Article paru dans Droit et Liberté, n° 70 (174), 6-12 avril 1951, p. 1 et 3 ; suivi de « Après les rafles au faciès »paru dans Droit et Liberté, n° 71 (175), 13-19 avril 1951,p. 3
– En voilà un autre !
Et, du car bleu, descend une nuée de policiers, qui se ruent sur un promeneur, lequel est « embarqué » sans douceur.
Ce promeneur avait la peau mate, les yeux sombres, les cheveux noirs. Il a été repéré « au faciès ». Il a été décrété Nord-Africain. C’est pour cela qu’on l’emmène au poste. Ainsi, sous l’occupation, étaient « embarqués » les Juifs victimes des brigades « spéciales ».
Article paru dans L’Algérie libre, n° 79, 11 septembre 1953, p. 1 à 3
LE sang de nos frères tués le 14 juillet place de la Nation n’avait pas encore séché qu’un autre Algérien est tué par la police pour avoir voulu exercer son droit de grève. Messaoud DAFI, qui laisse une veuve et trois enfants, ajoute son nom à la longue liste des Algériens qui, depuis le 23 mai 1952, sont tombés sous les coups de la police.
Article paru dans L’Observateur, 2e année, n° 83, 13 décembre 1951, p. 3-4
Sur l’initiative des Algériens de Paris, un comité s’était formé le 18 novembre dans le but d’organiser des réceptions en l’honneur des délégations arabes et musulmanes aux Nations unies. Assurant la représentation la plus large de tous les Algériens de France, ce comité comprenait des membres des partis politiques, des organisations syndicales et des personnalités indépendantes.
Dossier paru dans La Voie communiste, n° 24, octobre 1961
DEPUIS quelque temps, la répression s’accentue contre les Algérien qui vivent en France. Nous avons eu connaissance d’un certain nombre de faits qui ont eu lieu à Paris, depuis un mois environ. Nous n’avons voulu citer que les cas que nous avons pu connaitre directement. Que les responsables démentent s’ils le peuvent. Les faits sont trop nombreux pour pouvoir rester cachés longtemps. Pas plus que les tortures, les assassinats ne pourront être passés sous silence. Il faut qu’une vaste campagne de presse fasse connaître à tous, le sort des Algériens qui « disparaissent à Paris ».
Les tragiques bagarres de la place de la Nation attirent, une fois de plus, l’attention sur un problème que la France n’a pas encore su résoudre : celui des Nord-Africains de la métropole.
Articles parus dans L’Humanité, 15 juillet 1953, p. 1 et 5
MALGRE les ondées, il continuait à se dérouler avec puissance, ce défilé paisible et joyeux, tout gonflé d’espoir, sûr de la force du peuple de France, sûr de la victoire finale des patriotes sur les embastilleurs.
Article paru dans Le Libertaire, 57e année, n° 422, 17 mars 1955, p. 1
LE 6 novembre 1954, à 6 h. 15 du matin, une douzaine de policiers, conduits par un commissaire, se présentaient rue Cadeau, à Roubaix, au domicile de Debah Tahar, tenant un café algérien.
Article paru dans Lutte ouvrière, n° 1164, 12 octobre 1990, p. 16
Trois jours après la mort d’un jeune motard, samedi 6 octobre, à Vaulx-en-Velin, des bagarres continuaient dans cette cité de la banlieue lyonnaise. Le déclenchement immédiat de ces émeutes, c’est la colère contre la police et, d’une certaine façon, l’insatisfaction profonde des jeunes de banlieues pauvres contre la situation et l’avenir que leur réserve la société.
Article signé Dji. M paru dans Courant alternatif,n° 3,novembre 1990, p. 6-7
Samedi 6 octobre, Vaulx-en-Velin, cité du Mas-du-Taureau ; Thomas Claudio, 21 ans, circulant sans casque à l’arrière d’une moto, est mort, vraisemblablement par la faute d’un fourgon de poli-ce tentant de coincer le deux roues. Dans cette cité, Thomas n’est pas la première victime du dé-lire sécuritaire ; en 1982, Wahid Hachichi est abattu par un automobiliste qui n’appréciait pas qu’il s’approche de sa BMW ; en 1983 un policier « énervé » tire en direction de jeunes ; en 1985, Barded Barka, qui circule en vélomoteur, est renversé par des Potiers et meurt. L’annonce de la mort de Thomas Claudio allait embraser la cité.
