Lettres publiées dans Le Brise-Glace, n° 2-3, printemps 1989, p. 28.
Début octobre 1988
Bonjour,
(…) J’ai passé une dizaine de jours au bord de la mer (…) la mer ici c’est tout ce qui reste de beau. Notre pays est en train de vivre un moment très difficile, une grande crise économique. L’inflation bat son plein, ce qui augmente le nombre des corrompus d’un chiffre considérable. La corruption est partout. Ça touche même les couches du peuple. Le peuple souffre et se lamente avec un silence qui se fera entendre bien haut tôt ou tard. Car il y a ici un vrai ras-le-bol. Mais voilà, malheureusement, les leaders manquent, l’organisation des masses populaires n’existe pas.
Comme pour venger l’affront qu’il lui infligea durant quinze années, en combattant ses troupes avec peu de moyens et dans des conditions nettement défavorables, la France n’a retenu d’Abdelkader que le souvenir de sa reddition ; de même qu’elle a prétendu en avoir fait un « ami fidèle ». Si l’oubli de ce personnage peut s’expliquer en partie par le temps, la France officielle nous rappelle aujourd’hui qu’elle a toujours eu la mémoire courte, l’amitié mesquine et la fidélité trompeuse à l’égard de ceux qui l’ont servie loyalement. Et, par exemple, ne se souvient de l’existence des harkis, autres amis fidèles, que le temps d’une campagne électorale.
Article publié dans La Charte, organe du F.L.N. clandestin, Rassemblement Unitaire des Révolutionnaires (RUR), n° 35, février-mars 1973, p. 15-18.
Lors de la journée internationale de la femme (8 mars), BOUMEDIENNE s’adressant aux militantes de l’Union Nationale des Femmes Algériennes (UNFA) devait notamment déclarer : « Au nom du pouvoir révolutionnaire, je proclame que nous sommes pour un progrès qui ouvre devant la femme toutes les portes menant à une participation effective, afin qu’il lui soit permis d’accéder pleinement à la place qui lui revient dans tous les domaines et à tous les niveaux ».
Tribune du Comité « Riposte à la répression en Algérie » publiée dans Rebelles, n° 2, mai-juin 1982, p. 12
Lorsqu’on parle de l’Algérie , on pense tout de suite à la guerre de libération nationale, à ses positions « antiimpérialistes », au « socialisme » et à la « mobilisation du peuple contre le sous-développement ». Aussi parler de répression en Algérie, provoque t-il des réactions d’étonnement, de doute : aucun journal n’en parle, très peu d’organisations politiques ou spécialisées sur la question n’en font état, alors même qu’elle est dénoncée, pour d’autres pays, en long, en large et en travers.
Article paru dans Jeune Taupe, n° 20, avril-mai 1978, p. 17-18.
Contrairement aux autres pays arabes, l’Algérie apparait comme le seul Etat où il ne se « passerait rien ». Une véritable conspiration du silence sur la situation sociale de l’Algérie s’est installée, scellée par l’alliance de tous les organes d’information, de la droite à l’extrême gauche (cf. par exemple « Libération »). Pour ce qui est du journal « Le Monde », il faut savoir lire entre les lignes pour se rendre compte de l’existence de « malaises ». On s’épanche d’autant plus facilement sur le conflit du Sahara Occidental (où l’Algérie joue un rôle de premier plan (1) ) que l’on tait la situation interne de l’Algérie.
Extrait de la brochure du Parti de la révolution socialiste, Remarques critiques à propos de la « charte nationale », collection El Jarida, 1976, p. 25-29
(…) Mais les aspects les plus réactionnaires de la « charte » apparaissent lorsqu’on aborde les questions idéologiques et culturelles. Dans ces domaines s’affirme d’une façon éclatante le caractère totalitaire de l’idéologie officielle : par le refus de la diversité, le terrorisme intellectuel, l’intolérance érigée en système. Le but visé est d’étouffer la contestation, de tuer l’initiative créatrice, de créer la passivité en imposant un conformisme intellectuel au nom duquel tout ce qui n’est pas dans la norme établie par le pouvoir doit être condamnée, rejetée.
