Ma dernière contribution vient d’être mise en ligne sur À contretemps.

Le texte est librement accessible en cliquant sur ce lien.
Ma dernière contribution vient d’être mise en ligne sur À contretemps.

Le texte est librement accessible en cliquant sur ce lien.
Lettre d’Albert Camus et René Char parue dans Combat, 14 mars 1949

Nous lisons dans Combat que deux tirailleurs algériens ont été condamnés à mort par le tribunal militaire d’Alger pour désertion à l’ennemi. Leur section tout entière se serait livrée à l’ennemi, il y a neuf ans, dans la Meuse, en pleine débâcle.
Article de Pierre Mualdès paru dans Le Libertaire, 5 septembre 1924

Aux portes des usines, à l’embauche des chantiers, ils sont là, innombrables, reconnaissables à leur teint basané, à leur accoutrement différent. Les ouvriers français de France y sont également, escomptant le boulot mal payé, certes, mais qui procurera à la maisonnée le pain attendu. Et dans le fonds d’eux-mêmes, inconsciemment, ils maugréent contre ces intrus, ces « sidis » qui leur font une concurrence qu’ils estiment déloyale et qui, souvent pour un salaire moindre, vont les empêcher de trouver le travail dont ils ont tant besoin. Il n’y a pas que les indigènes algériens, mais aussi des pauvres diables de toutes nationalités : Polonais, Tchèques, Hongrois, Allemands, Italiens, Espagnols, etc., qui, chassés de leurs pays pour des raisons diverses, viennent solliciter des exploiteurs français leur maigre gagne-pain.
Article d’Yvonne Suiram paru dans Le Libertaire, 28 septembre 1924

C’est à tous les camarades, hommes ou femmes que je veux m’adresser aujourd’hui, en leur parlant des indigènes algériens, si méprisés, si bafoués parmi le peuple français.
Oui, camarades, nous protestons contre les Américains, qui ne veulent pas admettre les noirs dans les lieux publics : transports en commun, théâtres, etc., et nous, habitants d’un pays qui a la réputation d’être hospitalier et accueillant à tous, nous maltraitons ceux que nous avons attirés chez nous en leur promettant le bien-être qu’ils ne peuvent plus trouver chez eux, depuis que nos généraux assassins sont allés porter la civilisation à coups de fusil et de canon.
Article d’Elie Kamoun paru dans La Lutte ouvrière, n° 6, 31 juillet 1936 ; suivi de « Pour une assemblée constituante », n° 7, 8 août 1936

La population algérienne indigène comme européenne est des plus hétéroclites. La partie indigène se compose d’une multitude de races. Berbères, Kabyles, Mozabites, Turcs, etc. et cela est important. Car entre elles de vieilles haines existent, attisées aujourd’hui par l’impérialisme. Par ailleurs il y a l’élément juif.
Article de Pierre Vernant paru dans Lutte ouvrière, n° 373, 25 octobre 1975

ISRAEL SHAHAK, professeur de chimie à l’université de Jérusalem est au premier rang de ceux qui luttent en Israël pour l’égalité complète entre Juifs et Arabes et pour l’abolition de toutes les mesures discriminatoires dont sont victimes ces derniers.
Article paru dans Guerre de classes, n° 9, mai 1974

« Ratonnades » du samedi soir, attentats individuels contre les travailleurs immigrés (dans la seule nuit du 6 mars, à Draguignan, 3 attentats par explosif contre les travailleurs nord-africains !), mais aussi, discriminations raciale à l’embauche, pour la location d’appartements, dans les transports collectifs … LE RACISME EXISTE. Il n’épargne pas la classe ouvrière, comme en témoigne un cas particulièrement grave de discrimination raciale aux élections des délégués du personnel à Renault-Flins : sur 65 candidats immigrés à se présenter, seuls 2 furent élus, 300 électeurs ayant systématiquement rayé sur les listes les noms à consonnance étrangère ! le racisme se développe ; il bénéficie de moyens de propagande importants : presse bourgeoise, présentant « les pays arabes » comme seuls responsables de la crise actuelle du capitalisme, bienveillance de l’état bourgeois et de sa justice à l’égard des provocations à la haine raciste perpétuées par les organisations d’extrême droite et par leurs journaux, violences policières à l’égard des immigrés, etc.
Article de Langston Hughes paru dans Monde, septième année, n° 303, 8 juin 1934, p. 10 ; publié initialement en octobre 1931 dans New Masses sous le titre « People Without Shoes »

