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George Orwell : Grandeur et décadence du roman policier anglais

Article de George Orwell paru dans Fontaine, n° 37-40, janvier 1944, p. 69-75


C’EST de 1920 à 1940 que fut lu et écrit le plus grand nombre de romans policiers et c’est précisément durant cette période que le roman policier en tant que genre littéraire devint décadent. Au cours de ces années inquiètes et utiles, les « crime stories » comme on les appelait (en désignant ainsi le roman détective proprement dit aussi bien que le « thriller » où l’auteur utilise la formule grand-guignolesque) constituaient en Angleterre un palliatif universel au même titre que le thé, l’aspirine, les cigarettes et la radio. Ces ouvrages parurent en quantité industrielle et l’on ne peut qu’être surpris de compter parmi leurs auteurs des professeurs d’économie politique et des prêtres tant catholiques qu’anglicans. L’amateur que jamais l’idée d’écrire un roman n’avait effleuré se sentait de taille à taquiner le roman policier qui n’exige que de très vagues connaissances de toxicologie et un alibi plausible derrière lequel dissimuler le coupable. Bientôt pourtant le roman policier tendait à se compliquer : il demandait à l’auteur plus d’ingéniosité car il fallait satisfaire chez le lecteur un appétit de violence et une soif de sang toujours croissants. Les crimes devinrent plus sensationnels et plus difficiles à déceler. Mais il n’en reste pas moins que dans cette multitude d’ouvrages l’on n’en trouve point ou presque qui vaille la peine d’être relus.

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Gustave Stern : Aux Etats-Unis, les syndicats et la lutte des Noirs

Article de Gustave Stern alias Gérard Sandoz paru dans La Révolution prolétarienne, n° 188, décembre 1963, p. 18


Une petite dépêche, provenant de Washington au mois d’Août de cette année, n’a guère trouvé l’attention qu’elle méritait pourtant : cette dépêche nous informait que la Centrale des Syndicats américains, l’AFL-CIO, avait décidé de ne pas participer à la fameuse « Marche sur Washington », organisée par la quasi-totalité des organisations noires et patronnée, presque officiellement, par l’administration du président Kennedy.

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Daniel Blanchard : Les élections américaines et le problème noir

Article de Daniel Blanchard alias Paul Canjuers paru dans Socialisme ou Barbarie, n° 38, octobre-décembre 1964, p. 98-101


La réélection de Johnson à la Présidence des Etats-Unis avec une très forte majorité avait beau être attendue et escomptée ; ces élections n’en marquent pas moins une étape dans la vie politique des Etats-Unis qui conduira probablement à des changements importants. Pour la première fois depuis 1940, ces élections ont en effet posé les électeurs américains devant un choix réel, même s’il était fort limité et essentiellement négatif. Depuis l’acceptation du New Deal et de ses résultats irréversibles, les élections étaient progressivement devenues une question de choix entre les « personnalités » des candidats de deux partis dont les différences s’étaient amenuisées à l’extrême. En désignant Goldwater comme candidat à la présidence, l’aile extrémiste du parti républicain a explicitement remis en cause une série d’aspects essentiels de l’orientation de la politique américaine, intérieure et extérieure, ceux précisément qui expriment la tentative du capitalisme américain de s’adapter au monde moderne. Peu importe si cette remise en question était confuse, si Goldwater, longtemps avant les élections, avait été obligé de mettre beaucoup d’eau dans son bourbon, et si finalement, élu Président, il aurait été obligé de faire à peu près ce que Johnson fait. Les électeurs ont voté contre le retour (utopique, faut-il le dire) à un capitalisme totalement privé et sans intervention de l’Etat fédéral dans l’économie, contre l’autonomie des Etats l’égard de la fédération, contre les va-t-en guerre en politique internationale, contre l’anti-communisme à outrance et la persécution des minorités, contre surtout l’aggravation de la guerre raciale qu’aurait certainement induit l’élection de Goldwater.

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André Bell : Magdeleine Paz, Frère Noir (Flammarion)

Article d’André Bell paru dans Masses, n° 2, mai-juin 1931, p. 8

Ce livre est un exposé de la question noire aux Etats-Unis. L’auteur raconte comment la race noire a été introduite en Amérique, comment elle y a vécu avant et après l’abolition. Elle fait historique de la loi Lynch et montre les deux races en présence séparées par la ligne de couleur. Frontière d’ailleurs théorique, variable, d’une incertitude déconcertante. D’un côté, le privilège, la haine. De l’autre, la misère, l’effort d’une humanité méprisée et qui veut vivre. La poussée vers le Nord aujourd’hui arrêtée d’ailleurs par la crise économique. En dépit des lois, les noirs n’ont pas de droits. Et quoique leur situation ne soit pas la même dans le Sud et dans le Nord, ils restent partout les parias. Pas de contact avec la race maudite. Les blancs ne touchent pas les peaux noires, sauf aux jours de lynchage.

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Maroc : Le régime néocolonial déclenche la répression

Déclaration parue dans Inprecor, n° 106, 20 juillet 1981, p. 31-32


Déclaration du Secrétariat unifié de la IVe Internationale sur les événements du 20 juin

A la suite d’une hausse spectaculaire des prix des denrées alimentaires — que le gouvernement avait décidée dans le cadre d’une orientation économique imposée par le Fonds monétaire international (FMI) —, des manifestations populaires ont éclaté à Casablanca, Rabat et dans d’autres villes du Maroc.

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Salut aux prolétaires du Maroc !

