L’ère de l’après-Boumédiène sera à bien des égards différente de celle du vivant du dictateur. Sur le plan politique, le régime ne peut pas continuer à fonctionner comme auparavant. Boumédiène avait façonné le pouvoir en fonction de sa stature politique. Il régnait sans partage, cumulant les fonctions les plus importantes, président de la république, chef de l’armée, du parti, etc.
Article d’Errico Malatesta paru dans Le Réveil anarchiste, n° 765, 9 mars 1929, p. 3.
Nous reproduisons ci-après une réponse de notre camarade Malatesta, qui s’adresse aussi bien aux chrétiens de la « non résistance » qu’à ceux de nos camarades qui, non contents de faire ressortir que faute de résister à la violence, nous en perpétuons le règne, se plaisent presque à imaginer qu’elle ne devra pas connaître de bornes et en font une apologie enflammée, qui est souvent cause que la masse se méprend sur nos idées. Nous voulons répondre d’une façon adéquate à tous les coups qui peuvent nous être portés, mais il doit être bien entendu que la première raison pour laquelle nous nions tout pouvoir politique, c’est qu’il ne peut subsister sans cette violence, dont nous poursuivons l’élimination au sein des sociétés humaines.
Dans un pays soumis à une sévère dictature comme l’Algérie, la lutte pour les « libertés démocratiques » des masses opprimées, c’est-à-dire le droit pour les ouvriers, paysans pauvres, chômeurs de s’organiser, de se réunir, de s’exprimer, de faire grève, manifester, est un problème de première importance. Cette lutte ne se sépare d’ailleurs pas de la lutte pour la révolution socialiste et l’instauration de la dictature du prolétariat. Elle correspond en effet aux aspirations et aux besoins profonds de tous les exploités et les révolutionnaires et la classe ouvrière doivent se faire l’expression de cette aspiration pour prendre la tête de la lutte contre la dictature.
Article d’Errico Malatesta paru dans Le Réveil anarchiste, n° 730, 29 octobre 1927, p. 1-2.
Il semble qu’il soit trop tard pour en parler encore, néanmoins le sujet reste d’actualité, puisqu’il s’agit de faits et des discussions qui, s’étant renouvelés dans le passé, se répéteront, hélas, dans l’avenir aussi, et cela, tant que n’en auront pas disparus les causes déterminantes.
Depuis la mort de Boumédiène, la lutte pour le pouvoir bat son plein en Algérie. La presse à la solde du régime ne fait évidemment aucune allusion à cela, mais dans les coulisses, les magouilles vont bon train.
J’ai le plaisir d’annoncer la publication dans Le Monde diplomatique de ma note de lecture au sujet du livre de Vivek Chibber, La théorie postcoloniale et le spectre du capital.
Dans le numéro précédent de notre journal, nous avions dénoncé le PRS (Parti de la Révolution Socialiste) comme un parti nationaliste petit-bourgeois. Nous avions montré que le PRS n’avait pas rompu quant au fond avec la politique du FLN ; le même populisme, le même langage socialisant, et aussi, et c’est le principal, le même nationalisme…
Article d’Errico Malatesta paru dans Le Réveil anarchiste, n° 743, 1er mai 1928, p. 6.
Il peut paraître étrange au premier abord que la question de l’amour et toutes celles qui s’y rattachent préoccupent beaucoup un grand nombre d’hommes et de femmes, alors qu’il y a d’autres problèmes plus urgents, sinon plus importants, qui devraient accaparer toute l’attention et toute d’activité de ceux qui cherchent le moyen de remédier aux maux dont souffre l’humanité.
Le 10 mars 1975, Dalila Zeghar, jeune bourgeoise algérienne, réussissait à se marier secrètement en France avec Denis Maschino, un Français qu’elle aimait. Sous les menaces du frère de Dalila, quelques mois plus tard, les voilà contraints de fuir vers le Canada pour chercher la sécurité : Messaoud Zeghar, en effet, un des plus gros bourgeois d’Algérie, mécontent que, selon lui, sa sœur ait outrepassé sa loi et n’ait pas épousé celui qu’il lui avait choisi, ne cesse d’annoncer qu’il enverra ses hommes de main pour la ramener de gré ou de force.