En vertu d’un accord conclu récemment entre le Président Roosevelt et le Président Sténio Vincent de Haïti, la classe favorisée des Haïtiens, celle qui porte des chaussures, se voit attribuer un vague contrôle de la politique et des finances de son pays. La marine américaine doit évacuer en octobre prochain, mais cela ne signifie aucune amélioration du sort des masses haïtiennes ; cela montre simplement que les dirigeants indigènes ont prouvé leur fidélité de chien de garde du capital et que l’on peut compter sur eux pour remplir les fonctions d’agents de Wall Street. Ils vont se vanter d’avoir mis les Américains à la porte, mais ils ne font en réalité et fixer d’autant plus solidement que moins ouvertement le joug de Wall Street sur les épaules des ouvriers aux pieds nus et aussi des prolétaires en faux-cols. Aussi, dans le « Daily Worker », l’éminent écrivain noir américain, Langston Hughes, nous parle de Haïti en termes qui nous montrent au grand jour ce pays qui, selon lui, est devenu l’arbre fruitier du capitalisme américain, où le prolétariat noir est odieusement opprimé, et où la pauvreté des classes laborieuses n’a pas de limite. L’article de Langston Hughes jette une lueur nouvelle sur ce qui est devenu le terrain de chasse de l’impérialisme américain.
Note des Traducteurs.
Article d’Idir Amazit paru dans Le Libertaire, 25 avril 1952 ; suivi de « Nature et aspect de la colonisation en Algérie », 2 mai 1952 ; « Par l’épée et par la charrue », 9 mai 1952 ; « La féodalité terrienne du colonat », 16 mai 1952 ; « L’industrie algérienne », 23 mai 1952 ; « Etat sanitaire et enseignement des populations algériennes », 30 mai 1952.

Le colonialisme tel qu’il est
LE célèbre Tartarin, d’Alphonse Daudet, qui prenait nos paisibles ânes de l’Atlas algérien pour de redoutables fauves du Kenya, a largement fait école avec les colonialistes. « Un baobab, disait à ses admirateurs le chasseur de Tarascon, c’est un arbre gigantesque, immense, à vous couvrir toute la superficie de Tarascon. Venez voir, j’en ai un dans mon jardin. » Et en ce lieu, il présentait une petite plante verte dans un petit pot ! Cette image du baobab est le reflet rigoureusement exact de ce que les primitifs à gages et les experts en falsifications et mensonges appellent impudemment l’ « Œuvre » du colonialisme. Rendons-leur cette justice : les maîtres du bla-bla-bla, qui s’agitent, gigotent et baratinent sur les estrades des baraques foraines des boulevards extérieurs ou de la foire du Trône de la place de la Nation, ne font pas mieux lorsqu’ils invitent les nigauds et les badauds à visiter leurs monstres, admirer leurs exhibitions. S’il est exact que le colonialisme a effectivement à son actif certaines réalisations, il n’est pas moins exact qu’elles sont dans leur quasi-totalité à l’usage et au bénéfice exclusif de la classe dominante. On a construit des routes et des chemins de fer pour desservir les domaines des « seigneurs » de la colonisation, les mines de charbon, de fer, de phosphates, des puissants trusts coloniaux. Tel conseil général dilapidera des millions à construire une route de plusieurs kilomètres reliant la route nationale X au domaine du colon Z, précisément membre du même conseil général, au sein duquel il est assuré avec ses amis colons d’une confortable et permanente majorité, grâce au système éminemment démocratique qui préside à la représentation dans les territoires d’outre-mer.
Article d’Idir Amazit paru dans Le Libertaire, n° 309, 11 avril 1952, p. 1-2

VERITABLES déracinés en cette terre qui se réclame des Droits de l’Homme, les travailleurs nord-africains continuent à subir les offensives racistes « sur tous les fronts », pour employer le jargon des culottes de peau. Aux brigandages systématiques gouvernementaux dans le régime des allocations familiales dus aux artifices juridiques des tripoteurs de la 4e République ; aux brimades racistes éhontées de la police et instrument d’exécution des basses œuvres au service des actuels fermiers généraux de la politicaille, s’ajoute cette permanente campagne de presse, par la quasi-totalité des journaux français, dont la moralité comme en conviendraient tous les esprits indépendants et saints, les destine tout juste à l’usage en ce lieu où même les rois vont à pied. Le moindre méfait dont un Nord-Africain a le malheur d’être l’auteur est montré en épingle à la « une » en romance dramatique fielleuse, alors que de véritables monstres humains sévissent journellement en France et ailleurs pour n’avoir droit qu’a quelques lignes perdues dans la rubrique des chiens écrasés. Encouragés par les exemples des Pouvoirs publics, des organisations privées n’hésitent plus à faire entendre leur voix dans cet odieux concert de la mare aux crapauds. Les vibrants sentiments nazistes et haineux de ces néo-aryens s’expriment en une verve dont à la violence s’allie une superbe éloquence ordurière, comme il sied à de piètres émules du grand Rabelais. Est-ce cela que vous avez voulu, ouvriers et paysans de 1789 qui avez déchaussé et déculotté vos bourgeois de l’époque pour équiper l’armée des sans-culottes sur ordre de Saint-Just ?
Article paru dans L’Algérie libre, 5e année, n° 64, 5 mars 1953