Article paru dans El Jarida, organe du Parti de la révolution socialiste, n° 14, août-septembre 1973, p. 27.
La situation de la jeunesse est à l’ordre du jour en Algérie. Nous avons déjà abordé ce problème sous l’angle de la scolarisation dans notre numéro 10-11 du 15 juin 1971. Il est repris aujourd’hui en liaison avec le développement du banditisme et la généralisation de l’insécurité dans les villes.
Face à ce problème, les responsables s’alarment et la presse, aux ordres, ne manque pas d’imagination pour dégager la responsabilité du pouvoir.
Il fallut attendre la manifestation du 8 mars 1965 pour mesurer l’ampleur des revendications des femmes, à Alger. La journée avait été déclarée journée officielle de la femme.
Extrait de Jean-François Lyotard, « L’Algérie évacuée », Socialisme ou Barbarie, n° 34, mars-mai 1963, p. 1-7
Les lignes qui suivent n’ont pas pour objet de définir une politique révolutionnaire en Algérie. La question du sort de ce pays ne se pose plus et ne se pose pas encore de cette manière. Plus, parce que l’élan qui animait les masses au cours de la lutte nationale est maintenant brisé : il n’y a pas eu de révolution. Pas encore, parce que les problèmes qui assaillent les travailleurs et que la politique de la direction actuelle est incapable de résoudre, finiront par amener à maturité les conditions d’une nouvelle intervention des masses : la révolution reste à faire.
Les lecteurs de la R.P. trouveront ci-dessous le texte du compte rendu que j’ai publié, à Alger, dans l’hebdomadaire Révolution Africaine du 4 avril 1964. J’ai rétabli dans ce texte les quelques formulations un peu appuyées que la Rédaction m’avait demandé, pour l’usage interne de l’Algérie, d’adoucir.
Extrait d’Abdelkader Chaker, La jeunesse algérienne en France. Éléments d’étude de l’émigration familiale, Alger, SNED, 1977, p. 192.
L’option de l’Algérie en faveur du parti unique a condamné à l’exil tous les partis d’opposition qui, à l’exception du Mouvement National Algérien (MNA), émanent du FLN historique. Ces mouvements d’opposition tentent de trouver une audience au sein de l’immigration algérienne, mais il faut bien admettre qu’ils n’y parviennent guère.
Extraits de Mohamed Kacimi el-Hassani, Le Mouchoir, Paris, L’Harmattan, 1987, p. 18-21.
Dimanche
Il est des signes annonciateurs de déconvenues. Ce matin, en allant aux toilettes, j’y fus surpris par une odeur forte, brûlante même. (…) quand soudain, je vis, là, sur la faïence, à hauteur de ma taille et jusqu’à la pointe de mes pieds, une longue et visqueuse traînée blanchâtre et fumante, répartie en largeur sur deux ou trois carreaux et dont les éclaboussures atteignaient mêmes les angles des deux côtés : quelqu’un venait de se masturber ici!
C’est le quatrième dirigeant parisien de l’U.S.T.A. condamné à mort par l’U.G.T.A. (pro-F.L.N. et membre de la C.I.S.L.)
Le secrétaire général adjoint de l’Union syndicale des travailleurs algériens (U.S.T.A.), M. Filali Abdallah, a été victime d’un attentat rue d’Enghien. Atteint de quatre balles dans le dos, le syndicaliste algérien a été transporté dans un hôpital parisien. Son état est critique.
Articles parus dans El-Oumami, n°15, avril-mai 1981, p. 6-9
La mobilisation qui a eu lieu ces derniers mois à Alger contre l’interdiction aux femmes de sortir librement du territoire a permis de lever le voile sur l’oppression particulière qui pèse terriblement sur les femmes en Algérie. Dans la réalité, le statut d’infériorité imposé à la femme se retrouve dans tous les domaines de la vie économique, sociale et politique.