Article paru dans Le Communiste, n° 10-11, août 1981, p. 70-71


Le cinq juin, le gouvernement marocain annonçait une augmentation des prix de 85 % des articles de première nécessité : sucre, lait, œufs, farine, huile… La réponse du prolétariat ne se fit pas attendre ; des grèves et des manifestations violentes se déclenchèrent à Casablanca et dans la région orientale du pays (province de Oujda). Immédiatement, ces luttes s’étendirent à tout le pays.

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Nicolas : La diffusion de la répression

Article de Nicolas paru dans La Lanterne noire, n° 4, décembre 1975, p. 28-32


LA PROTECTION DES HONNÊTES GENS

Discours politiques, commentaires de journaux, informations, événements, contre-informations, la petite phrase pleine de présages, les mots mille fois amplifiés par les moyens de communication de masses et analysés en long et en large par les spécialistes, soutenus et expliqués par les intellectuels de tous bords… un monde de mots, de signes, de représentations nous entoure, nous unit ou nous désunit, nous transperce, nous emmerde.

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Georges Lamizet : Réflexions sur le « Journal d’un ouvrier »

Article de Georges Lamizet paru dans La Révolution prolétarienne, n° 137, avril 1959, p. 17-18

« Car l’esprit ouvrier, à peine ses yeux sont-ils ouverts, revient à son « Je pense », tout comme Descartes. Il tient bon là ; il se forme une idée juste de ce que c’est qu’une vie humaine ; et cette idée est qu’il ne faut pas attendre de tout comprendre pour vivre en homme. Cette idée est en marche, et le moindre progrès de la connaissance l’éclaire un peu plus. Et c’est pourquoi l’idée de rationalisation, qui porte la marque des brevetés, a trouvé, contre l’attente des rois de ce monde-là, une résistance. Le citoyen riveur et le citoyen ajusteur ont dit : « Produire n’est pas le tout ; et aussi bien votre édifice industriel s’écroule par le haut, ce qui prouve que vous êtes bien loin de connaître assez pour légiférer. Humanité et justice valent mieux que puissance : et puisque vous nous consultez, nous allons dire, non ce que nous savons, mais ce que nous voulons. C’est à vous, les rois, de vous en arranger. »

ALAIN (1931)
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La religion : appui ou obstacle à la lutte de classe ? Considérations à propos de la « théologie de la libération »

Dossier paru dans Programme communiste, n° 89, mai 1987, p. 72-108



PRÊTRES ET MARXISME

LA CRITIQUE DE LA RELIGION CONTIENT DONC EN GERME LA CRITIQUE DE LA VALLÉE DE LARMES DONT LA RELIGION EST L’AURÉOLE SACRÉE

(Marx, Introduction à la critique de la philosophie du droit de Hegel, 1843)

LE RÉEL ET L’IMAGINAIRE DANS LE SOCIAL-CHRISTIANISME

Loin de se réduire à une question académique, l’attitude envers la religion des partis ou des groupes qui se réclament du prolétariat et se disent communistes, constitue un des principaux tests de leur adhésion réelle à la théorie marxiste.

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Jacques Gallienne : Impressions d’Algérie

Article de Jacques Gallienne paru dans La Révolution prolétarienne, n° 607, octobre 1974, p. 11-12

Défilé du 1er novembre 1974, qui marque les 20 ans du début de la révolution algérienne [source]

J’avais fait deux voyages en Algérie « française », en 1936 et 1947. J’avais, de plus, fait une courte escale à Alger, en pleine période de combats, revenant d’Egypte en 1956. J’ai vu cette fois-ci la République algérienne, démocratique et populaire. Elle se veut socialiste. J’avoue qu’en la parcourant en dehors de tout circuit guidé, je n’ai pas très bien vu en quoi elle était socialiste. Peu de ressemblance même avec le régime des pays de l’Est. La densité des autos, par exemple, est aussi forte que dans les pays capitalistes. Le petit commerce est aussi important qu’autrefois : la différence est que les boutiques manquent de bien des produits d’usage courant. On voit les mêmes foules misérables qu’auparavant, les mêmes grappes humaines se bousculant dans les bureaux des autocars pour obtenir une place. La pénurie d’eau est grande, et partout, il y a des coupures, de jour ou de nuit.

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Alain Gérard : Les jeux olympiques… ou le ridicule qui ne tue pas encore

Article d’Alain Gérard paru dans Socialisme ou Barbarie, n° 38, octobre-décembre 1964, p. 115-116


« Je suis fier des médailles que la France n’a pas eues. » M. HERZOG.

Nos lecteurs, même ceux qui suivent l’actualité d’un œil distrait n’ont pas manqué d’apprécier les progrès fulgurants dans la sottise que notre cher et vieux pays a accompli en quelques semaines.

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Gérard Gilles : La révolution a un sexe

Article de Gérard Gilles paru dans Recherches libertaires, n° 9, mars 1972, p. 28-30

A propos de la publication des œuvres complètes de Georges BATAILLE.

Pour tous ceux pour qui écrire n’est pas un acte inoffensif et qui considèrent que faire de la littérature révolutionnaire ne consiste pas à écrire des romans sur la vie dans les grands ensembles, pour ceux qui ne considèrent pas les révolutionnaires comme des anges, Georges Bataille est un type important. On commence à s’en apercevoir et, la mode du porno aidant, combinée avec le relâchement de la censure, les éditions Gallimard ont commencé la publication des œuvres complètes de Georges Bataille (à des prix, hélas, qui ne favorisent pas la lecture dans les bidonvilles – aux illégalistes de faire ce que doivent pour une telle diffusion).