Article d’Errico Malatesta paru dans Le Réveil anarchiste, n° 742, 14 avril 1928, p. 2.
On pourrait écrire des volumes — sans épuiser la matière — sur les erreurs de pensée et d’action qui découlent des imperfections de langage : synonymes, mots équivoques, etc. Un exemple en est la confusion qui existe sur la question du droit de juger, précisément à cause de la double signification de ce mot.
Le cercle Abdallatif Zeroual est un groupe de « marxistes-léninistes » algériens. Nous lui consacrons cet article, et sans doute nous lui en consacrerons d’autres dans l’avenir, parce que nous pensons qu’il est du devoir des communistes révolutionnaires internationalistes de démasquer ceux qui se parent du drapeau du prolétariat afin de mieux le dévoyer.
Article d’Errico Malatesta paru dans Le Réveil anarchiste, n° 743, 1er mai 1928, p. 5.
Récemment, l’Avanti ! écrivait :
Les anarchistes qui, même selon les dernières déclarations d’Errico Malatesta, ne sont pas fauteurs de violence et ne visent pas à l’organisation de la force révolutionnaire pour la transformation violente de la société capitaliste… »
L’UGAC a toujours porté au peuple algérien, l’aide et le soutien qu’il méritait. Dès le début de la guerre d’Algérie, nous fûmes aux côtés de nos frères algériens dans leur lutte contre le colonialisme et le capitalisme, lutte qui était aussi la nôtre, ce que la « gauche » n’a jamais voulu comprendre.
Article d’Errico Malatesta paru dans Le Réveil anarchiste, n° 907, 22 septembre 1934.
Nous empruntons à La Révolte (n° 4, 10 octobre 1890) cet article toujours d’actualité.
*
Chers compagnons,
Une feuille de langue française a voulu s’occuper de ce que j’ai dit dans la conférence antiparlementaire qui fut tenue, à Londres, le 3 du mois d’août, dans la salle du club Autonomie, et elle m’a fait dire à peu près le contraire de ce que j’ai dit réellement.
Pour ce premier texte, nous choisissons l’ALGERIE parce qu’elle est proche de nous, et pas seulement dans le temps et dans l’espace, mais nous connaissons mieux les problèmes de nos camarades algériens qui viennent de publier un texte dont le préambule est :
« Nous souhaitons qu’il soit pour tous les révolutionnaires, une contribution qui nous aidera à la clarification nécessaire aux luttes en cours. »
Article d’Errico Malatesta paru dans Le Réveil anarchiste, n° 885, 4 novembre 1933.
Dernièrement des camarades nous ont proposé de discuter cette question : S’abstenir ou voter ? A vrai dire elle nous paraissait définitivement tranchée pour tout anarchiste, mais il y avait sans doute intérêt à reprendre la question pour les jeunes camarades.
Maintenant, nous croyons bon de réimprimer ici ce que notre camarade Malatesta avait eu l’occasion de déclarer sur le même sujet.
Mon dernier texte intitulé « Question musulmane, combat laïque et luttes sociales en France » vient d’être mis en ligne sur le site de Middle East Eye.Lien
Mon dernier article intitulé « Anthologie d’une revue disparue – Dissidences intellectuelles arabes » vient de paraître dans le mensuel de critique et d’expérimentation sociales CQFD, n° 171 (décembre 2018).
En voici la présentation par le journal :
« Il y a une quarantaine d’années, de jeunes intellectuels du monde arabe éditaient une revue surréaliste : Le Désir libertaire. Un recueil de textes audacieux, brocardant patrie, armée, famille et religion, vient d’être traduit en français. »
Article d’Errico Malatesta paru dans Le Réveil anarchiste, n° 892, 17 février 1934.