Chaque fois que nous avons parlé de discrimination raciale en Algérie, de nombreux Français n’étaient pas convaincus de l’authenticité de cette plaie colonialiste qui est à la base du maintien du régime que nous subissons depuis plus d’un siècle. Même certains représentants du gouvernement français dans notre pays, en réponse aux accusations étayées par des faits précis que nous avancions, se refusaient hypocritement d’en reconnaître la réalité.
Article paru dans Egalité, organe du « Manifeste » et de défense des intérêts algériens, 2 mars 1945, p. 1-2

« … Et je ne sais comment, j’ai tout à coup compris que d’être noir et d’en porter la peine demande plus de vertu que n’en possèdent les anges mêmes. » (Countee Cullen, « The Shroud of Color ».)
Countee Cullen, grand poète noir américain, a écrit un jour un poème intitulé « The shroud of color » (Le linceul de la couleur). Ce titre rend compte avec une exactitude poignante de la situation diminuée des Noirs en Amérique. Leur enveloppe noire les retranche, en quelque sorte, sinon du monde des vivants, du moins de celui des heureux. Ils sont là-bas dix millions environ, quotidiennement en lutte à de féroces préjugés de race et de couleur. Nous pensons intéresser nos lecteurs en leur apportant quelques renseignements sur la vie de ceux-ci ; car c’est bien à un véritable phénomène de colonisation des noirs par les blancs, colonisation dans les faits, sinon dans le vocabulaire, que l’on assiste aux Etats-Unis, depuis la fin de la guerre de Sécession.
Editorial de Michieslazc Kokozcynski alias Michel Rouzé paru dans Alger Républicain, 8 mai 1947

IL y a deux ans, tandis que les troupes soviétiques achevaient de nettoyer les ruines de Berlin, les derniers chefs de l’armée allemande déposaient les armes. L’effort des peuples libres avait triomphé du monstrueux rêve hitlérien.
Article de Mohammed Dib paru dans Egalité, organe du Manifeste du peuple algérien, IVe année, n° 75, 1er mai 1947

HORMIS certaines exceptions illustres, quand par goût ou par curiosité, nous consultons les travaux des arabisants, c’est de prime abord le ton de diffamation qui nous frappe le plus. Entreprendre l’investigation du domaine islamique dans un esprit de destruction à peine déguisé semble être de règle parmi les orientalistes – en particulier de l’école française ; le mot d’ordre passé : le silence ou le dénigrement systématique. Adoptant cette dernière attitude, les arabisants résolvent l’affaire par une simple négation : à les en croire, jamais une civilisation arabe proprement dite n’a existé, il ne peut être question que d’un assemblage de connaissances hétérogènes ; si culture il y a, une telle culture n’a jamais su se dégager des influences extérieures, franchir le stade des origines, élaborer les éléments d’une civilisation originale. D’aucuns prétendent que le ridicule tue en France. Point, si l’on songe à ces archontes. Laissons le grand orientaliste Philip K. HITTI leur répondre :
Article de Raoul Godet paru dans le Bulletin de la Fédération des sociétés juives d’Algérie, 12e année, n° 101, août-septembre 1945, p. 20-21

L’Algérie vient de traverser une crise terrible, d’ailleurs inachevée et qui a terni notre victoire, au lendemain même qu’elle fut acquise. Nous n’ignorons plus aujourd’hui quels en sont les responsables, comment une féodalité de colons, tant européens que musulmans, a délibérément semé la révolte pour ruiner la cause des indigènes et empêcher leur émancipation qui eût compromis ses intérêts. Nous savons bien par quels sabotages les mêmes homme qui, trois ans plus tôt, pourvoyaient si généreusement l’armée Rommel, ont suscité dans cette fertile Algérie une famine comparable en certains endroits à celle des camps nazis. Tant il est vrai qu’ici ou là, les fascistes recourent aux mêmes méthodes et qu’à leurs yeux, la vie humaine, celle des autres, est chose futile et méprisable.
Introduction au livre dirigé par Claude Duchet et Philippe de Comarmond, Racisme et société, Paris, Maspero, 1969, p. 7-14