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Karl Korsch: Revolution for what? A critical comment on Jan Valtin’s « Out of the Night »

Article de Karl Korsch signé L. H. paru dans Living Marxism, Vol. V., No. 4, Spring 1941, p. 21-29


« Soiled with mire from top to toe, and oozing blood from every pore », a seafaring man emerges on this side of the Atlantic to tell a weird story of intrigue and conspiracy, of spying and counter-spying, of treason, torture, and murder. It is a true story, a reliable record of tangible facts, albeit mostly of facts that remind one of the « stranger than fiction » columns. Yet there is the difference that they are not isolated facts which seem unbelievable only because they do not fit into the common assumptions derived from everyday experience. Valtin’s book reveals a whole world of well-connected facts that retain their intrinsic quality of unreality even after their non-fictitious character has been established. It is a veritable underworld that lies below the surface of present-day society; yet unlike the various disconnected underworlds of crime, it is a coherent world with its own type of human actions and sufferings, situations and personalities, allegiances and apostasies, upheavals and cataclysms.

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Pierre Saint-Germain et Patrice Vermeren : Les aventures d’un marin allemand

Article de Pierre Saint-Germain et de Patrice Vermeren paru dans Les révoltes logiques, n° 2, printemps-été 1976, p. 121-128

« La réputation d’héroïsme que fit (à Dimitrov) la presse de l’univers entier (…) ne fut à vrai dire que le résultat d’une mise en scène habile et méthodique (…). Des mois avant que le célèbre procès ne commençât, des négociations secrètes étaient déjà en cours entre Moscou et Berlin pour échanger Dimitrov et ses deux complices bulgares contre trois officiers allemands arrêtés pour espionnage en territoire soviétique. Il importait d’épargner à Dimitrov l’épreuve des tortures de la Gestapo, non pas pour le sauver, mais pour sauvegarder le fonctionnement du service secret soviétique et préserver le Komintern dont il connaissait trop bien les rouages intimes.

Devant le danger, Dimitrov s’était montré moins ferme que beaucoup de ses subordonnés. Il donna notamment à la Gestapo l’adresse du couple qui le cachait. Dimitrov livra également à la Gestapo le nom et l’adresse de sa maîtresse (…). Le marché conclu entre Moscou et Berlin le fut le soir qui précéda le procès. Mais pour sauvegarder les apparences Dimitrov fut retenu en Allemagne jusqu’à la fin de la grande comédie de Leipzig. Cet homme (…) bénéficie de privilèges que ne connurent jamais la masse des détenus anonymes (…). Les « petits » camarades, pendant ce temps, ne recevaient eux, que des coups – voire une balle dans la tête. » (1).

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Jean-Daniel Martinet : Une nouvelle mystification. La revue « Esprit » au secours de l’impérialisme stalinien

Article de Jean-Daniel Martinet paru dans La Révolution prolétarienne, n° 312, février 1948, p. 1-3


Un passé de probité intellectuelle et de courage personnel ne tient pas lieu d’intelligence politique. Je crois en la bonne foi d’Emmanuel Mounier et de la part des gens de son équipe. Il n’est que plus urgent de dénoncer leur position actuelle (1).

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Jean Léger : Le procès Kalandra

Article de Jean Léger paru dans Socialisme ou Barbarie, n° 7, août-septembre 1950, p. 110-111

Dans les premiers jours de juin s’est déroulé à Prague le procès des Treize, premier grand procès politique que connaisse la Tchécoslovaquie.

Les condamnations prononcées le 8 juin ont révolté de nombreux intellectuels en France, en Autriche, en Norvège. Des télégrammes ont été adressés au Président de la République tchécoslovaque pour qu’il renonce à exécuter la sentence frappant le principal accusé : Kalandra.

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Jean-Daniel Martinet : A la mémoire de Zavis Kalandra

Article de Jean-Daniel Martinet paru dans La Révolution prolétarienne, n° 342, août 1950, p. 26

L’exécution de Zavis Kalandra et de ses trois coaccusés est passée inaperçue au milieu des événements de Corée qui angoissent l’opinion mondiale : le tribunal suprême de Prague ayant rejeté l’appel, la pendaison des quatre condamnés à mort du « procès des Treize » (dont une femme) a eu lieu le mardi 27 juin 1950. Encore une date de deuil à retenir pour les socialistes libres.

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Jean-Daniel Martinet : Lettre ouverte aux « Temps modernes »

Lettre de Jean-Daniel Martinet parue dans La Révolution prolétarienne, n° 38, mai 1950, p. 3


En tant que simple abonné des Temps modernes, je me permets de poser à J.-P. Sartre et M. Merleau-Ponty les questions suivantes :

1. N’existe-t-il pas une différence de nature entre les camps russes, pièce maîtresse d’une économie planifiée (ce sujet est traité dans toute son ampleur dans le dernier ouvrage traduit de Dallin, et plus succinctement dans le deuxième numéro du Bulletin des Groupes de liaison internationale) et les autres camps de concentration actuellement connus, en Espagne, en Grèce et dans les colonies ?

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Joseph Gabel : L’âme néo-stalinienne. Esquisse d’une psychopathologie

Article de Joseph Gabel alias Lucien Martin paru dans Masses, n° 12, décembre 1947-janvier 1948, p. 25-28


DANS la presse « libre » d’une des « démocraties nouvelles », l’auteur de ces lignes a lu, il y a un an, un article étonnant. Il s’agit de la « Chine victorieuse ». Le journaliste y démontrait que la Chine n’était pas victorieuse du tout, son rôle ayant consisté à gagner du temps pour permettre aux Etats-Unis, à l’Angleterre et à l’Union Soviétique de battre le Japon…

Certes, nous n’avons aucune sympathie pour le régime dictatorial du maréchal Tchang Kaï Chek. Mais de là à nier ce miracle de ténacité que constitue cette résistance de dix ans contre l’envahisseur japonais, où les Chinois, tout comme le firent les Russes, utilisèrent stratégiquement l’immensité de leur pays et à mettre cette résistance sur le même plan que l’intervention de trois jours que fit l’U.R.S.S. en Extrême-Orient pour pouvoir participer à la curée, il y a là de quoi choquer toute intelligence normalement constituée.

