Dans la « R. P. » de juillet-août 1959, le camarade Louzon a publié un article sous le titre « Requête à Messali Hadj« .
Tout d’abord, il a rendu hommage au Président du M.N.A. en des termes pleins de sympathie et de grandeur. Il faut le dire, il peint admirablement bien l’ouvrier et le dirigeant courageux qui a consacré sa vie entière au service des travailleurs algériens et à leur éducation.
Je suis très heureux d’annoncer la parution prochaine aux Presses universitaires de France de mon second livre intitulé Algérie, une autre histoire de l’indépendance. Trajectoires révolutionnaires des partisans de Messali Hadj. Cet ouvrage de 336 pages sera disponible en librairie le 6 mars.
Voici la quatrième de couverture de cet ouvrage qui synthétise une dizaine d’années de recherches :
Les premiers coups de feu ont été tirés à Paris il y aura bientôt trois ans. Depuis, ils se sont multipliés et ont fait des victimes tant parmi les Nord-Africains que dans la population française.
Article d’Assia Khalifa paru dans Et Thaoura, journal révolutionnaire marxiste d’Algérie, n° 4, avril 1983, p. 2.
Quelle peut être l’arme pour le pouvoir, afin de s’assurer une relative stabilité et faire oublier à des millions d’Algériens, la misère dans laquelle ils vivent ? …
La coupe du monde 82, nous a montré que ce moyen, très efficace par ailleurs et qui a fait ses preuves, reste le FOOTBALL.
Nous publions ici la première partie d’une série d’articles sur la lutte de libération nationale en Algérie. La seconde partie paraîtra dans le prochain numéro de « Travailleurs Immigrés en Lutte ».
Dans un pays soumis à une sévère dictature comme l’Algérie, la lutte pour les « libertés démocratiques » des masses opprimées, c’est-à-dire le droit pour les ouvriers, paysans pauvres, chômeurs de s’organiser, de se réunir, de s’exprimer, de faire grève, manifester, est un problème de première importance. Cette lutte ne se sépare d’ailleurs pas de la lutte pour la révolution socialiste et l’instauration de la dictature du prolétariat. Elle correspond en effet aux aspirations et aux besoins profonds de tous les exploités et les révolutionnaires et la classe ouvrière doivent se faire l’expression de cette aspiration pour prendre la tête de la lutte contre la dictature.
Depuis la mort de Boumédiène, la lutte pour le pouvoir bat son plein en Algérie. La presse à la solde du régime ne fait évidemment aucune allusion à cela, mais dans les coulisses, les magouilles vont bon train.
Dans le numéro précédent de notre journal, nous avions dénoncé le PRS (Parti de la Révolution Socialiste) comme un parti nationaliste petit-bourgeois. Nous avions montré que le PRS n’avait pas rompu quant au fond avec la politique du FLN ; le même populisme, le même langage socialisant, et aussi, et c’est le principal, le même nationalisme…
Le 10 mars 1975, Dalila Zeghar, jeune bourgeoise algérienne, réussissait à se marier secrètement en France avec Denis Maschino, un Français qu’elle aimait. Sous les menaces du frère de Dalila, quelques mois plus tard, les voilà contraints de fuir vers le Canada pour chercher la sécurité : Messaoud Zeghar, en effet, un des plus gros bourgeois d’Algérie, mécontent que, selon lui, sa sœur ait outrepassé sa loi et n’ait pas épousé celui qu’il lui avait choisi, ne cesse d’annoncer qu’il enverra ses hommes de main pour la ramener de gré ou de force.
Le cercle Abdallatif Zeroual est un groupe de « marxistes-léninistes » algériens. Nous lui consacrons cet article, et sans doute nous lui en consacrerons d’autres dans l’avenir, parce que nous pensons qu’il est du devoir des communistes révolutionnaires internationalistes de démasquer ceux qui se parent du drapeau du prolétariat afin de mieux le dévoyer.
L’UGAC a toujours porté au peuple algérien, l’aide et le soutien qu’il méritait. Dès le début de la guerre d’Algérie, nous fûmes aux côtés de nos frères algériens dans leur lutte contre le colonialisme et le capitalisme, lutte qui était aussi la nôtre, ce que la « gauche » n’a jamais voulu comprendre.
