juillet, le poste de police qui avait été installé en catastrophe, la veille, en plein quartier a disparu. En début de soirée, un car de CRS qui patrouille dans la ZUP, s’arrête près du quartier Monmousseau et des CRS montent pour vérifier les identités. Ils embarquent deux jeunes qui n’avaient pas sur eux leurs papiers et les conduisent dans un coin sombre, près du cimetière. Après leur avoir flanqué une paire de claques, ils les relâchent. Mesquin. « C’est l’alcool qui m’a frappé » dira l’un d’eux.
Dans la banlieue lyonnaise, ça bouge. Pour une fois, ce sont les jeunes des familles d’immigrés qui font parler d’eux, ceux qui sont nés en France, mais qui ne sont ni d’ « ici », ni d’ « ailleurs », la « deuxième génération », comme on l’appelle.
Article paru dans Lutte ouvrière,n° 687, 1er août 1981, p. 12
Depuis plusieurs mois, dans la ZUP des Minguettes, des jeunes du quartier s’opposent de plus en plus aux policiers. Dans la nuit de mardi à mercredi 22 juillet, à la suite d’un cambriolage commis par trois d’entre eux, l’intervention des policiers a provoqué la révolte des jeunes présents ainsi que de certains habitants du quartier qui ont assailli les flics à coups de pierres.
La Grande Bretagne a été secouée par une vague d’affrontements. Combats de rue, cocktails molotov et barricades : telle était l’image du pays où l’on déclarait il y a peu : « de telles choses ne peuvent arriver chez nous …». Nous avons rencontré un membre de groupe de Londres de l’organisation communiste libertaire SOLIDARITY et lui avons demandé ce qu’il pensait des derniers évènements survenus dans le pays de la « loi et de l’ordre » de Mme Thatcher. Sa vision des conséquences politiques de ces évènements contraste avec la présentation un peu triomphaliste qui a été faite dans certaines publications libertaires.
Article de Brian Grogan paru dans Inprecor, n° 107, 5 août 1981, p. 7-9
Au cours des deux dernières semaines, les principales villes de Grande-Bretagne ont été le théâtre de la révolte à grande échelle de la jeunesse contre le gouvernement conservateur. Les causes immédiates de ces explosions ont été le harcèlement policier ou les provocations menées par des membres des organisations fascistes. Au cours des événements, la jeunesse a édifié des barricades, jeté des pavés et des cocktails molotov contre la police et pillé les biens de consommation contenus dans les succursales des chaînes de magasins, toutes scènes qui rappelaient les événements d’Irlande du Nord.
Article de Dave Hayes paru dans Inprecor, n° 106, 20 juillet 1981, p. 3-4
FOUTEZ le camp ! Écrivez toute la merde que vous voulez. Dites que c’est politique, ou quelque chose comme ça. Ça pourrait tout expliquer. Qu’est-ce que vous foutriez, vous, si vous habitiez ici ? On n’a besoin de personne pour nous dire la merde que c’est ici. Quelquefois, parmi tous ceux qu’on connaît, y en a pas un qu’a trouvé du travail ! Est-ce que vous habiteriez dans ces pièges à rats ? »
(Interview de jeunes émeutiers, The Observer, 12 juillet 1981.)
Article signé Jo. Swift paru dans I.R.L., journal d’expressions libertaires, n° 40, été 1981, p. 16-19
« La couleur n’a rien à voir là-dedans. Je crois que c’était une question d’autorité, de réaction à l’autorité ». (Avril 1980, un pasteur de Bristol après les émeutes noires).
« Je me fous de ce qu’on dit, seulement un être humain civilisé et normal ne se balade pas avec un cocktail molotov à la main… Ils riaient tout le temps… J’espère seulement qu’ils ont une conscience ». (Avril 1981, l’agent Haggis, 24 ans, à l’hôpital).
Article de François Rouleau paru dans Lutte ouvrière, n° 685, 18 juillet 1981, p. 9
Parties le 4 juillet de Southall, dans la banlieue londonienne, les émeutes ont gagné en dix jours pratiquement toutes les grandes villes industrielles d’Angleterre. A l’heure où nous écrivons, seuls le Pays de Galles et l’Écosse n’ont pas été touchés. Du nord au sud du pays, d’est en ouest, des dizaines de milliers de jeunes se sont affrontés avec la police, à coups de barres de fer, de cocktails molotov, ou simplement de pierres, détruisant et dévalisant au passage des milliers de vitrines, de magasins, et assiégeant des dizaines de commissariats de police. Au total, plus de 75 villes ont connu de tels affrontements, dont un quart environ dans la gigantesque agglomération de Londres.
Article paru dans Lutte ouvrière, n° 684, 11 juillet 1981, p. 16
Pendant cinq jours, trois des plus grands centres industriels de Grande-Bretagne — Londres, Liverpool et Manchester — ont été le théâtre de violentes émeutes. Dans un cas, à Southall dans la banlieue de Londres, la cause en a été une provocation raciste dans les autres, ce furent des réactions spontanées de la population contre les brutalités policières. Mais partout, le véritable arrière-fond de ces émeutes, c’était bien le chômage (il y a longtemps que le cap des trois millions de chômeurs a été dépassé en Grande-Bretagne), la misère et les rancœurs accumulées.
Article de François Rouleau paru dans Lutte ouvrière, n° 672, 18 avril 1981, p. 15
D’un côté, les jeunes Jamaïcains en colère, auxquels sont venus se joindre des habitants, blancs ou noirs, des environs ; de l’autre, la police en action : ce sont 4 000 policiers qui ont déferlé le 11 avril sur Brixton. (AFP)
Lundi 11 avril, la colère a éclaté à Brixton, dans la banlieue de Londres. Pendant trois jours, des affrontements ont opposé des centaines, peut-être même des milliers de manifestants, en majorité jamaïcains, aux forces de police qui quadrillaient la ville, prenant tour à tour la forme de véritables batailles rangées ou d’escarmouches isolées, entrecoupées d’accalmies plus ou moins durables.
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