A la fin des années 1880 déjà, un Français pro-aryen, Vacher de Lapouge, écrivait :
« Je suis convaincu qu’au siècle prochain des millions d’individus s’entretueront à cause d’un ou deux degrés en plus ou en moins d’indice céphalique … »
L’indice céphalique est le quotient de la plus grande largeur de la tête par sa longueur ; certaines tribus, certains peuples à travers le monde ont des indices élevés, d’autres des indices faibles. On trouve des « têtes longues » aussi bien dans les sociétés dites primitives que dans les sociétés industrielles : il en est de même des « têtes rondes ». Ni les unes ni les autres ne sont le témoignage d’une supériorité sur le plan intellectuel ou moral … Comment donc pouvait-on imaginer que « des millions d’individus s’entretueraient » à cause de la forme du sommet de leur crâne ?
Article signé C. R. paru dans La Voie communiste, n° 42, mars 1964, p. 14

Les Français sont bien peu conscients, dans leur ensemble, de ce que représente la lutte des noirs aux Etats-Unis. Pour nombre d’entre eux, même pour les mieux intentionnés, il s’agit d’une lamentable affaire de racisme qui finira pas se résoudre, tôt ou tard, au niveau de la conscience des blancs. Pour « la gauche », même, les choses restent soit extrêmement nébuleuses, soit, paradoxalement, beaucoup trop claires. L’on se déclare incapable de comprendre comment le mouvement ouvrier peut encore être pénétré du préjugé racial – en oubliant bien vite l’attitude française pendant la guerre d’Algérie. L’on s’impatiente de la lenteur des progrès de « l’intégration ». Ou bien l’on crie au scandale devant les aspirations « séparationnistes » en prenant vite la mouche devant tout ce qui peut être interprété comme une manifestation de « racisme à rebours ». En fait, devant un problème dont la solution n’apparaît pas clairement, et qui rentre difficilement dans des schémas superficiels préétablis, l’on se contente en général de se heurter la tête contre un mur en disant : aucune solution n’est possible tant que les différentes couches exploitées des Etats-Unis n’agiront pas ensemble.
Article paru dans CAP, journal des prisonniers, n° 21, 1974, p. 5

« Dans la nuit du vendredi 25 au samedi 26 octobre, une vingtaine de policiers en uniforme et en civil font irruption, à Paris dans un petit café hôtel du 15e arrondissement, fréquenté en majorité par des travailleurs immigrés. Le chef annonce : « Pas besoin de sortir les papiers, on embarque tout le monde ». Nous sommes emmenés à la 8e Brigade territoriale, 21 rue de la Croix-Nivert et groupés dans une même pièce.
Editorial de Charles Paveigne paru dans La Cause du communisme, n° 9, 2ème trimestre 1985, p. 4-7

Ce numéro de la Cause du Communisme poursuit notre réflexion sur la crise que traverse le monde capitaliste contemporain, en l’élargissant au champ politique.
Notre dernière parution abordait en effet essentiellement les bases économiques de la crise. Bien que cet aspect de l’analyse soit loin d’être épuisé, et, qu’au contraire, de nombreuses questions nous aient été posées pour éclairer tel ou tel point de ce premier exposé, nous avons estimé qu’il était nécessaire de commencer à tracer immédiatement un lien entre les aspects économiques et les aspects politiques de la crise.
Dossier paru dans La Voix des travailleurs algériens, n° 9, avril 1979, p. 5

C.T.A. du Pays de Montbéliard
Suite à une distribution de 2 tracts racistes :
l’un anti-algérien et accusant les travailleurs immigrés algériens d’être responsables du chômage. Ce tract a été diffusé – clandestinement dans les Usines Peugeot automobiles de Sochaux avant la reprise du travail de la tournée du matin. Ce qui nous donne la preuve de la complicité de la Direction Peugeot.
l’autre anti-juif, distribué beaucoup moins que le premier mais, cette fois-ci, dans les boîtes aux lettres de certains quartiers de Montbéliard.
Article paru dans Combat communiste, n° 5, mai 1975, p. 8

Engendré par la surexploitation de millions de travailleurs immigrés que le patronat s’efforce de couper de leurs camarades français, exacerbé par les guerres coloniales, le racisme sévit de façon plus ou moins diffuse depuis bien longtemps en France. Mais, depuis l’été 1973, il semble que la racaille fasciste et raciste relève la tête et ait entrepris une campagne d’agression systématique contre les ouvriers immigrés et nous assistons à une recrudescence d’attentats et de crimes racistes.
Article de Michèle Lanza paru dans Le Monde libertaire, n° 216, novembre 1975, p. 6