Textes parus dans Mordicus, n° 1, décembre 1990, p. 18-19
Samedi 29 septembre : réception monstre à la cité du Mas du Taureau à Vaulx-en-Velin, champagne et petits fours en présence de tous les notables locaux. But de la manœuvre : promouvoir l’image de Vaulx, zone pilote et rénovée, c’est-à-dire une vieille ZUP repeinte et replâtrée. Inauguration d’un mur d’escalade, symbole de l’intégration réussie. Les petits jeunes pourront faire du sport au lieu de cramer les bagnoles, pense-t-on en haut lieu. Un détail : cette inauguration, où les gens du quartier ont vu tout un aréopage bâfrer sous leur nez, a coûté la bagatelle de 100 bâtons.
Article paru dans Le Prolétaire,n° 408, octobre-novembre 1990, p. 3
La ville de Vaulx-en-Velin dans la banlieue de Lyon était un modèle de réhabilitation urbaine, d’aménagements urbains, d’intégration sociale ; faisant partie de ces opérations lancées dans toute la France après les affrontements des Minguettes, autre banlieue lyonnaise, au début des années 80, elle pouvait à bon droit être considérée comme une vitrine de la gestion social-démocrate des tensions sociales dans les quartiers populaires. La mairie, PCF, faisait plus dans le social que ce qu’aurait fait une mairie PS, forcément orientée vers les couches moyennes. La dernière réalisation, spectaculaire, était précisément destinée aux jeunes de la ville : un magnifique mur d’escalade, financé par la municipalité, la Région et l’État, qui avait été inauguré en grande pompe le 29 septembre. Le maire de Lyon était venu lui-même pour l’inauguration et il avait prononcé un discours où il vantait la « recette exemplaire » de Vaulx-en-Velin.
Peut-être vous en étiez-vous aperçu, mais C.A. ne colle pas toujours de très près à l’actualité… De par notre fonctionnement, et puis aussi dans le cas du sujet qui suit à cause des difficultés à avoir des informations dépassant le fait-divers. Difficultés dues au fait qu’on ne peut pas être partout (un jour, peut-être…) et que les jeunes immigrés n’ont pas une attitude très poussée d’échanges avec la presse du mouvement…
Article paru dans Le Prolétaire, n° 372,22 avril au 19 mai 1983, p. 3
Chômage, misère, racisme, persécutions policières sont les raisons profondes de la tension qui règne dans les banlieues des grandes villes ; quand la crise économique dure et s’approfondit, quoi de plus intéressant pour les bourgeois et leurs larbins que de trouver un bouc émissaire au sein même de la classe ouvrière : le responsable du chômage n’est plus le capitalisme, c’est le travailleur étranger. Le sentiment d’insécurité suscité par l’aggravation des conditions de vie, l’instabilité de l’emploi est habilement détourné vers la revendication d’une répression accrue contre la petite délinquance montée en épingle par les médias parce qu’elle est le fait d’éléments issus des couches les plus exploitées.
Article signé A. B. paru dans Sans Frontière, n° 31, spécial juillet-août 1981, p. 9
Dimanche 12 juillet, le poste de police qui avait été installé en catastrophe, la veille, en plein quartier a disparu. En début de soirée, un car de CRS qui patrouille dans la ZUP, s’arrête près du quartier Monmousseau et des CRS montent pour vérifier les identités. Ils embarquent deux jeunes qui n’avaient pas sur eux leurs papiers et les conduisent dans un coin sombre, près du cimetière. Après leur avoir flanqué une paire de claques, ils les relâchent. Mesquin. « C’est l’alcool qui m’a frappé » dira l’un d’eux.
Article paru dans Lutte ouvrière,n° 687, 1er août 1981, p. 12
Depuis plusieurs mois, dans la ZUP des Minguettes, des jeunes du quartier s’opposent de plus en plus aux policiers. Dans la nuit de mardi à mercredi 22 juillet, à la suite d’un cambriolage commis par trois d’entre eux, l’intervention des policiers a provoqué la révolte des jeunes présents ainsi que de certains habitants du quartier qui ont assailli les flics à coups de pierres.