Nous donnons ici le texte de la circulaire, rédigée sur la fin de 1919 par notre camarade Malatesta et annonçant la parution du quotidien anarchiste Umanità Nova. Il nous semble fort bien résumer nos moyens et nos buts.
Article de Guy Germinal paru dans Noir et Rouge, n° 15-16, printemps-été 1960, p. 1-32.
AVANT-PROPOS
L‘historien Michelet, plusieurs fois cité, écrivait : « La liberté du catholicisme dans un gouvernement républicain est uniquement et simplement la liberté de conspiration. »
Il peut sembler paradoxal que la bourgeoisie conspire au sein de son propre régime alors que les représentants de la classe ouvrière en sont réduits bien souvent à lutter pour une « légalité ». Le problème se résume à savoir si l’idéal révolutionnaire peut mieux se développer dans les masses au sein d’un régime de liberté qu’au sein d’un régime de dictature…
Article de Martine Vidal paru dans Socialisme ou Barbarie, n° 28, juillet-août 1959, p. 80-82
C’est la bourgeoisie qui, à la fin du XIXe siècle, a imposé la laïcité de l’enseignement public, parmi une série d’autres réformes anticléricales, à un moment où l’Eglise représentait pour elle un adversaire politique. Depuis, l’Eglise a évolué ; toujours au service de la classe dominante, elle est maintenant au service de la classe bourgeoise. L’anticléricalisme de la bourgeoisie s’est éteint et la laïcité de l’école publique est de nouveau mise en question.
L’article reproduit ci-dessous se voulait une mise au point au milieu de ce qui semblait constituer un flot de divagations. En tout cas, il est encore un témoin de l’atmosphère où baignait l’intelligentsia de gauche (et parfois de droite) d’Europe et d’Amérique, au moment où la révolution abattait le chah d’Iran sous le drapeau de l’Islam chiite et dans la période qui suivit immédiatement. Il fut publié dans Le Nouvel Observateur du 19 février 1979 (n° 745, pp. 18-19).
Article d’Edgar Morin paru dans Arguments, 2e année, n° 10, novembre 1958, p. 27-31.
Que l’on s’entende bien. Je suis internationaliste et non nationaliste. Je ne respecte pas le nationalisme algérien comme un nationaliste éclairé respecterait un nationalisme étranger, légitime comme le sien propre. Au fait, je ne respecte rien. Ce qui mérite d’être reconnu et défendu, dans le nationalisme algérien, c’est la revendication à la dignité et l’égalité de 8 millions d’êtres humains, et c’est la condamnation d’un système colonial et raciste.
Article de Mohammed Harbi paru dans Les Cahiers d’Article 31, n° 1, premier trimestre 1990, p. 93-95
La campagne que les islamistes de tous bords ont mené contre Salman Rushdie, les menaces qu’ils font peser sur sa vie constituent un nouvel épisode de l’assujettissement forcé des intellectuels, et au-delà d’eux, de la société au pouvoir sacerdotal.
Interview de Messali Hadj recueillie par Paul Roos, Oise Actualités, 21-22 octobre 1966.
Habitant maintenant une modeste maisonnette dans un quartier ouvrier de Lamorlaye, le leader nationaliste algérien Messali Hadj, chef du P.P.A. – qui fut, rappelons-le, le premier à réclamer l’indépendance pour l’Algérie et ce au début des années 20 – a bien voulu rompre un silence de plusieurs mois pour répondre aux questions que nous sommes allés lui poser sur deux sujets d’une brulante actualité : l’affaire Ben Barka et les dissensions au sein du gouvernement de l’Algérie d’aujourd’hui.
Mon dernier texte intitulé « De la Kanaky à l’Algérie en passant par Louise Michel » vient d’être mis en ligne sur le site de Middle East Eye. Lien
En voici les premières lignes :
« Trente ans après les vingt et un mort des « événements » d’Ouvéa et les accords de Matignon-Oudinot, destinés à garantir une « paix durable fondée sur la coexistence et le dialogue », les électeurs de Kanaky (Nouvelle-Calédonie) se sont prononcés, avec 56,7 % des voix exprimées et plus de 80 % de participation, contre la question suivante : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? ».