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Victor Serge : Conscience de l’écrivain

Article de Victor Serge paru dans Masses, n° 4-5, novembre 1946, p. 29-32

JE ne veux considérer ici ce problème que sous les aspects les plus redoutables de la réalité immédiate. Ces notes sont d’un écrivain qui a le sentiment d’avoir combattu depuis une vingtaine d’années au milieu d’événements de plus en plus étouffants où sans cesse il voyait périr diversement des hommes (et des œuvres) dont la vocation essentielle était d’exprimer la conscience.

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Louis Mercier : L’intellectuel communiste

Article de Louis Mercier paru dans La Révolution prolétarienne, n° 440, juin 1959, p. 11-12

Dans une petite revue qui se discute beaucoup parmi les intellectuels de la rive gauche (« Arguments »), une poignée d’anciens communistes s’efforcent de remettre en question la plupart des formules dites d’extrême gauche. Effort désordonné et inégal quant aux sujets traités, mais effort sympathique, car les « ex » qui le mènent ne sont ni de vieux fonctionnaires du parti ni des professionnels de la politique. Ni des Marty, ni des Hervé. Ils en sont à se demander si la révolte de Cronstadt ne signifiait pas le premier exemple, suffisant, de l’opposition entre parti et classe ouvrière. Ils publient des études sur l’évolution de la structure des classes salariées. Leur jargon se ressent encore de leur passage dans le parti communiste, et bien des tics défigurent leurs raisonnements qu’ils s’efforcent de mener droit. Cependant, ils ne pontifient ni ne tranchent. Ils cherchent. Si bien que dans l’étonnante sécheresse de la pensée socialiste qui caractérise notre époque, ce filet d’eau ou ces gouttes de sueur ne sont pas à dédaigner.

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Jean-Daniel Martinet : Les intellectuels et le goût du pouvoir

Article de Jean-Daniel Martinet paru dans La Révolution prolétarienne, n° 303, mai 1947, p. 11-13


De multiples articles de revues permettent d’apprécier l’influence exercée par les succès de l’U. R. S. S. sur ces jeunes intellectuels qui n’ont pas connu la période héroïque de la Révolution russe (où celle-ci s’identifiait, au moins partiellement, avec la cause des opprimés et des humiliés) et qui n’ont pas pu traverser le marécage de la résistance sans y laisser leurs dernières illusions généreuses.

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Marcel Martinet : Les intellectuels devant la révolution

Texte de Marcel Martinet paru dans Masses, n° 11, 25 novembre 1933, p. 12

Sous le titre « Où va la Révolution Russe » Marcel Martinet a publie une brochure à la Librairie du Travail. Avec modération, mais sans faiblesse il expose l’Affaire Victor Serge et réduit à néant les « accusations » plus ou moins formulées contre Serge.

Dans le trop court extrait que nous publions les intellectuels « révolutionnaires » sont, sans échappatoires possibles, placés devant leurs responsabilités. A « Masses » nous ne pouvons que nous solidariser avec les idées défendues par Marcel Martinet et le remercier les avoir si clairement et si courageusement exprimées en ce temps ou le vrai courage est si rare chez les intellectuels.

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Paul Bénichou : Combat

Article de Paul Bénichou paru dans Masses, n° 2, février 1939, p. 93-94

A relever dans le numéro de novembre de cette revue d’extrême-droite, dont les prétentions à la largeur de vues dissimulent mal le rabâchage des mythes réactionnaires les plus éculés, un article de Th. Maulnier, sur les résultats de la crise internationale de Septembre. L’auteur, ancien collaborateur de l’Insurgé, et qui continue de s’insurger avec la plus grande véhémence contre la possibilité de la révolution européenne, explique avec une louable franchise les raisons de la répugnance des partis de droite à faire la guerre à Allemagne :

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Robert Petitgand et Paul Bénichou : Psychologie du fascisme (fin)

Article de Robert Petitgand alias Delny et Paul Bénichou paru dans Masses, n° 18, juin 1934, p. 7


(Voir n° 14 de Masses)

RÉGRESSION SOCIALE ET VOYOUCRATIE

L’idéal fasciste peut ainsi se définir comme une profonde régression dans tous les domaines. Les aspirations à une Société militaire supposent, pour que celle-ci deviennent une réalité, la destruction radicale des formes de production, des rapports humains et de la culture de notre temps ; disons en un mot, l’anéantissement de la civilisation. Certes le fascisme n’est pas le premier à préconiser une semblable régression, et, bien avant lui les vieilles cliques réactionnaires extrémistes en France comme en Allemagne ont partagé ces idéaux. Mais ce qui le distingue des mouvements des doctrines antérieures, c’est la frénésie avec laquelle il se revendique de ces concepts et l’importance du recul qu’il envisage. Le Parti des hobereaux et des officiers allemands, le parti des Hugenberg, professe, lui aussi, des théories férocement réactionnaires. Et pourtant, s’il avait tenu les rênes du pouvoir, il n’aurait pas commis la moitié des atrocités dont l’hitlérisme s’est rendu coupable. Ceci peut s’expliquer très simplement ; la réaction classique, si violente qu’elle soit, limite toujours ses ravages ; elle exprime les intérêts de couches aristocratiques auxquelles leur propriété, leur pouvoir économique et politique, leur formation culturelle enfin, confèrent une certaine stabilité. Ces classes ont une grande expérience politique ; raffinées dans leurs manières et imbues de l’esprit de caste, elles ont horreur de se commettre avec des éléments populaires et conservent jusque dans l’énoncé de leurs principes, une certaine mesure et une modération relative. Au fond, elles sont trop attachées aux formes sociales existantes, trop conservatrices pour ne pas craindre tes débordements de la masse, quel que soit leur sens.

