C’est le quatrième dirigeant parisien de l’U.S.T.A. condamné à mort par l’U.G.T.A. (pro-F.L.N. et membre de la C.I.S.L.)
Le secrétaire général adjoint de l’Union syndicale des travailleurs algériens (U.S.T.A.), M. Filali Abdallah, a été victime d’un attentat rue d’Enghien. Atteint de quatre balles dans le dos, le syndicaliste algérien a été transporté dans un hôpital parisien. Son état est critique.
Extrait de : Kader Ammour, Christian Leucate et Jean-Jacques Moulin, La voie algérienne. Les contradictions d’un développement national, Paris, François Maspero, 1974, p. 175-176.
Pour une alternative révolutionnaire
Face à la montée de la bourgeoisie industrielle, face à l’approfondissement de la dépendance vis-à-vis de l’impérialisme, face au durcissement des antagonismes sociaux et de l’oppression politique, face à la mystification idéologique des discours socialisants de la technocratie, il n’est pas d’autre issue historique, pour le prolétariat algérien et les masses rurales, que de se libérer de la tutelle exercée par la petite bourgeoisie bureaucratique, que de s’affirmer de manière autonome comme force sociale organisée ayant vocation dès maintenant à assurer la pleine direction politique du processus révolutionnaire.
Extraits de Maxime Rodinson, Marxisme et monde musulman, Paris, Le Seuil, 1972
Sur les arabophiles sentimentaux, p. 19-20 :
L’expérience stalinienne m’avait fait comprendre que la légitimité de la protestation d’un ensemble d’hommes exploités ou opprimés ne suffisait pas à garantir leur impeccabilité, la justesse de leurs programmes, de leurs stratégies et de leurs tactiques. Cela ne s’applique pas seulement aux prolétaires et aux couches sociales défavorisées de l’Europe. C’est tout aussi vrai des peuples du monde musulman et notamment des peuples arabes. Toute la sympathie que j’ai pour eux, tout le soutien que j’apporte à leurs revendications légitimes ne débouchent pas sur une approbation sans critique de toutes leurs démarches, sur un amour total et inconditionnel du genre de celui que je vois fleurir chez pas mal d’arabophiles sentimentaux qui ne savent s’orienter dans le monde complexe des luttes d’aujourd’hui que suivant les options simplistes, voire puériles, de l’amour et de la haine, également inconditionnels. Aucun peuple n’est entièrement pur et innocent, aucun n’est coupable sans rémission. Encore moins leurs dirigeants, quand bien même ils se pareraient de l’étiquette de révolutionnaires, trop facile à s’attribuer. D’ailleurs, aucun peuple ne forme un bloc indifférencié et, même vis-à-vis des mêmes projets globaux, les attitudes des divers groupes qui le composent sont inégalement sympathiques ou critiquables. Et puis, l’amour de soi qui développe chez les intéressés eux-mêmes toute orientation nationaliste, fût-elle justifiée au départ, produit tous les effets néfastes que suscite toujours ce sentiment, aussi bien chez les individus que chez les groupes.
Extrait du livre : Mezioud Ouldamer, La cruauté maintenant, Cabris, éditions Sulliver, 2007, p. 154-156.
Divers exemples de corruption du pouvoir sont fournis, à l’échelon le plus bas, par des pays aussi différents et éloignés en apparence que peuvent l’être l’Algérie et l’Équateur. Si peu comparables qu’ils paraissent, leurs ressemblances sont réelles et révèlent les traits d’une nouvelle identité comme acquise en peu de temps. Ici comme là, dès l’abord et sans que ce soit le trait dominant, l’arbitraire – mais il faudrait dire la stupidité – n’y fait pas la loi, il est explicitement du même domaine que la foi, et reflète cette nouvelle distribution non contrôlée du pouvoir à l’échelle de la planète. La stupidité va jusqu’à la hauteur du burlesque, quand ces États se piquent de distribuer aux populations leurs terres, de les rendre propriétaires ni plus ni moins de ce qui leur appartenait déjà, qui était leur seul bien avant la naissance même de ces États.
Extrait du livre : Mezioud Ouldamer, L’économie et son trouble, Paris, éditions SIHAM, 1994, p. 24-27.