La Grande Bretagne a été secouée par une vague d’affrontements. Combats de rue, cocktails molotov et barricades : telle était l’image du pays où l’on déclarait il y a peu : « de telles choses ne peuvent arriver chez nous …». Nous avons rencontré un membre de groupe de Londres de l’organisation communiste libertaire SOLIDARITY et lui avons demandé ce qu’il pensait des derniers évènements survenus dans le pays de la « loi et de l’ordre » de Mme Thatcher. Sa vision des conséquences politiques de ces évènements contraste avec la présentation un peu triomphaliste qui a été faite dans certaines publications libertaires.
Article signé Jo. Swift paru dans I.R.L., journal d’expressions libertaires, n° 40, été 1981, p. 16-19
« La couleur n’a rien à voir là-dedans. Je crois que c’était une question d’autorité, de réaction à l’autorité ». (Avril 1980, un pasteur de Bristol après les émeutes noires).
« Je me fous de ce qu’on dit, seulement un être humain civilisé et normal ne se balade pas avec un cocktail molotov à la main… Ils riaient tout le temps… J’espère seulement qu’ils ont une conscience ». (Avril 1981, l’agent Haggis, 24 ans, à l’hôpital).
Article de François Rouleau paru dans Lutte ouvrière, n° 672, 18 avril 1981, p. 15
Lundi 11 avril, la colère a éclaté à Brixton, dans la banlieue de Londres. Pendant trois jours, des affrontements ont opposé des centaines, peut-être même des milliers de manifestants, en majorité jamaïcains, aux forces de police qui quadrillaient la ville, prenant tour à tour la forme de véritables batailles rangées ou d’escarmouches isolées, entrecoupées d’accalmies plus ou moins durables.
Article paru dans Jeune Taupe, n° 37,juillet-août-septembre 1981,p. 5-7
11 April 1981, during the 1981 Brixton riot in London, police with riot shields line up outside the Atlantic Pub, on the corner of Atlantic Road and Coldharbour Lane, Brixton. The photographer wrote: « In April 1981, around lunchtime, I stepped out of a shop in Brixton and a car burst into flames some 20 yards up the street, marking the start of the worst episode of civil disobedience Britain had seen in over 100 years. These are some of the pictures from that day. » « Police with riot shields block the access to the main area of rioting. Up to this point they’d been using dustbin lids, sheets of ply, anything they could lay their hands on for protection. These riot shields had only just arrived. » (Source)
Durant les semaines précédant les émeutes, la police ne cessait d’investir les rues de Brixton. Le vendredi 3 avril le quartier est bouclé. Pendant toute la semaine « l’opération Swamp 81 » (I) s’était déroulée avec pour conséquence l’arrestation et la fouille systématique d’environ 1 000 personnes – surtout des jeunes noirs.
Manifestation en solidarité de Nacer M’Raidi bléssé par un policier, Chatenay-Malabry le 19 février 1983, France. (Photo by Mohamed LOUNES/Gamma-Rapho via Getty Images)
Le 14 février, un brigadier blessait grièvement un jeune Tunisien. Les jeunes des deux cités – l’une française, l’autre immigrée – se retrouvent pour s’organiser.
Article paru dans El-Oumami, n° 24,avril 1982, p. 13
L’ancienne filature de coton et de laine ‘Motte Bossut et Cie’, aujourd’hui le Centre des archives du monde du travail, à Roubaix, en 1987, dans le Nord, France. (Photo by Pierre MICHAUD/Gamma-Rapho via Getty Images)
La situation des jeunes dans les quartiers ouvriers de Roubaix, dont beaucoup font partie de la « 2e génération » d’immigrés, s’aggrave continuellement.
Pillages et incendies lors des émeutes le 6 octobre 1988 à Alger, Algérie. (Photo by SIDALI-DJENIDI/Gamma-Rapho via Getty Images)
« Bien entendu nous n’allons rien faire. »
(Claude Cheysson, ministre des Affaires étrangères de Mitterrand, à propos du coup d’Etat en Pologne de décembre 1981.)
Dans le mouvement d’importantes grèves ouvrières, la jeunesse d’Algérie a pris la rue en dirigeant essentiellement ses assauts contre le Parti-État et les signes de sa domination : sièges du FLN, police, administrations, galeries marchandes du luxe — ces « vitrines de l’Algérie » —, et centres de distribution de la pénurie planifiée. Elle a attaqué les agences d’Air Algérie et d’Air France, accoutumées à transporter les jeunes Algériens au travail en France et les « délinquants » immigrés dans les geôles algériennes ou au travail forcé du service militaire.
