La force des choses oblige le peuple Kanak à ne pas utiliser les mêmes stratégies que celles généralement mises en œuvre dans les luttes de Libération. En comparant avec la guerre d’Algérie, nous dirions qu’au départ le peuple Kanak a moins de chance que le peuple Algérien de pouvoir se débarrasser du pouvoir colonial, mais qu’à l’arrivée il sera peut-être gagnant.
Article signé J.-C. paru dans Courant alternatif, n° 11, été 1991, p.11-13
■ CRISE DE LA SOCIÉTÉ DUALE
Le 25 mai, Mantes-La-Jolie fait à son tour la une de l’actualité ; le Val Fourré s’embrase !
Comment en est-on arrivé là ? Pendant les trois semaines qui précédèrent ce fameux weekend on assista à un déploiement de CRS significatif avec comme conséquence des contrôles musclés, des tabassages (1), etc. Il est bien évident qu’un fort ressentiment à l’égard des forces de police en est la suite logique. Lors de cette fameuse nuit du 25 mai se déroulait une soirée, dans la patinoire qui se trouve à l’entrée du Val Fourré. Plusieurs personnes qui tentèrent de rentrer pour participer à cette fête, furent refusés. Il s’en suivit quelques échauffourées et les responsables de la patinoire appelèrent les flics. Les causes immédiates de la révolte étaient donc réunies et il n’est pas étonnant qu’elle ait explosée.
Article signé Dji. M paru dans Courant alternatif,n° 3,novembre 1990, p. 6-7
Samedi 6 octobre, Vaulx-en-Velin, cité du Mas-du-Taureau ; Thomas Claudio, 21 ans, circulant sans casque à l’arrière d’une moto, est mort, vraisemblablement par la faute d’un fourgon de poli-ce tentant de coincer le deux roues. Dans cette cité, Thomas n’est pas la première victime du dé-lire sécuritaire ; en 1982, Wahid Hachichi est abattu par un automobiliste qui n’appréciait pas qu’il s’approche de sa BMW ; en 1983 un policier « énervé » tire en direction de jeunes ; en 1985, Barded Barka, qui circule en vélomoteur, est renversé par des Potiers et meurt. L’annonce de la mort de Thomas Claudio allait embraser la cité.
Peut-être vous en étiez-vous aperçu, mais C.A. ne colle pas toujours de très près à l’actualité… De par notre fonctionnement, et puis aussi dans le cas du sujet qui suit à cause des difficultés à avoir des informations dépassant le fait-divers. Difficultés dues au fait qu’on ne peut pas être partout (un jour, peut-être…) et que les jeunes immigrés n’ont pas une attitude très poussée d’échanges avec la presse du mouvement…
La Grande Bretagne a été secouée par une vague d’affrontements. Combats de rue, cocktails molotov et barricades : telle était l’image du pays où l’on déclarait il y a peu : « de telles choses ne peuvent arriver chez nous …». Nous avons rencontré un membre de groupe de Londres de l’organisation communiste libertaire SOLIDARITY et lui avons demandé ce qu’il pensait des derniers évènements survenus dans le pays de la « loi et de l’ordre » de Mme Thatcher. Sa vision des conséquences politiques de ces évènements contraste avec la présentation un peu triomphaliste qui a été faite dans certaines publications libertaires.
Article de Karim paru dans Courant alternatif, n° 24, décembre 1992, p. 27-28
La mise en place du Haut comité d’État (HCE) ne vise pas à garantir la sauvegarde des libertés démocratiques, mais bien plutôt le paiement de la dette et l’application des plans du Fonds monétaire international (FMI). Le HCE n’est pas le garant de la démocratie et de la modernité qu’il prétend être. Au contraire, l’État qu’il préserve est un État totalitaire, l’exemple de l’école algérienne le démontre.
Nous publions ici une interview d’un militant trotskyste algérien auquel s’est joint un Kabyle proche du Front des Forces socialistes (FFS)
C.A. : Quelles sont les conséquences de 30 ans de dictature du FLN ?