Texte paru dans la revue Sou’al, n° 7, septembre 1987, p. 153-154
Les journalistes algériens – donc l’État – sont-ils devenus à ce point amnésiques pour oser ainsi falsifier l’Histoire ? Pour nous qui, au nom d’un certain nombre de valeurs que nous croyions communes, avions soutenus les Algériens durant leur lutte, leurs propos concernant le procès de Klaus Barbie sont à la fois consternants et révoltants. De même que l’expression de leur racisme antijuif digne des « meilleures » pages de Brasillach.
Texte paru dans la revue Sou’al, n°7, septembre 1987, p. 151-152
Nous voulons simplement, à l’occasion du procès de Klaus Barbie, mettre au clair certaines vérités historiques et rappeler quelques principes pour nous, Algériens, qui avons lutté pour l’indépendance de notre pays. Me Jacques Vergès cherche, aujourd’hui, à associer des « crimes contre l’humanité » commis par Klaus Barbie aux « crimes de guerre » perpétrés par l’ex-puissance coloniale en Algérie et cet amalgame trouve parfois, malheureusement, crédit dans notre pays.
Article paru dans Nouvelle Gauche, n° 21, 11 au 24 février 1957.
En poursuivant pendant 13 jours la grève de la faim pour obtenir le bénéfice du régime politique, les 40 militants du M.N.A. dont nous avons déjà parlé dans ce journal n’ont pas seulement gagné la partie en ce qui les concerne, ils ont aussi suscité un grand mouvement d’unité à la prison de Fresnes, et leur victoire profitera dans l’avenir, à tous ceux, militants algériens et français, qui tomberont sous le coup de l’article 80 (atteinte à la sûreté extérieure de l’état).
Article paru dans La Vérité, n° 442, 25 janvier 1957.
C’est dans le cadre des Journées d’études sur l’Afrique du Nord, organisées par le Mouvement de Libération du peuple (MLP) et qui se sont tenues les 19 et 20 janvier au centre administratif et social d’Asnières, que Robert Barrat a traité d’un sujet brûlant entre tous « les bases de la négociation en Algérie ».
Extraits d’un article de Paul Thibaud paru dans Esprit, n° 145, décembre 1988, p. 19-21
La révolte des jeunes Algériens, la répression brutale qui leur a d’abord répondu, puis les réformes ébauchées ont trouvé les intellectuels français singulièrement impréparés. Parmi d’autres réactions désolantes, la plus cocasse restera celle de Gisèle Halimi dans Libération (13 octobre) : elle ne savait pas que l’Algérie était une dictature ! elle n’en a été avertie que « très tard et très mal » par ses « amis algériens », « qui étaient au pouvoir ». Doit-on comprendre que la gauche mondaine ne s’informe que dans les cocktails ? Soyons plutôt honnêtes: tout le monde savait et tout le monde s’en fichait! La cause dont l’intelligentsia française s’était fait jadis un emblème, elle lui était devenue quasi indifférente. Ce que la déclaration laborieuse de quelques ex-121 ne saurait dissimuler. Ces héros se sont relus ; aujourd’hui comme hier, profèrent-ils, « la cause du peuple algérien est celle de tous les hommes libres ». Cette superposition du présent et du passé suggère que le combat des jeunes Algériens est le même que celui de leurs pères, il y a trente ans, et qu’à une génération d’intervalle ils trouvent à l’extérieur les mêmes valeureux alliés, toujours aussi fermes sur les principes. (…)
Extraits de la chronique de Jean-Marie Domenach parue dans Esprit, n°312, décembre 1962, p. 1039-1041.
Chaque fois que j’ai rencontré un responsable de la Résistance algérienne, je me suis trouvé en face d’une intransigeance totale, qui allait jusqu’à l’apologie inconditionnelle de la violence. Lorsque, en 1957, je rencontrai Abbane Ramdane, à Tunis, le simplisme brutal de ses propos m’épouvanta ; prenant une brochure sur la table (curieusement, c’était la Revue de défense nationale !), il s’écria : « l’Algérie, c’est très simple, c’est comme ce livre : vous me l’avez pris, rendez-le moi ! », et il m’exprima sa volonté de conduire l’action terroriste jusqu’à la victoire totale. On dira qu’il s’agissait d’un exalté (d’ailleurs généreux d’après ceux qui le connurent).