En France, un salarié sur six est un immigré (1). Enfant, je m’imaginais vivre dans un des pays les moins concernés par les problèmes raciaux, surtout si on le comparaît aux Etats-Unis, dont mes lectures m’avaient appris qu’on y pratiquait ouvertement la ségrégation, notamment dans certains états du Sud. Bien sûr, je me rends parfaitement compte aujourd’hui à quel point j’étais dans l’erreur et combien les racistes, ici comme ailleurs, sont des êtres stupides et lâches, qui brandissent sans honte leur haine aveugle, comme d’imbéciles patriotes le font d’un drapeau tricolore.
Dossier paru dans Le Monde Libertaire, n° 176, décembre 1971

Le bouc émissaire
Ils s’appellent Mohamed, Mario, Djamila, José ou Hocine. Leur nombre s’accroit sans cesse et, de jour en jour, leur situation s’aggrave. Attirés en France par les promesses mirobolantes de trafiquants sans scrupules, véritables marchands d’esclaves du siècle de l’atome, ou bien simple marchandise d’échange entre les gouvernements de leur pays d’origine et celui de ta « nouvelle société », ils fournissent au patronat une main-d’œuvre à bon marché, surexploitée et paralysée par la crainte de l’expulsion, menace brandie aussitôt que l’un d’eux ose élever une timide protestation contre ses conditions de vie ou de travail, ou bien tente de s’organiser.
Déclaration de Max-Pol Fouchet recueillie par Jean Liberman et parue dans La Presse Nouvelle Hebdomadaire, 9-15 juin 1967, p. 3

MAX-POL FOUCHET, vous connaissez le monde arabe puisque votre jeunesse s’est passée en Algérie et que vous y avez été en contact avec l’antisémitisme … Vous avez toujours combattu depuis, le racisme, et le sort d’Israël, sorte de patrie des persécutés, ne vous est certes pas indifférent. Aujourd’hui, dans le fracas des armes, c’est surtout à l’homme de culture que nous nous adressons. Ce Proche-Orient, où s’affrontent par les armes les civilisations juive et arabe dont la culture respective a si fructueusement coopéré dans l’Histoire, ne devrait-il pas être, au contraire, terre de coexistence ? Nous nous adressons, enfin, au progressiste, à l’homme de la paix. Au moment où la guerre est déclarée, où l’on brandit la menace de l’anéantissement d’Israël, nous ne pouvons oublier que cette guerre est le produit d’un long conflit jamais réglé et que seule une négociation d’ensemble peut assurer une véritable coexistence israélo-arabe. Mais ne faut-il pas d’abord et d’urgence – comme au Vietnam – que les armes se taisent et que cesse des deux côtés le massacre des innocents ?
Article de Louis Vautier paru dans L’Humanité, 29 septembre 1949 ; suivi de « Dix agressions en deux nuits dans la région parisienne », L’Humanité, 13 septembre 1949 ; « Le problème algérien », L’Humanité, 14 septembre 1949 ; « Une protestation des travailleurs algériens », L’Humanité, 15 septembre 1949 ; « Raisons véritables de la criminalité », L’Humanité, 16 septembre 1949 ; « Pour faire réellement échec aux gangsters », L’Humanité, 17 septembre 1949 ; « Contre une campagne de division à caractère raciste », L’Humanité, 26 septembre 1949 ; Emmanuel Fleury, « La sécurité de la population parisienne est mal assurée. Mais à quoi utilise-t-on la police ? », L’Humanité, 12 octobre 1949 ; « Les Nord-Africains font part au préfet de la Seine de leur indignation devant les campagnes racistes d’une certaine presse », L’Humanité, 10 novembre 1949.

DEPUIS quelque temps on peut voir dans la presse – l’Aurore avec Bénazet, le Monde, France-soir, etc … – une campagne bien orchestrée contre les Algériens vivant dans la région parisienne, que l’on rend, comme le baudet de la fable, responsables de tous les maux, agressions, vols ou autres actes de gangstérisme.
Une enquête sociale de Michel Collinet parue en huit épisodes dans Franc-Tireur, 11 avril 1950 ; 12 avril 1950 ; 13 avril 1950 ; 14 avril 1950 ; 18 avril 1950 ; 19 avril 1950 ; 20 avril 1950 ; 21 avril 1950

CE n’est plus tellement, aujourd’hui, l’aventure qui est au coin de la rue ; c’est la misère, c’est l’injustice. Ce n’est pas seulement dans de lointaines parties du monde que la dignité de l’homme, son droit à la vie et à la liberté, sont sans cesse bafoués ou supprimés : c’est près de nous, chez nous aussi.
Article paru dans Droit et Liberté, n° 70 (174), 6-12 avril 1951, p. 1 et 3 ; suivi de « Après les rafles au faciès » paru dans Droit et Liberté, n° 71 (175), 13-19 avril 1951, p. 3