Il m’a été signalé ceci : des esprits faibles trouvent matière à me citer. Quelle horreur! Mais qu’y puis-je? Je ne peux pas répondre de l’usage fait d’écrits publics. Qui est à l’abri du pillage malveillant et tendancieux? L’Internationale situationniste a été pompidolisée à la raffinerie de Beaubourg; l’Encyclopédie des Nuisances saluée par un droitiste, elle a même bénéficié d’une mention dans un journal gouvernemental, en Algérie ; Lénine faisait ses choux gras des livres de Marx. (…)
Article paru dans El-Oumami, n° 20, décembre 1981.
Le 28 octobre, une centaine de femmes ont manifesté devant le siège de l’APN à Alger contre le projet de statut personnel, nouvelle mouture du code de la famille moyenâgeux que la bourgeoisie, surtout à travers ses portes-paroles traditionalistes, cherche à imposer pour sanctionner l’oppression et les discriminations qui frappent les femmes en Algérie à tous les niveaux.
Articles parus dans El-Oumami, n°15, avril-mai 1981, p. 6-9
La mobilisation qui a eu lieu ces derniers mois à Alger contre l’interdiction aux femmes de sortir librement du territoire a permis de lever le voile sur l’oppression particulière qui pèse terriblement sur les femmes en Algérie. Dans la réalité, le statut d’infériorité imposé à la femme se retrouve dans tous les domaines de la vie économique, sociale et politique.
Article paru dans el-Oumami, organe du Parti communiste international, n° 11, septembre-octobre 1980.
En attendant de faire un travail sur la condition féminine dans les pays du Maghreb nous publions ici quelques notes d’une camarade sur la situation de la femme en Algérie pour faire ressortir le poids des discriminations juridiques et sociales qui pèsent encore sur le sexe féminin et les effets qu’elles ne peuvent pas ne pas avoir sur la lutte des classes.
Manifeste repris par Tribune algérienne, n° 15, mai 1978, p. 39-44 et par Sou’al, n°4, novembre 1983, p. 121-125
Préambule*
De plus en plus les femmes dans le monde sont amenées à lutter contre l’arbitraire et l’injustice qui leur sont faits.
Les femmes algériennes ne sont pas épargnées de ce sort répressif. Elles ont eu plusieurs fois l’occasion de montrer qu’elles étaient les premières à ressentir et à souffrir des contradictions existant dans la société algérienne, et ce par la quotidienneté de leur oppression.
Texte paru dans la revue Sou’al, n° 7, septembre 1987, p. 153-154
Les journalistes algériens – donc l’État – sont-ils devenus à ce point amnésiques pour oser ainsi falsifier l’Histoire ? Pour nous qui, au nom d’un certain nombre de valeurs que nous croyions communes, avions soutenus les Algériens durant leur lutte, leurs propos concernant le procès de Klaus Barbie sont à la fois consternants et révoltants. De même que l’expression de leur racisme antijuif digne des « meilleures » pages de Brasillach.
Texte paru dans la revue Sou’al, n°7, septembre 1987, p. 151-152
Nous voulons simplement, à l’occasion du procès de Klaus Barbie, mettre au clair certaines vérités historiques et rappeler quelques principes pour nous, Algériens, qui avons lutté pour l’indépendance de notre pays. Me Jacques Vergès cherche, aujourd’hui, à associer des « crimes contre l’humanité » commis par Klaus Barbie aux « crimes de guerre » perpétrés par l’ex-puissance coloniale en Algérie et cet amalgame trouve parfois, malheureusement, crédit dans notre pays.
Texte paru dans la revue Sou’al, n°7, septembre 1987, p. 149-151
A propos de l’affaire Barbie, ces quelques remarques…
1/ Il y a une spécificité du « crime contre l’humanité » et ce serait une erreur grave que d’assimiler tout crime, tout massacre, toute exaction à cette notion juridique nouvelle. Ce qui est mis au compte du nazisme c’est une volonté délibérée, que son idéologie légitime, de nier toute appartenance à l’humanité de certaines catégories d’êtres humains et de prétendre nettoyer la planète comme on nettoie un matelas de ses punaises et comme on aseptise un linge à l’hôpital.
Article paru dans Nouvelle Gauche, n° 21, 11 au 24 février 1957.