Karim 1 : La prise du pouvoir par le FLN en 1962 et la répression qu’il a mené contre toutes les autres formations politiques ont privé le peuple algérien d’un véritable débat idéologique et politique sur leur avenir (débat que 130 ans de colonisation française avaient déjà occulté). Ces trente ans de dictature ont instauré un vide politique total dont le FIS a profité à partir des années 1985-86.
Mon dernier article intitulé « L’Algérie au temps du hirak : quelles perspectives pour les révolutionnaires ? » a été publié dans Courant alternatif, n° 312, été 2021, p. 7
Article de Karim Thaghest paru dans Courant alternatif, n° 21, été 1992, p. 29
« Il n’existe pas d’autre démarche pour préserver les droits de l’homme que d’aider à restaurer l’autorité de l’Etat dans le respect de l’option démocratique. Toutes les critiques formulées ici ou ailleurs contre l’interruption du processus électoral ne saurait occulter cette vérité : Il fallait sauver la république ».
Article de Gérard Lamari paru dans Courant alternatif, n° 99, mai 2000, p. 22-23
Le devant de la scène médiatique est en général pris par les luttes pour le pouvoir que se disputent les courants intégristes d’une part et les militaires d’autre part. On a vu que les affrontements ont dépassé le verbe, pour tourner aux assassinats et même aux massacres collectifs. Cette situation qui dure depuis bientôt dix ans a fait s’enliser les mouvements sociaux.
Article de Gérard Lamari paru dans Courant alternatif, n° 97, mars 2000, p. 17-18
Afin de ramener la paix dans le pays, le président de la république algérienne, A. Bouteflika, a fait voter en septembre dernier une loi d’amnistie des terroristes islamistes. Cette loi qui s’intitule « loi de concorde civile » a été votée à plus de 98 % au suffrage universel. Aujourd’hui qu’elle est mise en pratique, elle est loin de faire l’unanimité.
Article de Gérard Lamari paru dans Courant alternatif, n° 90, juin 1999, p. 20
Abdelaziz Bouteflika a « remporté » l’élection présidentielle algérienne immédiatement contestée par l’opposition au régime. Les six autres candidats se sont retirés en dénonçant les fraudes massives en sa faveur. Ils contestent depuis la légitimité de ce scrutin et donc celle du nouveau président.
Article de Gérard Lamari paru dans Courant alternatif, n° 81, été 1998, p. 31-32
Matoub Lounès, chanteur berbère très populaire, né en 1956 en Kabylie, militant de la cause berbère, a participé au mouvement du printemps berbère de 1980, aux événements d’octobre 1988 durant lesquels il a été blessé par les forces de l’ordre. Il est enlevé par le GIA en 1994 et séquestré pendant 15 jours.
Il a toujours lutté pour la laïcité et la reconnaissance de la langue et de la culture berbère.
Interview de Hakim Addad paru dans Courant alternatif, n° 77, mars 1998, p. 31-35
En Algérie, 75 % de la population a moins de 35 ans. Parmi la jeunesse le taux de chômage est supérieur à 50 %. L’école exclut chaque année 500 000 jeunes du système éducatif. Nous avons réalisé un interview d’Hakim Addad, secrétaire général du R.A.J. (Rassemblement – Actions – Jeunesse), association de jeunes (1) qui lutte sur le terrain pour la paix, contre toutes les formes d’exclusion dans une Algérie en pleine guerre civile.
Article de Romulus paru dans Courant alternatif,n° 47, mars 1995, p. 29-30
Pas un jour ne passe sans que l’on évoque l’Algérie. Les annonces d’assassinat, d’attentat défilent les unes après les autres. Le coup d’Etat de janvier 1992 a fait entrer l’Algérie dans la spirale de la violence physique et directe. Un premier bilan fait état de 30 000 morts en trois ans. Pris dans un étau, le peuple algérien subit le napalm de l’armée et le C4 (explosif) des groupes intégristes.
Interview de Jean-Louis Hurst parue dans Courant alternatif, n° 38, avril 1994, p. 31-36
Nous publions ici un interview de Jean-Louis Hurst sur l’Algérie. Nous ne sommes pas forcément d’accord avec l’ensemble de ce qu’il avance : on peut par exemple discuter de la répression sous Boumédiene, de sa démarche sur les problèmes de papiers en France, assimiler le mouvement berbérophone à l’intelligentsia est peut-être un peu rapide, etc. Mais cet interview nous semble apporter beaucoup d’informations sur la société algérienne, des éléments de compréhension et d’analyses importantes.