Extraits d’un article paru dans Afrique Informations, n°47, 15-31 janvier 1957.
Aux premiers jours de l’année, de trois éléments principaux paraissait dépendre la solution du problème algérien :
I. – LA DECLARATION d’INTENTIONS du gouvernement français comportant elle-même ses répercussions sur le prochain débat à l’O.N.U. Il s’agissait alors d’un élément inconnu.
II. – LES PERSPECTIVES ET LES REACTIONS DES REBELLES, et des deux organisations nationalistes, F.L.N. et M.N.A. qui en constituent l’expression politique, compte tenu de la rivalité entre les deux organisations.
Ma dernière contribution intitulée « Les futurs de la révolution : Fragments sur les radicalités algériennes » (lien) a été publié dans l’édition du 28 octobre 2016 d’El Watan weekend. En voici les premières lignes :
« La Révolution anticoloniale constitue une source intarissable de réflexions qui, bien souvent, font écho à des enjeux très actuels qui dépassent les frontières nationales.
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 42, août 1962, p. 1-3.
« C’est le peuple algérien qui a gagné la guerre »
« Révolution par et pour le peuple » ….
Au moment même où les dirigeants de la révolution algérienne se fragmentent en clans rivaux, ils se réclament à tout instant du « peuple ».
Ils ont raison, car ils sont peu de choses en face de ces paysans et de ces ouvriers qui sont bien les vrais vainqueurs de la plus cruelle guerre coloniale de l’histoire. Mais ils ont tort car ni les uns ni les autres, ils ne sont les représentants authentiques des travailleurs algériens.
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 10, septembre 1959, p. 1-3.
Les travailleurs sont pour la paix en Algérie, mais ils ne sont pas pour les Algériens. Ils ne font rien pour les aider dans leur lutte à l’échelle politique. Ils ne manifestent pas leur solidarité. Même sur le plan personnel, dans leurs rapports de travail avec les ouvriers algériens, ils témoignent d’une certaine méfiance : ils disent que ce sont des types qui ne savent pas travailler, ou bien qui ne veulent pas travailler, ou bien qui ne cherchent pas à se mêler à eux.
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 2, janvier 1959, p. 7-9.
1° En Algérie, l’ objectif des grands capitalistes est de liquider la forme arriérée d’exploitation qu’est la colonisation. Actuellement l’exploitation des Algériens se fait de deux manières et profite à deux catégories de la bourgeoisie : en tant que travailleurs, les Algériens subissent l’exploitation directe ou indirecte des grands propriétaires terriens (« colons ») ; en tant que consommateurs, ils éprouvent celle des Compagnies commerciales qui monopolisent le marché algérien. Cette forme d’exploitation na permet pas aux gros banquiers et industriels métropolitains d’investir leurs capitaux en Algérie de façon profitable.
LA GUERRE d’ALGERIE : critique de livre « L’AN V de la REVOLUTION ALGERIENNE » de Frantz Fanon (Cahier libre N°3 – François Maspero- 181 pages – 6,90 N.F.)
C’est une description des conduites nouvelles nées de la Révolution en ce qui concerne les femmes et la famille algérienne, l’attitude des Algériens en face de la T.S.F. et de la médecine moderne. Enfin, le dernier chapitre, « La Minorité Européenne d’Algérie », est la réimpression d’un article paru dans Les Temps Modernes en Juin 1959.