En poursuivant pendant 13 jours la grève de la faim pour obtenir le bénéfice du régime politique, les 40 militants du M.N.A. dont nous avons déjà parlé dans ce journal n’ont pas seulement gagné la partie en ce qui les concerne, ils ont aussi suscité un grand mouvement d’unité à la prison de Fresnes, et leur victoire profitera dans l’avenir, à tous ceux, militants algériens et français, qui tomberont sous le coup de l’article 80 (atteinte à la sûreté extérieure de l’état).
La crise mondiale du capitalisme et ses douloureuses répercussions sur le sort déjà manifestement misérable de notre peuple, victime depuis 1830 d’un colonialisme dépossesseur et sanglant, jointes aux derniers événements à caractère évolutif du peuple de France que celui d’Algérie appelle à l’aide à la compréhension, restent pour notre jeunesse autant de sujets d’attention d’un enseignement utile, d’une influence bien marquante.
Article paru dans La Vérité, n° 442, 25 janvier 1957.
C’est dans le cadre des Journées d’études sur l’Afrique du Nord, organisées par le Mouvement de Libération du peuple (MLP) et qui se sont tenues les 19 et 20 janvier au centre administratif et social d’Asnières, que Robert Barrat a traité d’un sujet brûlant entre tous « les bases de la négociation en Algérie ».
Extraits d’un article de Paul Thibaud paru dans Esprit, n° 145, décembre 1988, p. 19-21
La révolte des jeunes Algériens, la répression brutale qui leur a d’abord répondu, puis les réformes ébauchées ont trouvé les intellectuels français singulièrement impréparés. Parmi d’autres réactions désolantes, la plus cocasse restera celle de Gisèle Halimi dans Libération (13 octobre) : elle ne savait pas que l’Algérie était une dictature ! elle n’en a été avertie que « très tard et très mal » par ses « amis algériens », « qui étaient au pouvoir ». Doit-on comprendre que la gauche mondaine ne s’informe que dans les cocktails ? Soyons plutôt honnêtes: tout le monde savait et tout le monde s’en fichait! La cause dont l’intelligentsia française s’était fait jadis un emblème, elle lui était devenue quasi indifférente. Ce que la déclaration laborieuse de quelques ex-121 ne saurait dissimuler. Ces héros se sont relus ; aujourd’hui comme hier, profèrent-ils, « la cause du peuple algérien est celle de tous les hommes libres ». Cette superposition du présent et du passé suggère que le combat des jeunes Algériens est le même que celui de leurs pères, il y a trente ans, et qu’à une génération d’intervalle ils trouvent à l’extérieur les mêmes valeureux alliés, toujours aussi fermes sur les principes. (…)
Extraits de la chronique de Jean-Marie Domenach parue dans Esprit, n°312, décembre 1962, p. 1039-1041.
Chaque fois que j’ai rencontré un responsable de la Résistance algérienne, je me suis trouvé en face d’une intransigeance totale, qui allait jusqu’à l’apologie inconditionnelle de la violence. Lorsque, en 1957, je rencontrai Abbane Ramdane, à Tunis, le simplisme brutal de ses propos m’épouvanta ; prenant une brochure sur la table (curieusement, c’était la Revue de défense nationale !), il s’écria : « l’Algérie, c’est très simple, c’est comme ce livre : vous me l’avez pris, rendez-le moi ! », et il m’exprima sa volonté de conduire l’action terroriste jusqu’à la victoire totale. On dira qu’il s’agissait d’un exalté (d’ailleurs généreux d’après ceux qui le connurent).
Extraits d’un article paru dans Afrique Informations, n°47, 15-31 janvier 1957.
Aux premiers jours de l’année, de trois éléments principaux paraissait dépendre la solution du problème algérien :
I. – LA DECLARATION d’INTENTIONS du gouvernement français comportant elle-même ses répercussions sur le prochain débat à l’O.N.U. Il s’agissait alors d’un élément inconnu.
II. – LES PERSPECTIVES ET LES REACTIONS DES REBELLES, et des deux organisations nationalistes, F.L.N. et M.N.A. qui en constituent l’expression politique, compte tenu de la rivalité entre les deux organisations.
Mon premier livre intitulé La Fabrique du Musulman. Essai sur la confessionnalisation et la racialisation de la question sociale sera disponible en librairie le 19 janvier 2017.