Dossier paru dans Lutte ouvrière, n° 698, 17 octobre 1981, p. 10-11
QUELQUES mois avant la fin de la guerre d’Algérie, le 17 octobre 1961, plusieurs dizaines de milliers d’Algériens manifestaient dans les rues de Paris contre le couvre-feu, l’interdiction qui leur était faite de sortir le soir après 20 h 30, entre autres.
Article paru dans La Voix du peuple, mai 1962, p. 3
Dès le cessez-le-feu, le F.L.N. s’est livré à une série de provocations de violences et de crimes contre les militants du M.N.A. pour les obliger à rejoindre ses rangs. Attaques en série, expéditions, enlèvements, vols, destructions de cartes d’identité, de papiers de famille et étranglements, tels sont les moyens employés par le F.L.N. pour enrôler de force les Algériens dans ses rangs.
Recension de Michel Auvray parue dans Agoralibertaire, n° 29, décembre 1985, p. 23
Il est des silences qui ressemblent à des complicités. Prompte à célébrer la mémoire de ses morts du métro Charonne, la gauche française a pratiquement « oublié » les victimes des ratonnades d’octobre 1961. Il y avait bien un document cinématographique réalisé à chaud (« Octobre à Paris »), quelques articles de presse et, depuis peu, un polar (Didier Daeninckx, « Meurtres pour mémoire »). Bien peu en 25 ans, et pour cause : le souvenir de ces centaines d’Algériens assassinés par les policiers parisiens mettait à nu la faiblesse des réactions des partis et syndicats compromis dans la guerre d’Algérie.
LA SITUATION A CONSTANTINE VUE PAR LE FIGARO (15.3.62).
Il est clair, et on a eu l’occasion de le vérifier déjà à plusieurs reprises, qu’en cas de heurs entre les communautés, l’armée prendra partie pour les Européens.
Les autorités civiles s’inquiètent de cet état d’esprit.
Elles constatent avec une certaine amertume leur impuissance.
Elles n’ont aucun moyen d’action. Les services de la Préfecture comprennent une immense majorité de Français d’Algérie. La police est noyautée par l’O.A.S. Les autorités sont noyées dans un milieu hostile, épiées et surveillées sans cesse.
L’O.A.S. distribue des tracts et des bulletins d’informations, multiplie ses émissions-pirates de la radio, intercepte les ordres et prend connaissance des consignes les plus secrètes. La Préfecture n’a aucun moyen d’action propre. Elle est obligée de passer par le canal de l’armée qui lui refuse son concours actif. Certains militaires sont ouvertement favorables à l’OAS. Les autres, l’immense majorité, restent dans l’expectative.
Articles parus dans Pouvoir ouvrier, n° 36, janvier 1962, p. 1-3
Il y a les gendarmes. Trois « représentants de l’ordre » accusés d’avoir torturé à l’électricité quatre Algériens. C’était à Hautmont, dans le Nord. On a dû les juger. Jugement : 150 NF d’amende à chacun (1).
Article de Maho-Tope paru dans Le Monde libertaire, n° 334, 29 novembre 1979, p. 3
En France, les commentateurs « autorisés » parlent volontiers d’une libéralisation pour qualifier l’évolution de l’Algérie depuis la mort de Boumédiene. Jamais cette notion de libéralisme ne parut aussi ambiguë. En effet, si l’on considère le libéralisme sous l’angle du rapport population/police (un des angles possibles, évidemment !), l’Algérie de Houari Boumédiene apparaissait comme beaucoup plus « libérale » que la France de Giscard ou de Pompidou. La « peur du flic » était pratiquement inconnue en Algérie : il était courant de voir de simples passants tenir tête à des policiers qui les réprimandaient. L’espace urbain n’était pas quadrillé par un dispositif policier ; la nuit, les contrôles routiers ne revêtaient pas le déploiement de force que connaît la capitale française : les armes restaient dans leur étui. Donc d’une part il y avait un certain laisser-aller de la part des policiers, et d’autre part, une nonchalance de la population vis-à-vis des injonctions des forces policières. Conséquence directe : le code de la route restait symbolique et les rues appartenaient autant aux piétons qu’aux voitures ; plus grave, les réglementations sur l’hygiène publique demeuraient très largement lettre morte. Admiratrices ferventes de l’efficacité des pays développés, les classes dirigeantes regrettaient le désordre urbain et soupiraient en pensant à l’ancien surnom d’Alger « la blanche ». Elles ne faisaient que rejoindre là les nostalgiques de l’ordre colonial durant lequel le peuple savait se tenir à sa place et ne venait pas salir les belles allées de la capitale.