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Robert Petitgand et Paul Bénichou : Psychologie du fascisme

Article de Robert Petitgand alias Delny et Paul Bénichou paru dans Masses, n° 14, mars 1934, p. 8-10


Depuis le développement du mouvement national-socialiste en Allemagne, et surtout depuis son triomphe, on constate un peu partout, et parfois dans les esprits les moins désignés jusque là pour le subir, une sorte de vertige devant l’hitlérisme et sa démagogie. A vrai dire, les premiers responsables de ce vertige ont été les révolutionnaires, coupables de n’avoir pas dès le début, stigmatisé comme il le fallait la vague de profonde régression psychique et morale que recouvrait mal le verbiage hurlant de la « révolution » fasciste. Les communistes les premiers ont accrédité la légende des prétendues aspirations révolutionnaires de la masse hitlérienne, dont le comportement faussé par l’influence des chefs, cachait, paraît-il, les meilleures intentions.

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Paul Bénichou : Révolution et pseudo-révolution. Propos sur des fabricants de vieux neuf

Article de Paul Bénichou paru dans Masses, n° 19, juillet 1934, p. 2-4


Il y aurait toute une étude à faire sur l’apparition des idées et des lieux communs pseudo-révolutionnaires du fascisme dans les milieux de la gauche bourgeoise en France. Nous voulons simplement faire à ce sujet quelques remarques qui s’imposent aujourd’hui. Le sujet que nous évoquons devrait commencer au point où la vieille gauche française, en présence des difficultés du capitalisme d’après-guerre, a cessé d’avoir, autrement qu’en paroles, une politique propre. L’incapacité des partis de la démocratie bourgeoise, menés en laisse par la réaction, n’a pu manquer de discréditer leur idéologie, qui est apparue de plus en plus caduque, désuète et ridicule à mesure que ses représentants se montraient plus impuissants. Depuis la guerre, le radical-socialiste de province, anticlérical farouche et démocrate impénitent, est devenu, dans les milieux intellectuels de toutes nuances, un sujet habituel de dérision. C’est là une chose bien connue. Ce qui est plus curieux, c’est qu’en même temps le radicalisme, de plus en plus décrépit et domestiqué, célébrait sans cesse son « rajeunissement » et sous les étiquettes du réalisme et de la nouveauté, élevait ses abdications à la hauteur d’une doctrine.

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Algérie, une autre histoire de l’indépendance : recension dans “The Journal of North African Studies”

J’ai le plaisir d’informer mes amis et lecteurs de la parution d’une nouvelle recension de mon second livre Algérie, une autre histoire de l’indépendance (PUF, 2019) et parue cette semaine dans The Journal of North African Studies.

Voici les premières lignes de ce compte-rendu rédigé par l’historien Andrea Brazzoduro et intitulé “Reconsidering the history of Algerian independence: a book review essay” :

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Fritz Brupbacher : L’opinion de Freud sur Marx, le Marxisme et le Bolchevisme

Article de Fritz Brupbacher paru dans Masses, n° 7, 20 juin 1933, p. 15-16

Dans les milieux intellectuels, on entend souvent prononcer en même temps les noms de Marx et de Freud. C’est tantôt le fait de disciples de Freud, qui ont d’autre part des convictions révolutionnaires en politique, tantôt, également, et avec une insistance particulière, ces deux noms se trouvent rapprochés par certains marxistes orthodoxes, aux yeux de qui personne ne saurait, sans commettre un sacrilège, soulever la moindre critique contre le système du maître. Pour la science, ces derniers esprits, trop pleins de piété, ne comptent naturellement pas.

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Aimé Patri : L’ère des « organisateurs ». Remarques à propos des conceptions de Burnham

Article d’Aimé Patri paru dans Masses, n° 11, octobre-novembre 1947, p. 23-25

Il faut rappeler d’abord que la thèse soutenue dans le livre de Burnham est loin d’être une nouveauté pour ceux qui ont connu les controverses intérieures aux divers groupes d’opposition communiste avant la guerre. Nombreux ont été les adversaires communistes de Staline qui ont fini par penser que le régime établi en U. R. S. S. pouvait être autre chose qu’un simple phénomène de transition entre le capitalisme privé et le socialisme démocratique, correspondant en fait à un type historique nouveau et à l’avènement d’une nouvelle classe dirigeante qui n’était pas le prolétariat. On pourrait évoquer les thèses de l’infortuné Rakovski qui, rappelant la formule de Lénine en 1921, écrivait de son isolateur vers 1930 : « d’Etat prolétarien à déformation bureaucratique, nous nous développons de plus en plus en Etat bureaucratique à origine prolétarienne » et n’hésitait pas à parler d’une nouvelle « classe » sociale. Dès 1929, les thèses de Sopranov et de son groupe dit du « centralisme démocratique», en dehors des rangs du « trotskysme », soutenaient un point de vue analogue. Cette thèse a été, jusqu’en 1939, vivement combattue par Trotsky qui n’a pas hésité à rompre à ce propos avec plusieurs de ses anciens camarades dont Burnham lui-même ; mais il n’était pas le seul puisqu’on citerait encore Urbahns en Allemagne, Max Schatman en Amérique, etc. Rappelons encore qu’elle était familière aux camarades du noyau de « la Révolution prolétarienne » et de « Masses ». Remontant à des origines plus lointaines encore, on la trouverait exprimée par les anarchistes, par certains mencheviks russes et par des sociaux démocrates comme Kaustsky. Quant au rapprochement entre la structure interne de l’U. R. S. S. stalinienne et les régimes mussolinien et hitlérien, il s’était imposé aussi par la force des choses à beaucoup d’esprits.