Tract diffusé en Algérie à la fin de l’année 1965 et reproduit dans Internationale situationniste, n° 10, mars 1966, p. 12-21
On pourrait croire que le nouveau régime algérien s’est donné pour unique tâche de confirmer l’analyse sommaire que l’I.S. a présentée de lui, dès les jours qui suivirent son putsch inaugural, dans l’Adresse aux révolutionnaires que nous avons alors publiée à Alger. Liquider l’autogestion, c’est tout le contenu du boumediennisme, c’est sa seule activité réelle ; et elle commence à l’instant même où l’État, par le déploiement de la force militaire qui était sa seule cristallisation achevée sous Ben Bella, son seul organisme solide, a proclamé son indépendance en face de la société algérienne. Les autres projets de l’État, la réorganisation technocratique de l’économie, l’extension de la base de son pouvoir, socialement et juridiquement, dépasse les capacités de la classe dirigeante actuelle dans les conditions réelles du pays. La foule des indécis, qui n’avait pas été les ennemis de Ben Bella mais ceux qu’il a déçus, et qui ont attendu pour juger le nouveau régime sur ses actes, peuvent voir que finalement, ce régime ne fait rien, excepté son acte constituant la dictature autonome de l’État, qui est du même coup sa déclaration de guerre à l’autogestion. Même énoncer des accusations précises contre Ben Bella, ou l’abattre publiquement, semble être au-dessus de ses forces pour une longue période. Le seul reste de «socialisme» professé en Algérie est précisément ce noyau du socialisme renversé, ce produit de la réaction générale dans le mouvement ouvrier même que la défaite de la révolution russe a légué comme modèle positif au reste du monde, y compris à l’Algérie de Ben Bella : la contre-vérité policière du pouvoir. C’est ainsi que l’ennemi politique n’est pas condamné pour ses positions réelles, mais pour le contraire de ce qu’il a été ; ou bien même il se dissout soudainement dans un silence organisé, il n’a jamais existé, ni pour le tribunal ni pour l’historien. Et c’est ainsi que Boumedienne, un des principaux responsables depuis toujours du fait que l’autogestion algérienne n’est qu’une caricature de ce qu’il lui faut être, la traite officiellement de «caricature» afin de la réorganiser autoritairement. Au nom d’une essence de l’autogestion idéologiquement garantie par l’État, Boumedienne rejette les manifestations réelles ébauchées de l’autogestion.
« Renseignements situationnistes », texte paru dans la revue Internationale situationniste, n° 8, janvier 1963, p. 65-66.
Après les interdictions et arrestations qui lui ont paru nécessaires, Ben Bella, parlant au début de janvier au correspondant de l’agence Italia, a tiré argument d’un vote unanime de l’Assemblée Constituante algérienne, dont il a désigné lui-même tous les membres, pour conclure : « Il n’y a pas d’opposition en Algérie, ou pour le moins il n’y en a plus ». Comme personne quand même n’est assez idéologue pour croire que l’Algérie indépendante a réalisé par décrets-lois l’abolition des classes, l’abondance, l’autonomie des masses et la transparence des rapports humains, on est obligé de conclure que la révolution algérienne est glacée, pour longtemps peut-être.
Entretien paru dans La Voix du Peuple, n° 27 [novembre 1956] ; il a été publié à l’origine par le journal marocain Al Alam, puis repris dans La Vérité, n° 411, 25 mai 1956.
Mlle Claude Gérard, commandante de la résistance française, journaliste bien connue, s’est rendue dans les maquis algériens en mars dernier.
Certains autres journalistes et intellectuels français pressentis pour enquêter dans les maquis de l’Armée de libération nationale afin d’informer objectivement l’opinion publique sur la composition réelle de notre armée, se sont récusés pour diverses raisons qu’il ne nous appartient pas d’apprécier.
« Les visages de l’émancipation : l’action des femmes messalistes durant la révolution algérienne », mon dernier article publié par la revue Le Mouvement social (2016/2), dans un dossier intitulé « Femmes africaines et mobilisations collectives (années 1940-1970) » coordonné par Emmanuelle Bouilly et Ophélie Rillon.
Extraits du livre : Edgar Morin, Itinérance, Entretien avec Marie-Christine Navarro, Paris, Arléa, 2000, pp. 45-50.