– En voilà un autre !
Et, du car bleu, descend une nuée de policiers, qui se ruent sur un promeneur, lequel est « embarqué » sans douceur.
Ce promeneur avait la peau mate, les yeux sombres, les cheveux noirs. Il a été repéré « au faciès ». Il a été décrété Nord-Africain. C’est pour cela qu’on l’emmène au poste. Ainsi, sous l’occupation, étaient « embarqués » les Juifs victimes des brigades « spéciales ».
Article d’Aziz Sahraoui paru dans L’Algérie libre, IIIe année, n° 32, 8 septembre 1951, p. 4 et 2 ; suivi de « Provocations policières contre les travailleurs algériens de Bollène (Gard) » et de « Solidarité anticolonialiste des mineurs du Pas-de-Calais«

Le racisme émigre jusqu’en France à la poursuite des Algériens qu’il traque partout. Il se manifeste à travers toute une cascade de provocations et de brimades à caractère raciste et dont les seules victimes restent les Nord-Africains.
Article d’Albert Lévy paru dans Droit et Liberté, n° 99 (203), 14 décembre 1951, p. 1 et 4

15.000 Algériens arrêtés – Les Noirs… « trop foncés pour aujourd’hui »… – Etat de siège autour du Vel’ d’Hiv
HUIT heures. La fine pluie persistante rend plus noire, semble-t-il, la nuit froide, englue les trottoirs, griffe avec obstination les visages.
Article paru dans L’Algérie libre, n° 79, 11 septembre 1953, p. 1 à 3

LE sang de nos frères tués le 14 juillet place de la Nation n’avait pas encore séché qu’un autre Algérien est tué par la police pour avoir voulu exercer son droit de grève. Messaoud DAFI, qui laisse une veuve et trois enfants, ajoute son nom à la longue liste des Algériens qui, depuis le 23 mai 1952, sont tombés sous les coups de la police.
Article paru dans L’Observateur, 2e année, n° 83, 13 décembre 1951, p. 3-4

Sur l’initiative des Algériens de Paris, un comité s’était formé le 18 novembre dans le but d’organiser des réceptions en l’honneur des délégations arabes et musulmanes aux Nations unies. Assurant la représentation la plus large de tous les Algériens de France, ce comité comprenait des membres des partis politiques, des organisations syndicales et des personnalités indépendantes.
Article paru dans L’Algérie libre, 5e année, n° 64, 5 mars 1953, p. 3

LE racisme se développe en plein Paris, en des lieux publics, sous le silence complice des autorités. Ce racisme devient arrogant. Dans des cafés de Montparnasse et du quartier des Halles, on refuse de servir les Nord-Africains. Ces pratiques se font ouvertement sans que la police intervienne, malgré les protestations de nos compatriotes. Certains patrons de café précisent même qu’ils ont l’accord de la police.
Article signé C. S. paru dans L’Algérie libre, 3e année, 24 février 1951, p. 2

Il y a deux mois, sur la demande de quelques jeunes spectateurs antisémites, un film nazi, Le Juif Süss, a été projeté dans un cinéma du Quartier Latin, à Paris. L’Association des Etudiants israélites a tout de suite alerté tous les groupements de jeunesse estudiantins et démocrates. Ils ont tous manifesté ensemble d’une manière telle que le film en question a été définitivement interdit. Et c’est justice, car il est inadmissible que le cinéma, qui est l’art populaire par excellence et doit en ce sens être un instrument de rapprochement entre les peuples et dirigé au service de la paix, devienne un organe pour la propagande de guerre, inspirée par la haine et le racisme.
Article de Charles Kramer dit Devançon paru dans Le Libertaire, n° 231, 2 juin 1950, p. 1 et 4

LE Mouvement Libertaire, à travers les multiples organisations qui l’ont constitué et qui le forment aujourd’hui, s’est toujours distingué à l’avant-garde de la lutte anticolonialiste et cela dans tous les pays et sur tous les plans. Notre rejet lucide et motivé de l’oppression capitaliste, étatique et religieuse n’autorise évidemment pas d’équivoque sur ce point et il suffit de consulter les 53 articles parus depuis 1945 dans la présente série du « Libertaire » pour se convaincre que l’action anarchiste n’a pas subi les « déviations » que l’on peut reprocher à certains.
Article de Dominique Persky alias Dominique Desanti paru dans Démocratie nouvelle, 7e année, n° 7, juillet 1953, p. 419-422