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Aimé Patri : Philosophie de la police politique. A propos d’A. Koestler et de M. Merleau-Ponty

Article d’Aimé Patri paru dans Masses, n° 7-8, février-mars 1947, p. 28-30

Monsieur Maurice Merleau-Ponty publie actuellement dans les « Temps Modernes » (Nos 13 et 14, le reste est à suivre), une bien étrange réponse au recueil d’essais de Koestler : « Le Yogi et le Commissaire » (1). Cette réponse est intitulée : « Le Yogi et le Prolétaire », Il s’agit en réalité, bien plus que de répondre au « Yogi et le Commissaire », de reprendre la question posée dans « Zéro et Infini » (2), à propos des procès de Moscou. M. Merleau-Ponty a soigneusement compulsé les dossiers des procès, notamment celui de Boukharine et il a entrepris de prononcer un plaidoyer rétrospectif… en faveur des juges. On ne s’attendait guère à voir Kierkegaard et Heidegger appelés à témoigner dans cette affaire, en se disant au surplus « marxistes », mais.c ‘est pourtant un fait. M. Merleau-Ponty, philosophe, « existentialiste » de son état, est aujourd’hui « marxiste » aussi bien que M. E. Mounier, théoricien du « personnalisme » spiritualiste. Lorsqu’on dit « marxiste » il faut naturellement entendre « stalinien » ou mieux « stalinophile », puisqu’il ne s’agit que de velléités néophytes accueillies avec la réserve qui convient, par les services inquisiteurs.

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Joachim Israel : L’humanisme dans les théories de Marx

Article de Joachim Israel paru dans L’Homme et la société, n° 11, janvier-février-mars 1969, p. 109-126

Nombreux sont ceux pour qui le socialisme signifie un système social, fortement centralisé et un contrôle s’exerçant sur toute la vie individuelle. En ce qui nous concerne, nous partageons l’opinion d’Erich Fromm lorsqu’il affirme : « Pour Marx, le but du socialisme était l’émancipation de l’homme ».

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Gajo Petrović : Humanisme et révolution

Article de Gajo Petrović paru dans L’Homme et la société, n° 21, juillet-août-septembre 1971, p. 199-209

I

La philosophie marxiste a été conçue par les stalinistes comme une combinaison du « matérialisme dialectique » — ontologie et théorie de la connaissance d’ordre philosophique abstrait — et du « matérialisme historique » – conception économique, non philosophique de l’histoire. Aucune de ces deux parts de la version staliniste de la philosophie marxiste ne contenait une théorie explicite de l’homme. Cependant, en rejetant expressément la possibilité même d’un concept philosophique de l’homme, les stalinistes ont en effet élaboré un concept matérialiste vulgaire, selon lequel l’homme est au fond un « animal qui fait des instruments », un être entièrement déterminé par sa propre production économique.

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Roger Hagnauer : L’humanisme ouvrier de Pierre Monatte

Article de Roger Hagnauer paru dans La Révolution prolétarienne, n° 151, juillet-août 1960, p. 5-7


La vie et l’œuvre de Pierre Monatte pourraient se résumer dans les titres des deux revues qu’il a fondées, l’une en 1909 : la Vie Ouvrière, l’autre en 1925, la Révolution Prolétarienne.

Sans doute les circonstances expliquent-elles le changement de titre. La Vie Ouvrière en 1909, comme la Révolution Prolétarienne en 1925, devait être l’expression d’une coopérative intellectuelle pour militants ouvriers, une revue où des militants échangeaient des commentaires de l’actualité et des documents, non des doctrines ou des idées toutes faites, mais des matériaux pour élaborer leur opinion personnelle. construire leurs propres idées.

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Adam Schaff : L’humanisme marxiste

Texte d’Adam Schaff paru dans L’Homme et la société, n° 7, janvier-février-mars 1968, p. 3-18

On peut dire sans hésiter que notre époque est celle du choc des humanismes. Les tendances qui se réclament de l’humanisme, ne sont pas seulement nombreuses, mais elles sont aussi concurrentes et vont même jusqu’à se combattre. Étant donné l’importance croissante que prend à notre époque le problème de la vie de l’individu, la lutte politique prend volontiers la forme d’une mise en accusation, de l’adversaire quant à son manque d’humanisme, voire son antihumanisme. Une telle accusation ne prouve nullement que l’accusateur soit véritablement humaniste et ne le préservera pas de se voir reprocher, à son tour, de manquer d’humanisme. Cette popularité de l’humanisme et la multiplication de ses variétés se combattant mutuellement prouve simplement que l’homme, dont la vie est aujourd’hui plus menacée que jamais, est avide au minimum de paroles de consolation, de paroles évoquant le bonheur humain.