Texte de Jean-Louis Hurst paru dans Courant alternatif, n° 36, février 1994, p. 25-26
Ce texte était destiné initialement au journal Libération qui l’a refusé. Jean-Louis Hurst s’est d’abord fait connaitre comme militant français pendant la guerre d’Algérie : déserteur, il publia sous le pseudonyme de « Maurienne » un livre, « Le Déserteur », qui fut alors interdit à sa sortie et qui a été republié aux éditions Manya.
Article de Karim Thaghest paru dans Courant alternatif, n° 26, février 1993, p. 13-14
Le 14 janvier 1993 le Haut Comité d’Etat (HCE) commémorait le 1er anniversaire du coup d’Etat qui l’avait mis en place. Cette année 1992 qui vient de s’achever nécessite un bilan. Où en est l’Algérie ? Qu’en est-il de ceux qui se sont autoproclamés « bouclier des libertés et de la démocratie » ? Rappelons d’abord qu’au moment des élections législatives de décembre 1991, la population était déjà complètement étranglée par le fardeau de la dette.
Article paru dans Courant alternatif, n° 10, juin 1991, p. 5-8
L’oppression des femmes en Afrique du Nord, comme partout dans le monde, est inscrite dans la société ; l’arrivée du FLN en Algérie, porteur de /’Idéologie arabo-musulmane, n’a pas contribué à améliorer le sort des femmes, bien au contraire ; et aujourd’hui, la montée de l’intégrisme par l’intermédiaire du F.I.S. (Front islamique du salut) génère une situation intolérable pour les Algériennes. Les médias occidentaux n’ont pas pu faire le silence sur ces mouvements de femmes algériennes qu’ils ont présenté très hypocritement comme une lutte entre, d’une part, des idées réactionnaires portées par un archaïsme religieux, et d’autre part, des idées émancipatrices venues d’Occident.
Mon dernier article intitulé “L’Algérie au temps du hirak : contestation et répression” a été publié dans Courant alternatif, n° 311, juin 2021, p. 31.
Pour le mouvement libertaire la question de la religion s’est presque toujours posée dans les pays latins par rapport à l’église catholique romaine. Dans cet article, je voudrait essayer de montrer les différences qui peuvent exister entre des modes d’organisation religieux qui, du fait de leur tradition et de leur histoire divergentes, entretiennent vis-à-vis des problèmes politiques des relations radicalement opposées. La révolution iranienne et la montée de l’intégrisme religieux dans l’ensemble du monde musulman pose aujourd’hui des questions essentielles pour 800 millions d’êtres humains et une assimilation hâtive entre le phénomène « musulman » et nos propres comportements vis-à-vis de notre église risque de nous faire passer à côté de la réalité.
Article de J.-M. Chambéry paru dans Courant alternatif,n° 79, octobre 1988, p. 32-35
La Corée, un peuple, une langue, une culture, une même histoire jusqu’à il y a peu. Et pourtant deux Etats. Au Nord, une dictature communiste ; au Sud une dictature militaire. Au sud, des manifestations qui se multiplient contre le régime en place, contre les bases US, pour la réunification des deux Corées… Et parallèlement une répression qui s’intensifie. Que ce soient cocktails Molotov ou marches pacifistes, la réponse du pouvoir est toujours la même: les matraques, les arrestations, les tortures. Une répression que le pouvoir peut légitimer après l’élection démocratique n’est-elle pas le moyen de choisir son oppresseur ? – de Rho Dae Woo, candidat des militaires, à la tête de l’Etat.
Et c’est dans ce climat de pré-guerre civile qui agite la Corée du Sud que se sont ouverts les XXIe Jeux Olympiques. Des Jeux dits de l’amitié qui sont censés pousser à une trêve de tous les conflits !
En 1968, le sport a été perturbé par le dysfonctionnement institutionnel généralisé mais l’institution sportive est restée un point aveugle, une oasis non contestée. Le sport apparut alors comme le seul rapport possible de l’homme à son corps. Le corps ne parla pas. L’institution sportive resta « grande muette », un ciment idéologique contre la désagrégation du « moral de la nation ».