Article paru dans Combat communiste, mensuel révolutionnaire, n° 105, été 1985, p. 6
Trois jours et trois nuits d’émeutes ont agité le quartier populaire de la Casbah d’Alger. Les premiers incidents ont éclaté le 23 avril dans le haut de la Casbah après qu’une maison se soit écroulée, tuant deux personnes âgées. Des groupes de jeunes ont commencé à parcourir les ruelles, criant des slogans hostiles au régime. Ils ont été brutalement dispersés par les flics.
Dossier paru dans Sans Frontière, n° 32,du 16 au 22 octobre 1981, p. 5-7
Juste avant le carnage sur les grands boulevards, ils manifestaient pacifiquement (Elie Kagan)
Il y a 20 ans, le 17 octobre 1961, à Paris, 200 Algériens étaient assassinés par la Police
MAIS QUI DONC S’EN SOUVIENT ?
Ce soir-là, on se pressait sur les grands boulevards pour aller voir « Boeing Boeing » au théâtre Caumartin. Non loin de là à l’Olympia on faisait la queue pour aller voir Jacques Brel à ses débuts dans la chanson tout comme Johnny Hallyday qui l’avait précédé sur cette même scène. Au ministère de la marine, une grande réception est donnée en l’honneur du Chah d’Iran et de l’Impératrice Farah. Charles Trénet leur chante « Y’a d’la joie ». A Montparnasse, chez Régine la dernière boite à la mode, on danse le twist : « Cet air nouveau qui nous vient de là-bas »
Il est difficile de démêler dans l’écheveau des événements leur importance réelle, leur sens, et d’en tirer des perspectives, même relativement proches. Les manœuvres du gouvernement, sur tous les plans (Algérie, Intérieur, et international) le jeu correspondant des organisations (partis et syndicats) en France, celui du F.L.N. et de l’O.A.S. en Algérie et en France, les réactions latentes ou ouvertes des différentes couches sociales en France (paysans, travailleurs, étudiants) aux conséquences conjointes de l’évolution du capitalisme et de la poursuite de la guerre les positions politiques motivées ici même par les péripéties de la lutte entre les deux blocs, tout cela créé une situation bien confuse. La situation capitaliste en France subit en ce moment même des transformations profondes c’est le sens de ces transformations que nous devons essayer de dégager à travers les bouleversements qui atteignent tout depuis les structures de l’Etat, jusqu’au comportement des individus. Il faut essayer de dépasser les réactions « sentimentales » à l’aspect superficiel des faits, les jugements en fonction des idées personnelles pour tout replacer à sa juste valeur dans l’évolution de la société.
Textes parus dans Pouvoir ouvrier, n° 33,octobre 1961, p. 1-3
« Acharnement du service d’ordre frappant indistinctement les hommes et les femmes et même des manifestants blessés ». « Rue de Lille, l’un de nos correspondants a vu deux algériens gravement blessés qui sont demeurés inanimés sur la chaussée pendant plus d’une heure ; le service d’ordre interdisait aux passants métropolitains de leur porter secours ». « Devant le commissariat du Ve arrondissement, un autre lecteur a vu des agents… faire passer sous une sorte de voûte de coups de matraque, méthodiquement assénés, un groupe de musulmans appréhendés ». (Le Monde, 19, 20/10/61).
LA lecture d’un récent livre du polémiste anglais George Orwell : « 1984 » nous fait tout à coup, brutalement, heurter du nez le pitoyable contraste entre les écrivains d’imagination des siècles précédents et ceux du XXe.
On entend dire : à quelque chose malheur est bon. Et en effet le fascisme, tout en ayant été un déplorable et horrifiant phénomène de régression morale et politique, a cependant servi à dévoiler des germes de mal qui persistaient parmi la population et à faire penser aux remèdes opportuns. De lui nous pourrons tirer de précieuses leçons qui, espérons-le, seront mises à profit dans un prochain avenir.
Article d’Akli Bounane paru dans Le Libertaire, n° 456, 8 décembre 1955, p. 2
Un travailleur algérien écrit au « Libertaire » :
A l’ordinaire, les propriétaires d’un café-restaurant-hôtel, au 48, rue Frémicourt, à Paris (15e), battaient leurs locataires comme des bêtes de somme.