A Valenciennes près de mille travailleurs algériens ont participé à la manifestation du 1er mai. La police et quatre compagnies dites républicaines de sécurité cernaient la place Verte d’Anzin, s’échelonnaient jusqu’au viaduc qui domine un vaste paysage de rails, de hauts fourneaux et de terrils.
Depuis le dimanche 24 novembre, je fais l’objet d’une campagne de haine orchestrée par l’extrême droite française et ses alliés. Cette opération d’une violence inouïe a été initiée sur les réseaux sociaux puis relayée par l’ensemble des médias conservateurs (télévision, radio, presse…).
Article de Dominique Persky alias Dominique Desanti paru dans Démocratie nouvelle, 7e année, n° 9, septembre 1953, p. 537-540

UN 14 juillet qui aura droit à quelques lignes dans les manuels d’histoire. Six morts algériens, un mort français. Plus de cent blessés, algériens et français, couchés dans les mêmes salles d’hôpital avec devant les yeux la même image : un défilé de la Bastille à la Nation, un 14 juillet où les habitants de Paris sont venus clamer leur amour de la liberté, leur refus de voir renaître les bastilles. Où les Parisiens de tous âges, de toutes opinions sont venus montrer que les grandes dates de l’Histoire de France, les dates inscrites au front de la Liberté, n’étaient ni oubliées ni mortes. Et puis, soudain, sous la pluie, les policiers se jetant sur les milliers et milliers d’Algériens qui venaient de passer devant la tribune, les policiers tirant sur des hommes qui n’avaient, pour se défendre, que leurs poings, les bois de leurs pancartes arrachées, les bois des palissades hâtivement mises en morceaux. Sept morts : six ouvriers venus d’Algérie, et le métallo Lurot, notre camarade … Le même gouvernement faisant tirer la même police contre les travailleurs nés d’un côté ou de l’autre de la Méditerranée.
Article d’Albert Lagier dit Eric-Albert paru dans Le Libertaire, n° 305, 7 mars 1952, p. 4

POUR ceux qui sont fiers d’être Français, un Nord-Africain est toujours un « bicot ». Pourquoi ? Mais parce que l’usage de ce terme est le seul moyen qui leur permet d’affirmer leur supériorité. Il en allait de même avec les hitlériens, vis-à-vis des juifs, il en va de même avec les Américains vis-à-vis des noirs, il en va de même partout où existent le patriotisme et le racisme, ces produits de l’imbécillité et de la barbarie.
Article de Robert Louzon paru dans La Révolution prolétarienne, 26e année, n° 415 – Nouvelle série n° 114 – mars 1957, p. 14-16 ; suivi de « L’affaire de Gaza » par Roger Hagnauer

Or donc, l’Etat d’Israël a fini par accepter, sous une pression constamment croissante de l’Amérique, et à la suite du lâchage de son seul allié, et complice (lâchage que le langage officiel a appelé la « médiation » de M. Guy Mollet), de retirer ses troupes sur les lignes qu’elles occupaient avant leur agression d’octobre. Félicitons-nous en ! Mais peut-être n’est-il pas inutile de fournir quelques indications sur ces deux zones d’Akaba et de Gaza, dont il a été abondamment question et dont il sera encore abondamment question, mais sur lesquelles on n’a à peu près donné aucun renseignement concret.
Dossier paru dans La Voie communiste, n° 24, octobre 1961

DEPUIS quelque temps, la répression s’accentue contre les Algérien qui vivent en France. Nous avons eu connaissance d’un certain nombre de faits qui ont eu lieu à Paris, depuis un mois environ. Nous n’avons voulu citer que les cas que nous avons pu connaitre directement. Que les responsables démentent s’ils le peuvent. Les faits sont trop nombreux pour pouvoir rester cachés longtemps. Pas plus que les tortures, les assassinats ne pourront être passés sous silence. Il faut qu’une vaste campagne de presse fasse connaître à tous, le sort des Algériens qui « disparaissent à Paris ».
Article paru dans Le Combat syndicaliste, 27e année, nouvelle série, n° 125, 8 octobre 1954, p. 4

En douze secondes, un terrible séisme ravageait la région d’Orléansville, dans la nuit du 8 au 9 septembre. Plus de 1.400 morts, plus de dix mille blessés, des dizaines de milliers de personnes sans toit.
Editorial d’Ernest Raynaud alias Robert Tréno paru dans Franc-Tireur, 13e année, 15 juillet 1953, p. 1