C’est en 1968 pourtant qu’un collectif de militantes et de militants marxistes lança le mouvement de contestation de l’institution sportive au travers d’un numéro « historique » de la revue Partisans, un numéro conçu comme « la critique fondamentale » de l’idéologie bourgeoise nichée dans l’institution sportive ». Un numéro où « il importait avant tout de montrer que le sport reflète non seulement les catégories idéologiques bourgeoises ou bureaucratiques, mais encore qu’il est structurellement médiatisé par l’appareil d’Etat, car, comme le dit Marx dans l’Idéologie allemande, « toutes les institutions communes passent par l’intervention de l’Etat et reçoivent une forme politique ». (1)
Article de Karim Thaghest paru dans Courant alternatif, n° 54, décembre 1995, p. 26-27
Après plusieurs semaines de campagnes électorales, les algériens se sont donc rendus massivement aux urnes. Ils avaient le choix entre quatre candidats provenant de différents horizons, mais rassemblés dans une même mascarade par une même forfaiture ou collusion avec le pouvoir militaro-mafieux qui préside à la destinée de l’Algérie depuis 1954.
Chacun d’entre eux était censé représenter l’un des multiples pôles idéologiques, sociaux, religieux algériens.
Article de Karim Thaghest paru dans Courant alternatif, n° 49, mai 1995, p. 22-24
Dimanche 9 avril 1995, nous avons pu assister une nouvelle fois à une farce dont le sujet était l’Algérie. En effet, l’invité de l’émission « l’heure de vérité », présentée par le Vicomte Henri de Virieu était Khalida Messaoudi. Celle-ci y a dressé un tableau très complet de la condition féminine en Algérie. Cependant, le reste de son discours amène de nombreuses questions.
Ainsi, on se demande avec force pourquoi les démocrates algériens ne disent pas la vérité sur la situation algérienne ?
Article paru dans Courant alternatif, n° 45, janvier 1995, p. 27-30
L’islamisme algérien n’est pas neuf. Cependant, son organisation sous forme de parti à partir de 1989 a considérablement modifié la donne politique. En effet, elle a mis le pouvoir à portée de sa main, écartant pour un temps les tenants de la voie armée.
Article de Karim paru dans Courant alternatif, n° 43, novembre 1994, p. 11-15
1994 est l’année du 40e anniversaire du déclenchement de la guerre d’Algérie (le 1er novembre 1954). Dans une conjoncture catastrophique, le gouvernement entend donner à cet événement une dimension importante. Ainsi, 800 millions de Dinars seront destinés aux célébrations et commémorations qui rappelleront la période de la lutte pour l’indépendance. Mais quarante années plus tard, quel bilan peut-on dresser ? Une question demeure, l’Algérie est-elle, depuis 1962, réellement un pays souverain, indépendant ? La nation algérienne tout entière n’est-elle pas engagée dans un processus qui la conduit à une domination et à une soumission par et pour les pays « riches » et leurs institutions internationales ?
Article signé S. paru dans Courant alternatif, n° 40, juin 1994, p. 15-18
La société algérienne connaît depuis l’interdiction du FIS en 1992 une flambée de violence liée à la radicalisation des groupes islamistes armés. Il y a eu des analyses et des réflexions de toute sorte sur les causes et les raisons multiples de cette violence: la misère, l’autoritarisme du FLN pendant 30 ans de parti unique, on a même évoqué la démographie et le fait que les jeunes soient trop nombreux, la dette extérieure de l’Etat algérien, les accords avec le FMI et la dépendance économique de l’Algérie vis-à-vis de l’Occident…
Article de Karim paru dans Courant alternatif, n° 29, mai 1993, p. 33-34
L’Algérie s’est enfoncée un peu plus encore dans la violence : celle des intégristes, celle des militaires et des policiers, mais aussi celle qui résulte de la misère économique et sociale.