Les personnes intéressées peuvent dès à présent passer commande sur le site des éditions Libertalia [lien].
Le mensuel de critique et d’expérimentations sociales CQFDa publié, dans son numéro de décembre 2016, mon petit article sur le film de Nassima Guessoum 10949 femmes.
Cet émouvant documentaire est consacré au parcours de Nassima Hablal (1928-2013), militante indépendantiste algérienne, disparue le même jour que Mustapha Ben Mohamed, ancien dirigeant du Mouvement national algérien et du Parti des travailleurs.
Lettre parue dans La Voix du peuple, n°27 [novembre 1956] et diffusée sous forme de tract.
Monsieur le député,
L’Assemblée Nationale Française aura à débattre d’une très grave situation politique dominée par la guerre d’Algérie et les récents événements du canal de Suez. La paix a été sérieusement menacée et le monde a failli être entraîné dans un conflit dont les conséquences auraient été imprévisibles.
Article paru dans Le Libertaire, n° 390, 20 mai 1954.
A quelques semaines avant sa mort, il collait encore le « LIB » à Aulnay. Nous lui disions de se reposer, nous le sentions faible. Il n’y avait rien à faire. Il voulait militer, il voulait se battre jusqu’au bout.
Article paru dans Le Libertaire, n° 358, 30 avril 1953.
Venu dès sa jeunesse aux idées libertaires, Saïl Mohamed fut toujours un militant exemplaire. Agitateur, propagandiste, militant fraternel, il s’était fait une règle d’intransigeance, repoussant tout geste qui eût pu avoir un caractère mercantile, méprisant ses intérêts personnels.
J’ai accepté l’invitation d’Eric Bataillon pour son programme « Orient hebdo » sur RFI, radio du service public. L’interview, enregistrée le 14 octobre, a été diffusée le 5 novembre et demeure réécoutable en ligne (lien).
Ma dernière contribution intitulée « Les futurs de la révolution : Fragments sur les radicalités algériennes » (lien) a été publié dans l’édition du 28 octobre 2016 d’El Watan weekend. En voici les premières lignes :
« La Révolution anticoloniale constitue une source intarissable de réflexions qui, bien souvent, font écho à des enjeux très actuels qui dépassent les frontières nationales.
Mon article intitulé « Algerian feminism and the long struggle for women’s equality » a été publié le 4 octobre 2016 par The Conversation.
Il traite de lutte des Algériennes pour l’égalité depuis la période coloniale jusqu’à nos jours, en évoquant plus particulièrement le cas des militantes messalistes dans l’émigration ouvrière.
Article paru dans Le Prolétaire, n° 4, novembre 1963, p. 5.
L’éclatement du conflit algéro-marocain apporte une nouvelle confirmation à la thèse marxiste sur l’impuissance des mouvements nationaux anti-colonialistes – privés par la trahison de l’opportunisme « communiste » de l’aide du prolétariat métropolitain – à atteindre les objectifs les plus immédiats et les plus modestes.
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 73, septembre-octobre 1965, p. 4-7
Monsieur Boumedienne est scandalisé. On n’a tout de même pas fait une révolution nationale pour que des étrangers viennent vous donner des leçons ! Pourquoi imaginez-vous qu’ils se sont battus, lui et ses compères militaires ?
« Notre vérité, c’est l’Algérie, d’un territoire de plus de 2 millions de km2 , d’une population de 12 millions d’habitants, d’une histoire propre à elle, d’une langue arabe et d’une religion musulmane » (El djeich, organe de l’Armée Nationale Populaire, n° 28, août 1965).
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 72, juillet-août 1965, p. 1-5.
Le renversement de Ben Bella a surpris tout le monde, y compris les Algériens. Mais ce qui peut étonner davantage, c’est l’absence de riposte. Il y a eu des réactions mais pas de contre-offensive d’un parti ben belliste. C’est qu’il n’y avait pas de partisans de Ben Bella. Le pouvoir de ce dernier était fait de prestige et de népotisme. Il n’avait réussi à construire ni un État ni un parti.
Le présent rapport a été rédigé par un collectif d’enseignants du département d’histoire de l’université d’Alger qui protestent contre le nouveau programme imposé par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS). Rédigé originellement en langue arabe, et repris par le quotidien Echorouk, ce document qui nous a été transmis et que nous reproduisons in extenso était accompagné de la note suivante :
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 42, août 1962, p. 1-3.