Extrait des études du Secrétariat Social d’Alger, La Cohabitation en Algérie. A la recherche d’une communauté, Alger, éditions du Secrétariat Social d’Alger, 1956, p. 187-188
VI. Cohabitation et standard de vie.
L’Algérie est un pays sous-développé, pauvre, et, ce qui est plus grave, en voie de régression économico-sociale. Les causes de cette situation sont nombreuses et ne tiennent pas toutes à l’homme ; dans la perspective de la cohabitation, il convient d’en relever deux principales :
Texte des Amis d’Omar Khayyam paru dans Le Frondeur, n° 3/4, mars 1980, p. 22.
L’effondrement de l’Etat comme l’impuissance des dirigeants n’est pas toujours suffisant à rendre aux hommes leur liberté. Le Liban (dont on ne parle plus beaucoup en ce début 80) est un exemple de pays sans Etat et sans gouvernement où rien n’a changé. Bien évidement l’ordre est revenu sur les chars syriens et israéliens et la survie a repris ses droits.
Article d’Al Bourquii paru dans Spartacus, n° 13, mars-avril 1979, p. 5-6
En quinze jours, la presse et les medias auront consacré plus de place à l’Algérie qu’ils ne le firent en treize ans de régime boumedieniste. Hier il fallait jouer des pieds et des mains pour s’informer sur la situation algérienne. Aujourd’hui on sait pratiquement « tout » sur les difficultés du pays et le mécontentement de la population : crise économique, démographique, faillite de la réforme agraire, maigre bilan de la politique d’industrialisation.
Article d’Asselin paru dans La Gueule ouverte, n° 253, 21 mars 1979, p. 20.
La radio ? J’écoute pour savoir l’heure. Entre deux tops, j’entends des choses. Entre autres, on me dit d’un ton roucouleur que le Tchador (deuxième mot de l’iranien assymil après l’anapurnah-Khomeiny) n’est en fait qu’un cache-misère. Vous voyez : le genre blouse grise qu’on avait tous à l’école publique pour que s’efface la différence de classe. C’est aussi, comme à l’armée, l’uniforme, l’unique forme, qui unifie et vous fait pareil. Luxueusement pareil.
Article paru dans Le Prolétaire, n° 398, octobre-novembre 1988, p. 1-2
Les émeutes qui ont enflammé durant une sanglante semaine une bonne partie du pays ne se réduisent pas à un « coup de fièvre de la jeunesse », mais sont l’expression d’un mouvement social aux origines indiscutablement prolétariennes (1).
Article de Paul Gilroy paru dans Transition, No. 81/82 (2000), p. 70-91
In 1938 C. L. R. James wrote that « all the things that Hitler was to do so well later, Marcus Garvey was doing in 1920 and 1921. He organized storm troopers, who marched, uniformed, in his parades, and kept order and gave colour to his meetings. » James later abandoned this prewar analysis, but his words evoke controversial questions about Garvey’s Universal Negro Improvement Association (UNIA). Did Garvey’s ideology of race consciousness incline him toward fascism ? Or was his sympathy for European dictators grounded in their practical achievements, as with his enthusiasm for Napoleon ? More important, was Garvey’s militaristic leadership kindred to the techniques of rule fascists developed in Italy and Germany ?
Mon dernier article intitulé « Mémoires torturées – Maurice Audin et les fantômes de la guerre française en Algérie » vient de paraître dans le mensuel de critique et d’expérimentation sociales CQFD, n° 169 (octobre 2018).
Extrait de l’article d’André Adam, « Chronique sociale et culturelle », paru dans l’Annuaire de l’Afrique du Nord, Vol. 3, 1964, p. 184-188.