Le 22 mars dernier, le peuple est sorti dans les rues pour exprimer son ras-le-bol vis à vis de toutes les formes de violence. Ce faisant, il a détourné une manifestation initialement conçue comme un soutien au pouvoir et à sa politique. Les organisations relais furent vite dépassées par l’ampleur du mouvement. Leurs mises en scène préparées à l’avance où de jeunes femmes embrassaient les forces de l’ordre furent ridicules et faisaient penser aux anciens régimes staliniens de l’Est.
Pour comprendre pourquoi autant d’Algériens sont sortis dans les rues, il faut mesurer le degré de violence que subit la population.
L’apparent tollé qu’a soulevé en Occident la condamnation à mort de Rushdie par Khomeiny n’est pas la simple conséquence d’une adhésion sans réserve aux libertés, à la démocratie ou à la tolérance. Les mécanismes de l’indignation, la manière dont ils ont fonctionné avec embarras et même avec d’énormes contradictions (nous y reviendrons plus loin), indiquent précisément que l’inconscient collectif occidental a été sérieusement mis à mal par cet épisode.
J’ai le plaisir d’annoncer à mes amis et lecteurs la parution du dernier numéro de Courant alternatif (novembre 2020) qui rend compte d’une récente interventionpublique sur le mouvement populaire en Algérie.
C.A s’est fait l’écho de rencontres nationales d’associations issues de l’immigration et de certaines associations de solidarité (n° 61 et 64) qui ont débouché sur un projet de charte, aujourd’hui en discussion.
Cet interview des « Jeunes Arabes de Lyon et Banlieue » (J.A.LB.) fait suite aux présentations faites dans C.A. de diverses associations issues de l’immigration maghrébine, de leurs pratiques locales, de leurs initiatives régionales ou nationales : – « Texture et Miroir » de Lille (n° 61) ; – « Hors la zône » de Barbès (n° 61) ; – « Regroupement d’Associations Jeunes Ile de France » (n° 54) ; – 3e marche de novembre 85 (n° 51)…
La 3ème rencontre s’est déroulée à Marseille les 17 et 18 janvier. Deux commissions ont fonctionné : – Commission « Charte », – Commission « Ripostes ».
En refusant de se laisser entraîner dans une initiative nationale marquant l’anniversaire des marches de 83, 84 et 85 et en posant le problème de la riposte contre les lois Pasqua-Pandraud, en d’autres termes que ce qui se fait habituellement, la fraction militante de l’immigration, toutes générations confondues, est peut-être en train de donner un contenu à sa revendication de mouvement autonome. Les premiers jalons ont été posé lors des 2 dernières rencontres nationales des associations de l’immigration et de solidarité dont la dernière s’est tenu à Lille les 1er et 2 Novembre.
Une manifestation unitaire anti-raciste contre les lois Pasqua-Pandraud sur l’entrée et le séjour des immigrés en France n’aura vraisemblablement pas lieu début décembre à Paris !
La nouvelle loi relative aux conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France a été définitivement adoptée le 7 août 86 par l’Assemblée nationale. Le Conseil constitutionnel, dernier recours, l’a entérinée le 3 septembre avec seulement deux modifications extrêmement mineures.
L’OCL ne monopolise pas, c’est le moins que l’on puisse dire, les colonnes de la rubrique « Mouvement » de C.A.
Et pourtant, comme en témoignent nombre d’articles liés à l’actualité sociale et politique, certains d’entre nous, qu’ils soient formellement à l’OCL ou partie prenante de notre appréhension collective du politique, interviennent et prennent des initiatives.
L’unité entre les deux marches « pour l’égalité des droits et contre le racisme » ne s’est pas faite. Tous les politiciens l’ont regretté, du PS à l’extrême-gauche… sans oublier certains libertaires…
Le deuxième anniversaire de la marche pour l’égalité en novembre 83 est le théâtre d’un débat passionnant et passionné entre les jeunes issus de l’immigration organisés en associations, certaines associations de travailleurs immigrés, et le trust SOS-racisme.
Dans le numéro quarante-cinq de Courant Alternatif un court article sur « l’après-convergence » et la formation de S.O.S. axé surtout sur la démarche électoraliste de certains partis assurant leur soutien logistique et matériel a été critiqué lors de la commission journal à Aix-en-Provence.