« C’est le peuple algérien qui a gagné la guerre »
« Révolution par et pour le peuple » ….
Au moment même où les dirigeants de la révolution algérienne se fragmentent en clans rivaux, ils se réclament à tout instant du « peuple ».
Ils ont raison, car ils sont peu de choses en face de ces paysans et de ces ouvriers qui sont bien les vrais vainqueurs de la plus cruelle guerre coloniale de l’histoire. Mais ils ont tort car ni les uns ni les autres, ils ne sont les représentants authentiques des travailleurs algériens.
Mon dernier article intitulé « Une société sous tension. L’illusion de la stabilité algérienne dans une région troublée », a été publié dans la revue Questions internationales, n°81, septembre-octobre 2016, dans un dossier consacré à l’Algérie.
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 11, octobre 1959, p. 1-2.
Il y a un an De Gaulle arrivait au pouvoir en promettant la paix en Algérie et depuis la guerre n’a fait quo s’intensifier. On aurait pu croire que la population travailleuse, qui en supporte les conséquences, serait mécontente et s’opposerait à cette politique. Non, De Gaulle continue la guerre et tout le monde se tait. Mais s’il l’arrête, tout le monde criera au miracle et prétendra qu’il est un homme génial et pacifique.
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 10, septembre 1959, p. 1-3.
Les travailleurs sont pour la paix en Algérie, mais ils ne sont pas pour les Algériens. Ils ne font rien pour les aider dans leur lutte à l’échelle politique. Ils ne manifestent pas leur solidarité. Même sur le plan personnel, dans leurs rapports de travail avec les ouvriers algériens, ils témoignent d’une certaine méfiance : ils disent que ce sont des types qui ne savent pas travailler, ou bien qui ne veulent pas travailler, ou bien qui ne cherchent pas à se mêler à eux.
Article paru dans Pouvoir ouvrier, n° 2, janvier 1959, p. 7-9.
1° En Algérie, l’ objectif des grands capitalistes est de liquider la forme arriérée d’exploitation qu’est la colonisation. Actuellement l’exploitation des Algériens se fait de deux manières et profite à deux catégories de la bourgeoisie : en tant que travailleurs, les Algériens subissent l’exploitation directe ou indirecte des grands propriétaires terriens (« colons ») ; en tant que consommateurs, ils éprouvent celle des Compagnies commerciales qui monopolisent le marché algérien. Cette forme d’exploitation na permet pas aux gros banquiers et industriels métropolitains d’investir leurs capitaux en Algérie de façon profitable.
LA GUERRE d’ALGERIE : critique de livre « L’AN V de la REVOLUTION ALGERIENNE » de Frantz Fanon (Cahier libre N°3 – François Maspero- 181 pages – 6,90 N.F.)
C’est une description des conduites nouvelles nées de la Révolution en ce qui concerne les femmes et la famille algérienne, l’attitude des Algériens en face de la T.S.F. et de la médecine moderne. Enfin, le dernier chapitre, « La Minorité Européenne d’Algérie », est la réimpression d’un article paru dans Les Temps Modernes en Juin 1959.
La préparation psychologique de l’opinion à la guerre d’Algérie, s’intensifie de jour en jour. A travers la presse, la radio, et de tous les moyens mis à sa disposition, la bourgeoisie prépare le terrain. Rien ne nous est épargné, la description méticuleuse des atrocités commises du côté algérien, les attentats commis en France par les nord-africains, connaissent la plus large diffusion, et déjà dans les usines, on s’aperçoit des méfaits de cette propagande.
Article paru dans Tribune ouvrière, n° 15, août-septembre 1955, p. 4-6.
Pendant que nous étions en vacances, les problèmes d’AFRIQUE du NORD ont considérablement évolués dans un sens tragique.
Ce n’est plus seulement l’argent des travailleurs dont la Bourgeoisie a besoin afin d’entretenir une administration et une police pour exploiter les travailleurs nord africains, c’est la vie même des ouvriers et des paysans qu’elle prend pour aller défendre ses privilèges.