M.-C. N. : Est-ce pour cette raison que, dans les débuts de la guerre d’Algérie, en 1955, vous créez avec Antelme le comité contre la guerre d’Algérie ? Comité créé, cette fois, dans un esprit critique. J’aimerais qu’on parle de l’Algérie parce que, là encore, à cette époque, vous avez une position très originale – originale par rapport au manifeste des 121, et surtout par rapport au courant messaliste
E.M. : Il y avait dans ce comité René-Louis Desforêts, Robert Antelme, Dyonis Mascolo, moi-même, Marguerite Duras et ma femme Violette. On prend la décision de former un comité d’intellectuels contre la guerre en Afrique du Nord – parce qu’il faut préciser que tout n’était pas terminé non plus en Tunisie.
Article publié dans le quotidien britannique The Times, le 6 juin 1974.
Messali Hadj, sometimes known as the Patriarch of Algerian Nationalism, died in France on Monday at the age of 76.
It was calculated that he had spent over 30 years in prison, in internment, or under house arrest. In 1962 he was freed after the signing of the Evian Agreement.
Article de Paul Yankovitch paru le 26 mai 1956 dans Le Monde.
Belgrade, 25 mai. – Un visiteur inhabituel s’est présenté hier matin au secrétariat d’État des affaires étrangères yougoslave ; M. El Abed Bouhafa, représentant du comité de libération nord-africain aux États-Unis, a remis au secrétaire d’État aux affaires étrangères un aide-mémoire relatif au problème algérien. C’est un document en français de près de sept pages et contenant en seize points un projet de médiation internationale en Algérie.
Source : Georges Fontenis, L’autre communisme. Histoire subversive du mouvement libertaire, Mauléon, Acratie, 1990, p. 208-210.
(…) dans le numéro 464 du 2 février, une lettre ouverte de Daniel Guérin adressée « aux membres du comité d’action contre la poursuite de la guerre en Afrique du Nord » est un gros pavé dans la mare : au meeting du 27 janvier, salle Wagram, est apparue la partialité de certaines organisations
Article publié dans La Nation socialiste, n°57, juillet-août 1962
Le point de vue de Martial :
La vocation à la dictature
L’exclusion du P.P.A.( ex-M.N.A) de la campagne pour l’autodétermination en Algérie confirme nos appréhensions de toujours sur l’avenir de la démocratie dans ce pays.
Article paru dans le Bulletin d’informations du PPA, n° 1, juillet 1962
Portrait
Un opportuniste achevé
On se rappelle qu’au début de juin dernier, le Parti du Peuple Algérien avait fait parvenir à Rocher Noir sa demande en vue de participer au scrutin d’autodétermination du 1er juillet.
Article paru dans le Bulletin d’informations du PPA, n° 1, juillet 1962
Le Parti du Peuple Algérien reste lui-même
Pour une certaine opinion, le P.P.A, ses militants et MESSALI HADJ doivent présentement se frotter les mains à propos des divergences surgies au sein du F.L.N. On ne peut plus se tromper et c’est là une erreur à la fois stupide et grossière.
Éditorial paru dans le Bulletin d’informations du PPA, n° 1, juillet 1962
Editorial
Il a fallu cent trente années au peuple algérien pour réaliser son indépendance…
Sans risque de verser dans un verbiage révolutionnaire, ou dans un gauchisme stupide, que d’aucuns font leur aujourd’hui pour des raisons évidentes, il suffit de lire les accords d’Evian pour affirmer que cette indépendance reste à parfaire.
Article de Louis Houdeville paru dans Nouvelle Gauche, n° 29, 9-22 juin 1957
Nous sommes de ceux pour qui l’anticolonialisme militant constitue une raison de vivre. Nous sommes de ceux qui n’avons jamais cessé de dénoncer les crimes commis au nom de la raison d’Etat, de la Nation ou des « impératifs » de la présence. Nous sommes de ceux qui n’avons cessé de lutter contre les bourreaux pour que justice et réparation soient rendues aux victimes.
Gilles Martinet, Claude Bourdet, René Capitant, Jean Rous, Georges Suffert, Pierre Stibbe, Jean Nantet, André Philip, Pierre-Henri Simon, Jean Daniel et Robert Barrat ont signé le texte suivant :
Le massacre de Melouza a bouleversé l’opinion française et surtout ceux qui, depuis des années, se sont attachés à dire la vérité sur le drame algérien.