Article d’Akli Bounane paru dans Le Libertaire n° 452, 10 novembre 1955, p. 2
DANS le 15e arrondissement (89, rue Fondary), le logeur Bachir est connu de tous. Il est ami de la police pour pouvoir exploiter ses compatriotes.
Il est possesseur d’un hôtel. Quand un Algérien se retrouve sans logis, Bachir lui répond qu’il pourrait lui trouver une place parmi plusieurs autres, à condition qu’on lui offre un bakhechich de 10.000 francs.
Textes parus dans Le Prolétaire, n° 371, 18 mars au 21 avril 1983, p. 3-7
Nasser M’Raidi, Youssef S., Robert Kéchichian, trois noms pour une même justice, une justice de classe ; trois noms pour un même arbitraire, un arbitraire de classe.
« Les fléaux sociaux : le débat entre le ponctuel et le permanent » (dessin publié dans El Djeich, n° 197, octobre 1979, p. 8)
L’atmosphère étouffante demeure toujours, elle empire de plus en plus. La répression continue.
La police fait ravage dans les quartiers populaires (Climat de France, cité Mahiédinne, Champ de manœuvre, Cité Diar El Chems, Clos Salembier). Il y a eu de véritables batailles rangées, opposant les habitants du quartier aux policiers des balcons, des fenêtres, les habitants se défendaient lançant des cailloux, des bouteilles. Il y a eu deux policiers tués. Pendant 2 jours la police a fait le siège de la cité : les gens à l’intérieur ne pouvaient en sortir, ni les gens de l’extérieur ne pouvaient rentrer.
Textes parus dans Tout !, n° 10, 12 mars 1971, p. 2
« Devant la douleur, la fierté se cabre. On se défend alors avec exaspération contre tout pessimisme afin qu’il ne semble pas une conséquence de notre état et ne nous humilie comme des vaincus. » C’est sur cet appel à la survie de Nietzsche que je pousse mon cri, le cri d’un étranger, d’un travailleur immigré qui refuse d’être socialement et politiquement rejeté et qui ira chercher sa vérité dans la gauche.
زيارة رئيس الجمهورية لولاية وهران (photo publiée dans El Djeich, n° 219, juin 1982, p. 4)
Trois jours après que les brigades mobiles du Darak-El-Watani ont occupé l’université de Tizi-Ouzou pour une semaine, pour réprimer toute manifestation le 20 avril dernier, les lycéens d’Oran se sont mis en grève à la suite d’une rumeur selon laquelle seuls 5 % des lycéens seraient effectivement reçus au Bac.
Les Minguettes ce n’est pas Manchester mais c’en est peut-être la banlieue…
C’était un étrange début d’été ; les soirées lourdes et orageuses alternaient avec de sombres journées de déluge. Bref, les vacances n’arrivaient pas vite.
« 1er mai 1977 : l’heure est au bilan mais aussi aux perspectives » (photo publiée dans El Djeich, n° 168, mai 1977, p. 7)
Les dockers du port d’Alger viennent de faire une grève d’une semaine du 8 mai 1977 au 14 mai. Leur détermination est d’autant plus grande qu’on connaît quel déchaînement répressif entraîne une grève en Algérie !
Article paru dans El Jarida, n° 8, 21 février 1970
مجموعة من طلبة الجامعة (photo publiée dans El Djeich, février 1970, p. 19)
Les 1 300 élèves du lycée arabisant de BATNA (« Abbès Laghrour ») se sont mis en grève pour protester contre leurs conditions de vie déplorables : éternisation des locaux « provisoires » dans une caserne désaffectée, absence totale de chauffage, EAU rationnée à un verre par repas et un litre tous les 2 jours pour se laver !
Une manifestation unitaire anti-raciste contre les lois Pasqua-Pandraud sur l’entrée et le séjour des immigrés en France n’aura vraisemblablement pas lieu début décembre à Paris !
Article d’Errico Malatesta paru dans Le Réveil anarchiste, n° 730, 29 octobre 1927, p. 1-2.
Il semble qu’il soit trop tard pour en parler encore, néanmoins le sujet reste d’actualité, puisqu’il s’agit de faits et des discussions qui, s’étant renouvelés dans le passé, se répéteront, hélas, dans l’avenir aussi, et cela, tant que n’en auront pas disparus les causes déterminantes.
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