Tract diffusé en Algérie à la fin de l’année 1965 et reproduit dans Internationale situationniste, n° 10, mars 1966, p. 12-21
On pourrait croire que le nouveau régime algérien s’est donné pour unique tâche de confirmer l’analyse sommaire que l’I.S. a présentée de lui, dès les jours qui suivirent son putsch inaugural, dans l’Adresse aux révolutionnaires que nous avons alors publiée à Alger. Liquider l’autogestion, c’est tout le contenu du boumediennisme, c’est sa seule activité réelle ; et elle commence à l’instant même où l’État, par le déploiement de la force militaire qui était sa seule cristallisation achevée sous Ben Bella, son seul organisme solide, a proclamé son indépendance en face de la société algérienne. Les autres projets de l’État, la réorganisation technocratique de l’économie, l’extension de la base de son pouvoir, socialement et juridiquement, dépasse les capacités de la classe dirigeante actuelle dans les conditions réelles du pays. La foule des indécis, qui n’avait pas été les ennemis de Ben Bella mais ceux qu’il a déçus, et qui ont attendu pour juger le nouveau régime sur ses actes, peuvent voir que finalement, ce régime ne fait rien, excepté son acte constituant la dictature autonome de l’État, qui est du même coup sa déclaration de guerre à l’autogestion. Même énoncer des accusations précises contre Ben Bella, ou l’abattre publiquement, semble être au-dessus de ses forces pour une longue période. Le seul reste de «socialisme» professé en Algérie est précisément ce noyau du socialisme renversé, ce produit de la réaction générale dans le mouvement ouvrier même que la défaite de la révolution russe a légué comme modèle positif au reste du monde, y compris à l’Algérie de Ben Bella : la contre-vérité policière du pouvoir. C’est ainsi que l’ennemi politique n’est pas condamné pour ses positions réelles, mais pour le contraire de ce qu’il a été ; ou bien même il se dissout soudainement dans un silence organisé, il n’a jamais existé, ni pour le tribunal ni pour l’historien. Et c’est ainsi que Boumedienne, un des principaux responsables depuis toujours du fait que l’autogestion algérienne n’est qu’une caricature de ce qu’il lui faut être, la traite officiellement de «caricature» afin de la réorganiser autoritairement. Au nom d’une essence de l’autogestion idéologiquement garantie par l’État, Boumedienne rejette les manifestations réelles ébauchées de l’autogestion.
Ce tract a été diffusé en Algérie après le coup d’État du 19 juin 1965 et reproduit dans la revue Internationale situationniste, n°10, mars 1966, p. 43-49
« Les révolutions prolétariennes… raillent impitoyablement les hésitations, les faiblesses et les misères de leurs premières tentatives, paraissent n’abattre leur adversaire que pour lui permettre de puiser de nouvelles forces de la terre et se redresser à nouveau formidable en face d’elles, reculent constamment à nouveau devant l’immensité infinie de leurs propres buts, jusqu’à ce que soit créée enfin la situation qui rende impossible tout retour en arrière. » Marx (Le 18 Brumaire de Louis Napoléon Bonaparte).
« Renseignements situationnistes », texte paru dans la revue Internationale situationniste, n° 8, janvier 1963, p. 65-66.
Après les interdictions et arrestations qui lui ont paru nécessaires, Ben Bella, parlant au début de janvier au correspondant de l’agence Italia, a tiré argument d’un vote unanime de l’Assemblée Constituante algérienne, dont il a désigné lui-même tous les membres, pour conclure : « Il n’y a pas d’opposition en Algérie, ou pour le moins il n’y en a plus ». Comme personne quand même n’est assez idéologue pour croire que l’Algérie indépendante a réalisé par décrets-lois l’abolition des classes, l’abondance, l’autonomie des masses et la transparence des rapports humains, on est obligé de conclure que la révolution algérienne est glacée, pour longtemps peut-être.
Entretien paru dans La Voix du Peuple, n° 27 [novembre 1956] ; il a été publié à l’origine par le journal marocain Al Alam, puis repris dans La Vérité, n° 411, 25 mai 1956.
Mlle Claude Gérard, commandante de la résistance française, journaliste bien connue, s’est rendue dans les maquis algériens en mars dernier.
Certains autres journalistes et intellectuels français pressentis pour enquêter dans les maquis de l’Armée de libération nationale afin d’informer objectivement l’opinion publique sur la composition réelle de notre armée, se sont récusés pour diverses raisons qu’il ne nous appartient pas d’apprécier.