Les tragiques bagarres de la place de la Nation attirent, une fois de plus, l’attention sur un problème que la France n’a pas encore su résoudre : celui des Nord-Africains de la métropole.
Editorial paru dans L’Observateur, n° 166, 16 juillet 1953, p. 4 ; suivi d’une lettre publiée dans L’Observateur, n° 167, 23 juillet 1953, p. 16

A Paris, le 14 juillet, des Algériens furent tués et des policiers blessés. Sans la moindre hésitation, l’Aurore et Le Figaro adoptèrent les thèses de la police (pourtant Le Figaro, depuis les « émeutes » de Casablanca, ne sait-il pas que la police est souvent menteuse et raciste ?) selon qui « un commissaire de police seul, et en képi, invita les chefs de groupes de manifestants à respecter l’ordre de dislocation ».
Articles parus dans L’Humanité, 15 juillet 1953, p. 1 et 5

MALGRE les ondées, il continuait à se dérouler avec puissance, ce défilé paisible et joyeux, tout gonflé d’espoir, sûr de la force du peuple de France, sûr de la victoire finale des patriotes sur les embastilleurs.
Article de Raphaël Valensi paru dans La Vérité, n° 194, 31 octobre 1947, p. 2

Prenant la relève du « Pilori », « L’Epoque » réclame le « numerus clausus »
Certes, la presse réactionnaire ne peut encore se payer le luxe de manger ouvertement du juif, car les confrères qui l’ont précédée dans cette besogne sont un peu gênants. Le souvenir de « Je suis partout » et du « Pilori » est encore trop vivace. C’est pourquoi l’antisémitisme, arme traditionnelle de la réaction, n’est utilisée actuellement que d’une manière insidieuse. Lors du drame de l’« Exodus », « L’Epoque » trouva indécent que l’on pleure sur les rescapés des fours crématoires lorsque tant d’authentiques et valeureux Français moisissent encore à Fresnes.
Article paru dans La Nouvelle République, 3 juin 1954, suivi d’un autre publié le même jour dans Le Courrier de l’Ouest
Hier, Niort a reçu la visite d’un certain nombre de Nord-Africains, dont une cinquantaine venus de la région parisienne en autobus pour saluer Messali Hadj à l’occasion de la fin de la période religieuse du Ramadan.
Article de Marcel Péju paru dans Franc-Tireur, 12e année, n° 2466, 3 juillet 1952, p. 4

POUR se poser avec une évidence moins brutale, et de manière différente, qu’aux Etats-Unis, le problème noir existe également en France. Plus insidieux, plus subtil, voilé d’un libéralisme paternaliste et bon enfant, le préjugé racial, ici comme ailleurs, constitue l’une des tares de la conscience blanche et civilisée.
Article de Léonard Sainville paru dans Les Lettres françaises, 11e année, n° 425, du 1er au 8 août 1952, p. 3

A propos de . . .
Peau noire, masques blancs par Frantz Fanon (Editions du Seuil)
POUR l’observateur averti des différentes manifestations du comportement antillais, soit aux lieux où il trouve son point d’appui, c’est-à-dire aux Antilles mêmes, soit n’importe où ailleurs, un fait semble vouloir s’imposer dès maintenant, comme vérité d’évidence. Il s’inscrit dans la réalité d’un devenir qui commence avec l’irruption de la liberté formelle, dans le monde créole, comme un deuxième stade, celui où ces hommes de couleur, citoyens français, plus ou moins imprégnés de culture française, face à la France, juridiquement mère patrie, se mettent en révolte ouverte contre la civilisation occidentale et son contenu latent ou déclaré de préjugés raciaux, d’éthique et de mythologie spécifiquement blanches.
Article de Claude de Fréminville paru dans Le Populaire de Paris, 31e année, n° 8 750, 12 mai 1952, p. 3

Dans sa courte préface à la « Croisade de Lee Gordon » (Corrêa) de Chester Himes, Richard Wright, pleinement conscient de la valeur humaine de cette œuvre, semble lui attribuer comme une teinture de pessimisme qu’elle n’a pas à nos yeux.
« Ce livre, écrit-il, n’est ni anti ni pro-américain, ni anti ni procommuniste, ni anti ni pronègre, ni anti ni procapitaliste ; il est tout simplement humain ».
Voilà qui est uniquement négatif, l’humain mis à part. Mais cet humain, où Gordon le trouve-t-il ? Dans son syndicat.
Article paru dans Le Libertaire, 57e année, n° 422, 17 mars 1955, p. 1

LE 6 novembre 1954, à 6 h. 15 du matin, une douzaine de policiers, conduits par un commissaire, se présentaient rue Cadeau, à Roubaix, au domicile de Debah Tahar, tenant un café algérien.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.