4. – LE PROBLEME DE LA FEMME
Encore un débat qui n’est pas près de s’achever ! N’allons pas nous imaginer que, dans cette affaire de l’émancipation de la femme algérienne, tous les vieux soient contre et tous les jeunes pour. Les choses ne sont pas aussi simples. L’Union algérienne des centres de vacances a organisé à Alger une série de débats entre lycéens des classes de seconde, première et terminales sur le problème de la « mixité », dont le compte rendu a paru dans Alger républicain des 18 à 21 février. Nombre de ces jeunes gens sont fort lucides. Il faut, dit l’un, pour que la mixité soit possible, « une reconversion des esprits et de la mentalité ».
Voici le texte de notre camarade Daniel Guérin qui figure en tête d’un recueil qui vient de paraître aux Editions Martinsart (72, bd. de Sébastopol – Paris II). Ce recueil fait partie d’une série de huit volumes reliés, intitulés « Les Grands Révolutionnaires », Ils ne sont pas en vente en librairie et ne peuvent être acquis que par souscription. C’est pourquoi nous avons jugé utile en détacher des extraits de la préface qui suit.
Extrait de l’article d’André Adam, « Chronique sociale et culturelle », paru dans l’Annuaire de l’Afrique du Nord, Vol. 3, 1964, p. 176-180.
2. – LA RELIGION
De tous les débats engagés depuis l’indépendance sur l’Algérie nouvelle, sur « la personnalité algérienne » et sur « la culture algérienne », l’Islam n’a jamais été absent. Mais l’année 1964 se caractérise par une réaction religieuse particulièrement vive, trop profonde et trop forte en tout cas pour que le régime ait voulu courir le risque de la cantonner dans l’opposition.
Jeudi 22 mars. La Mutualité. Kate Millett à son retour d’Iran. Elle parle du mouvement des femmes là-bas, manifestations autonomes des femmes… autonomes par rapport aux partis et groupes politiques… pour leurs droits… pour leurs droits seuls… pour que « l’autre » moitié du monde ait le droit d’exister, elle aussi… des milliers de femmes dans les rues… manifestations entièrement spontanées (Kate Millett a tant insisté là-dessus !), manifestations tellement attaquées, donc tellement dangereuses pour le pouvoir ! (pour le pouvoir en place et pour celui des « révolutionnaires » mâles !).
Attaquées au couteau par des individus pour la plupart du lumpenprolétariat, des fanatiques du Coran, manipulés par la bourgeoisie… attaquées verbalement par les « gens de gauche » qui leur reprochent de « diviser » le mouvement (vous n’avez pas l’étrange impression d’avoir déjà entendu ce genre de reproche quelque part ?). Les « camarades révolutionnaires » iraniens demandent – on pouvait s’y attendre – une fois de plus aux femmes de se calmer, de patienter, de faire d’abord la révolution…, ensuite on s’occupera d’elles. C’est banal, c’est triste, c’est du déjà vu. Mais ça n’arrête pas les féministes iraniennes.
Après une semaine de manifestations, leur mouvement entre dans une deuxième phase : celle de l’organisation. Elles forment alors, selon Kate Millett, des « comités tournants » (?) « sans bureaucratie, sans hiérarchie, sans personnalité publique », de type « anarchiste ». La répression est extrêmement dure : non seulement elles doivent faire face aux agressions pendant les manifestations, mais les « milices » (citoyens armés par les comités de leurs quartiers et chargés de faire régner l’ordre) quittent les manifestations – qu’ils doivent normalement protéger, encadrer – dès que les femmes sont attaquées. Par ailleurs, ces milices quadrillent toutes les rues de Téhéran et à toute heure du jour et de la nuit, arrêtent tous les individus et véhicules de leur choix, les font mettre contre le premier mur venu, et peuvent aussi bien les relâcher un peu plus tard que les abattre à la mitraillette s’ils leur semblent suspects (en plus, ils possèdent des mitraillettes depuis fort peu de temps et ne savent pas tous très bien s’en servir). Bref, c’est la démocratie, c’est la révolution, c’est la joie, Le tyran est abattu, hourrah !