Pour ce premier texte, nous choisissons l’ALGERIE parce qu’elle est proche de nous, et pas seulement dans le temps et dans l’espace, mais nous connaissons mieux les problèmes de nos camarades algériens qui viennent de publier un texte dont le préambule est :
« Nous souhaitons qu’il soit pour tous les révolutionnaires, une contribution qui nous aidera à la clarification nécessaire aux luttes en cours. »
Article de Guy Germinal paru dans Noir et Rouge, n° 15-16, printemps-été 1960, p. 1-32.
AVANT-PROPOS
L‘historien Michelet, plusieurs fois cité, écrivait : « La liberté du catholicisme dans un gouvernement républicain est uniquement et simplement la liberté de conspiration. »
Il peut sembler paradoxal que la bourgeoisie conspire au sein de son propre régime alors que les représentants de la classe ouvrière en sont réduits bien souvent à lutter pour une « légalité ». Le problème se résume à savoir si l’idéal révolutionnaire peut mieux se développer dans les masses au sein d’un régime de liberté qu’au sein d’un régime de dictature…
Article d’Edgar Morin paru dans Arguments, 2e année, n° 10, novembre 1958, p. 27-31.
Que l’on s’entende bien. Je suis internationaliste et non nationaliste. Je ne respecte pas le nationalisme algérien comme un nationaliste éclairé respecterait un nationalisme étranger, légitime comme le sien propre. Au fait, je ne respecte rien. Ce qui mérite d’être reconnu et défendu, dans le nationalisme algérien, c’est la revendication à la dignité et l’égalité de 8 millions d’êtres humains, et c’est la condamnation d’un système colonial et raciste.
Interview de Messali Hadj recueillie par Paul Roos, Oise Actualités, 21-22 octobre 1966.
Habitant maintenant une modeste maisonnette dans un quartier ouvrier de Lamorlaye, le leader nationaliste algérien Messali Hadj, chef du P.P.A. – qui fut, rappelons-le, le premier à réclamer l’indépendance pour l’Algérie et ce au début des années 20 – a bien voulu rompre un silence de plusieurs mois pour répondre aux questions que nous sommes allés lui poser sur deux sujets d’une brulante actualité : l’affaire Ben Barka et les dissensions au sein du gouvernement de l’Algérie d’aujourd’hui.
Mon dernier texte intitulé « De la Kanaky à l’Algérie en passant par Louise Michel » vient d’être mis en ligne sur le site de Middle East Eye. Lien
En voici les premières lignes :
« Trente ans après les vingt et un mort des « événements » d’Ouvéa et les accords de Matignon-Oudinot, destinés à garantir une « paix durable fondée sur la coexistence et le dialogue », les électeurs de Kanaky (Nouvelle-Calédonie) se sont prononcés, avec 56,7 % des voix exprimées et plus de 80 % de participation, contre la question suivante : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? ».
Extrait des études du Secrétariat Social d’Alger, La Cohabitation en Algérie. A la recherche d’une communauté, Alger, éditions du Secrétariat Social d’Alger, 1956, p. 187-188
VI. Cohabitation et standard de vie.
L’Algérie est un pays sous-développé, pauvre, et, ce qui est plus grave, en voie de régression économico-sociale. Les causes de cette situation sont nombreuses et ne tiennent pas toutes à l’homme ; dans la perspective de la cohabitation, il convient d’en relever deux principales :
Article d’Al Bourquii paru dans Spartacus, n° 13, mars-avril 1979, p. 5-6
En quinze jours, la presse et les medias auront consacré plus de place à l’Algérie qu’ils ne le firent en treize ans de régime boumedieniste. Hier il fallait jouer des pieds et des mains pour s’informer sur la situation algérienne. Aujourd’hui on sait pratiquement « tout » sur les difficultés du pays et le mécontentement de la population : crise économique, démographique, faillite de la réforme agraire, maigre bilan de la politique d’industrialisation.