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Thadée Kotarbinski : L’humanisme socialiste

Article de Thadée Kotarbinski paru dans Raison présente, n° 18, avril-mai-juin 1971, p. 26-30


L’humanisme sera socialiste à condition que le socialisme soit humaniste et inversement. Mais que doit être le socialisme pour être un socialisme humaniste ? Qu’il me soit permis de préparer la réponse à ce problème en l’envisageant d’un point de vue professionnel, du point de vue d’un professeur d’Université qui enseigne la logique conçue en tant qu’introduction à l’étude et à l’enseignement et adressée à de futurs philosophes ou humanistes, surtout à de futurs enseignants de la philosophie et des sciences humaines. Une des tâches de ces logiciens universitaires concerne les problèmes du lexique que des expressions indispensables dans l’enseignement des disciplines mentionnées, et le type de problème prépondérant dans ce domaine est ce qu’on appelle souvent la clarification des concepts. Nous nous servons généralement, en effet, de mots dont le sens nous est connu en quelque sorte intuitivement mais sans que nous ayons conscience de chacun de ses éléments en particulier ni de leur structure globale. Les logiciens en tant que tels s’occupent dans le cadre de leur spécialité de ce qu’on appelle la sémiotique logique qui est une sorte d’art de construire les sens des expressions, consistant entre autres à élaborer des définitions analytiques de ces expressions. Pareille définition spécifie et mentionne chacun des éléments dont se compose la signification de la forme de langage envisagée et met en évidence la manière dont ils s’unissent en un tout spécifique. Mais très souvent on se contente de résoudre un problème rapproché. La définition régulatrice remplace la définition analytique. On ne cherche pas alors à approfondir les détails du sens du mot envisagé dans toute l’authenticité de ce sens, mais on établit pour l’usage ultérieur les éléments et la structure de la signification que l’on donne à ce mot, en veillant seulement à ce que cette signification ne s’écarte pas trop du sens connu intuitivement dans l’usage habituel de ce mot. Qu’il me soit donc permis de tenter une certaine régulation de la signification de l’expression « socialisme humaniste ».

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A. Petrachik : Les problèmes de l’humanisme dans les premières œuvres de Marx

Article d’A. Petrachik paru dans La Pensée. Revue du rationalisme moderne, n° 96, mars-avril 1961, p . 27-41


LA question de l’humanisme du jeune Marx, de la formation de ses idées sur l’essence de l’homme et sur sa situation dans le monde offre aujourd’hui un intérêt qui n’est pas seulement théorique et académique. Le fait est que cette question se détache comme l’un des points centraux dans le subtil « système » de falsification du matérialisme dialectique et du matérialisme historique, auquel travaillent avec zèle à la fois les ennemis directs du marxisme appartenant au camp de la réaction bourgeoise et les théoriciens social-démocrates et révisionnistes qui se réclament de l’ « exposé objectif des choses » et même du « développement créateur ».

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Paul Mattick : Humanisme et Socialisme

Article de Paul Mattick paru dans Front Noir, n° 6, novembre 1964, p. 20-24

Tout comme la science, l’industrie, le nationalisme et l’Etat moderne, l’humanisme est un produit du développement du capitalisme. Il est le couronnement de l’idéologie de la bourgeoisie. Celle-ci avait grandi au sein des relations sociales féodales, dont le principal soutien idéologique était la religion. L’humanisme est donc un produit de l’histoire, c’est-à-dire un produit d’hommes s’attaquant à transformer une formation sociale en une autre. Parce qu’il se constitua avec l’apparition et la croissance du capitalisme, l’humanisme doit être étudié d’abord au sein de la société bourgeoise avant que l’on puisse traiter de ses relations avec le socialisme ou avec « l’humanisme socialiste ».

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Jean-François Lyotard : En Algérie, une vague nouvelle

Article de Jean-François Lyotard paru dans Socialisme ou Barbarie, n° 32, avril-juin 1961, p. 62-72


En décembre 1960, les Algériens de toutes les villes prennent possession de leurs rues. La guerre dure depuis six ans, les forces de l’ordre sont partout renforcées à cause du voyage de de Gaulle, à Alger le réseau administratif-policier installé depuis la « bataille » de 1957 s’est fait plus serré que jamais, l’organisation de la wilaya a été « démantelée » quatre ou cinq fois, les Algériens n’ont pratiquement pas d’armes, tous les Européens sont armés, dans les grandes villes ils prennent même l’initiative des manifestations, cherchent à occuper les quartiers-clés, à faire basculer l’armée de leur côté.

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Richard Hoggart : Créateurs sous influence

Article de Richard Hoggart paru dans Lignes, n° 8, 1989/4, p. 21-31

Il serait quelque peu pervers de la part d’un écrivain anglais de parler, aujourd’hui, des droits et des devoirs, des libertés et des responsabilités des artistes de cette fin du XXe siècle, sans faire le point sur l’affaire qui nous préoccupe en Grande-Bretagne depuis déjà six à huit mois (1) : la publication des Versets sataniques, le dernier livre de Salman Rushdie.

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Pierre Mertens : L’écrivain public n° 1

Article de Pierre Mertens paru dans Lignes, n° 6, 1989/2, p. 29-40


Bien sûr, l’imam Khomeiny n’a pas lu les Versets sataniques. Depuis quand les tyrans prendraient-ils la peine de lire des romans ?

Son hégémonie se voit, seulement, un peu contestée, depuis quelque temps, au sein du grand empire islamique. C’est à partir de l’automne 88 qu’en Inde, au Pakistan, au Arabie Saoudite, et même à Bradford, en Grande-Bretagne, le livre impie remue les fidèles, et qu’on le brûle publiquement.

Le suprême ayatollah laisserait-il aux sunnites l’initiative de l’intolérance ? Aux Saoudiens qui sont, en priorité, ses rivaux ?

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Maurice Audebert : Quousque tandem…

Chronique de Maurice Audebert parue dans Raison présente, n° 90, 2eme trimestre 1989, p. 126-128


D’après les informations d’hier « les tueurs sont en marche ». J’ignore ce qu’il en sera dans quelques semaines, quand paraîtra cette chronique : peut-être déjà arrivés puisque, par ces temps, la barbarie s’affiche en toute bonne conscience ; sans compter que, comme ils le promettent, si ce n’est pas demain ce sera plus tard car la police se lassera bien un jour de protéger le « criminel ». Salman Rushdie, comme on l’aura compris. D’après ces mêmes informations, un millier de musulmans ont manifesté dans les rues de Paris, et dont certains criaient « à mort ! » ; dans la foule, on voyait des gamins, particulièrement véhéments ; sur le petit écran. Monsieur Le Pen, qui se frottait les mains : « ce que vous voyez là, ce n’est que l’avant-garde ; demain ils seront des millions et c’en sera fait de vos libertés. » Pendant ce temps d’autres condamnent mais s’interrogent car il paraît qu’il faut laisser leur chance aux « libéraux » de là-bas.