Pour ceux qui sont portés à minimiser tout ce qui vient des femmes, il est bien évident que ces femmes ne luttent pas seulement pour avoir le droit de sortir dans la rue sans « chador » mais qu’elles réclament tout bonnement l’égalité avec les hommes et la liberté. (Même si le port du chador est très significatif, très symbolique de l’oppression des femmes : comme le disait Kate Millet, la femme étant la propriété de son mari ou de son père, elle ne doit pas montrer son visage ou son corps qui ne doivent être vus que de leur propriétaire ! On en revient toujours aux mêmes conclusions : la pudeur féminine inventée pour perpétuer la propriété des hommes sur les femmes, la répression du viol, par l’État, instituée pour punir un vol !).
Revenons aux manifestations des femmes. Elles n’ont pas droit à une grande publicité, en Iran, Pas une seule photographie n’a été prise par la presse iranienne! Silence total pendant longtemps à la télévision, puis un beau jour, débat sur la question. Évidemment, les invités étaient tous des détracteurs des féministes, Kate Millet a d’ailleurs dit que la grande manifestation de femmes réclamant soit-disant de porter le chador n’était pas une manifestation appelée sur des mots d’ordre anti-féministes. Elle était bien sûr complètement manipulée par les chefs religieux et était destinée à soutenir le grand responsable de la télévision, à soutenir la censure à la télévision. Cela dit, il n’est pas étonnant que ces femmes – comme par hasard – aient porté le chador ! On est réactionnaire ou on ne l’est pas ! Il est intéressant de se demander pourquoi la presse occidentale a fait passer cela pour une manifestation anti-féministe. Pour finir sur une note d’espoir, il faut dire qu’il y avait des hommes aux manifestations féministes, des hommes de toutes classes d’ailleurs. Kate Millet a dit qu’ils se donnaient la main, formaient des chaînes qui entouraient la manifestation. Ce geste ne devant pas être interprété comme du paternalisme, de la protection bienveillante (le dernier stade de la phallocratie), mais plutôt comme une preuve de réelle solidarité. C’est-à-dire que pour ces hommes, la liberté des femmes vaut bien le risque de prendre des coups de couteau. Ils ont voulu partager ce risque, Kate Millet était toute émue en en parlant et elle a dit : « Ces hommes n’étaient pas des sympathisants tièdes. C’étaient de vrais camarades ! ».
Il est nécessaire de dire que cette révolution qui a remplacé un tyran politique par un tyran religieux – cette révolution basée sur le Coran -, cette révolution qui exalte la différence de culture, la différence… ou la supériorité ? de l’Islam, la fierté patriotique du peuple, cette révolution qui soumet les prolétaires à des nouveaux chefs, à une nouvelle armée, a des milices de type fasciste (tout le monde peut en faire partie, mais tout le monde peut en être victime !) a un nouveau gouvernement; cette révolution qui fusille ou lapide les homosexuels, assimilés à des violeurs (les « victimes » sont flagellées), cette révolution qui refuse aux femmes le droit de se libérer de la tyrannie des hommes… cette révolution n’est une révolution qu’au sens le plus mathématique du terme : un tour sur soi-même et on revient au même point, Il ne faut pas mythifier le prolétariat iranien, complètement soumis dans sa majorité à l’idéologie dominante, à cette idéologie d’esclaves. La révolution, la vraie, la révolution libertaire, reste entièrement à faire !
Extrait de Maurice Clavel, Le jardin de Djemila, Paris, René Julliard, 1958, p. 19-22
CHRONIQUE
Paris, février-avril 1957
I
J’avais quelques amis au Mouvement National Algérien et je m’en méfiais plaisamment : trop français. En eux semblaient revivre nos vieux révolutionnaires, dont il ne reste plus les noms que dans quelques rues vastes et laides, métros aériens, cœurs désuets : Barbès, Blanqui – ces gens qui ont peu agi dans leur siècle, ayant passé en prisons bourgeoises trop de leur vie, sans rien semer plus loin, la liberté s’étant faite science et police. Mes amis étaient une résurrection étrange, d’un naturel que le dépaysement accusait.