Article paru dans Le Prolétaire, n° 398, octobre-novembre 1988, p. 1-2
Les émeutes qui ont enflammé durant une sanglante semaine une bonne partie du pays ne se réduisent pas à un « coup de fièvre de la jeunesse », mais sont l’expression d’un mouvement social aux origines indiscutablement prolétariennes (1).
Mon dernier article intitulé « Mémoires torturées – Maurice Audin et les fantômes de la guerre française en Algérie » vient de paraître dans le mensuel de critique et d’expérimentation sociales CQFD, n° 169 (octobre 2018).
Extrait de l’article d’André Adam, « Chronique sociale et culturelle », paru dans l’Annuaire de l’Afrique du Nord, Vol. 3, 1964, p. 184-188.
4. – LE PROBLEME DE LA FEMME
Encore un débat qui n’est pas près de s’achever ! N’allons pas nous imaginer que, dans cette affaire de l’émancipation de la femme algérienne, tous les vieux soient contre et tous les jeunes pour. Les choses ne sont pas aussi simples. L’Union algérienne des centres de vacances a organisé à Alger une série de débats entre lycéens des classes de seconde, première et terminales sur le problème de la « mixité », dont le compte rendu a paru dans Alger républicain des 18 à 21 février. Nombre de ces jeunes gens sont fort lucides. Il faut, dit l’un, pour que la mixité soit possible, « une reconversion des esprits et de la mentalité ».
Voici le texte de notre camarade Daniel Guérin qui figure en tête d’un recueil qui vient de paraître aux Editions Martinsart (72, bd. de Sébastopol – Paris II). Ce recueil fait partie d’une série de huit volumes reliés, intitulés « Les Grands Révolutionnaires », Ils ne sont pas en vente en librairie et ne peuvent être acquis que par souscription. C’est pourquoi nous avons jugé utile en détacher des extraits de la préface qui suit.
Extrait de l’article d’André Adam, « Chronique sociale et culturelle », paru dans l’Annuaire de l’Afrique du Nord, Vol. 3, 1964, p. 176-180.
2. – LA RELIGION
De tous les débats engagés depuis l’indépendance sur l’Algérie nouvelle, sur « la personnalité algérienne » et sur « la culture algérienne », l’Islam n’a jamais été absent. Mais l’année 1964 se caractérise par une réaction religieuse particulièrement vive, trop profonde et trop forte en tout cas pour que le régime ait voulu courir le risque de la cantonner dans l’opposition.
Extrait de Maurice Clavel, Le jardin de Djemila, Paris, René Julliard, 1958, p. 19-22.
CHRONIQUE
Paris, février-avril 1957
I
J’avais quelques amis au Mouvement National Algérien et je m’en méfiais plaisamment : trop français. En eux semblaient revivre nos vieux révolutionnaires, dont il ne reste plus les noms que dans quelques rues vastes et laides, métros aériens, cœurs désuets : Barbès, Blanqui – ces gens qui ont peu agi dans leur siècle, ayant passé en prisons bourgeoises trop de leur vie, sans rien semer plus loin, la liberté s’étant faite science et police. Mes amis étaient une résurrection étrange, d’un naturel que le dépaysement accusait.
Article de Claude Devilliers paru dans Inprecor, n° 138, 6 décembre 1982, p. 27-31
Museler le mouvement de masse et avancer prudemment vers une « libéralisation économique » sont les deux piliers de la politique de Chadli Benjedid
IL y a vingt-huit ans, le 1er novembre 1954, les premières actions du Front de libération nationale (FLN) marquaient le début du soulèvement armé algérien contre le colonialisme français. Au terme d’une longue guerre de libération, le 3 juillet 1962, l’Algérie arrachait son Indépendance. Le peuple algérien avait payé cette victoire au prix fort : un million de morts, 400 000 détenus, 300 000 réfugiés, et plus de 3 millions de personnes déplacées. Toute la population algérienne avait été touchée et brassée par la tourmente.