« Les visages de l’émancipation : l’action des femmes messalistes durant la révolution algérienne », mon dernier article publié par la revue Le Mouvement social (2016/2), dans un dossier intitulé « Femmes africaines et mobilisations collectives (années 1940-1970) » coordonné par Emmanuelle Bouilly et Ophélie Rillon.
Éditorial publié dans La Nation socialiste, n°57, juillet-août 1962.
Quand nos lecteurs recevront ce numéro, l’indépendance de l’Algérie sera chose acquise, légalement, « démocratiquement » et vraisemblablement à une énorme majorité des suffrages exprimés. Nous autres, à la Nation Socialiste, qui avons toujours préconisé cette solution du bon sens et de la nécessité et qui, depuis sept ans, réclamons cette prise en mains par le peuple d’Algérie de son propre destin, nous ne pouvons que nous réjouir. Mais pourquoi, à l’heure où tout semble prêt pour les grandes fêtes de la liberté et les vastes entreprises d’un État jeune, ne pouvons-nous nous empêcher d’une certaine amertume et de beaucoup d’inquiétude?
« Les messalistes et la gauche française. Alliances, ruptures et transactions dans l’entre-deux-guerres« , mon dernier article à lire dans Vingtième siècle. Revue d’histoire (juillet-septembre 2016), numéro où l’on trouvera aussi mon compte rendu du livre de Pierre Nora Les Français d’Algérie. L’ensemble se trouve dans un dossier coordonné par Céline Marangé et intitulé « Les gauches et les colonies ».
Article paru dans La Voix du peuple, n° 22, juin 1956.
Le Mouvement National Algérien a reçu de la Jeunesse Démocratique du Cameroun le message suivant :
MESSAGE DE SOLIDARITÉ A LA JEUNESSE ALGÉRIENNE
A l’occasion de la Semaine Mondiale de la Jeunesse, la Conférence Nationale de la Jeunesse Démocratique du Cameroun siégeant sous maquis salue la lutte héroïque que le peuple et la jeunesse algériens mènent pour se libérer de l’oppression étrangère.
Aujourd’hui, je n’appellerai pas Camus. Je ne lui raconterai pas cette aventure unique : la justice militaire contrainte à la justice par l’effondrement d’un complot policier.
Je me revois, quelques mois avant ce procès, accrochée à un téléphone que je voulais charger de toutes mes forces de conviction. Je désirais, cette fois encore, que Camus intervînt auprès de Coty, de l’Élysée ou de je ne sais quel responsable gouvernemental.
Extraits du livre : Edgar Morin, Itinérance, Entretien avec Marie-Christine Navarro, Paris, Arléa, 2000, pp. 45-50.
M.-C. N. : Est-ce pour cette raison que, dans les débuts de la guerre d’Algérie, en 1955, vous créez avec Antelme le comité contre la guerre d’Algérie ? Comité créé, cette fois, dans un esprit critique. J’aimerais qu’on parle de l’Algérie parce que, là encore, à cette époque, vous avez une position très originale – originale par rapport au manifeste des 121, et surtout par rapport au courant messaliste
E.M. : Il y avait dans ce comité René-Louis Desforêts, Robert Antelme, Dyonis Mascolo, moi-même, Marguerite Duras et ma femme Violette. On prend la décision de former un comité d’intellectuels contre la guerre en Afrique du Nord – parce qu’il faut préciser que tout n’était pas terminé non plus en Tunisie.
Texte du MNA diffusé sous forme de tract et publié dans La Voix du Peuple, n° 22, juin 1956.
En 1936, lors du projet Blum-Viollette, les politicards Ferhat Abbas, Dr. Bendjelloul, Tewfik El-Madani, les socialistes, les communistes et les Oulémas constituaient le « Congrès Musulman » pour soutenir et faire adopter par le Parlement et le Sénat français ce projet qui devait mettre fin à la nation algérienne.
Article publié dans le quotidien britannique The Times, le 6 juin 1974.
Messali Hadj, sometimes known as the Patriarch of Algerian Nationalism, died in France on Monday at the age of 76.
It was calculated that he had spent over 30 years in prison, in internment, or under house arrest. In 1962 he was freed after the signing of the Evian Agreement.