FL – Tu te revendiques comme anarchiste. Tu es Iranien et tu penses qu’actuellement, de par le fait que tu es anarchiste, cela ne sert à rien de retourner, pour toi, en Iran ?
R – Non, je ne dis pas que cela ne sert à rien, c’est-à-dire que pour retourner en Iran, il faut être au moins un groupe ; individuellement, mon action n’aurait pas une grande portée en Iran parce que je me retrouverais seul. La situation n’est pas claire, on ne sait rien, on ne sait pas si le régime va tenir ses promesses et s’il y aura un climat de liberté en Iran pour qu’on puisse mener une action, pour qu’on puisse faire une propagande réelle, introduire des idées anarchistes au sein des Iraniens
Article de Claude Devilliers paru dans Inprecor, n° 138, 6 décembre 1982, p. 27-31
Museler le mouvement de masse et avancer prudemment vers une « libéralisation économique » sont les deux piliers de la politique de Chadli Benjedid
IL y a vingt-huit ans, le 1er novembre 1954, les premières actions du Front de libération nationale (FLN) marquaient le début du soulèvement armé algérien contre le colonialisme français. Au terme d’une longue guerre de libération, le 3 juillet 1962, l’Algérie arrachait son Indépendance. Le peuple algérien avait payé cette victoire au prix fort : un million de morts, 400 000 détenus, 300 000 réfugiés, et plus de 3 millions de personnes déplacées. Toute la population algérienne avait été touchée et brassée par la tourmente.
Entretien de Sadik Jalal al-‘Azm par Abu Fakhr, Journal of Palestine Studies, Vol. 27, No. 2 (Winter, 1998), p. 68-80.
Abu Fakhr: You have stated that one of the errors of the Left was that it neglected the importance of civil society, democracy, human rights, secularism, and so on. At present, many are giving up the mantle of Marxism and enlisting in the ranks of the secularists as though they believed secularism could serve as a shield against religious fundamentalism [salafiyya]. Where do you believe we are headed in the near future?
Article de Chafia paru dans Oiseau-tempête, n° 4, hiver 1998, p. 34
ON NE MESURE PAS ENCORE, aujourd’hui, les traumatismes qu’a subis la société algérienne durant les années de spoliation coloniale et les sept années de guerre contre la puissance française. Et lorsque les médias français réduisent, depuis des années, l’Algérie à cette autre guerre plus récente, ignorant délibérément le refus d’un peuple de soutenir l’un ou l’autre camp, niant les résistances sociales contre les plans d’une bourgeoisie insolente aujourd’hui et plus pressée aussi d’en découdre avec les « gueux », on peut se demander s’il ne s’agit pas d’une épuration d’une mémoire coupable. Comme si les atrocités d’aujourd’hui effaçaient celles d’hier, inscrivant la violence dans les gènes d’un peuple… On construit les murs que l’on peut contre l’histoire quand elle accuse.
Ma recension du livre de Pascal Delwit, Les gauches radicales en Europe. XIXe-XXIe siècles (Bruxelles, éditions de l’Université de Bruxelles, 2016), vient d’être publiée sur le site de la revue de sciences sociales Émulations.
En voici les premières lignes :
« Pascal Delwit, professeur de science politique à l’Université libre de Bruxelles et auteur de nombreuses études sur les partis politiques, propose un ouvrage volumineux qui porte sur les organisations de la « gauche radicale » en Europe.