Article de Chafia paru dans Oiseau-tempête, n° 4, hiver 1998, p. 34
ON NE MESURE PAS ENCORE, aujourd’hui, les traumatismes qu’a subis la société algérienne durant les années de spoliation coloniale et les sept années de guerre contre la puissance française. Et lorsque les médias français réduisent, depuis des années, l’Algérie à cette autre guerre plus récente, ignorant délibérément le refus d’un peuple de soutenir l’un ou l’autre camp, niant les résistances sociales contre les plans d’une bourgeoisie insolente aujourd’hui et plus pressée aussi d’en découdre avec les « gueux », on peut se demander s’il ne s’agit pas d’une épuration d’une mémoire coupable. Comme si les atrocités d’aujourd’hui effaçaient celles d’hier, inscrivant la violence dans les gènes d’un peuple… On construit les murs que l’on peut contre l’histoire quand elle accuse.
Article de J. C. publié dans Echanges, n° 86, janvier-mars 1998, p. 46-50.
L’horreurdes massacres en Algérie amène à en chercher la raison. Deux thèses principales s’affrontent : première thèse, l’horreur aurait comme cause le fanatisme religieux ; deuxième thèse, l’horreur aurait comme cause un complot, les massacres étant commis de cette façon·là par des membres de la police ou de l’armée algérienne pour faire apparaître l’ignominie du camp islamiste, et pour empêcher ainsi toute solution négociée avec les islamistes.
Dans les trois semaines que je viens de vivre ici, j’ai eu l’occasion de me rendre compte qu’un choc terrible – entre les deux communautés : arabe et européenne – est inévitable.
L’insécurité est totale dans l’intérieur du pays. A quand le tour des villes, même côtières ? La pression des « rebelles » est si forte que les Européens seront obligés de se battre, s’ils ne veulent pas être jetés à la mer. Or les Européens, enracinés en Algérie depuis bien plus longtemps qu’en Tunisie et au Maroc, considèrent que l’Algérie est leur chose, sans aucune réserve. Ils se battront résolument, car le privilège n’exclut pas le courage. Quant à celui des Arabes, on le connaît ; il n’est pas inférieur.
ALGERIE : A la suite des deux lettres publiées dans le N° 25 et d’une brève réponse figurant dans le N° 26, nous avons fait quelque mises au point et reçu d’autres réponses. C’est ce dossier que nous publions intégralement, malgré sa longueur. Si le débat s’élargissait, nous envisagerions une brochure centrée sur les comités de gestion.
A la suite de la publication de deux lettres de camarades d’Algérie (ICO N° 25 – Janvier 64) nous avons reçu la lettre suivante d’un camarade de France :
« Je ne peux lire sans consternation le passage de la lettre d’Algérie page 14, où l’on dit que le « départ des français est plutôt une catastrophe… et les paysans préféreraient travailler pour des européens que pour des comités de gestion ! »
Nous ouvrons ici, avec deux lettres de camarades partis comme enseignants en Algérie un dossier et un débat sur la réalité algérienne et sur la société prétendue par certains « socialiste » qui prend la place de la société de type colonial.
Si l’on reprend toute la collection d’ICO on peut voir que nous n’avons jamais eu d’illusions sur ce que serait « l’indépendance » algérienne et que nous avons essayé d’analyser, notamment par des critiques de livres ce que sont les structures politiques et sociales des pays dits « sous-développés » (ou tiers-monde), pays placés dans la compétition impérialiste URSS-USA, et par voie de conséquence, aux prises avec une classe dirigeante qui tend à donner aux problèmes économiques et sociaux les solutions qui maintiennent sa domination et accroissent sa puissance.