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Islam : L’affaire Rushdie

Dossier paru dans Inprecor, n° 285, 3 avril 1989, p. 25-28


Rushdie dans la tempête

LES VERSETS SATANIQUES, de Salman Rushdie ont été interdits dans la plus grande partie du monde islamique, et même en Inde et en Afrique du Sud, pays « laïques ». En France notamment, les éditeurs ont « retardé » sa parution, mais dans les pays où il est disponible, malgré (ou à cause) de la campagne pour son interdiction, ou son boycott, les ventes montent en flèche.

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Erdal Tan : Turquie. Un an sous municipalités islamistes

Article d’Erdan Tan paru dans Inprecor, n° 393, juillet 1995, p. 12-13


L’année 1994 en Turquie a été incontestablement l’année du Refah Partisi (Parti de la prospérité, RP islamiste), en raison de sa victoire aux élections municipales du 27 mars 1994. Dès lors, la gestion des affaires par le RP et le spectre d’une prise de pouvoir par ce parti ont été au centre de tous les débats. Un an après, il convient de dresser un premier bilan.

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Luiza Toscane et Nadia Tlili : Femmes, féminisme et islamisme

Article de Luiza Toscane et Nadia Tlili paru dans Inprecor, n° 422, mars 1998, p. 29-31


La question des femmes et de l’islamisme est emblématique à plusieurs titres. D’abord parce que c’est bien autour du rôle social de la femme, de sa sexualité et de son corps que s’articule une grande partie du discours islamiste. Ensuite parce que c’est à travers les femmes que ce courant a acquis une visibilité politique. Enfin parce que la question des « droits des femmes » a été instrumentalisée par des régimes autoritaires pour légitimer leur guerre ouverte contre l’islamisme, régimes dont l’engagement féministe est plus que douteux. Dans ce contexte propice à toutes les ambiguïtés et toutes les récupérations, formuler un positionnement féministe et révolutionnaire n’a rien d’évident. Cet article ne vise évidemment pas à proposer des réponses élaborées et cohérentes, mais à montrer qu’on sous-estime souvent la complexité des problèmes et des solutions.

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Dossier : L’intégrisme islamique en Palestine

Dossier paru dans Inprecor, n° 366, février 1993, p. 18-28


La nuit du 17 décembre 1992, le gouvernement Rabin déportait au Sud-Liban 417 Palestiniens accusés d’appartenir au mouvement Hamas, acronyme en arabe de Mouvement de la Résistance Islamique.

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Luiza Maria : Libye. Kadhafi à l’épreuve de l’intégrisme

Article de Luiza Maria paru dans Inprecor, n° 319, du 23 novembre au 6 décembre 1990, p. 7


« Le Koweït est une partie du Nedj (1) (…). L’Arabie saoudite est une partie de l’Irak, l’Irak est une partie de la Syrie, elle-même partie intégrante de la Palestine (…). Nous sommes tous partie intégrante les uns des autres et formons une terre arabe et un seul peuple arabe (…). Ce qui est arrivé entre le Koweït et l’Irak est négatif pour le projet d’unité arabe. Je suis contre l’invasion et contre l’exode des femmes et des enfants. » Ainsi s’exprimait le colonel Kadhafi, le 1er septembre 1990, devant le Congrès général du peuple libyen (2).

Un mois après, il appelait à boycotter le pèlerinage annuel à la Mecque et, le 1er novembre 1990, il s’instituait « dirigeant du monde islamique ».

Luiza MARIA

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Nawal El Saadawi et Shérif Hetata : Egypte. Vieux frères, vieux ennemis

Article de Nawal El Saadawi et Shérif Hetata paru dans Inprecor, n° 389, mars 1995, p. 14-16


L’organisation des Frères musulmans a été fondée en 1928 par un instituteur nommé Hassan El Banna (1906-1949). Ce dernier avait commencé à prêcher dans la ville d’lsmaileya, bastion de la Compagnie du canal de Suez et quartier général des troupes d’occupation britannique. Ses premières armes ont donc été faites dans les « bras de l’ennemi » pour ainsi dire, un détail qui mérite notre attention.

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Dossier : Féminisme et islamisme

Dossier paru dans Inprecor, n° 284, 20 mars 1989, p. 12-19


FEMMES-TURQUIE

AVANT LE COUP D’ÉTAT de septembre 1980, des milliers de femmes militaient dans les rangs de groupes de gauche et d’extrême-gauche, aussi bien que dans les groupes intégristes et fascistes. Mais la question de l’oppression des femmes n’avait jamais été réellement discutée, étant soit simplement ignorée, soit reléguée au second plan au nom d’autres « priorités ». Ce n’est qu’avec l’apparition d’un mouvement autonome des femmes, au milieu des années 80, que cette question a pu s’imposer à l’ordre du jour, grâce, notamment, à des publications féministes comme Kaktüs ou Feminist .

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Algérie, une autre histoire de l’indépendance : recension dans “Raison présente”

J’ai le plaisir d’informer mes amis et lecteurs de la parution d’une nouvelle recension de mon livre Algérie, une autre histoire de l’indépendance (PUF, 2019) dans la revue Raison présente (n° 214-215, 2020/2-3, p. 202-206).