Article de J. C. publié dans Echanges, n° 86, janvier-mars 1998, p. 46-50
L’horreurdes massacres en Algérie amène à en chercher la raison. Deux thèses principales s’affrontent : première thèse, l’horreur aurait comme cause le fanatisme religieux ; deuxième thèse, l’horreur aurait comme cause un complot, les massacres étant commis de cette façon·là par des membres de la police ou de l’armée algérienne pour faire apparaître l’ignominie du camp islamiste, et pour empêcher ainsi toute solution négociée avec les islamistes.
Article de Sadik Jalal al-‘Azm paru dans Die Welt des Islams, Nr. 1/4 (1988), p. 90-98.
A basic maxim of Marxist socio-political analysis states that similar infrastructural conditions tend to produce similar superstructural phenomena. Some of us who have been in close and protracted contact with the Palestine Liberation Organization (PLO), (particularly with its political militants, higher cadres and more outspoken ideologues), certainly have sensed something of the importance of this maxim, not as an abstract principle but as a concretely lived series of organically developing situations, ideas and experiences. I am referring, here, to the Palestinian comparisons drawn between the modern Jewish and Palestinian diasporas and the superstructural (particularly political) phenomena generated by them.
Mon dernier article intitulé « De la précarité en milieu universitaire » vient de paraître dans La Révolution prolétarienne, n° 802 ( septembre 2018), p. 5-7.
En voici les premières lignes :
« Le trimestriel Frustration – partenaire du « nouveau média télévisuel engagé » Le Média, proche de la France insoumise – a évoqué la question de la précarité des enseignants de l’université. S’adressant aux étudiants, le magazine annonce : « Une grande partie de vos enseignants sont des doctorants qui galèrent sur leur thèse et enchaînent des CDD d’un an ou des vacations (souvent payées une fois tous les six mois) ».
Je profite de cette magnifique occasion pour envoyer à l’assemblée générale du cercle Zimmerwald parisien mes souhaits de réussite et aussi toute ma sympathie et mon amitié.
Je le fais avec d’autant plus de plaisir qu’il y a à la direction de cette tribune internationale des figures parfaitement sympathiques que j’ai eu l’honneur de connaître dans ma vie de vieux militant. Certaines d’entre elles sont venues tout près de moi, au moment de la répression, pour me manifester et leur solidarité et leur concours.
Article d’Arno Schmitt paru dans Public Culture, Vol. 15, No 3, Fall 2003, p. 587-591.
Joseph Massad’s article “Re-Orienting Desire: The Gay International and the Arab World” (Public Culture 14 [spring 2002]: 361–85) is a strange concoction. Although ostensibly against the Gay International (GI) and its view that always and everywhere there are gays waiting to be freed by U.S. organizations, Massad attacks scholars who oppose this assumption. To justify his attacks he distorts our writings.
Dans les trois semaines que je viens de vivre ici, j’ai eu l’occasion de me rendre compte qu’un choc terrible – entre les deux communautés : arabe et européenne – est inévitable.
L’insécurité est totale dans l’intérieur du pays. A quand le tour des villes, même côtières ? La pression des « rebelles » est si forte que les Européens seront obligés de se battre, s’ils ne veulent pas être jetés à la mer. Or les Européens, enracinés en Algérie depuis bien plus longtemps qu’en Tunisie et au Maroc, considèrent que l’Algérie est leur chose, sans aucune réserve. Ils se battront résolument, car le privilège n’exclut pas le courage. Quant à celui des Arabes, on le connaît ; il n’est pas inférieur.
Three years ago, after the Black Panther Party had recanted and returned to the Baptist Church, the only self-styled ‘Marxist political tendency to be found on this side of the veil was that embodied in the Black Workers Congress which, according to its somewhat generous self-assessment, was not only ‘Marxist-Leninist’ but ‘Maoist’ as well. Every other tendency among black people was hostile to Marxism. The arguments scarcely need to be recalled : « Marx and Engels were Europeans; what can racist Europeans have to say that is useful to us? » « Why do you have to depend on the white man for your ideology; can’t we develop something new of our own? » etc. Of course there was also a great deal of red-baiting going on and even more self-righteous posturing.
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