Article paru dans Le Prolétaire, n° 28, janvier 1966
Dans une résolution adoptée après le coup d’Etat de Boumedienne, le C.C. du P.C.F. déclarait : « Le comité central, en se gardant de toute ingérence dans les affaires intérieures de l’ Algérie, constate que la Constitution a été violée et qu’un coup sérieux a été porté à la cause algérienne, ainsi qu’au mouvement de Libération nationale des peuples ». Ne nous étonnons pas de ce « respect » du P.C.F. pour une Constitution typiquement bourgeoise, ni de ses protestations de « non-ingérence ». Cela répond parfaitement au légalitarisme qu’il affiche depuis des dizaines d’années. Ne nous étonnons pas davantage qu’il déplore la chute d’un pouvoir qui, en novembre 1962, décrétait la dissolution du « Parti communiste d’Algérie », c’est-à-dire d’un parti-frère : Moscou n’avait-elle pas accueilli le « socialiste » Ben Bella comme un « ami », un « camarade » et comme » « le plus grand révolutionnaire d’Afrique » ? On n’est pas plus royaliste que le roi… Mais voyons quelle est donc cette « cause algérienne » que le P.C.F. juge si gravement compromise. Pour nous qui avons déjà vu Ben Bella l’invoquer contre les dockers algérois en grève, les choses sont claires : ça n’était plus la cause d’un mouvement révolutionnaire, mais une raison d’Etat, un principe d’ordre bourgeois, et dès lors, un Boumedienne est à priori tout aussi indiqué qu’un Ben Bella pour la défendre et l’illustrer. Mais le P.C.F., lui, ne croit pas aux faits : il croit aux mots ; pour lui, le « programme » du benbellisme est, et reste celui de la Charte d’Alger, approuvé en avril 1964 au 1er Congrès du F.L.N. : « ne pas laisser compromettre la victoire historique sur l’impérialisme et mettre en cause l’option socialiste » « assurer dans la liberté le développement de l’Algérie nouvelle, démocratique et progressiste ». C’est sa phrase socialiste, qui attache le P.C.F. au souvenir du benbellisme. Ce que valait cette phrase, nous allons le voir.
Entretien de Paul Thibaud et Pierre Vidal-Naquet, « Le combat pour l’indépendance algérienne : une fausse coïncidence », propos recueillis par Daniel Lindenberg et Olivier Mongin,Esprit, janvier 1995, p. 142-152.
PIERRE VIDAL-NAQUET – J’ai jadis, dans Vingtième Siècle, proposé une tripartition des engagements intellectuels durant la guerre d’Algérie.
Il y avait d’abord ceux que j’appelle les « dreyfusards » — en disant cela, je ne me pose pas personnellement en pur dreyfusard —, c’est-à-dire ceux qui parlaient du salut éternel de la France. Il y avait ensuite les « bolcheviques » qui voyaient la Révolution algérienne à l’image de la Révolution d’octobre : pour eux le mouvement révolutionnaire était indissociable d’un parti jacobin qui devait en incarner la tête. Certains pensaient même que la résistance à la guerre d’Algérie pouvait représenter le noyau d’un parti révolutionnaire en France. Enfin, troisième catégorie, il y avait les « tiers-mondistes » pour lesquels l’Algérie était le noyau historique d’une résurrection autonome de valeurs révolutionnaires : c’était l’Algérie des « damnés de la terre » de Frantz Fanon, qui prenaient dans le contexte une valeur quasi christique.
Article de Saïd Akli paru dans Inprecor, n° 274, 17 octobre 1988, p. 3-5
POUR LA PREMIERE FOIS depuis le coup d’Etat militaire du 19 juin 1965, I’Algérie connaît l’état de siège et l’armée a tiré sur les manifestants dans plusieurs villes du pays. La sauvagerie de la répression militaire a dépassé toutes les limites de l’imaginable, pour une population traditionnellement habituée à voir la presse et le télévision nationales dénoncer de telles pratiques en Israël, en Afrique du Sud, au Chili et ailleurs.
En seulement 6 jours, le soulèvement national de la jeunesse algérienne s’est déjà soldé par près de 500 morts (176 selon les sources officielles), des centaines de blessés et des centaines d’arrestations. Ce bilan provisoire très lourd exprime mieux que toute analyse, la consommation totale de la rupture politique entre les masses populaires et le pouvoir.
Article paru dans Alarme, organe du Ferment ouvrier révolutionnaire, n° 40, avril à décembre 1988, p. 14-15.
« Les Ferhat Abbas et Ho Chi Minh, tout à fait comparables aux Massu métropolitains et aux colons, ne peuvent agir que par le recul de la révolution, et par les innombrables manigances inter-impérialistes du marchandage entre les deux blocs. »
« La fin de l’éternité ». G. Munis, 1959.