Article paru dans La Voix du peuple, décembre 1961.
Aïcha BAHRI, patriote algérienne, a été plusieurs fois agressée par le F.L.N. à Lyon. Bien que blessée grièvement plusieurs fois, elle en est sortie avec courage et honneur.
Nous manquions d’un ouvrage mettant en lumière les causes de l’insurrection algérienne. Au moment où l’opinion française porte un intérêt croissant au problème algérien, l’on vous était reconnaissant d’avoir ramassé une moisson de faits et de documents permettant de mieux faire comprendre les événements.
Mais tandis que je parcourais « L’Algérie hors la loi », ma joie se mêla rapidement de stupeur.
Article de Philippe Herreman paru dans Le Monde, 8 septembre 1956.
Depuis un an les dirigeants du Front de libération nationale (F.L.N.) et ceux du Mouvement national algérien (M.N.A.), ancienne fraction du M.T.L.D. (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) restée fidèle à Messali Hadj n’ont cessé de rivaliser auprès des masses algériennes et de s’accuser mutuellement de trahison. Le F.L.N. souhaitait élargir son audience, le M.N.A. entendait conserver la sienne. Un tract diffusé par le Mouvement national algérien montre que cette concurrence n’a rien perdu de sa violence.
Article paru dans le quotidien Le Monde, le 26 mai 1956.
Alger, …mai. – À l’approche de l’été un certain regroupement des forces rebelles et une modification de leur tactique semblent se dessiner en Algérie.
La première chose que l’on constate en arrivant à Alger est une recrudescence des attentats. Peu de jours se passent sans qu’une ou plusieurs victimes tombent sous les balles ou le couteau des tueurs. De cette nouvelle flambée de terrorisme urbain qui était longtemps demeuré cantonné dans les villes de l’Est algérien, et principalement à Constantine, on donne plusieurs explications.
Article paru dans le quotidien Le Monde, le 19 mai 1956.
Une quinzaine de Français musulmans ont été égorgés dans la région de Palestro. Ils appartenaient, croit-on, au Mouvement national algérien, et l’on en déduit que le modus vivendi sur lequel le M.N.A. et le Front de libération nationale se sont mis d’accord dans certaines régions (Alger et Constantinois notamment) ne revêt encore qu’un caractère local.
Source :Edgar Morin, Autocritique, Paris, Seuil (Points), 1991, p. 187-203.
En automne 1955, Antelme, Mascolo, Louis-René des Forêts et moi fondions le Comité d’action des intellectuels contre la guerre en Algérie. C’était l’époque où une lame de fond semblait vouloir se former dans le pays. Des casernes étaient assaillies. Des jeunes rappelés chahutaient. D’autres voulaient se planquer. Le parti communiste s’efforçait de canaliser le mouvement dans un sens légal pétitionnaire et il lui brisait les reins. Nous voulions nous élever contre le principe même de la guerre coloniale et pour le principe même du droit des peuples. Notre force première était d’être indépendants. De nombreux intellectuels de gauche adhérèrent au comité. Quelques communistes, déçus par la mollesse tacticienne du parti, nous rejoignirent quoiqu’on les eût mis en garde contre ce « comité d’exclus ».
Source : Jean Poperen, La Gauche française. Le nouvel âge (1958-1965), Paris, Fayard, 1972, p. 70-74.
La gauche française et le duel FLN-MNA
(…) en métropole, dans les milieux ouvriers les plus politisés, le MNA de Messali Hadj conserve une implantation notable. Les hommes qui l’animent ont souvent appartenu au mouvement communiste durant l’entre-deux-guerres et, lorsqu’ils rompirent, ils furent accusés par les communistes de tendances « nationalistes » et « trotskystes ». La vraie raison de leur rupture est qu’ils jugeaient insuffisante l’action du PCF pour la réalisation de l’indépendance algérienne.