Dans notre dossier « Convergence 84 » du n° 42 de C.A., nous pensions qu’il manquait un « bilan-débat des initiateurs de cette démarche mais surtout les perspectives, les suites de cette initiative ».
Une partie des organisateurs de « Convergence 84 » ont rédigé cette contribution au débat sur l’après-convergence, que nous publions ici.
Un an après la marche pour l’égalité, 55 « rouleurs » en mobylette, partant des « cinq coins de l’hexagone » ont traversé toutes les principales villes dans le but de rencontrer les jeunes des ZUP afin que ceux-ci s’expriment et prennent des initiatives. Leur seul mot d’ordre « L’égalité pour tous »… Aucune revendication nationale précise ! Aucun compromis avec l’Etat ! Aucun respect des institutions politiques et syndicales de ce pays ! A l’arrivée de cette convergence 84 à Paris, nous étions plusieurs dizaines de milliers… Il y avait belle lurette que nous ne nous étions senti « bien » parmi une foule de gens sur le pavé parisien. Il y avait là de multiples visages nouveaux, une majorité de jeunes des cités, entrant de plein pied dans un espace que l’on croyait désormais vide. Ce n’était pas une grand’ messe, ce n’était peut-être pas sans contradiction mais c’était vivant, chaleureux, et plein d’espoir. Nous publions ici l’intervention du collectif national de Convergence 84 à l’arrivée du carnaval, ce 1er décembre à Paris. Mais Convergence 84, c’était aussi et surtout ce qui a pu se passer (ou ne pas se passer) dans les villes, les ZUP, lors du passage de ces rouleurs. Nous avons réuni ici, pour ce dossier, quelques exemples, sur différents parcours de Convergence 84, de la réalité locale sur laquelle repose finalement l’émergence ou non d’un mouvement interculturel de jeunes. Ce dossier qui a quelques aspects contradictoires est de plus, nécessairement incomplet. Il y manque bien entendu un bilan-débat des initiateurs de cette démarche (que l’on espère pour le prochain CA), mais surtout les perspectives, les suites de cette initiative.
En quelques jours, un travailleur turc a été abattu par des patrons et leur sous-fifre ; un bistrot turc, aussi, a été canardé (2 morts, 5 blessés) par un pauvre crétin qui « n’aime pas les étrangers » autres qu’ « européens ». Sans tomber dans le sentimentalisme, même révolutionnaire, écrire dans ces conditions est parfois difficile. Parce que les mots alignés, bien tranquilles, semblent minables, insuffisants.
A l’heure des crimes et attaques racistes, de l’apparition de Le Pen mais aussi des rafles massives, des expulsions de travailleurs étrangers et de réfugiés politiques, se pose à toutes et à tous le problème de l’antifascisme. L’arrivée de la « gauche » au pouvoir a entraîné naturellement la montée de l’extrême-droite, comme, sous la droite, nous avons assisté à une poussée de l’extrême-gauche !
Article signé E. S. et C. paru dans Courant alternatif, n° 33, février 1984, p. 7-8
Dans CA N° 31, j’avais fait un article sur la « marche pour l’égalité », article dont le scepticisme a été démenti, entre autre par l’arrivée de la marche à Paris, et qui, en s’attachant trop aux tentatives de récupération gravitant autour de la marche, n’a pas assez tenu compte de la dynamique qui était en train de s’enclencher, même si à ce moment-là, cette dynamique n’était pas encore très évidente.
Lorsqu’un Algérien est pris à partie par trois jeunes dans un train, poignardé puis jeté sur le ballast dans l’indifférence, le Figaro-Magazine n’y verra que le « résultat du climat de violence et d’insécurité » et « un hasard malheureux qu’il ait été Nord-Africain ». Mais pour beaucoup d’entre nous, il ne s’agit pas d’un simple fait divers mais d’une confirmation supplémentaire d’une certaine montée du racisme. Ces meurtres existent depuis longtemps et n’ont jamais réellement cessé. Mais au moment où l’extrême droite réalise une percée dans bien des élections municipales sur un discours raciste primaire, cet assassinat prend une toute autre signification. Ajoutons à cela les très faibles ripostes des immigrés eux-mêmes ces derniers mois, et le tableau est complet… son titre : Le racisme a repris la rue.
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