La vague de grèves, aboutissant aux journées d’émeutes d’octobre 88, souligne nettement la nature de quelques conceptions sur l’Algérie et les « nations indépendantes ».
Lettres publiées dans Le Brise-Glace, n° 2-3, printemps 1989, p. 28.
Début octobre 1988
Bonjour,
(…) J’ai passé une dizaine de jours au bord de la mer (…) la mer ici c’est tout ce qui reste de beau. Notre pays est en train de vivre un moment très difficile, une grande crise économique. L’inflation bat son plein, ce qui augmente le nombre des corrompus d’un chiffre considérable. La corruption est partout. Ça touche même les couches du peuple. Le peuple souffre et se lamente avec un silence qui se fera entendre bien haut tôt ou tard. Car il y a ici un vrai ras-le-bol. Mais voilà, malheureusement, les leaders manquent, l’organisation des masses populaires n’existe pas.
Comme pour venger l’affront qu’il lui infligea durant quinze années, en combattant ses troupes avec peu de moyens et dans des conditions nettement défavorables, la France n’a retenu d’Abdelkader que le souvenir de sa reddition ; de même qu’elle a prétendu en avoir fait un « ami fidèle ». Si l’oubli de ce personnage peut s’expliquer en partie par le temps, la France officielle nous rappelle aujourd’hui qu’elle a toujours eu la mémoire courte, l’amitié mesquine et la fidélité trompeuse à l’égard de ceux qui l’ont servie loyalement. Et, par exemple, ne se souvient de l’existence des harkis, autres amis fidèles, que le temps d’une campagne électorale.
« … Il semble que l’activité intellectuelle se développe un peu ici mais c’est assez orienté selon les idées de Frantz Fanon, la revendication des peuples sous-développés, mort à l’Europe, vive l’Arabisme, ce n’est pas tellement satisfaisant, intellectuellement parlant.
Article paru dans Le Communiste, n° 15, novembre 1982, p. 35-37.
Le groupe « El Oumami » (« L’Internationaliste ») section du « P .C. I. » (« Le Prolétaire » ‑ « Programme Communiste ») pour l’Algérie vient de quitter avec « armes et bagages » cette organisation. Conséquence d’une « crise larvée (qui) ronge le parti communiste international depuis au moins un an », c’est sur l’appréciation des événements du Liban (1) et plus particulièrement sur la « légitimité du sentiment national arabe », sur le soutien plus ou moins ouvert au nationalisme palestinien impliquant de facto la participation à la boucherie capitaliste, que s’est effectuée cette scission organisationnelle.
Article paru dans Jeune Taupe, n° 20, avril-mai 1978, p. 17-18.
Contrairement aux autres pays arabes, l’Algérie apparait comme le seul Etat où il ne se « passerait rien ». Une véritable conspiration du silence sur la situation sociale de l’Algérie s’est installée, scellée par l’alliance de tous les organes d’information, de la droite à l’extrême gauche (cf. par exemple « Libération »). Pour ce qui est du journal « Le Monde », il faut savoir lire entre les lignes pour se rendre compte de l’existence de « malaises ». On s’épanche d’autant plus facilement sur le conflit du Sahara Occidental (où l’Algérie joue un rôle de premier plan (1) ) que l’on tait la situation interne de l’Algérie.
Article paru dans Courant alternatif, mensuel édité par l’Organisation communiste libertaire, n° 37, juin 1984, p. 12-13.
A l’heure où il devient de bon ton de parler de la « montée de l’intégrisme musulman » – même C.A. s’y met – il convient d’être prudent dans l’analyse d’un phénomène qui nous est très étranger. Deux dangers : le premier, la généralisation : puisqu’il y a montée de l’intégrisme musulman, la montée serait le fait de tous les pays islamisants ; le second, le manque de rigueur dans la définition du mot « intégrisme ». L’intégrisme n’est pas la pratique ou la présence d’une religion ; il s’agit bien de fanatisme et de sectarisme. En ce sens, l’Algérie me parait une situation particulière dans le monde musulman ; situation intéressante à étudier, tout en restant prudent quant à l’analyse très fragile puisque sujette à remise en question permanente (l’Algérie n’est pas à l’abri d’une flambée d’intégrisme).
Article de René Lustre paru dans Le Libertaire, n° 369, 30 juillet 1953.
L’ASSASSINAT des sept Nord-Africains sur la place de la Nation, le 14 juillet, a soulevé l’indignation populaire. Malgré toute la bonne volonté déployée par la presse dite d’information pour enlever la responsabilité directe aux forces policières de l’impérialisme, personne ne put croire aux versions données et toutes différentes.
Lettre d’Albert Camus parue dans Le Monde, 19-20 juillet 1953.
M. Albert Camus nous a adressé la lettre suivante :
« Monsieur le directeur,
« Un certain nombre de vos lecteurs, dont je suis, n’auront pas appris sans une certaine admiration qu’en conclusion de la tuerie du 14 juillet le gouvernement avait ouvert une information contre X pour violences à agents. Il y a là en effet un assez bel exemple de cynisme.
Extrait de la brochure du Parti de la révolution socialiste, Remarques critiques à propos de la « charte nationale », collection El Jarida, 1976, p. 25-29
(…) Mais les aspects les plus réactionnaires de la « charte » apparaissent lorsqu’on aborde les questions idéologiques et culturelles. Dans ces domaines s’affirme d’une façon éclatante le caractère totalitaire de l’idéologie officielle : par le refus de la diversité, le terrorisme intellectuel, l’intolérance érigée en système. Le but visé est d’étouffer la contestation, de tuer l’initiative créatrice, de créer la passivité en imposant un conformisme intellectuel au nom duquel tout ce qui n’est pas dans la norme établie par le pouvoir doit être condamnée, rejetée.
Extrait de l’entretien de Maxime Rodinson avec Gilbert Achcar réalisé en 1986 et paru dans Mouvements, n° 36, novembre-décembre 2004, p. 75-76
L’intégrisme islamique est une idéologie passéiste. Les mouvements intégristes musulmans ne cherchent pas du tout à bouleverser la structure sociale, ou ne le cherchent que tout à fait secondairement. Ils n’ont modifié les bases de la société, ni en Arabie Saoudite, ni en Iran. La « nouvelle » société que les « révolutions islamiques » établissent ressemble de façon frappante à celle qu’elles viennent de renverser. Je me suis fait réprimander en 1978 lorsque j’ai affirmé, de manière très modérée, que le cléricalisme iranien ne laissait présager rien de bon. Je disais « au mieux, Khomeiny sera Dupanloup, au pire Torquemada ». Hélas, c’est le pire qui est arrivé.
Article paru dans El Jarida, organe du Parti de la révolution socialiste, n° 14, août-septembre 1973, p. 27.
La situation de la jeunesse est à l’ordre du jour en Algérie. Nous avons déjà abordé ce problème sous l’angle de la scolarisation dans notre numéro 10-11 du 15 juin 1971. Il est repris aujourd’hui en liaison avec le développement du banditisme et la généralisation de l’insécurité dans les villes.
Face à ce problème, les responsables s’alarment et la presse, aux ordres, ne manque pas d’imagination pour dégager la responsabilité du pouvoir.
Article paru dans Travailleurs immigrés en lutte, mensuel de l’Organisation communiste révolutionnaire internationaliste d’Algérie, n° 45, novembre 1980, p. 5-7.
Nous avons établi dans notre précédent numéro la collusion existant entre la Fraternité Musulmane et la monarchie ; il nous faut aussi évoquer ses liens avec les représentants du colonialisme britannique.
Article paru dans Travailleurs immigrés en lutte, mensuel de l’Organisation communiste révolutionnaire internationaliste d’Algérie, n° 44, octobre 1980, p. 3-4.
Depuis quelques années, on constate dans l’ensemble des pays arabes une recrudescence des activités des groupes se réclamant de l’Islam. La victoire de la « révolution islamique » en Iran a donné un véritable coup de fouet à l’intégrisme religieux.
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